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Mort tragique d’un jeune botaniste sur la ZAD de Testet, dans le Tarn.

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Nous tenons à témoigner aujourd’hui notre indignation face à la mort tragique d’un jeune botaniste tombé la nuit du samedi 25 sur la ZAD de Testet, dans le Tarn. Ce jeune homme aurait succombé à un tir de grenade. Une “exécution” probablement accidentelle mais non moins odieuse de la part des forces de “l’ordre” présentes pour défendre les intérêts d’une poignée d’agro-industriels.

Ce jeune homme aura passé sa dernière nuit à lutter pour la préservation d’une zone humide regorgeant de biodiversité sauvage et menacée par un projet de barrage strictement inutile, un de plus… Des millions d’arbres coupés, des centaines d’espèces “déplacées” et une vie humaine sacrifiée. Pourquoi ? Pour continuer encore et toujours plus loin dans l’absurdité de la monoculture nécessitant toujours plus d’eau, de pétrole, de fertilisants chimiques, de biocides, etc, pour subvenir aux énormes besoins des hybrides et autres clones de l’agro-industrie.

Après un tel drame qui peut encore parler de démocratie, de droit d’expression, de liberté ?

Un virage en direction de l’absurdité aveugle vient d’être franchi prouvant que les prédateurs psychopathes sont bel et bien au pouvoir, sous le couvert de divers partis politiques tous plus fumeux les uns que les autres.

Le gendarme, qui vient d’ôter la vie à un étudiant de 21 ans, sera probablement jugé, et l’histoire classée comme bavure policière. Mais, les vrais responsables de ce drame continuent de sévir dans l’ombre; ce ne sont jamais eux qui tiennent le flash-ball, jamais eux qui sont jugés.

Kokopelli soutiendra en semences, comme nous le faisons déjà pour la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, tout lancement de projets de potagers d’occupation, mais pour le moment nous appelons surtout à la mobilisation. Les résistants doivent être soutenus au maximum pour empêcher ce projet ridicule de continuer et de faire encore plus de dégâts.


Les Maïs pour l’Afrique du CIMMYT: Mythe ou Réalité?

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Je conçois que la lecture d’un tel dossier puisse s’avérer quelque peu laborieuse et déprimante. Mais c’est la triste réalité qui prévaut actuellement en Afrique. Cet article présente 120 liens qui renvoient, la plupart du temps, vers les informations communiquées par l’ennemi. Car c’est bien des ennemis de l’Afrique – et de toute l’humanité – qu’il s’agit. Ils ont lancé une guerre inexorable à la Vie et ils iront jusqu’au bout de leur folie meurtrière. 

L’idéal du paysage agricole Africain pour le CIMMYT, l’AATF et l’AGRA – et pour leur seconde Révolution Verte –  c’est l’Afrique du sud. Pourquoi l’idéal? Tout simplement parce que Monsanto, Limagrain, Syngenta et Pioneer/DuPont y sévissent depuis très longtemps. Parce que l’ABCD des multinationales alimentaires – Archer Daniels Midland, Bunge, Cargill et Dreyfus – y sévissent depuis tout autant de temps. Parce que le pays est déjà couvert, depuis un demi-siècle, d’hybrides F1 et de chimères génétiques (120). Parce que ce pays constitue une très bonne base pour exporter des grains chimériques par centaines de milliers de tonnes vers les pays avoisinants pour les contaminer. Parce que les sols sont brûlés par les intrants chimiques depuis des dizaines d’années, donc infertiles, donc en besoin permanent de fertilisation de synthèse.  Et parce que 50 000 agriculteurs (blancs) – et quelques entités de l’agrobusiness – possèdent déjà 80% des terres agricoles, à savoir 82 millions d’hectares. Le rêve absolu pour les psychopathes des multinationales biocidaires (106).

Au début du 19 ème siècle, les Anglais ont été les témoins de productivités extraordinaires de blé et de riz en Inde (4 tonnes de blé l’hectare dans la région de Allahabad en Uttar Pradesh et plus de 10 tonnes de riz l’hectare dans le Tamil Nadu, par exemple) de par l’extrême sophistication de l’agriculture strictement écologique du sous-continent (107). C’est pour cela qu’au début du 20 ème siècle, l’Empire Anglais voulait faire de l’Inde son grenier à céréales. Et c’est pour cela, bien sûr, que les Occidentaux ont introduit la “Révolution Verte” en Inde dès 1961: pour tout détruire ce qu’ils n’avaient pas pu coloniser à l’extrême.

En ce début de 21 ème siècle, l’Empire Occidental projette de faire du vaste continent Africain (très riche en réserves d’eau) son grenier à grain pour les estomacs des pays riches et son grenier à nécro-carburants pour les réservoirs des véhicules de ces mêmes pays (108) – en détruisant ses populations paysannes, ses sols vivants et sa biodiversité. D’où l’extrême urgence de mettre en place une pléthore de méga-rideaux de fumée pour contrer la prise de conscience sans cesse croissante des peuples eu égard au terrorisme alimentaire répandu sur toute la planète par une poignée de multinationales criminelles et par leur laquais dans les Etats, ONGs et autres pseudopodes institutionnels. 

 

Et, au risque de jouer les empêcheurs d’enfumer en rond, pouvons-nous demander aux chargés de communication du CIMMYT où sont, d’ailleurs, produites les semences de ces 17 variétés DTMA? En effet, si l’on se réfère à la photo (prise fin juillet 2014) et à sa légende en première page de la dernière newsletter DTMA (47) du CIMMYT (septembre 2014), il apparait que l’opération de multiplication de semences de la variété TZH 536 est réalisée par Suba-Agro à Lyamungo, à 1200 mètres d’altitude sur les pentes du Kilimandjaro et ce, en pleine mousson!! Témoin l’herbe verte et drue croissant en bordure de champ! Lyamungo est connu pour son café Arabica et ses bananes et le climat y est encore plus humide que celui de Moshi, avec deux moussons par an. Est-il normal, sur le plan de la logique agronomique, qu’une variété CIMMYT de maïs F1 extrêmement résistante à la sécheresse soit multipliée pour la semence en pleine mousson sur les pentes du Kilimanjaro? Mais peut-être les agronomes du CIMMYT n’ont-ils jamais entendu parler d’épigénétique?
Si l’on se réfère à la photo (prise fin juillet 2014) et à sa légende en première page de la dernière newsletter DTMA du CIMMYT (septembre 2014), il apparait que l’opération de multiplication de semences de la variété TZH 536, extrêmement résistante à la sécheresse, est réalisée par Suba-Agro à Lyamungo, à 1200 mètres d’altitude sur les pentes du Kilimandjaro et ce, en pleine mousson!! Témoin l’herbe verte et drue croissant en bordure de champ! Lyamungo est connu pour son café Arabica et ses bananes et le climat y est encore plus humide que celui de Moshi, avec deux moussons par an.
Est-il normal, sur le plan de la logique agronomique, qu’une variété CIMMYT de maïs F1 extrêmement résistante à la sécheresse soit multipliée pour la semence en pleine mousson sur les pentes du Kilimandjaro?
Mais peut-être les agronomes du CIMMYT n’ont-ils jamais entendu parler d’épigénétique?

L’objectif déclaré de ce présent article est de tenter de percer l’épais rideau de fumée qui entoure les annonces récentes (septembre 2014) et plus qu’abondamment relayées et commentées – tant par les médias “scientifiques”, telle que la revue Nature (21) et les médias publics (31) que par les médias alternatifs (22) – concernant une panoplie de variétés de maïs nouvellement créées, sous l’égide du CIMMYT, au bénéfice des pauvres paysans Africains, qui seraient prétendument résistantes à la sécheresse et/ou adaptées à un faible apport d’azote. Ces diverses annonces s’appesantissent toutes lourdement sur le fait qu’il s’agirait de méthodes d’obtention et de sélection “conventionnelles” et non point de méthodes dites “transgéniques”.

Une telle campagne publicitaire paraît d’autant plus suspecte que – ainsi que je l’ai analysé dans mon récent article “Les Multinationales des Nécro-technologies à l’assaut des Semenciers Industriels Africains” – le Gang des Quatre (Limagrain, Monsanto, DuPont et Syngenta) est en processus de rachat des principaux semenciers industriels Africains impliqués dans les grandes cultures, dont bien sûr le maïs qui est devenu la culture alimentaire principale en Afrique.

L’investigation n’est pas des plus aisées car les rideaux de fumée sont opaques et multiples, les sites internet ont parfois des liens cassés, les listes officielles sont aléatoires en fonction des années, les dates sont erronées, certaines informations sont mensongères, etc.

Cet article pourrait également s’intituler “Les Maïs pour l’Afrique du CIMMYT: un mythe ou de la dynamite?” car si l’on en croit les déclarations officielles dithyrambiques du CIMMYT (et de ses pseudopodes) quant au programme IMAS, il ne s’agirait de rien de moins qu’une énième révolution verte: à savoir la création de variétés modernes hyper-productives de maïs fonctionnant quasiment sans eau et sans azote! La ruine annoncée de tous les vendeurs de fertilisants de synthèse!

Rappelons tout d’abord que le CIMMYT est l’International Maize and Wheat Improvement Center, le Centre International pour l’Amélioration du Blé et du Maïs. Le CIMMYT est présent et actif en Afrique depuis 1966, à savoir l’année même de sa fondation au Mexique.  Pour ce qui concerne “l’amélioration” du maïs en Afrique, le CIMMYT a mis récemment en place plusieurs programmes:

– l’IMAS (Improved Maize for African Soils ou Maïs Amélioré pour les Sols Africains) (1) est lancé en février 2010. Ses objectifs déclarés sont de développer de nouvelles variétés de maïs adaptées aux sols Africains, et au «peu de fertilisants de synthèse que les paysans sont capables de se procurer»; à savoir des variétés produisant 20% de plus par des méthodes “conventionnelles” en l’espace de 4 années, ou moins, et des variétés produisant de 30% à 50% de plus par des méthodes utilisant des “marqueurs génétiques” en l’espace de 7 à 9 années ou par des méthodes “transgéniques” en l’espace de 10 années. Ces nouvelles variétés sont soit des variétés en pollinisation ouverte, soit des variétés hybrides F1, soit des variétés hybrides F1 chimériques, par le recours à des transgènes développés par Pioneer Hi-Bred (30). Elles sont ensuite confiées, libres de droit, aux semenciers Africains, à savoir sans le paiement de royalties.

– le WEMA (Water Efficient Maize for Africa ou Maïs Économe en Eau pour l’Afrique) est lancé en 2008.  L’objectif déclaré de ce programme est de créer de nouvelles variétés de maïs résistantes à la sécheresse et produisant de 24 à 35% de plus que les variétés couramment disponibles. Ces nouvelles variétés sont obtenues par la sélection conventionnelle, le marquage génétique et la transgenèse. (24) Elles sont ensuite confiées, libres de droit, aux semenciers Africains, à savoir sans le paiement de royalties.

– le DTMA (Drought Tolerant Maize for Africa ou Maïs pour l’Afrique résistant à la sécheresse) est lancé en 2006 par le CIMMYT et l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture). L’objectif déclaré de ce programme est de mettre à la disposition des paysans de 13 pays d’Afrique des variétés de maïs résistantes à la sécheresse.

Si l’on se réfère aux articles publiés dans la presse, le programme DTMA aurait développé 153 nouvelles variétés de maïs depuis 2006, le programme IMAS aurait développé 21 nouvelles variétés de maïs depuis 2010 et le programme WEMA aurait développé 80 nouvelles variétés de maïs depuis 2006.

 

Les variétés de maïs “fertiliser friendly” du programme IMAS

En juillet 2013, l’Association Africaine du Commerce des Semences (AFSTA) déclare que trois variétés “fertiliser friendly” (“adaptées à un petit apport en azote”) du projet IMAS/CIMMYT sont introduites sur le marché de l’est de l’Afrique (3): WH 507 au Kenya, HB 513 en Tanzanie et PGS 63 au Zimbabwe.

Au Kenya, c’est la Western Seed Company qui commercialise la variété hybride F1 WH 507 (11). En fait, cette compagnie semencière, spécialisée dans les hybrides F1 de maïs, commercialise également actuellement WH 505, WH 301 et WH 402 dans sa ligne de variétés de maïs “résistantes à la sécheresse et adaptées à un petit apport en azote”. Ses partenaires incluent le CIMMYT et BASF. En 2007, le CIMMYT dans sa Newsletter évoque le succès rencontré depuis 2005 par la variété de Western Seed, WH 502 (12) «en raison de sa grande productivité et de sa capacité de s’adapter à un petit apport en azote». Quant à la variété WH 505, (qui existe déjà depuis plus de 5 ans) selon des témoignages placés sur le site de Western Seed, elle serait très productive et les paysans sont satisfaits de récolter 32 sacs par acre. (13)

Au Kenya, Western Seed Company n’est pas le seul acteur dans le secteur semences maïs. C’est, en effet, la compagnie semencière Kenya Seed Company (détenue à 52% par l’Etat) qui commercialise le plus de variétés hybrides F1 de maïs. Elle est spécialisée dans le maïs, le tournesol, le sorgho, le colza, le blé, le millet et elle est présente tant sur le marché Africain que sur le marché Européen. Elle distribue des hybrides F1 de maïs depuis 1962. Elle commercialise également des semences potagères, des fertilisants de synthèse et des pesticides au travers de sa filiale Simlaw Seeds rachetée en 1979. Kenya Seed Company a également racheté en 2002 le semencier Kibo (en Tanzanie) et le semencier Mt. Elgon (en Ouganda). Elle compte parmi ses partenaires Syngenta Kenya. Et Alfred Busolo Tabu, l’un de ses directeurs, est dans le conseil consultatif du programme DTMA du CIMMYT.  Dans sa gamme de plusieurs dizaines de variétés hybrides F1 de maïs, elle n’en propose aucune qui serait “fertiliser friendly”. Il en est de même pour SeedCo Kenya et Pannar Seeds Kenya qui semblent complètement étrangers à ce concept.

Pour mémoire, rappelons qu’il n’est pas autorisé, officiellement, de commercialiser ou de cultiver des OGMs au Kenya. Cependant une étude de 2012 a mis en valeur que 7% des produits analysés étaient contaminés (7) par les maïs Bt et Roundup Ready de Monsanto. Il faut préciser qu’en début 2010, la multinationale Louis Dreyfus obtient la permission du gouvernement d’Afrique du sud d’exporter 280 000 tonnes de maïs chimérique vers le Kenya.

En Tanzanie, Meru HB 513 (un hybride F1 à trois voies) est commercialisé par Meru Agro qui affirme que cette variété a été l’une des plus adaptées à de faibles quantités d’azote dans les tests conduits, par le projet IMAS dès 2011 et 2012, sur 35 variétés (2) issues des secteurs publics et privés. Depuis 2013, la compagnie a produit 1200 tonnes de semences de HB 513. Elle commercialise également des fongicides, des herbicides et des insecticides. Le PDG de Meru Agro, Watanga Chacha, déclare en septembre 2014: «Nous avons créé quatre variétés de maïs hybrides en collaboration avec le CIMMYT et nous produisons également les semences de variétés de maïs en pollinisation ouverte sélectionnées par le programme national de Tanzanie.» Il existe effectivement, sur le site internet de Meru Agro, une liste de 5 variétés de maïs OP (en pollinisation ouverte) mais cette liste n’amène qu’à des liens brisés et il est impossible de savoir si ces variétés OP sont réellement disponibles ou juste simplement virtuelles. M. Chacha ayant clairement laissé entendre qu’il préfère, de loin, le marché captif généré par les hybrides F1, il semble sage de ne pas se faire trop d’illusions quant à leur disponibilité chez cette compagnie semencière. En effet, Meru Agro se focalise avant tout sur les variétés hybrides à cause des “demandes du marché”. «La plupart des paysans de Tanzanie passent maintenant des variétés à pollinisation ouverte aux hybrides F1» rajoute-t-il. (4) La compagnie Meru Agro est en train de distribuer, en partenariat avec des institutions telles que le TAP (Tanzania Agricultural Partnerships), et le FIPS, 400 000 paquets de 2 kgs de semences de maïs (hybrides F1 bien évidemment) à de tout petits paysans possédant entre 1/10ème d’hectare et 1,5 hectare. Et Chacha de rajouter «qu’il existe un énorme marché non exploité en Tanzanie car le maïs est l’aliment principal». C’est le CIMMYT lui-même qui forme les commerciaux de Meru Agro aux stratégies de commercialisation de semences. Meru Agro a commencé ses activités en 2006 avec 3 salariés et en 2014, il en a 34: une croissance fulgurante! Il semble être un partenaire très “privilégié” du CIMMYT.  Leur outil préféré pour toucher les petits paysans: la radio. Chacha précise «Nous enregistrons nos publicités dans les accents locaux afin que les diverses audiences puissent s’y identifier».

Précisons que le FIPS est le “Farm Input Promotional Services”, un business “sans but lucratif” (sic) basé au Kenya, soutenu par USAID et la Fondation Rockefeller, pour fournir aux petits paysans de l’Afrique des semences “améliorées”, des fertilisants de synthèse et des biocides. (5) Parmi ses partenaires privés: Monsanto (distribution de Roundup et de maïs F1), Pioneer Hi-Bred, Pannar Seeds,  Bayer (distribution de Mocap, un insecticide/nématocide), Agri-Seed Co (qui fournit des sachets de 150 grammes des lignées hybrides de maïs Duma et Simba), Western Seed Co (qui a fourni 100 000 sachets de 150 grammes de semences de 4 variétés de maïs dont trois F1) … (6)

Quant à la troisième variété PGS 63 de l’IMAS, il n’en existe aucune trace au Zimbabwe. Le leader de la semence de maïs hybrides dans ce pays, SeedCo, ne la liste pas dans ses catalogues et la variété n’est absolument pas répertoriée sur internet. La seule information digne d’intérêt au Zimbabwe, au 22 octobre 2014, c’est l’augmentation considérable du prix des semences de maïs (8): une augmentation de 31%, ce qui met les paysans en rage car on leur promettait une stabilité des prix. Une autre information digne d’intérêt en août 2014: alors que les chimères génétiques sont interdites à la vente et à la culture au Zimbabwe, 121 000 tonnes de maïs OGM ont été introduites illégalement en provenance d’Afrique du sud entre février et juillet 2014. (9) Est-ce pour consommer ou est-ce pour semer? Gageons qu’une partie de ces 121 000 tonnes de maïs chimérique, introduites illégalement au Zimbabwe, seront semées dans les champs des petits paysans qui n’ont pas le luxe d’acquérir des semences certifiées de maïs hybrides F1 avec une augmentation de prix de 31%.

Si l’on résume la situation relative à ces trois variétés “fertiliser friendly” (“adaptées à un petit apport en azote”) du programme IMAS/CIMMYT. La première, PGS 63, est inexistante; la seconde, WH 507, fait partie d’une gamme de variétés similaires existant depuis au moins 2005; la troisième, Meru HB 513, était déjà en culture durant les années 2011 et 2012 et ce n’est pas du tout une nouvelle création émanant du programme IMAS/CIMMYT lancé en 2010.

En conclusion de cette brève investigation relative aux variétés “fertiliser friendly” officiellement proposées par le projet IMAS/CYMMIT:

1. La nouvelle campagne “Improved Maize for African Soils Project” dont l’objectif est de développer de nouvelles variétés de maïs adaptées au «peu de fertilisants de synthèse que les paysans sont capables de se procurer», et lancée en février 2010 (17) avec supposément des variétés proposées “d’ici 2014”, n’a pour le moment proposé aucune nouvelle variété, depuis 2010, malgré les grandes déclaration en 2013 de l’Association Africaine du Commerce des Semences. Rappelons que le site internet de Meru Agro précise, en s’en félicitant, que le projet IMAS a passé au crible, depuis 2010, 35 variétés des secteurs public et privé, en Tanzanie, et que c’est sa variété HB 513 qui est arrivée en tête. (16)

Maintenant, la question se pose de savoir où sont toutes les autres variétés du programme IMAS puisque la Revue Nature, dans son article retentissant, évoque la création de 21 variétés IMAS depuis 2010 qui seraient supposément commercialisées en 2015 dans 8 pays (donc en production de semences en 2014). Il n’existe aucune liste nulle part, sur le site du CIMMYT, déclinant ces 21 variétés IMAS. Il n’existe que des listes de lignées donatrices (parentales) (32) – dont le nombre et la composition varient en fonction des années et des newsletters – qui ont été retenues de par leur capacité de croître sur un sol supposément dépourvu d’azote.

Est-ce donc une gigantesque surprise que le programme IMAS du CIMMYT prépare au monde des petits paysans Africains pour 2015 (c’est demain) ou tout cela n’est-il qu’un vaste rideau de fumée occultant d’autres problématiques ou d’autres objectifs plus délicats à dévoiler à l’opinion publique? 

2. Le CIMMYT déclare que 70% des 17 millions d’hectares cultivés en maïs en Afrique du Sud et de l’Est le sont sans apport de fertilisants (de synthèse, nous présumons). Il affirme également que «Le CIMMYT a prouvé qu’il existe une diversité génétique conséquente de maïs capables de croître dans des sols sévèrement dépourvus d’azote. Cette variabilité se manifeste par des différences génotypiques dans de nombreux processus physiologiques et traits morphologiques, incluant l’architecture racinaire, les enzymes d’assimilation de l’azote, le maintien de la fonction photosynthétique après la floraison et la remobilisation de l’azote à partir des tissus végétatifs vers le grain» (30). Et nous sommes fort aise qu’ils l’affirment de manière aussi cohérente. Cette diversité génétique des maïs traditionnels est, bien sûr, bien à l’abri des regards indiscrets dans la banque du CIMMYT au Mexique et dans la morgue glaciale de Monsanto/Bill Gates à Svalbard en Norvège.

Une question d’une logique implacable s’impose donc à tout cerveau normalement constitué: si des variétés hybrides F1 de maïs, de courte saison, “adaptées à une petite quantité d’azote” fonctionnent tout aussi bien, sur le plan de la productivité (14) (15), que d’autres variétés hybrides F1 “NON adaptées à une petite quantité d’azote”, n’avons-nous pas là une preuve irréfutable (s’il en fallait une autre!) que les variétés hybrides F1 de maïs, nécessitant de grosses quantités de fertilisants pour fonctionner, constituent tout simplement une arnaque gigantesque? 

 

Les variétés de maïs “résistantes à la sécheresse” du programme DTMA

L’article de Nature (21) du 16 septembre 2014, cité plus avant, affirme que «le programme DTMA, qui a été lancé en 2006 avec un budget de 33 millions de dollars, a développé 153 nouvelles variétés afin d’accroître la productivité dans 13 pays… Une analyse publiée en début d’année a déclaré que, d’ici la fin du programme en 2016, le surplus de productivité généré par les variétés de maïs résistants à la sécheresse pourrait contribuer à réduire de 9% le nombre de personnes vivant dans la pauvreté dans ces 13 pays.» La Revue Nature fait ici référence à une étude  publiée durant l’hiver 2014 dans “The Journal of Developing Areas” par sept chercheurs du CIMMYT, de la FAO, etc, et intitulée “Economy, production and poverty impacts of investing in maize tolerant to drought in Africa: an ex-ante assessment”. (26)

An ex-ante assessment! A savoir une évaluation au préalable, dans le jargon. Le résumé de cette étude suffit amplement à tousser de bon cœur devant un tel rideau de fumée d’expertise!  «En considérant le remplacement intégral potentiel des variétés améliorées par des variétés résistantes à la sécheresse, d’ici 2016, tous ces pays pourraient générer des gains économiques de l’ordre de 907 millions de dollars, avec des gains conservateurs de productivité, ou de l’ordre de 1535 millions de dollars, avec des gains optimistes de productivité». Afin de ne pas trahir le très haut niveau de subtilité de ces éminents chercheurs, la traduction est littérale. De par la syntaxe anglaise utilisée, nous avons hésité quant à la détermination de ce que ces chercheurs voulaient réellement remplacer. Malgré que cette analyse soit réservée au club, nous l’avons finalement dénichée sur le web (27): c’est donc bien les variétés améliorées qu’il faudrait remplacer, selon ces chercheurs, et non pas les variétés “couramment disponibles” (une expression favorite du CIMMYT qui fait ainsi référence aux variétés dites de population ou bien encore aux variétés hybrides recyclées génération après génération par des paysans n’ayant pas les moyens de se racheter de la semence certifiée). Cette analyse – qui constitue le fondement de l’article de la revue prestigieuse Nature – n’est qu’un fouillis d’équations et de formules mathématiques occultes sur de très nombreuses pages avec parfois quelques paragraphes en anglais! 

Tels que le résumé de l’analyse, ainsi que l’article de Nature, le présentent, les auteurs imaginent l’impact financier d’un remplacement intégral, et potentiel, par des variétés de maïs résistantes à la sécheresse dans la période allant de 2014 à la fin du programme en 2016. N’est-il pas étrange que ces sept chercheurs (dont 3 font partie du CIMMYT et de l’IITA, les organismes qui gèrent le programme) fassent comme si les 153 “nouvelles variétés développées depuis 2006” n’avaient jamais été mises en culture en Afrique?

Si nous analysons, maintenant, la liste des variétés du programme DTMA présentées sur le site même du CIMMYT, (19) on s’aperçoit tout d’abord – une fois que les doublons ont été ôtés, à savoir les même variétés proposées dans plusieurs pays – que ce n’est pas 153 mais en fait seulement 128 “nouvelles variétés développées depuis 2006”, à savoir 48 variétés OP (en pollinisation ouverte) et 80 variétés hybrides F1.

Les “introductions” s’échelonnent de l’année 2007 à l’année 2013 et l’analyse de cette liste met également en valeur que les variétés OP ont été surtout proposées jusqu’en 2011 et qu’à partir de cette année-là, ce sont principalement des variétés de maïs hybrides F1 qui entrent en jeu suite, bien vraisemblablement, à un changement de stratégie privilégiant le marché captif pur et dur. En effet, en 2012, 29 nouvelles variétés sont proposées dont 7 OP et, en 2013, 27 nouvelles variétés sont proposées dont 1 seul OP. Nous avons donc, pour la période de 2007 à 2011, 45% de variétés hybrides F1 et, pour la période de 2012 à 2013, 86% de variétés hybrides F1. Et cette focalisation, à partir de 2012, sur les variétés hybrides F1 résistantes à la sécheresse est d’ailleurs annoncée par la Newsletter CIMMYT de septembre 2012 (37).

La poursuite de l’analyse de cette liste nous permet ensuite de dissiper un autre rideau de fumée: à savoir qu’un certain nombre de variétés soit-disant développées à partir de 2006 sont en fait des introductions bien antérieures. Manifestement le CIMMYT n’est pas à un mensonge près. Nous avons, par exemple, les variétés OP de la gamme Melkassa, développées au centre de Melkassa en Ethiopie, dont certaines l’ont été entre 1999 et 2005 (Melkassa-1 à Melkassa-8) (28). Qui plus est, certaines de ces variétés Melkassa-1 à Melkassa-8 ont été sélectionnées par les paysans eux-mêmes au moyen de ce que l’on appelle “la sélection participative”! Il en est de même pour la variété OP Gibe 2, qui existe, en fait, depuis 2001 en Ethiopie (20).

Qu’en est-il donc de la disponibilité de cette liste de 128 “nouvelles variétés développées depuis 2006” puisqu’en fait une liste n’est que cela. Le CIMMYT nous propose gracieusement une autre liste de variétés disponibles chez des semenciers (35). Mais là, nous avons une complexification stupéfiante de la situation qui laisserait à penser que nous avons affaire à deux organisations différentes. Prenons l’exemple du Nigeria qui est très caractéristique à cet égard. La liste officielle pour les variétés DTMA de ce pays décline 21 variétés de maïs hybrides ou OP mais qui sont toutes absentes de la liste de disponibilité. Cette dernière propose, quant à elle, 11 variétés OP distribuées par un groupement de 49 producteurs dans le nord-ouest du Nigeria et 8 variétés hybrides F1, distribuées par quatre compagnies semencières du Nigeria, dont on ne peut pas vérifier l’existence car ces compagnies n’ont pas de site internet. Il en est de même pour la Tanzanie dont la liste de variétés DTMA décline 14 variétés dont une seule est présentée sur la liste de disponibilités – liste qui en présente d’autres mais sans résistance à la sécheresse. Il en est de même pour l’Ouganda: sur les 9 variétés DTMA, une seule est disponible. Il en est de même pour la Zambie: sur les 18 variétés DTMA, cinq seulement sont disponibles. Il en est de même pour le Kenya: sur les deux variétés DTMA, aucune n’est disponible mais la liste de disponibilité présente 7 autres variétés non résistantes à la sécheresse. Le cas du Kenya est d’autant plus complexe que la liste 2012 de la Newsletter CIMMYT de septembre 2012 (37) mentionne l’existence de 8 variétés DTMA OP pour ce pays (en juillet 2012) mais elles ont disparu de la liste officielle à jour en septembre 2014. Tout cela fait un peu désordre de la part d’une organisation qui est financée à hauteur de dizaines de millions de dollars et plus.

Nous en déduisons qu’une grande partie de ces 128 “nouvelles variétés développées depuis 2006” ne sont pas disponibles, en 2014, sous forme de semences pour les paysans.  Et c’est d’ailleurs ce qui ressort de la lecture de la Newsletter CIMMYT de septembre 2012 (37) qui ne parle que de 17 variétés DTMA, seulement, en production semencière, depuis le lancement de l’opération en 2006. Nous sommes très loin des chiffres extravagants lancés dans la nature par la revue Nature. Et le CIMMYT de surenchérir en annonçant le développement d’autres variétés DTMA au nombre de 220 d’ici 2016!! (37). Le CIMMYT tente-t-il de générer de “l’hétérosis” par la pollinisation croisée de rideaux de fumée?

Et, au risque de jouer les empêcheurs d’enfumer en rond, pouvons-nous demander aux chargés de communication du CIMMYT où sont, d’ailleurs, produites les semences de ces 17 variétés DTMA? En effet, si l’on se réfère à la photo (prise fin juillet 2014) et à sa légende en première page de la dernière newsletter DTMA (47) du CIMMYT (septembre 2014), il apparait que l’opération de multiplication de semences de la variété TZH 536 est réalisée par Suba-Agro à Lyamungo, à 1200 mètres d’altitude sur les pentes du Kilimandjaro et ce, en pleine mousson!! Témoin l’herbe verte et drue croissant en bordure de champ! Lyamungo est connu pour son café Arabica et ses bananes et le climat y est encore plus humide que celui de Moshi, avec deux moussons par an. Est-il normal, sur le plan de la logique agronomique, qu’une variété CIMMYT de maïs F1 extrêmement résistante à la sécheresse soit multipliée pour la semence en pleine mousson sur les pentes du Kilimandjaro? Mais peut-être les agronomes du CIMMYT n’ont-ils jamais entendu parler d’épigénétique?

 

Les OPV du CIMMYT: des variétés en pollinisation ouverte ou en source close?

Et pour ne pas sortir de la rubrique rideaux de fumée et pollinisation croisée, nous allons aborder maintenant la problématique des OPV, à savoir des variétés à pollinisation ouverte proposées par le CIMMYT. Au début de cette investigation/ventilation, certains communiqués de cette organisation nous ont paru fort désobligeants sur le plan de ce que d’aucuns appellent “la souveraineté alimentaire”. En effet, pourquoi décourager les petits paysans à reproduire leurs “semences paysannes”, au fil de nombreuses années, à partir de variétés en pollinisation ouverte? Nous avons imputé cette indélicatesse à des accords stratégiques passés avec les semenciers privés ou à cette arrogance typique de nombreux agronomes qui semblent oublier que la quasi-majorité des 27 541 variétés de maïs, dans la banque de semences du CIMMYT, ne sont pas tombées du ciel et qu’elles sont, en effet, le fruit de milliers d’années de co-évolution entre l’humain paysan, le monde végétal et l’intégralité de la biosphère.

Mais il s’agit là, en fait, d’un autre gigantesque rideau de fumée. Le CIMMYT claironne dans tous ses communiqués que ses OP permettent aux paysans de gérer leur autonomie semencière tout en conseillant aux mêmes paysans de ne pas les reproduire trop longtemps? Pourquoi donc? Tout simplement parce que les variétés OP du CIMMYT ne sont que des faux-semblants. Ces variétés OP n’ont rien à voir – sur le plan de la diversité et de la résilience – avec d’authentiques variétés traditionnelles paysannes – en pollinisation ouverte – développées et sélectionnées au fil de centaines ou de milliers d’années. Les variétés OP du CIMMYT sont, en fait, confectionnées à partir de 2 ou 3 “lignées pures” (“inbred” en anglais), la même technique de base utilisée pour créer des hybrides F1. Rappelons que l’expression française “lignées pures” fait partie du glossaire agricole des mystifications sémantiques. Une lignée pure est tout simplement une “variété” (à savoir diversifiée) traditionnelle paysanne qui a été totalement détruite par 6/8 années d’auto-fécondation (d’où le terme anglais “inbred”) de sorte à ce que toutes les plantes d’une telle lignée pure ne soient que des clones homozygotes.

Les lignées pures fabriquées par le CIMMYT sont appelées CML (CIMMYT Maize Lines). Ainsi en septembre 2013, le CIMMYT annonce-t-il qu’il vient d’introduire 22 nouvelles lignées pures pour la confection de variétés OP et hybrides F1: (46) les lignées pures CML 540 à CML 561. Le CIMMYT, d’ailleurs, n’a pas peur de se couvrir de ridicule, à cette occasion, car, dans le même communiqué, il est précisé que les “nouvelles” lignées pures CML541 et CML542 (de 2013) ont permis de confectionner la, très médiatisée, variété OP ZM 309, résistante à la sécheresse, introduite chez les paysans en 2009 au Malawi et créée dès 2007!!

Les agronomes du CIMMYT peuvent-ils expliquer aux Béotiens que nous sommes en quoi réside la différence entre des variétés hybrides F1 et des variétés dites “OP” confectionnées à partir de mêmes lignées cloniques?

 

L’objectif réel du CIMMYT: du maïs à 100% hybride F1 sur toute l’Afrique

Le ton est donné dans la dernière newsletter du CIMMYT (septembre 2014) sur la Tanzanie (47), le second pays d’Afrique quant à la surface plantée en maïs: l’objectif du CIMMYT est de couvrir les terres de Tanzanie de maïs F1. Quels sont les principaux acteurs de l’enregistrement de variétés hybrides F1 de maïs depuis les années 60 en Tanzanie? Ce sont Pionner Hi-Bred, Monsanto, Pannar Seeds (Pionner Hi-Bred), Kenya Seed Company (en partenariat avec Syngenta), Seed Co (Limagrain/Monsanto), Cargill Zimbabwe (Monsanto) qui sont également les pourvoyeurs des semences F1 de maïs que la Tanzanie importe (à hauteur de 70%) Le reste est produit sur place par de très petites compagnies semencières: Meru (dont les maïs sont à 100% F1), Suba Agro (principalement des maïs F1), Tanseed International, etc, ainsi que la Western Seed Company du Kenya (dont les maïs sont à 100% F1). Selon Chacha Watanga, le directeur de Meru Agro, les variétés OP ne sont plus demandées que par quelques agences gouvernementales, des ONGs et quelques paysans (48). Début novembre 2014, Seed Co lance en Tanzanie une nouvelle unité de production de semences d’une valeur de 13 millions de dollars afin de produire 300 000 tonnes de semences de maïs hybrides F1. (122) La focalisation des compagnies semencières sur le tout hybride remonte à de très nombreuses années et elle est dans la logique du marché captif. En 1998, en Afrique Orientale et Méridionale (hors Afrique du Sud), le nombre de variétés de maïs disponibles chez les semenciers privés est de 69 dont, déjà, 66 variétés hybrides F1. 

L’abandon des faux OP, par le CIMMYT, pour un tout hybride F1 est clairement perceptible également dans son programme IMAS. En 2012, il met en place, dans 5 pays (Afrique du sud, Zambie, Zimbabwe, Ethiopie et Kenya) un vaste programme d’évaluation (33), portant sur 100 variétés de maïs hybrides F1, synthétiques et OP (provenant du CIMMYT ou de l’industrie semencière Africaine), afin de sélectionner les variétés les plus résistantes à la sécheresse et les plus adaptées à des sols dépourvus d’azote. Sur ces 100 variétés de maïs évaluées, seules 3 sont des OP.

En 2012, également, le CIMMYT publie une étude (40) portant sur ses variétés OP résistantes à la sécheresse ZM 309, ZM 521 et ZM 523 mises en parcelles d’expérimentations chez 97 paysans du Malawi. En mai 2012, le CIMMYT organise un grand tapage médiatique au Malawi (39) sur deux de ces variétés, ZM 309 et ZM 523 (sélectionnées en 2007 et introduites officiellement en 2009 par le président Dr. Bingu wa Mutharika) en insistant sur le fait que ce sont des OP et que les paysans peuvent les reproduire en champ jusqu’à 3 années de suite. Le CIMMYT déclare que la filiale Malawi de Seed Co va modifier sa stratégie commerciale – qui est avant tout focalisée sur les hybrides pour raison de marché captif – et produire des quantités adéquates de chaque variété afin d’honorer la demande croissante de la part des paysans. Dellings Phiri, le directeur de Seed Co Malawi  déclare: «Nous espérons que témoins des performances du ZM 309, les paysans seront encouragés à se mettre à acheter des semences certifiées afin d’accroître leur productivité». Aujourd’hui, en novembre 2014, qu’en est-il de cette promesse de production? Du vent.  Le catalogue de semences de maïs de Seed Co Malawi présente 11 variétés qui sont toutes des hybrides F1. (41)

La situation est identique en Ouganda. De 2007 à 2013, sur 7 variétés DTMA du CIMMYT introduites dans ce pays, 6 sont des hybrides F1. Comiquement, le CIMMYT catalogue comme anciennes variétés toutes variétés antérieures à 2007! Quels sont les principaux acteurs privés dans la semence de maïs en Ouganda? Pionner Hi-Bred, Monsanto, Pannar Seeds (Pionner Hi-Bred), Kenya Seed Company (en partenariat avec Syngenta), Seed Co (Limagrain/Monsanto), FICA, Naseco, Western Seeds.

Ne sommes-nous pas confrontés à l’ultime offensive des multinationales des nécro-technologies pour éradiquer ce qu’il reste de biodiversité traditionnelle Africaine? En effet, quelle est la conséquence de ces stratégies agressives de dissémination d’hybrides F1 sur le plan de la protection de la biodiversité alimentaire cultivée? Ce qui ressort de la situation en Tanzanie – et qui peut être extrapolée à de nombreux pays Africains – c’est que des millions de petits paysans, pratiquant une agriculture de subsistance (avec parfois aussi peu de terre qu’un dixième d’hectare) deviennent la cible privilégiée des voyous de l’industrie semencière (formés commercialement par le CIMMYT). Ils sont incités à abandonner leur variétés en pollinisation ouverte afin d’adopter des variétés soit disant adaptées à peu d’azote mais qui sont toutes des variétés hybrides F1. Tout cela semble clair si l’on se réfère aux déclarations non ambiguës de Watanga Chacha, le PDG de Meru Agro, quant à son recours à des programmes radios sensibles et ciblés “avec l’accent des terroirs”. Soulignons que le développement non organique et fulgurant de Meru Agro – à savoir un décuplement de ses activités en l’espace de quelques années – laisse fort à penser que ce petit semencier industriel, très amplement médiatisé (34), est un outil privilégié en Tanzanie (et donc libéralement soutenu par des donateurs “internationaux”) pour l’éradication totale et finale des variétés de maïs traditionnelles et paysannes authentiquement à pollinisation ouverte.

Aujourd’hui, en 2014, quel est encore le nombre de variétés paysannes de maïs en pollinisation ouverte, à savoir non hybrides F1, cultivées par des millions de petits paysans en Tanzanie? Nous ne sommes pas en mesure de découvrir une telle information mais l’analyse des ressources génétiques de la banque de semences du Kenya, pays limitrophe de la Tanzanie, nous donne un aperçu de la situation prévalant au début des années soixante, à savoir lorsque les premiers hybrides de maïs et de blés sont introduits sur le marché des pays de l’Afrique de l’est et du sud. Dans la période allant de 1964 à 1985, cette banque de semences possède 7840 variétés de blés (dont 840 “locales”), 5115 variétés de sorghos (dont 1015 “locales”), 3645 variétés d’orge (dont 45 “locales”), 3046 variétés de maïs (dont 350 “locales”). En bref, environ 90% des variétés de céréales proviennent alors déjà de l’extérieur. (10) Mais il existe quand même, à cette époque, environ 350 variétés “locales” de maïs.

 

Les variétés de maïs résistantes à la sécheresse du programme WEMA

En janvier 2014, les paysans récoltent pour la première fois la variété hybride WE1101 DroughtTEGO™. En février 2014, lors d’une cérémonie d’auto-congratulations, le directeur du programme WEMA, Dr Sylvester Oikeh, se félicite du fait que, pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique, une entité, le WEMA, a introduit 15 variétés de maïs hybrides en une seule année. Ces variétés vont être commercialisés par des compagnies semencières du Kenya avec l’appellation “DroughtTEGO™”. Selon un communiqué, le programme est supposé introduire 25 variétés de maïs hybrides durant sa seconde phase, de 2013 à 2017. (43) Ce sont ainsi plus de 70 nouveaux hybrides de maïs qui sont en phase d’expérimentation avancée ou future. Selon un autre communiqué, ce sont en fait 84 nouveaux hybrides qui vont être introduits dans un proche futur. (59) L’un des responsables de la Fondation Bill Gates, Lawrence Kent, déclare: «Je suis enthousiasmé de voir ces produits introduits mais nous avons besoin d’inciter plus de paysans à les utiliser: de 7000 paysans, il nous faut passer à 700 000 paysans et ensuite à 7 millions de paysans. Il nous faut donc enrôler plus de compagnies semencières» (43).

Quant à l’AATF (African Agriculture Technology Foundation), le partenaire du CIMMYT dans le programme  WEMA, elle déclare, en mai 2014 (49) (50):

– que le maïs hybride WE1101 DroughtTEGO™ va être multiplié par 8 compagnies semencières du Kenya. (Entre septembre 2013 et janvier 2014, des 72 tonnes de semences déjà “distribuées” aux semenciers, 42.5 tonnes ont été achetées par des paysans).

– que pour l’instant 25 variétés hybrides DroughtTEGO™ ont été approuvées pour la commercialisation au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie.

– que le WEMA est en partenariat pour produire, avec des compagnies semencières, au moins 10 000 tonnes de semences, dans les quatre années à venir, pour 25 variétés hybrides “conventionnelles” résistantes à la sécheresse.

– que 30 nouvelles variétés hybrides sont dans la phase finale d’enregistrement dans les 5 pays couverts par le WEMA (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Mozambique et Afrique du Sud).

La première vérification concernant la disponibilité de 21 variétés hybrides (51) du WEMA introduites au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie s’est avérée totalement infructueuse: aucune de ces variétés n’est commercialisée par un quelconque des semenciers les plus importants de ces trois pays. Du moins officiellement. Est-ce un rideau de fumée de plus ou, peut-être même, un rideau de fumée en cachant un autre? De plus, il faut souligner que c’est une valse de chiffres permanente et aléatoire qui varie selon les communiqués – selon qu’ils émanent du CIMMYT ou de l’AATF.

Ou selon qu’ils émanent d’ailleurs, témoin cet article dans la presse de l’Ouganda (73) qui annonce que les variétés du WEMA ne seront pas prêtes dans ce pays, en fait, avant 2015 et qui décline des variétés (UH5301, UH5354, UH5355, WE2114 and WE2115) dont trois ne font pas même partie de la liste des 21 évoquées ci-dessus. Un chaos médiatique total.

 

Le programme WEMA: un vecteur de dissémination des chimères génétiques en Afrique

Il est à noter, ensuite, que les divers communiqués du CIMMYT et de l’AATF mélangent allègrement les affirmations de “sélection conventionnelle” et d’apport des “biotechnologies”. Combien parmi ces 80 nouvelles variétés (dont pour l’instant une seule semble être mise en multiplication de semences) sont en fait des hybrides chimériques? Dans le communiqué d’auto-congratulations de février 2014, il est affirmé que, malheureusement, le programme WEMA ne peut pas réaliser librement ses essais variétaux, dans certains pays d’Afrique, en raison de leurs législations nationales en matière de “bio-sécurité”. (43) Lors de cette cérémonie officielle, John McMurdy, un conseiller international travaillant pour USAID, exhorte le programme  WEMA à intensifier ses efforts pour “améliorer” les législations “sur la bio-sécurité” dans tous les pays récalcitrants: «Pour autant qu’il existe plusieurs partenaires promouvant la cause du WEMA, il est essentiel de considérer la problématique de la volonté politique vers l’établissement d’un environnement de biosécurité dans les pays qui permettront l’évaluation et la commercialisation de produits biotechnologiques au service des paysans de l’Afrique Subsaharienne».

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Mark Edge, présenté comme un chercheur Monsanto/WEMA, montre un épi de maïs chimérique, résistant à la sécheresse,  croissant dans un champ « confiné » en Ouganda. Source AATF 2013.

C’est une traduction littérale et un cas avéré de double-langage s’inscrivant parfaitement dans le gigantesque méga-rideau de fumée que constitue le Protocole de Carthagène que nous avons renommé le “Protocole de Cartes à Gènes”: un immense jeu de poker génétique. Le pays gagnant est celui qui réussit à imposer le plus grand nombre de cultures transgéniques tout en prétendant faire le contraire grâce à la surveillance d’experts, de commissions de contrôle drastique et de législations ad hoc… Pour les plusieurs partenaires – incluant aussi Monsanto, la Fondation Bill Gates et la Fondation Rockefeller… – un “environnement de biosécurité” est, bien entendu, un environnement où toutes les évaluations et commercialisations de chimères génétiques sont autorisées.

Comme l’exprime clairement Monsanto: «les cinq pays qui se sont engagés à participer au programme WEMA ont accepté de faciliter les processus de développement de systèmes régulateurs, fondés sur la science, dans leurs pays respectifs» (54). En langage de Monsanto cela veut dire un “environnement de biosécurité” considérant que les variétés chimériques sont “équivalentes en substance” aux autres variétés agricoles. Un “environnement de biosécurité” qui est mis en place en Afrique au travers des magouilles de l’USAID, le fer de lance de l’Empire dans tous les pays pauvres de la planète. (57)

Que sont originellement les variétés du CIMMYT et de l’African Agriculture Technology Foundation dénommées WEMA? Ce sont en fait des variétés prétendument résistantes à la sécheresse et, de préférence ultime et finale, de par l’insertion de traits génétiques de tolérance à la sécheresse découverts par Monsanto et BASF.  «Cette tolérance a été obtenue en transformant la variété de maïs conventionnelle LH59 à l’aide d’une cassette d’expression transgénique contenant les gènes nouveaux cspb (protéine de choc thermique froid B) et nptII (néomycine phosphotransférase II) et leurs éléments réglementaires associés. … Monsanto a mis au point la lignée de maïs tolérant la sécheresse MON 87460 au moyen de techniques de l’ADN recombinant pour introduire la séquence codante de la protéine de choc thermique froid B (cspB) dérivée d’une bactérie commune du sol, Bacillus subtilis. Cette séquence code pour CSPB, une protéine qui se lie à une vaste gamme d’ARN, qui permet à ceux-ci d’adopter la bonne conformation dans des conditions de stress et d’améliorer les fonctions cellulaires de la plante. En outre, la lignée de maïs tolérant la sécheresse MON 87460 a également été modifiée génétiquement pour introduire la séquence codante de l’enzyme néomycine phosphotransférase II (nptII) dérivée d’une souche non virulente d’Escherichia coli. L’enzyme NPTII confère la résistance à l’antibiotique kanamycine, et a été utilisé à titre d’agent de sélection spécifique.» (53)

Le maïs chimérique de Monsanto 87460, doté d’une nouvelle  “cassette d’expression transgénique”, est ainsi semé dès 2003 aux USA et dès 2007 en Afrique du sud (52).

Les variétés transgéniques de maïs WEMA sont également autorisée dès juillet 2010 en Ouganda, à Mobuku, pour des “essais confinés” (55). Selon un communiqué émanant de l’AATF même (56), et d’autres articles de presse (58), ces variétés transgéniques sont testées dès 2010, en fait, en “essais confinés” au Kenya, en Ouganda, en Mozambique, en Tanzanie et en Afrique du sud.

Qui plus est, un autre communiqué du WEMA datant de 2013 nous apprend qu’à la suite de la décision prise par le CIMMYT, en 2011, d’inclure des transgènes dans les variétés WEMA de maïs résistantes à la sécheresse, les premières récoltes de maïs BT sont réalisées en mai 2013 au Kenya alors que, le même mois, ces mêmes variétés de maïs BT sont semées dans un second pays, l’Ouganda. (42).

En Ouganda, de nouveau, Geoffrey Asea, le coordinateur du programme WEMA pour ce pays, déclare en mars 2014 (68) qu’ils attendent que le Parlement mette en place le cadre de “biosécurité” afin d’introduire officiellement les variétés transgéniques de maïs du WEMA dans tout le pays – vers 2017.

Selon un communiqué du CIMMYT, en date de juin 2013, le maïs MON 810 de Monsanto est en “essais confinés” au Kenya ainsi que le maïs MON 87460 de Monsanto – qui en est à sa quatrième saison de culture. (60). Selon un autre communiqué du CIMMYT, en date de mars 2014, le maïs MON 810 de Monsanto est en  “essais confinés” (59) au centre de recherches de Namulonge en Ouganda. Et voilà ce que déclare l’un des responsables de la Fondation Bill Gates, Lawrence Kent: «Nous devons proposer ces produits à plus de paysans. Je suis enthousiasmé par les résultats prometteurs du MON 810 à ce jour et je vous presse à saisir cette opportunité et à prendre de l’avance dans sa commercialisation afin de le rendre accessible aux paysans nécessiteux».

En mars 2014, le responsable de la Fondation Bill Gates parle des résultats prometteurs du MON 810!! Ce même MON 810 qui a failli misérablement pendant 15 années en Afrique du sud est maintenant offert gracieusement au CIMMYT – par la Fondation Bill Gates et Monsanto – pour y être introduit dans cinq autres pays d’Afrique. Le Mozambique est en train de modifier sa législation de “biosécurité” afin de permettre sa culture et le CIMMYT est en train de faire pression sur le gouvernement de Tanzanie pour qu’il en fasse de même.(69) Pour mémoire, l’échec du MON 810 en Afrique du sud est dû à une résistance croissante de la pyrale (Ostrinia nubilalis) au Bt (Bacillus thuringiensis) et Monsanto a du compenser financièrement de très nombreux paysans. (71) Sa culture a été abandonnée en Afrique du sud et il y est remplacé par le MON 8903 – qui exprime deux protéines différentes, Cry1A.105 et Cry2Ab – pour tenter de gagner la guerre contre les insectes, une guerre perdue d’avance.

En Egypte, le MON 810 vient d’être incorporé à une variété locale nommée Ajeeb. “Ajeeb Yieldgard” est maintenant patenté par Monsanto et cultivé commercialement dans le pays (en contournant le cadre de “biosécurité”) alors que les études publiées par les chercheurs Egyptiens du gouvernement ont mis en valeur les dangers avérés de ce maïs transgénique pour la santé humaine et animale. (70)

L’abandon du MON 810 en Afrique du sud n’est pas le seul cas d’échec fracassant des biotechnologies. Le programme IRMA (Insect Resistant Maize for Africa) lancé au Kenya en 1999 par le CIMMYT, Novartis (ensuite Syngenta), Monsanto et le CIRAD français – afin de créer des variétés chimériques de maïs Bt – s’est soldé par une faillite totale. Officiellement du moins, car ce n’est peut-être qu’un autre rideau de fumée. (72)

 

AGRA, CIMMYT, AATF: un gang d’organisations criminelles humaniterroristes

En Afrique, le CIMMYT compte parmi ses partenaires, les plus notoires, l’AATF et l’AGRA. Ces trois organisation sont expertes dans le maniement de méga-rideaux de fumée à l’échelle continentale.

CIMMYT. Le CIMMYT est fondé officiellement en 1966 suite à un accord entre le Ministère de l’Agriculture du Mexique et la Fondation Rockefeller – qui travaillent ensemble depuis la fin des années 40. La banque de semences du CIMMYT contient 27 451 variétés de maïs dont 89% sont des variétés traditionnelles paysannes et dont une grande partie sont intrinsèquement résistantes à la sécheresse. Il est présent en Afrique depuis l’année de sa création.

Le CIMMYT est clairement une officine de l’USAID, des fondations eugénistes – la Fondation Rockefeller, la Fondation Bill Gates (actionnaire de Monsanto à hauteur de 26 millions de dollars depuis 2010), la Fondation Howard G. Buffett (qui en 2013 a offert 2 milliards de dollars à la Fondation Bill Gates) – des multinationales des nécro-technologies (Monsanto, DuPont…) et autres compagnies semencières. Il n’est que d’analyser ses financements, ses programmes et la composition de ses divers conseils consultatifs. Et pour mémoire, la Fondation Bill Gates a distribué, depuis sa création, plus de 3 milliards de dollars pour des programmes liés à l’agriculture – toxique et chimérique – et qui sont, selon l’étude de GRAIN (publiée début novembre 2014),  principalement distribués en Amérique du nord et en Europe au prétexte du développement agricole en Afrique. (121)

Le programme IMAS. Il est financé par la Fondation Bill Gates ($17.3 million), la multinationale Pioneer Hi-Bred (DuPont) et USAID ($2.2 million). Il est mis en œuvre en partenariat avec le Kenya Agricultural Research Institute (KARI) et le South African Agricultural Research Council (ARC). Les membres de son conseil consultatif comptent parmi eux (29):Dr. Marc Albertsen (Pioneer Hi-Bred); Dr. Brian Love (Fondation Bill Gates); Dr. John McMurdy (USAID); Dr. Idah Sithole-Niang (impliquée dans les  OGMs de Niébé); Dr. Greg Edmeades (expert indépendant dans le domaine des maïs transgéniques).

Le programme WEMA. Il a comme partenaires: Monsanto, la Fondation Bill Gates, la Fondation Howard G. Buffett, l’African Agricultural Technology Foundation, le KARI, etc. Le programme est financé à hauteur de 47 millions de dollars par les Fondation Bill Gates et Fondation Howard G. Buffett.

Le programme DTMA. En partenariat avec l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture). Les membres de son conseil consultatif sont (25): Joseph DeVries (AGRA / Alliance for a Green Revolution in Africa, Fondation Rockefeller et Fondation Bill Gates); Peter Freymark (DuPont / Pioneer Hi-Bred International); Augustine Langyintuo (Banque Mondiale et AGRA / Alliance for a Green Revolution in Africa); Edgar Rupende (Directeur de la compagnie semencière SeedCo en partie rachetée par Limagrain et Mahyco/Monsanto); Alfred Busolo Tabu (Directeur de la compagnie semencière Kenya Seed Co); Dave Westphal (Cargill, Monsanto et D3 Consulting). La première phase du DTMA (2007 à 2012) est financée par USAID, la Fondation Bill Gates, la Fondation Howard G. Buffett et le UK Department for International Development. La seconde phase du DTMA (2007 à 2012) est financée par la Fondation Bill Gates.

 

AATF.  L’AATF, l’African Agriculture Technology Foundation, est une organisation totalement inféodée à la Fondation Bill Gates, à la Fondation Rockefeller, à Monsanto et autres multinationales des nécro-technologies. Elle est également financée par la Fondation Syngenta, la Fondation Howard Buffett et la Fondation Pepsi (118)Son objectif est clairement de couvrir le continent Africain avec des chimères génétiques. En sus du maïs chimérique, elle est très activement impliquée dans la dissémination de variétés de riz chimériques en Afrique. (113) Jennifer Ann Thomson, la présidente de l’AATF, (114) est également la vice-présidente de l’ISAAA (115) (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications) et, il y a peu, elle faisait officiellement partie d’AfricaBio (116)  et du Council for Biotechnology Information, une coalition regroupant Dow, Syngenta, Monsanto, Bayer, BASF, etc. (117)

En mai 2012, l’AATF contracte un partenariat (61) avec Japan Tobacco afin d’utiliser sa technologie transgénique PureIntro®. L’un des directeurs de cette société, Masamichi Terabatake, déclare: « Cette licence va permettre au projet d’utiliser notre événement de transformation PureIntro®, concernant les espèces de monocotylédones, afin de développer des variétés de riz tolérantes aux sols salins, résistantes à la sécheresse et utilisant optimalement l’azote – sans versement de royalties». Japan Tobacco et Syngenta ont travaillé ensemble de 1999 à 2010 sur le développement de riz transgéniques. Japan Tobacco et Cellectis Plant Sciences (une filiale US de la société française Cellectis) ont signé un accord de licence en 2010 pour cette même technologie PureIntro®. Cellectis et Limagrain sont également en partenariat depuis 2009 pour le développement de biotechnologies végétales. (62) BASF, Bayer CropScience, Pioneer Hi-Bred et Monsanto sont également des partenaires de Cellectis (63). La technologie transgénique PureIntro® peut être tout autant utilisée avec le riz qu’avec le maïs ou le millet ou encore le blé. 

En avril 2013, l’AATF sème des riz transgéniques en Ouganda et au Ghana (65). C’est une société de Californie, Arcadia Biosciences, qui offre gracieusement les technologies chimériques (82), qui produit les plantes transgéniques et qui amène un soutien technique. C’est en effet, dès 2008, que le projet NEWEST est lancé intégrant dans les variétés de riz NERICA les traits chimériques NUE (gestion de l’azote), WUE (résistance à la sécheresse) et ST (tolérance au sel) d’Arcadia Biosciences. En 2013, ce sont ainsi 12 lignées WUE de riz NERICA qui sont mises en cultures dans les pays “partenaires”. Le PDG d’Arcadia Biosciences, Eric Rey, déclare à cette occasion: «Ces premiers essais de culture en Ouganda et au Ghana sont des étapes importantes dans nos efforts visant à alléger les défis de nourrir une population croissante avec des technologies qui sont à la fois économiquement durables et environnementalement responsables».

Une déclaration très émouvante de la part d’Arcadia Biosciences dont Limagrain est actionnaire. Rappelons que Arcadia Biosciences (64) vient de signer, en janvier 2014, un accord de partenariat avec Genective S.A (une joint-venture créée en 2013 par Limagrain et KWS, le cinquième semencier mondial) afin de développer de nouveaux hybrides F1 chimériques de maïs en y incorporant sa technologie WUE (Water Use Efficiency). Limagrain a, de plus, signé un accord de partenariat avec Arcadia Biosciences, en 2011, pour développer de nouvelles variétés chimériques de blés résistantes à la sécheresse et gérant mieux l’azote. Un partenariat a été signé récemment, en novembre 2012, entre Krishidhan Seeds en Inde, Arcadia Biosciences, ICRISAT en Inde et USAID afin de développer de nouvelles variétés chimériques de millet pour l’Afrique (66). En Inde, Mahyco (présent en Afrique au travers du rachat du semencier Quton) vient de mettre en place, très récemment, un nouveau partenariat avec Arcadia Biosciences (67) pour développer de nouvelles variétés chimériques de riz résistantes à la sécheresse.

 

AGRA.  L’AGRA (Alliance pour une Révolution Verte en Afrique) est créée par la Fondation Rockefeller et la Fondation Bill Gates en 2006. L’un de ses partenaires institutionnels les plus importants est le CGIAR (Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale) qui a été fondé en 1971 par la Fondation Rockefeller. En 2009, le conseil d’administration d’AGRA compte parmi ses membres: Judith Rodin (Fondation Rockefeller), Strive Masiyiwa (Fondation Rockefeller), Sylvia M Mathews (Fondation Bill Gates), Rudy Rabbinge (directeur du CGIAR Science Council), Mamphela Ramphele (ancienne directrice de la Banque Mondiale), Roy Steiner (Fondation Bill Gates), Dr Akinwumi Adesina (Fondation Rockefeller), Dr Tesfai Tecle (anciennement Banque Mondiale et FAO), Dr Joseph DeVries (Fondation Rockefeller), Dr Bashir Jama (anciennement Programme des Nations unies pour l’environnement), Mr Kwame Akuffo-Akoto (CGIAR et IRRI). En 2014, le conseil d’administration d’AGRA compte parmi ses nouveaux membres: Usha Barwale Zehr ( Directrice de Mahyco/Monsanto en Inde), Jeff Raikes (Fondation Bill Gates et Microsoft), Pamela K. Anderson (Fondation Bill Gates), L. K. Mohohlo (FMI et Directrice de la Banque de Botswana). Son président d’honneur est Kofi A. Annan, l’ancien secrétaire de l’ONU (Organisation des Nations Désunies), une institution internationale à la botte de tous les Impérialismes et qui veille à ce que tous les pays non alignés soient périodiquement, ou définitivement, “libérés” par l’Alliance Occidentale. (110)

Les objectifs de l’AGRA sont clairement définis: destruction des agricultures traditionnelles en Afrique et promotion de toute l’artillerie lourde de l’agriculture de guerre moderne: biocides, fertilisants de synthèse, variétés hybrides F1 et variétés chimériques. Pour ce faire, l’AGRA a mis en place un immense réseau de partenaires, de campagnes et de programmes.

Agro-Dealer Development Programme. Ce programme fournit les formations, les capitaux et les crédits pour établir un réseau de petits agro-distributeurs qui vont constituer le vecteur principal pour l’acheminement des semences, des fertilisants de synthèse, des pesticides et du suivi technique des petits paysans pauvres. Dès 2008, AGRA accorde à cet effet plus de 15 millions de dollars à l’ONG US, CNFA dirigée par John Costello. En octobre 2008, le CNFA de Costello établit un partenariat avec la Fondation CropLife et annonce qu’ils vont utiliser le réseau de petits distributeurs subventionnés par AGRA (au nombre de 1500 au Kenya et au Malawi) pour démontrer le potentiel de l’agrochimie. Le CNFA a obtenu un soutien technique et financier de Syngenta, Dow AgroSciences, Bayer CropScience, DuPont et Monsanto.

Earth Institute de Columbia University. Le 16 Janvier 2009, AGRA a signé un partenariat de 5 années avec cet institut, pour promouvoir des technologies agricoles au bénéfice des petits paysans. Par qui est dirigé cet institut? Par Jeffrey Sachs, (74) le promoteur inconditionnel des chimères génétiques de Monsanto.

Millenium Promise. Le Millenium Promise est créé par le même Jeffrey Sachs, l’ancien conseiller spécial de Kofi Annan et l’ancien directeur du Millenium Development Goals de l’ONU. “Millenium Promise” est une ONG dédiée au lancement de la Révolution Verte Africaine, en collaboration avec Ban Ki-moon, le présent secrétaire de l’ONU dont Jeffrey Sachs est le présent conseiller spécial. Histoire de brouiller les cartes un peu plus, le nom l’organisation de Jeffrey Sachs est très proche de celui du programme de l’ONU “Millenium Development Goals”. Millenium Promise est soutenu par une kyrielle de fondations dont la Fondation Rockefeller, la Fondation Bill Gates, la Fondation Syngenta, la Fondation Merck, etc, et même Lehman Brothers, la plus grande faillite bancaire US de l’automne 2008. Parmi les membres fondateurs de cette ONG humanitaire se trouvent: Monsanto, Novartis/Syngenta, Sanofi-Aventis, GlaxoSmithKline, Procter et Gamble, Merck, Mosaic, Pfizer, Sumitomo Chemical, Yara, toutes multinationales spécialisées dans les semences hybrides et génétiquement modifiées, dans les produits pharmaceutiques et dans les fertilisants de synthèse. Sanofi-Aventis, Novartis, Merck et GlaxoSmithKline sont, de plus, les fabricants ou distributeurs de vaccins!

Millenium Challenge Corporation. En juin 2008, la Fondation Rockefeller publie un communiqué de presse, vantant la “collaboration historique” entre le Millenium Challenge Corporation et AGRA. Le Millenium Challenge Corporation est une agence du gouvernement US (créée par Bush en 2004) chargée de l’aide internationale (dont la moitié des fonds sont dirigés vers l’Afrique). Avant son rappel par le président Obama, Michael Taylor (l’un des piliers de Monsanto) avait décidé d’élargir le champ d’intervention du Millenium Challenge Corporation. Michael Taylor fut un membre éminent du think tank “Resources for the Future”: il y publia deux études sur l’assistance US à l’agriculture Africaine, les deux études étant financées par la Fondation Rockefeller. Son étude de 2002 fut révisée par Robert Horsch, directeur chez Monsanto pendant 25 ans (qui faisait partie de l’équipe scientifique qui a développé les techniques chimériques YieldGard, BollGard et RoundUp Ready) «L’objectif ultime de ce rapport est de mettre en valeur comment une technologie de semences innovatrices, dérivée d’outils brevetés de biotechnologie, peut être développée et disséminée au bénéfice des petits paysans et de l’agriculture de subsistance». En 2005, Michael Taylor publie une étude intitulée “Investing in Africa’s Future: U.S. Agricultural Development Assistance for Sub-Saharan Africa,” avec pour co-auteur le directeur de “Partnership to Cut Hunger and Poverty in Africa” (PCHPA), un consortium d’intérêts privés/publics (dont l’un des financeurs principaux est Bill Gates) qui inclut Halliburton (la société de Dick Cheney, vice-président de Bush), Monsanto, USAID, divers chefs d’état Africains… De plus, une étude de Michael Taylor intitulée “Beating Africa’s Poverty by Investing in Africa’s Infrastructure”, fait partie intégrante du “Renewing American Leadership in the Fight Against Hunger and Poverty: The Chicago Initiative on Global Agricultural Development.” Ce rapport fut remis à l’administration Obama dès qu’elle prit ses fonctions et il a été financé par la Fondation Bill Gates et co-écrit par Catherine Bertini (de la Fondation Gates et au Conseil d’administration de l’ONG de Kofi Annan “Global Humanitarian Forum”). Il déclare très précisément que : «Les USA devraient continuer de soutenir les recherches sur toutes les formes de biotechnologies modernes pour l’agriculture, par les scientifiques de l’Afrique subsaharienne».

Et le maillage AGRA de partenaires, de campagnes et de programmes concernant strictement le secteur des semences, améliorées de haute productivité, inclue:

Program for Africa’s Seed Systems. Le but de ce programme est de disséminer sur toute l’Afrique des “semences améliorées de haute-productivité” (75) en soutenant de petites compagnies semencières qui selon le site web de l’AGRA sont au nombre de 80 et dont la production de semences certifiées est passée de 2 346 tonnes, en 2007, à 80 606 tonnes, en 2014. Ce programme PASS a formé 15 000 agro-dealers dans 16 pays d’Afrique afin de distribuer 400 000 tonnes de semences et 1 million de tonnes de fertilisants de synthèse. Ce programme aurait également soutenu les centres de recherche nationaux dans la création de 464 nouvelles variétés dans 15 espèces alimentaires majeures.

African Seed Investment Fund. Un fond géré par Pearl Capital Partners (au travers du fond African Agricultural Capital) dont les investisseurs sont AGRA, la Fondation Bill Gates, la Fondation Rockefeller, USAID… et la Banque J. P. Morgan. Selon AGRA, ce Fond a investi 8 millions de dollars, depuis sa création en 2009, dans 11 compagnies semencières. En novembre 2012, Pearl Capital Partners rachète 45% du semencier Alemayehu Makonnen Farm en Ethiopie et quasiment 50% du semencier Dengo Commercial Limitada en Mozambique (38). Pearl Capital Partners a également investi dans les compagnies semencières suivantes:  Western Seed au Kenya (1 million de dollars), Farm Inputs Care Centre Ouganda (FICA) en Ouganda, Naseco Seeds en Ouganda, Dry Land Seed Limited au Kenya, Freshco au Kenya (0,6 million de dollars), Funwe Farm Limited au Malawi, Highland Seed Growers en Tanzanie, Seed Tech au Malawi et NUAC en Ouganda (1,2 million de dollars pour cette exploitation de semences/grains de 250 hectares, détenue par des Danois, afin de l’agrandir à 1000 hectares). Ce qui caractérise tous ces semenciers, c’est qu’ils sont avant tout impliqués dans la distribution de semences de maïs hybrides F1. De plus, en Ethiopie, le semencier Alemayehu Makonnen Farm, en 2011, a reçu une aide financière de 200 000 dollars de la part d’AGRA pour augmenter sa production de semences hybrides F1 à partir de variétés sélectionnées par Seed Co (en particulier la variété SC 627 nommée Aberaya.) (44). Selon AGRA, en effet, seuls 10% des paysans en Ethiopie ont accès à des semences de maïs F1 qui sont distribuées par Pioneer Hi-Bred (présent dans le pays depuis 1990) et Alemayehu Makonnen Farm. Dans le cadre de l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI), une étude vient juste d’être publiée, en 2014, par le REAP en Ethiopie (Ethiopia’s Agriculture Policy) sur la situation des semences hybrides F1 de maïs dans ce pays. L’étude est financée par la Fondation Bill Gates (78). Sur un tout autre registre, mais proche des semences, Pear Capital Partners a également investi dans une société du Rwanda, FAIM Africa, spécialisée dans les cultures in vitro d’espèces alimentaires majeures.

Injaro. Injaro Agricultural Capital Holdings Limited. Ce fond nouvellement créé (en août 2014) en Afrique de l’ouest (76) comprend dans ses investisseurs: AGRA, le milliardaire Soros et la Lundin Foundation. Il va investir plus de 9 millions de dollars dans sept compagnies Africaines dont quatre compagnies semencières: ES Alheri, Faso Kaba, Nafaso SA et M&B Seeds situées respectivement au Niger, au Mali, au Burkina Faso et au Ghana. La Lundi Foundation est également un investisseur de l’Acumen Fund, l’un des partenaires financiers de la Western Seed Company au Kenya qui est spécialisée dans les maïs hybrides F1. Le vecteur de ces investissements financiers pour Injaro est le West Africa Agricultural Investment Fund dont l’objectif est strictement d’aider au développement de petites compagnies semencières, capables de produire des semences améliorées de haute productivité, dans cinq pays (Burkina Faso, Ghana, Mali, Niger, et Nigeria) (77).

Scaling Seeds and Technologies Partnership. C’est un partenariat entre USAID et AGRA. Le programme, financé à hauteur de 47 millions de dollars, est destiné à faciliter l’accès par les petits paysans à des “technologies agricoles transformatrices” dans quatre pays Africains (Ethiopie, Ghana, Mozambique et Tanzanie). Selon l’administrateur d’USAID, Rajiv Shah: «Le Scaling Seeds and Technologies Partnership va permettre de fortifier le secteur semencier – incluant les systèmes de régulation – afin de garantir que des technologies, qui vont transformer le jeu, puisse atteindre et améliorer la vie de millions de petits paysans. Les USA vont continuer à soutenir ce programme et d’autres efforts de la Nouvelle Alliance au travers de Feed the Future, l’initiative du Président Obama en ce qui concerne la faim dans le monde et la sécurité alimentaire». (79) A noter l’insertion «incluant les systèmes de régulation». Ainsi que nous l’avons déjà mentionné, c’est l’USAID qui magouille dans toute l’Afrique pour faire tomber tous les cadres législatifs qui seraient un frein à la dissémination des chimères génétiques de Monsanto et autres humaniterroristes. D’ailleurs, en mai 2013, USAID signe un protocole d’accord (95) avec la multinationale Syngenta, dans le cadre de cette Nouvelle Alliance, afin d’améliorer la sécurité alimentaire globale. Il faut également noter que l’administrateur d’USAID, Rajiv Shah, était auparavant directeur des programmes agricoles à la Fondation Bill Gates. (111)

AgDevCo. AGRA est également impliqué dans ce fond financier, créé en 2009, aux côtés de la Fondation Rockefeller, USAID, la Fondation Hewlett, etc. AdDevCo s’est investi financièrement en Mozambique dans le Phoenix Seed Project (pour le développement de la production de semences améliorées, en partenariat avec Progene Seeds), dans Empresa de Comercialização Agrícola Ltd (semences et fertilisants), dans Panda Farm (semences de tournesol et de sésame) et dans Montesco (semences de pommes de terre).

 

Intensification de la présence des multinationales de l’agro-chimie en Afrique

Les variétés modernes – hybrides F1 et chimériques – sont des variétés handicapées qui ne peuvent pas fonctionner sans l’apport de l’artillerie lourde des fertilisants de synthèse et des fongicides, herbicides, insecticides, nématocides… Et il faut signaler que l’Afrique est très en retard (92) sur le plan de l’utilisation des fertilisants de synthèse par rapport aux autres continents en voie de développement, à savoir en voie d’Occidentalisation. En effet, alors que l’Amérique Latine et l’Asie du sud-est utilisent respectivement 73 kgs et 300 kgs de fertilisants de synthèse par année et par hectare, l’Afrique n’en utilise que 9 kgs. Il n’est pas étonnant que les yeux des actionnaires des multinationales de la mort voient des dollars pétro-chimiques brassés par centaines de millions dans les coulisses Africaines de la seconde révolution verte.

De par la promotion agressive des semences de ces variétés modernes, depuis quelques années, la présence des multinationales de l’agrochimie ne peut que s’intensifier en Afrique… et c’est ce que tous les ténors de l’agriculture biocidaire et mortifère annoncent, depuis 2012:

Ainsi, Dow AgroSciences (Dow Chemical, le n°2 de la chimie au monde) vient d’annoncer fin septembre 2014 (83) que la société va accroître considérablement sa présence sur le continent Africain qui constitue un vaste marché, non exploité, pour sa vente de fongicides, d’herbicides, d’insecticides et autres biocides en tous genres.  Jean François Rolland, le directeur Afrique de cette multinationale, a déclaré que Dow AgroSciences est en train d’investir de manière conséquente dans les pays suivants: Ghana, Cote d’Ivoire, Ethiopie, Egypte, Maroc, Tunisie, Kenya et Tanzanie.

En novembre 2013, Bayer CropScience (filiale de Bayer AG: chimie, pharmacie, biocides, semences…) déclare son intention d’intensifier sa présence en Afrique afin d’aider à accroître la productivité agricole sur le continent. (85) En janvier 2014, Marc Reichardt, l’un des directeurs de Bayer CropSciences déclare que 20% de leurs ventes en Afrique sont constituées de nouveaux produits (biocides) lancés en 2013 et qu’ils veulent atteindre 90% d’ici 2020. (86) Bayer CropSciences est déjà présent dans 8 pays Africains et sera présent d’ici 2015 dans 4 autres pays: Côte d’Ivoire, Nigeria, Ethiopie et Zambie. En octobre 2014, le français Eric Bureau, directeur de Bayer CropScience Africa, déclare que Bayer CropScience souhaite y accroître également sa présence dans le secteur semences. Bayer CropScience a commercialisé, en 2013, son premier coton chimérique en Afrique du sud et travaille actuellement en partenariat avec le gouvernement du Cameroun pour y disséminer rapidement ses semences chimériques de coton (87).  Bayer CropScience est également un leader dans la production de variétés hybrides de riz et vient d’ailleurs de signer un partenariat avec l’Israélien, Kaiima Bio-Agritech Ltd, afin de développer de nouveaux hybrides F1 de riz en mettant à profit la technologie de Kaiima “Enhanced Ploidy” (EP™), une technologie génétique “non chimérique” (on se demande franchement, d’ailleurs, à partir de quel seuil de manipulation génétique une variété peut être qualifiée de chimérique).  De plus, la compagnie espère accroître considérablement son marché de biocides avec des millions des petits paysans Africains en adoptant une stratégie de petits conditionnements. Et pour ce faire, elle participe, également, à la promotion de programmes de micro-financements: une forme moderne de micro-conditionnements à la servitude!!  Bayer est en seconde place mondiale, après Syngenta,  pour les biocides agricoles dont il contrôle 20% des ventes.

En mai 2012, Syngenta annonce (84) qu’il va accroître sa présence en Afrique afin de contribuer à la transformation de son agriculture en y créant un marché d’1 milliard de dollars d’ici 2022. Syngenta est le troisième semencier mondial mais il est aussi le leader mondial pour les biocides agricoles dont il contrôle 24% des ventes. Il est le leader mondial de la vente de Paraquat – un herbicide extrêmement dangereux –  interdit depuis longtemps en Europe. En juin 2012, Syngenta annonce qu’il va investir 500 millions de dollars et créer 700 postes dans les pays suivants: Ghana, Ethiopie, Tanzanie, Mozambique, Côte d’Ivoire, Nigeria et Kenya (90). En mai 2014, Syngenta ouvre un centre de recherche semences en Afrique du sud à Britts.

En mai 2012, Ellen Kullman, la directrice de DuPont (un des leaders mondiaux de la chimie et le propriétaire de Pioneer Hi-Bred) annonce (89) que la multinationale va accroître sa présence en Afrique (elle y est déjà présente dans 35 pays) afin d’y atteindre un chiffre d’1 milliard de revenus d’ici 2022, dans le but de soulager le problème de la faim dans le monde. Kullman mentionne que DuPont va accentuer, en particulier, ses efforts agricoles en Ethiopie en partenariat avec USAID et l’ONG du grand promoteur chimérique, Jeffrey Sachs (Earth Institute de Columbia University). Pour mémoire, les ventes mondiales de DuPont agriculture sont constituées à 48% de semences de maïs chimérique, à 14% de semences de soja chimérique et à 30% de biocides (insecticides, fongicides, herbicides) (91).

En mai 2012, Monsanto annonce qu’il va donner 50 millions de dollars (96) dans le cadre de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique, en particulier en Tanzanie. Ce sont des cacahuètes mais qui mettent bien en exergue que Monsanto, bien présent déjà en Afrique depuis 1968, s’infiltre subrepticement dans tous les pays de ce continent par une myriade d’ONGs. L’un de ses tout derniers rideaux de fumée est le GAP Report 2013 du Global Harvest Initiative (97) dont le conseil d’administration comprend un directeur de chez Monsanto et un directeur de chez Pioneer DuPont.

En décembre 2011, BASF (l’un des leaders de la chimie mondiale) annonce son intention d’accroître sa présence en Afrique (93). D’autant plus qu’il vient d’annoncer, en juin 2014, l’introduction de son nouveau système de riz tolérant à son herbicide Provisia (94).

 

Conclusions

Le partenariat établi entre AGRA (et son maillage considérable d’ONGs satellites), l’AATF et le CIMMYT afin de mettre en place divers programmes de création de variétés de maïs résistantes à la sécheresse – et principalement financés par la Fondation Bill Gates, la Fondation Rockefeller, la Fondation Howard G. Buffett, USAID, Pioneer/DuPont et Monsanto – n’est qu’un vaste rideau de fumée. Les variétés OP (en pollinisation ouverte) sont de faux OP élaborés à partir de lignées de clones homozygotes et, de toutes manières, le CIMMYT s’est complètement désintéressé de ces OP depuis 2012. Des quelque 255 variétés de maïs – présentes ou bientôt présentes ou bientôt annoncées – des trois programmes du CIMMYT (DTMA, IMAS et WEMA), seule une vingtaine est actuellement en production de semences.

On peut également se poser de très sérieuses questions sur la nature réelle de ces variétés du CIMMYT “très résistantes à la sécheresse” lorsque l’on voit que la multiplication de semences peut être réalisée en pleine mousson, à 1200 mètres d’altitude, sur les pentes du Kilimandjaro, dans une région réputée pour son café et ses bananes! Est-ce pour préparer “épigénétiquement” ces variétés de maïs “très résistantes à la sécheresse” à un prochain “changement climatique humide”?? Et pour ne pas évoquer cet autre méga-rideau de fumée que constitue le changement climatique (110) (une tautologie, d’ailleurs), parce que ce n’est pas le sujet de cette présente ventilation, signalons cependant l’étude très intéressante réalisée, en 2013, sur les cycles naturels de sécheresse en Afrique de l’est. (98) Se rappelle-t-on même qu’un jour – pas si lointain, eu égard à l’antiquité de la création de l’agriculture – le Sahara fut vert et que s’il a déverdi subséquemment, ce n’est sûrement pas à cause du CO2 anthropique.

Et pour parler d’antiquité, il semble essentiel de mettre en exergue, une nouvelle fois, qu’une grande partie des variétés de maïs d’antan étaient naturellement résistantes à la sécheresse. Le maïs est une espèce C4 et sa résistance à la sécheresse était telle que les Hopis (dans le sud-ouest de ce qui est maintenant les USA) le semaient jusqu’à 30 cm de profondeur dans les terres de leurs “déserts”. Lorsque Wallace (ministre de l’agriculture US et ensuite vice-président) créa son entreprise Pioneer Hi-Bred en 1926, il imposa le paradigme farceur du tout hybride F1 et de l’hétérosis salvatrice. Les variétés de maïs résistantes à la sécheresse furent transformées en monstres d’eau requérant 1500 litres d’eau, ou plus, pour produire 1 kg de grains secs. (112) Et aujourd’hui, la boucle est bouclée: les agronomes des multinationales biocidaires promeuvent leurs variétés de maïs devenues prétendument résistantes à la sécheresse grâce à leurs prouesses biotechnologiques et de préférence chimériques.

Il est très clair que l’objectif à court terme du CIMMYT est de faire en sorte que l’Afrique se couvre de variétés hybrides F1 de maïs: soit les quelques siennes prétendument résistantes à la sécheresse; soit celles des semenciers industriels purs et durs rachetés par Monsanto, Limagrain, Syngenta et DuPont; soit celles revendues, ou introduites, par quelques dizaines de petits semenciers Africains qui sont déjà sous perfusion/investissement des multinationales et fonds financiers  de l’Occident.

En effet, parallèlement au rachat des principaux semenciers du continent Africain par le Gang des Quatre (Monsanto, Limagrain, Syngenta et DuPont), une vaste opération d’investissements financiers se met en place depuis quelques années pour prendre le contrôle de quelques dizaines de petites compagnies semencières Africaines, principalement au travers de fonds financiers. Derrière ces fonds financiers se cachent toujours les mêmes … et parfois même des entités Européennes. Dans le cas, par exemple, de la compagnie semencière privée la plus importante du Kenya, Western Seed Company, les prises de participation financière émanent non seulement de Pearl Capital Partners (AGRA, la Fondation Bill Gates, la Fondation Rockefeller, USAID et la Banque J. P. Morgan) et de l’Acumen Fund (45) (Fondation Rockefeller, Fondation Cisco Systems) mais également du Voxtra East Africa Agribusiness Fund (1,4 million de dollars) basé en Norvège (80). (Ce fonds a également investi dans Mtanga Farm en Tanzanie qui produit, entre autres, des semences de pomme de terre).

Il est très clair que l’objectif à moyen terme du CIMMYT est de faire en sorte que l’Afrique se couvre de variétés chimériques de maïs (et d’autres espèces alimentaires chimériques). Nous invitons tous ceux, qui penseraient encore (parce que c’est publié dans Nature) que les variétés de maïs du programme WEMA ne sont pas chimériques, à consulter un autre article (de Nature, d’ailleurs!!) (99) (100) ainsi que les nombreux communiqués du CIMMYT qui n’offrent aucun doute quant à la nature chimérique de leurs introductions. L’article de Nature, dans un encart, présente les variétés chimérique du WEMA comme des “Sauveurs Potentiels de Vie”, ni plus ni moins. La multinationale Monsanto, en toute franchise arrogante, décline sur une belle carte de l’Afrique toutes ses cultures chimériques en commercialisation ou en essais confinés (avec le partenariat du CIMMYT). Ces cultures chimériques de Monsanto concernent: le maïs, le coton, la fraise, le niébé, la canne à sucre, la tomate, la pomme de terre, le concombre, la fève, le soja, le colza et le manioc. (101) A toutes ces espèces alimentaires, il ne faut pas oublier de rajouter le riz et le millet chimériques mis en place par d’autres nécro-techs, toujours en Afrique.

L’objectif fondamental – sur le plan de la biodiversité – de toutes ces multinationales (et de leurs partenaires institutionnels ou de fondations “humanitaires”) est de répliquer ce qu’ils ont réalisé en Inde depuis les années 60 avec la première prétendue révolution verte (destruction de 250 000 variétés de riz): à savoir l’éradication de toutes les variétés traditionnelles paysannes, le fruit de siècles ou de millénaires de co-évolution entre l’humain paysan, le monde végétal et l’intégralité de la biosphère.

L’objectif fondamental – sur le plan de la fertilité des sols vivants – de toutes ces multinationales (et de leurs partenaires institutionnels ou de fondations “humanitaires”) est de répliquer ce qu’ils ont réalisé partout ailleurs sur la planète: à savoir la destruction des sols vivants par l’épandage systématique de fertilisants de synthèse et de biocides qui font la fortune des multinationales de l’agropétrochimie, lesquelles multinationales proclament toutes, depuis 2012, qu’elles sont en train d’intensifier leur présence prospère en Afrique. Rappelons, encore une fois, que les variétés modernes – hybrides F1 et chimériques – sont des variétés handicapées qui ne peuvent pas fonctionner sans l’apport de l’artillerie lourde des fertilisants de synthèse et des fongicides, herbicides, insecticides, nématocides… Rappelons également que depuis 50 années, le nombre des “pathologies végétales” ne cesse de s’accroître et ce en proportion de l’accroissement des intrants de l’agriculture toxique. Rappelons aussi que la quantité de biocides utilisée en agriculture est sans cesse croissante (46 milliards de dollars) (102) et ce en proportion d’un nombre sans cesse croissant de nouvelles variétés agricoles qui seraient résistantes à tout (insectes, champignons, bactéries, etc). Ne serait-il pas temps que l’agriculture mortifère change de paradigme ou de programme publicitaire? Parce qu’il semblerait fort que, saison après saison, ils perdent la guerre contre les dites pathologies. Il est d’ailleurs étrange que, ces dernières années, trois des espèces alimentaires les plus essentielles  de l’Afrique soient l’objet de pathologies fulgurantes: le maïs (la nécrose létale), le blé (une rouille) et le manioc (le virus de la mosaïque) qui font dire, d’ailleurs, aux promoteurs de chimères génétiques que hors la transgenèse, il n’est point de salut. Je ne mentionnerai pas les hypothèses émises par les agronomes au Cambodge  – alors que j’y étais en mission semences en 2003 et que la presse nationale commençait à évoquer le phénomène (123) – qui venaient de perdre toutes leurs variétés de maïs traditionnels détruits par un virus totalement inconnu l’année même où les variétés chimériques de Monsanto faisaient leur entrée dans le pays. Ce qui n’est sûrement qu’une fâcheuse coïncidence… mais le palmarès très étendu des crimes de Monsanto contre l’humanité est tel que les imaginations s’enflamment.  Il reste que le très respecté spécialiste en guerre biologique, le Professeur Francis Boyle, vient de donner, le 22 octobre 2014, une interview très troublante sur l’origine plus que probable d’une nouvelle souche du virus “pétrolébola” créée dans un laboratoire US en Afrique de l’ouest, au Sierra Léone. Et d’ailleurs Monsanto s’est investi financièrement, en juillet 2014, dans Tekmira, une société très impliquée dans le non-traitement du virus “pétrolébola”! Mais c’est un tout autre dossier, n’est-ce pas? (103) (104). Ce qui est certain, par contre, c’est que la généralisation des monocultures de variétés modernes en agrochimie, en Afrique, ne va qu’accroître la vulnérabilité de tout le système agricole et de la survie de tous les petits paysans qui s’y comptent par centaines de millions.

Et donc, l’objectif fondamental – sur le plan de la prospérité des tissus sociaux humains – de toutes ces multinationales (et de leurs partenaires institutionnels ou de fondations “humanitaires”) est de répliquer ce qu’ils ont réalisé partout ailleurs sur la planète: la destruction des agricultures vivrières et l’élimination des petits paysans par l’endettement, l’entassement dans les bidonvilles, le suicide par ingestion de biocides ou l’empoisonnement létal (suite à une utilisation de biocides sans protection).

L’idéal du paysage agricole Africain pour le CIMMYT, l’AATF et l’AGRA – et pour leur seconde Révolution Verte –  c’est l’Afrique du sud. Pourquoi l’idéal? Tout simplement parce que Monsanto, Limagrain, Syngenta et Pioneer/DuPont y sévissent depuis très longtemps. Parce que l’ABCD des multinationales alimentaires – Archer Daniels Midland, Bunge, Cargill et Dreyfus – y sévissent depuis tout autant de temps. Parce que le pays est déjà couvert, depuis un demi-siècle, d’hybrides F1 et de chimères génétiques (120). Parce que ce pays constitue une très bonne base pour exporter des grains chimériques par centaines de milliers de tonnes vers les pays avoisinants pour les contaminer. Parce que les sols sont brûlés par les intrants chimiques depuis des dizaines d’années, donc infertiles, donc en besoin permanent de fertilisation de synthèse.  Et parce que 50 000 agriculteurs (blancs) – et quelques entités de l’agrobusiness – possèdent déjà 80% des terres agricoles, à savoir 82 millions d’hectares. Le rêve absolu pour les psychopathes des multinationales biocidaires (106).

Au début du 19 ème siècle, les Anglais ont été les témoins de productivités extraordinaires de blé et de riz en Inde (4 tonnes de blé l’hectare dans la région de Allahabad en Uttar Pradesh et plus de 10 tonnes de riz l’hectare dans le Tamil Nadu, par exemple) de par l’extrême sophistication de l’agriculture strictement écologique du sous-continent (107). C’est pour cela qu’au début du 20 ème siècle, l’Empire Anglais voulait faire de l’Inde son grenier à céréales. Et c’est pour cela, bien sûr, que les Occidentaux ont introduit la “Révolution Verte” en Inde dès 1961: pour tout détruire ce qu’ils n’avaient pas pu coloniser à l’extrême.

En ce début de 21 ème siècle, l’Empire Occidental projette de faire du vaste continent Africain (très riche en réserves d’eau) son grenier à grain pour les estomacs des pays riches et son grenier à nécro-carburants (109) pour les réservoirs des véhicules de ces mêmes pays (108) – en détruisant ses populations paysannes, ses sols vivants et sa biodiversité. D’où l’extrême urgence de mettre en place une pléthore de méga-rideaux de fumée pour contrer la prise de conscience sans cesse croissante des peuples eu égard au terrorisme alimentaire répandu sur toute la planète par une poignée de multinationales criminelles et par leur laquais dans les Etats, ONGs et autres pseudopodes institutionnels.

Dominique Guillet. Le 3 novembre 2014.

Pas de bol : les riz chimériques sont de retour!

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Avertissement. Dans ce présent article, plutôt que le terme “OGM”, j’adopte le terme “chimère” (87) amplement utilisé, depuis de très nombreuses années, par Jean-Pierre Berlan, ancien directeur de recherches à l’INRA, et par Richard Lewontin, professeur de génétique à l’Université de Harvard; et j’ai recours, également, aux néologismes qui en découlent naturellement: “chimérique” (au lieu de transgénique), “chimériste” et “chimérisation”. Tout comme j’ai osé le terme “nécro-carburant”, au printemps 2007 (88), dans ce même esprit d’authenticité sémantique,  j’utilise actuellement les termes “nécro-technologie” (au lieu de bio-technologie), “nécro-technologique”, “nécro-techs”, “nécrofortifié”, etc, afin de tenter de limiter, autant que faire se peut, la corruption du langage agricole évoquée par Jean-Pierre. 

«Les mots contribuent à définir la réalité. Lorsque des intérêts considérables sont en jeu, ils sont rarement neutres et objectifs. Ils créent plutôt la confusion, égarent la réflexion, empêchent de penser la réalité. Les utiliser sans les passer au feu de la critique, c’est faire preuve du même discernement que les lévriers lancés à la poursuite d’un leurre en peau de lapin. Les organismes génétiquement modifiés ou OGM illustrent cette corruption du langage : ce sont, en réalité, des clones chimériques brevetés (CCB). Un clone – à distinguer d’un individu ou d’une plante clonée – est une population d’organismes génétiquement identiques. Les « variétés » modernes de blé, d’orge, de colza, de maïs, de tomates, etc., sont constituées de plantes (ou de génotypes) identiques ou presque. Ce sont des clones»Jean-Pierre Berlan.

Fin octobre 2014, 1500 délégués de 69 pays se retrouvent à Bangkok, en Thaïlande, pour le 4 ème Congrès International du Riz, sous l’égide de l’IRRI (International Rice Research Institute). Le ton est donné par l’un des conférenciers, Mark Lynas, qui intitule son intervention en plénière, “C’est le 21ème siècle: où est mon riz transgénique?” Mark Lynas est un obsédé du réchauffement climatique anthropique qui, pour cause de refroidissement avéré, s’est recyclé dans un sujet authentiquement brûlant: la promotion des chimères génétiques. Pantin pitoyable des multinationales des nécro-technologies, Mark Lynas, très médiatisé, se présente comme un militant anti-OGM de la première heure qui s’est converti lorsqu’il a découvert la Science!! Depuis lors, Mark Lynas est parti en croisade, en de nombreux pays d’Afrique, pour y colporter la bonne nouvelle scientifique de la Transgenèse et y prosélyter ce nouveau fanatisme trans-naturel de la Chimère au sein des Peuples Africains – dont certains vouent encore un culte primitif à la Mère – et dont l’état de Nature est tel qu’ils ont réussi à survivre pendant des dizaines de milliers d’années, au moins, sans chimères génétiques, sans pesticides et sans fertilisants de synthèse, sur un continent sujet à des cycles récurrents de sécheresses, d’inondations, de verdissements et de déverdissements. Un exploit qui constitue, d’ailleurs, un profond mystère pour la Science Occidentale.

Faisant table rase des risettes, des boulettes et des ritournelles qui prévalent, depuis moult années, dans la communication concernant les riz chimériques – en fait, depuis le lancement par Syngenta, en l’an 2000, de son “golden rice/riz doré” breveté et tant ridiculisé –  le message fort et péremptoire de ce 4 ème Congrès International des Rizi-Nécrotechs est le suivant: les riz chimériques sont de retour et nous allons vous les semer à la bolée!

Mais que les masses non illuminées par la Grâce de la Science Rédemptrice se rassurent: ce sont des riz chimériques de seconde génération, 2.0, qui vont être les flambeaux de l’émergence (vers 2030) d’une future Révolution Verte 3.0 – selon les expressions mêmes (5) des chiméristes de l’IRRI, le grand temple du charlatanisme rizicole depuis sa création en 1960, aux Philippines, par les Fondations eugénistes Rockefeller et Ford.

Contamination par les riz chimériques de première génération

En effet, pour ce qui concerne les riz chimériques de première génération, il n’est point question de retour… puisqu’ils ont toujours été présents dans certains aliments… sans jamais avoir été cultivés! Ce sont les riz miraculeux de la science chimérique qui se manifestent “ex nihilo”, dans une partie de la chaîne alimentaire, depuis plus de dix années. Ce qui fait dire à leurs ardents prosélytes: «Hors TransGenèse, point de Salut». Par exemple, de 1997 à 2013, un tiers des contaminations, par des chimères génétiques, “découvertes” dans des produits alimentaires (dans 63 pays) concernent le riz. Selon l’étude publiée récemment (1) dans l’International Journal of Food Contamination, la majorité de ces incidents de contamination sont dus au riz LLRICE de Bayer et au riz Chinois BT63. Quant à la source de contamination pour la minorité de ces incidents, elle concerne des riz Basmati en provenance de l’Inde et du Pakistan.

Selon l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications), les autorisations concernant des “événements de transformation” pour les riz chimériques sont au nombre de 7 sur la planète (2): trois aux USA pour les riz de Bayer résistants à l’herbicide Liberty Link (le glufosinate), deux en Chine pour des riz BT (Bacillus thuringiensis), un en Iran (Bacillus thuringiensis plus résistance à l’antibiotique hygromycine B) et un au Japon (gènes de Cryptomeria japonica et d’Escherichia coli) induisant une tolérance aux allergies provoquées par le pollen de cèdre.

Aux USA, les riz de Bayer, résistants au glufosinate, autorisés dès 2000, n’ont jamais été cultivés commercialement – du moins officiellement. Et pourtant, en 2006, par exemple, des contaminations par ces riz ont été découvertes dans 28 pays du monde. Selon l’étude sus-citée, le dernier cas enregistré de contamination daterait de 2011. Ce qui, selon la newsletter Keycode Bayer (3), est loin d’être exact car, en avril 2013, 23 000 tonnes de riz en provenance des USA furent saisies par les Autorités Turques: les analyses effectuées par l’Université d’Istanbul découvrirent une double contamination chimérique, Bayer et Chinoise. L’ambassade US à Ankara intervint discrètement (en 2011, Wikileaks révéla que de nombreux diplomates US travaillent pour Monsanto et autres nécrotechs) et, le mois suivant, le Ministère du Commerce et des Douanes de Turquie fit une déclaration officielle invoquant des erreurs techniques qui invalidaient l’existence de cette contamination – une contamination d’autant plus épineuse qu’elle mettait en valeur (de par la présence de BT63 dans une cargaison US) la complexité des circuits commerciaux multinationaux. Les deux multinationales de l’alimentaire impliquées dans cette livraison étaient Bunge et ADM (Archer Daniels Midland). ADM est d’ailleurs en partenariat avec Bayer, depuis 2008, pour produire des nécro-carburants à base de Jatropha – dont une variété chimérique vient juste d’être créée par l’Université Rockefeller pour l’espèce Jatropha curcus. (4).

En Chine, le riz chimérique BT63, introduit par l’Université Agricole de Huazhong, reçoit un certificat de “sécurité” dès 2009 mais il n’a jamais été autorisé à la production ou à la commercialisation. Ce qui n’empêche pas le gouvernement Chinois de suspendre officiellement, en 2012, toute autorisation de culture de riz chimérique – non autorisé – après avoir développé, depuis 1986/1987, une pléthore de variétés de riz chimériques BT ou résistants à un herbicide (13). Il faut, cependant, se rendre à l’évidence: le BT63 est présent sur toute la planète. Au printemps 2014, une dizaine d’incidents le concernent, dans divers pays d’Europe, pour des contaminations de compléments alimentaires animaux. Tout le tapage médiatique entourant cette contamination n’est, d’ailleurs, pas sans étonner les promoteurs des chimères génétiques en tous genres dans la mesure où 80% des animaux d’élevage en France sont nourris avec des aliments contenant du maïs ou du soja chimériques en provenance des USA, du Brésil et de l’Argentine (variétés chimériques autorisées ou interdites, par l’Europe, toutes confondues). En effet, la Science (celle qui est au service des nécrotechs, pas celle du Professeur Séralini) a démontré l’innocuité, dans les assiettes des consommateurs, du RoundUp, du maïs NK 603 de Monsanto, et autres abominations. Et elle continue de le faire, témoin le dernier projet GRACE (8) financé par l’Europe et dont les conclusions sont totalement dénoncées par Testbiotech (9). Et non seulement les conclusions mais aussi le fait qu’une partie des chercheurs “indépendants” de GRACE soient totalement inféodés à l’industrie – à l’image du Français Jean-Michel Wal de l’INRA (dont le laboratoire est financé par Nestlé) qui est membre de l’Institut Français de la Nutrition, une organisation sous contrôle de l’industrie alimentaire (10) (11). Et pourtant, cela fait deux décennies que des chercheurs scientifiques courageux (89) dénoncent les études réalisées par cette junk-science (ou porn-science) à la solde des criminels. Et, pendant tout ce temps, les consommateurs consomment…

En renâclant parfois, quand même. En août 2014, les consommateurs de la province de Hubei en Chine sont scandalisés lorsqu’un reportage d’investigation (7) de la chaine de télévision Chinoise, CCTV, met en valeur que 60% des paquets de riz commercialisés par les supermarchés de Wuhan, la capitale de cette province, contiennent du riz chimérique BT63. Les Autorités Chinoises menacent alors de punitions très sévères toute personne coupable de cultiver ou de commercialiser ce riz chimérique. Mais selon le professeur Zhang Qifa de l’Université Agricole de Huazhong, à l’origine de ce riz, il a été confié à de très nombreuses compagnies semencières dans les années 90, à des fins d’évaluation. Le professeur Zhang Qifa était lui même le directeur d’une compagnie semencière, Kenier, poursuivie par les Autorités pour culture illégale de ce riz… Le professeur Zhang Qifa, en 2004, dans un article publié par Newsweek (6), évoque en toute candeur son espoir de voir ce riz BT soulager la vie miséreuse des paysans riziculteurs de Chine dont tant meurent d’empoisonnements provoqués par les pesticides. Il est pathétique que les langues ne se délient que pour la promotion des chimères génétiques. Et donc, depuis une bonne quinzaine d’années, le riz Chinois BT 63, tout comme les riz résistants au Liberty Link de Bayer, se sont répandus dans toutes les rizières… et dans de nombreuses filières alimentaires mondiales. Cela participe de la stratégie de contamination généralisée affichée ouvertement par les multinationales des nécro-technologies: «le jour où tout sera contaminé, vous ne pourrez plus rien faire.» Quant à la source de la minorité des incidents de contamination chimérique par le riz, il faut se tourner vers l’Inde – très grande exportatrice de riz basmati.

Contaminations chimériques en Inde

Ce n’est pas le propos de cet article d’évoquer les centaines de milliers de paysans qui se suicident en ingérant des pesticides ou les millions de cas d’empoisonnement, par les mêmes pesticides, en Inde. A l’image de toutes les agricultures du monde, l’agriculture de l’Inde est une agriculture de tragédie mais la situation y est d’autant plus poignante que plus de 70% de la population de ce pays est rurale. Ce qui veut dire que 70% de cette population s’empoisonne deux fois, en pulvérisant les pesticides agricoles et en consommant les aliments-poisons. L’Inde, dès 1962, est la première victime, en Asie, de la révolution verte – imposée par l’Occident – dont Monkombu Swaminathan est considéré comme étant le père. Swaminathan est, de plus, directeur de l’IRRI (de 1982 à 1988) – ce qui suffit à éveiller tous les soupçons. Swaminathan est celui qui a ruiné tout le travail et les recherches du plus grand expert de riz Indien, le Professeur Richharia, et qui lui a volé une partie de sa collection de riz anciens pour la transférer à l’IRRI. Swaminathan est un psychopathe au service des intérêts de Monsanto, et autres criminels, depuis trois décennies, en Inde. Swaminathan, dès 1986, proclame dans les journaux Indiens qu’il faut préparer la classe politique à l’avènement des chimères génétiques. En 1988, la Banque Mondiale oblige l’Inde à ouvrir son secteur semencier… aux multinationales qui s’y précipitent. Cette année là, Monsanto s’y installe et attaque sur plusieurs fronts, dont le très gros front du coton. Novartis/Syngenta fait de même. Pioneer/DuPont également qui très rapidement se lance dans la conquête du marché hybride F1 de riz.

En 1999, le gouvernement Indien donne l’autorisation à Mahyco/Monsanto de cultiver 91 variétés chimériques dans 15 sites localisés dans sept états de l’Inde (20). Tenter de retracer, ainsi, en Inde, les contaminations générées, depuis une vingtaine d’années ou plus, par les recherches (non confinées) et cultures chimériques de riz, de pois-chiches, de cotons, de blés, de maïs, de gombos, de tabacs, de moutardes, etc… c’est un peu comme de tenter de découvrir une seule goutte d’eau dans l’Océan Pacifique qui ne soit pas contaminée par Fukushima (19). Et d’autant plus impossible qu’en Inde les cultures chimériques illégales abondent. Avant que les cotons chimériques soient autorisés en 2002 par le gouvernement, les paysans du Gujarat en cultivent déjà des variétés chimériques illégales. En 2005, le biologiste Pushpa Bhargava dénonce le fait que des variétés chimériques de plusieurs espèces agricoles sont cultivées partout dans le pays. En 2008, l’Université du Bengale lance l’alerte sur des variétés chimériques illégales de gombos. En novembre 2014, des aubergines chimériques illégales envahissent le nord de l’Inde en provenance du Bangladesh. Etc, ad nauseam.

Dans un article de début novembre 2014, dans The Times of India (12), la généticienne Suman Sahai évoque la contamination, depuis 2004, par le riz chimérique BT (de Mahyco/Monsanto), de l’Etat de Jharkhand, en Inde, l’un des berceaux de la biodiversité des riz Indiens. Les parcelles d’essai de ces riz chimériques sont localisées, sans aucune protection, au milieu des autres champs de riz. En novembre 2010, des paysans du Karnataka Rajya Raitha Sangha (KRRS) détruisent sur les terrains de l’Université Agricole de Doddaballapur Taluk, dans le Karnataka, une culture de riz transgénique, de DuPont, considérée comme clandestine.

Une patate chaude chimérique pour le gouvernement de Narendra Modi

En Inde, en juin 2013, le GEAC (comité d’approbation du génie génétique), lors de sa 117 ème séance, donne son aval pour la mise en culture expérimentale de 200 variétés chimériques de maïs, de coton, de riz, de blé, de ricin, etc. L’industrie nécro-technologique jubile… mais ses jubilations s’estompent au bout de quelques jours lorsque le Ministère de l’Environnement décide de retirer du site internet du GEAC, ex abrupto, les rapports d’autorisations au prétexte d’une procédure judiciaire, en cours – en Cour Suprême –  qui remet en cause les processus de régulation des chimères génétiques en Inde. L’industrie fulmine car – suite aux refus catégoriques de certains états de l’Inde (tels que Bihar, Odisha, Madhya Pradesh, Rajasthan, Karnataka, Kérala et Tamil Nadu) de tolérer des chimères génétiques sur leurs terres agricoles – ces autorisations vont leur permettre de se rabattre sur le peu d’états Indiens plus complaisants (tels que Punjab, Andhra Pradesh, Haryana et Maharashtra) pour continuer leurs “évaluations” de nombreuses variétés de riz chimériques pour Bayer (impliquant 45 “événements de transformation”) , pour Mahyco et pour BASF; de maïs chimériques pour Monsanto; de blés chimériques pour Mahyco; etc. Leurs fulminations sont compréhensibles car, selon Crop Life International, le coût moyen d’un seul “trait” chimérique par l’industrie des nécro-technologies (entre 2008 et 2012) est de 136 millions de dollars! (91)

En février 2014, un groupe de scientifiques, sous la houlette de Swaminathan, publie une déclaration en 15 points en faveur du chimérique. En mars 2014, le GEAC, lors de sa 118 ème séance – et, en fait, de ses 3 séances subséquentes – donne de nouveau l’autorisation pour des cultures en plein champ de 47 nouvelles variétés chimériques – de riz, de moutarde, de blé, de maïs, de sorgho, de coton, d’aubergine, de pomme de terre, de pois chiche et de canne à sucre – appartenant à Mahyco/Monsanto, Pioneer, DuPont, BASF, Bayer, etc. (21) Ces essais en plein champ concernent 19 états de l’Inde dont 12 ont déjà, de par le passé, refusé d’autoriser de tels essais. Onze de ces variétés chimériques sont pour une résistance à un herbicide. Parmi ces 47 variétés, il faut noter la présence du blé chimérique MON71800 de Monsanto. Il faut également noter la présence d’une aubergine chimérique BT appartenant à la compagnie semencière Bejo Sheetal. Cette compagnie est très connue en Inde de par le recours scandaleux à des enfants pour ses activités semencières (22). Bejo Sheetal est une filiale (23) de la compagnie Hollandaise Bejo Zaden – très présente en France au travers, entre autres, d’un catalogue de semences bios de variétés potagères principalement hybrides F1 (24).

Il faut également souligner que Monsanto et Pioneer/DuPont tentent de réintroduire, présentement, en Inde, un certain nombre de variétés chimériques pour lesquelles elles ont suspendu leurs demandes d’autorisations en Europe (43). C’est le cas, par exemple, de MON89034 x NK603 et de NK603 pour Monsanto et de 1507 x NK603 pour Pioneer/DuPont. Le GEAC a ainsi autorisé, en Inde, le maïs MON 89034 x NK603, le maïs TC1507 x MON810 x NK603 et le maïs TC1507 x NK603.

En ce qui concerne les variétés de riz chimériques autorisées: celle de l’Université de Calcutta est une variété fortifiée en fer; quatre variétés appartenant à Bayer, Metahelix, Pioneer et Devgen (Monsanto) sont des riz BT (Bacillus thuringiensis); sept variétés de Mahyco/Monsanto sont des riz résistants à un herbicide. Il est à noter également que certaines de ces autorisations (conférées, séparément, à Pioneer et à DuPont) concernent la technologie chimérique SPT de Pioneer applicable au maïs (26) et ensuite au riz (25). Selon l’analyse qui en est fait par le groupe Indiagminfo, cette technologie chimérique SPT n’a pas été approuvée pour le riz aux USA et l’Inde serait donc le premier pays à produire de telles semences – qui sont supposées être expédiées après récolte vers les USA.

Toutes ces autorisations conférées par le GEAC  suscitent un tel tollé général en Inde et plus particulièrement au sein de puissantes organisations politiques et agricoles – telles que le Bharatiya Kisan Sangh et le Swadeshi Jagaran Manch, toutes deux affiliées au très nationaliste mouvement Rashtriya Swayamsevak Sangh. En effet, le premier ministre actuel, du BJP, le nationaliste Narendra Modi, s’est fait élire en promettant que le moratoire chimérique ne serait pas levé avant que des évaluations plus poussées ne soient réalisées. Le BJP, dans son manifesto électoral d’avril 2014, déclare que «les aliments chimériques ne seront pas autorisés sans une évaluation scientifique à long terme quant à leurs effets sur le sol, sur la production et quant à leur impact biologique sur les consommateurs». Pour l’instant donc, les 47 autorisations du GEAC ne sont pas avalisées officiellement car le nouveau Ministre de l’Environnement, Prakash Javadekar, a gelé le dossier. Le GEAC attend d’autant plus cette décision qu’il a encore de très nombreuses autorisations de chimères dans ses tiroirs secrets… car depuis juin 2013, le GEAC a abandonné sa politique de transparence totale et les rapports de ses différentes séances ne sont plus rendus publiques.

Et aujourd’hui, en Inde, le gouvernement de Narendra Modi a une patate chaude chimérique dans les mains. La corde du nationalisme Hindou n’est pas des plus aisées à jouer sur les violons de la propagande chimérique! Car Narendra Modi, le nationaliste (affiché du moins) est très ami avec les USA – et donc aussi avec les multinationales des nécro-technologies basées aux USA et très présentes en Inde, depuis 1988! Il est de notoriété publique que son “image sulfureuse” (c’est un euphémisme qui permet à tout un chacun de pratiquer la langue de bois pour éviter une attaque en diffamation lorsque des massacres de Musulmans en 2002 sont évoqués!) a été quelque peu maquillée par APCO, une société de lobbying professionnel (27) basée aux USA. Pour la petite histoire, en octobre 2004, APCO et Kissinger Associates (propriété de Henry Kissinger) ont formé une alliance stratégique et APCO possède, de plus, des liens très affirmés avec le groupe Bilderberg et la Commission Trilatérale (28). APCO considère que l’Inde représente un marché très prometteur de trillions de dollars.

C’est aussi ce que pensent les compagnies semencières, grandes et petites, impliquées dans les pesticides et les chimères génétiques: Mahyco/Monsanto, Pioneer/DuPont, BASF, Bayer, Sungro Seeds (Monsanto), Devgen (Monsanto), Rasi Seeds, Metahelix, Ankur Seeds… qui n’apprécient pas, à leur juste valeur, les inclinations ultra-nationalistes à rejeter la science chimérique et qui tentent d’actionner tous les leviers possibles et imaginables pour faire tomber le moratoire en Inde. Leur arrogance est parfois sans borne, témoin la stratégie d’une société créée à Bangalore (le haut lieu du chimérique et de l’informatique en Inde) par des anciens chercheurs de Monsanto, Metahelix – qui a racheté Dhaanya Seeds et qui s’est fait racheter par Tata Chemical Group – qui présente sur son site internet, (29) dans la rubrique “produits”, du riz chimérique BT… strictement interdit en Inde.

Et pour clore sur une note humoristique sur les non-risques de contaminations générées par les riz, de par leur “autogamie”, le GEAC prescrit une distance symbolique de 10 mètres pour les cultures en plein air du riz chimérique fortifié en fer de l’Université de Calcutta! Et sans doute la même distance pour le riz BT de Devgen (Monsanto) autorisé dans le Punjab à l’encontre de ses propres régulations internes qui proscrivent toutes cultures de riz chimérique dans les états réputés pour leur production de Basmati: le Punjab, l’Haryana, et l’Uttarakhand.

 

Lorsque les riz “autogames” s’en vont conter fleurette 

L’une des perles du 4 ème Congrès International du Riz à Bangkok fut la déclaration de Violetta Villegas – lors de son discours sur le Golden Rice (15) – selon laquelle le riz est une espèce “autogame” (du grec auto/gamos, union avec soi-même) ne posant donc aucun risque de contamination d’autres variétés traditionnelles ou conventionnelles (14). Violetta Villegas est la directrice du projet Golden Rice à l’IRRI et nous reviendrons, dans un article subséquent, sur le charlatanisme de cette organisation criminelle qui a ruiné la santé de centaines de millions de paysans en Asie depuis sa création en 1960.

Il y a très longtemps que j’ai qualifié le concept “d’autogamie” (parfois édulcoré en “autogamie préférentielle”) de bel écran de fumée qui permet aux multinationales de promouvoir des chimères génétiques en prétendant qu’elles ne peuvent pas contaminer les voisines ou les cousines. Ce fut le cas du soja que les manuels agronomiques présentèrent (et continuent de présenter) comme strictement autogame dès lors que Monsanto inonda la planète de son soja chimérique RoundUp Ready.  Vers 2005, je trouvais même, sur le site internet de DuPont/Pioneer, cette reconnaissance explicite du caractère allogame du soja: «des études ont mis en valeur une augmentation des transferts de pollen de soja transgénique vers du soja non transgénique à cause d’une ruche d’abeilles mise en place pour assurer une pollinisation adéquate». Depuis les années 1930, l’allogamie du soja a été mise en exergue par des dizaines d’agronomes dont André Pouvreau de l’INRA qui déclare que, pour le soja, «la mise en place de ruches peut contribuer à l’augmentation en graines, en réduisant le nombre de gousses vides».

Et plus qu’un rideau de fumée, l’autogamie est un concept artificiel issu de cerveaux névrosés. La Vie est un flux perpétuel dont la Terre-Mère joue avec une imagination débordante – depuis quelques milliards d’années. Si le riz était strictement autogame, comment expliquer alors l’existence de 200 000 variétés, ou plus, de cette espèce dans le seul sous-continent Indien? Par l’épigénétique? Pourquoi pas, mais ce concept d’évolution épigénétique plonge la très grande majorité des néo-darwinistes dans un état proche de l’apoplexie.

En tout cas, en juillet 2011, la multinationale Bayer a accepté de payer 750 millions de dollars de dédommagements à 11 000 riziculteurs des USA (16) suite à la contamination, entre 2006 et 2009, générée par sa variété chimérique de riz résistante à son Liberty Link. L’un des avocats des agriculteurs, Don Downing, déclara au tribunal, en novembre 2009, que plus de 30% des surfaces en riz des USA furent pollinisées et contaminées par le riz de Bayer (cultivé par l’Université de Louisiane). Qui oserait encore parler d’autogamie du riz?

Pour sûr, encore, Violetta Villegas de l’IRRI, qui n’en est pas à une boulette près. Dans ce même discours sur le Golden Rice, elle insiste lourdement sur le fait que «les espèces de riz sauvages ne se croisent pas aisément avec des variétés de riz cultivés même lorsqu’elles croissent ensemble et qu’elles fleurissent simultanément, en raison d’une incompatibilité». Un discours proprement hallucinant. Le genre Oryza comprend, au moins, 22 espèces (sans parler d’une cinquantaine d’espèces sauvages dans la Tribu des Oryzeae). Nous renvoyons les lecteurs intéressés vers les articles de chercheurs compétents (17) (18) qui, tout au contraire, insistent sur les compatibilités existant entre certaines de ces 22 espèces – et donc sur les très grands risques de contaminations génétiques, par des riz cultivés chimériques, des espèces de riz sauvages dans la nature, tout autant en Asie (avec Oryza nivara et Oryza rufipogon), qu’en Afrique (avec Oryza longistaminata et Oryza barthii), qu’en Amérique Latine (avec Oryza glumaepatula) ou encore qu’en Australie (avec Oryza meridionalis).

Il semble donc très clair que le riz a fait la preuve, depuis des milliers d’années, qu’à une autogamie préférentielle conceptuelle il préfère, de loin, une allogamie bien existentielle. Et n’est-ce pas, d’ailleurs, le fondement de toute Vie sur cette planète, la fusion orgasmique? Les riz chimériques présentent ainsi un risque de contamination génétique plus que certain des espèces sauvages, dans le genre Oryza, et des variétés traditionnelles – du moins, les quelques dizaines qui ont survécu à 50 années de destruction du tissu agricole (sols, biodiversité, paysans) par la pseudo révolution verte. Et le fait qu’ils soient de première ou de seconde génération – ou le fait qu’ils soient affublés/déguisés, ou non, de pitreries sémantiques à la “golden rice” – ne changera rien à cette situation botanique: les riz préfèrent aller conter fleurette!

 

Le Golden Rice: un écran de fumée occultant la chimérisation pesticidaire

Le 4 ème Congrès International du Riz nous a sorti son couplet habituel sur le Golden Rice – un couplet assorti de torrents de larmes hypocrites sur le sort misérable de ces dizaines de millions d’enfants souffrant de carence en vitamine A. Émouvant, mais quels sont les vrais chiffres, à savoir les chiffres de la Honte?

En 2002, l’un des directeurs de la FAO, Hartwig de Haen, commente (44) les derniers bilans de l’OMS quant à la mort par affamement sur notre belle planète: 25 000 personnes par jour, ce qui fait plus de 9 millions de personnes par an. Selon Hartwig de Haen, ces chiffres sont très conservateurs. L’an passé, l’infatigable Jean Ziegler (ancien Rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation) commente (47) les chiffres de la FAO pour 2012: 37 000 personnes par jour, ce qui fait plus de 13 millions de personnes par an, qui meurent d’affamement – sans compter un milliard de personnes en sous-nutrition permanente. Le dernier rapport 2014 de l’OMS reste très discret: en 2012,  6,6 millions d’enfants de moins de 5 ans sont morts dont 45% pour des causes d’affamement (46). Quant au dernier rapport 2014 de la FAO, “L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde” (45), il fait 62 pages et mentionne 114 fois le terme “progrès” et 140 fois le terme “faim”. Les termes “mort” et “mourant” sont strictement inexistants. Tabou. C’est très fort comme écran de fumée. Au moins, lorsque Jacques Diouf était directeur de la FAO, ses discours étaient très souvent accompagnés de chiffres révélateurs et évocateurs – quant aux dépenses de ce monde – les autres chiffres de la Honte.

Selon Jean Ziegler, le budget de l’aide alimentaire qui était de 6 milliards de dollars en 2008 est passé à 2,6 milliards de dollar en 2013. Des bagatelles. Jacques Diouf déclarait en 2008 que 30 milliards de dollars suffiraient chaque année pour régler le problème de la mort par affamement et de la sous-nutrition chronique. 30 milliards de dollars par an! (48) Combien les Etats ont-ils déboursé pour renflouer les banques depuis novembre 2008: des milliers de milliards de dollars. Combien les Prix Nobel de la Paix de l’Impérialisme (et leurs petits caniches de tous bords politiques dans les Etats vassaux) dépensent-ils en armements tous les ans: 1700 milliards de dollars.  Comme l’affirme Jean Ziegler, «Je constate que le massacre quotidien de la faim de millions de personnes est le scandale inacceptable de notre temps». Il s’agit bien, en effet, d’un massacre, d’un génocide, d’un sacrifice humain, à l’échelle planétaire – de type eugéniste. On ne le répétera jamais assez et ce n’est pas le riz doré de Syngenta ou celui de l’IRRI qui vont changer quoi que ce soit à cette situation. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas leur objectif authentique.

En effet, il est étonnant de voir ô combien la direction de l’IRRI gère le dossier du riz doré avec des pincettes…. pour ne pas dire du bout de la baguette! Ce riz doré n’aurait-t-il, peut-être, de jaune que son vernis sulfureux? A défaut d’intoxication alimentaire avérée (pour le moment du moins, de par l’isolement géographique des populations mises sous perfusion de ce riz chimérique, au fin fond de la Chine, par exemple), c’est une gigantesque intoxication médiatique qui caractérise actuellement ce “golden rice”. Il est créé, en 1999, par Ingo Potrykus et Peter Beyer (suite à 18 années de recherches financées par la Fondation Rockefeller) et breveté par Syngenta en 2000 (Brevet EP 1159428 B1). Peter Beyer est également le principal chercheur du ProVitaMinRice Consortium, financé par la Fondation Bill Gates. (A la base de tous les mauvais coups d’envergure planétaire, on retrouve ces deux fondations eugénistes: c’est une règle d’or de l’investigation fertile). L’objectif de ce riz doré chimérique est d’être bio-fortifié (ou nécro-fortifié, selon la perspective) en bêta-carotène, un précurseur de la vitamine A. La propagande intempestive concernant ce riz chimérique dure depuis une quinzaine d’années et elle est coordonnée par le Golden Rice Project/Golden Rice Humanitarian Board, une organisation constituée d’une palette de scientifiques nécrotechs, de directeurs de l’IRRI, de délégués de l’USAID, de représentants de la Fondation Rockefeller, du CIAT, etc. Une photo de famille les rassemble, en septembre 2004, prêts à chausser leurs bottes (49) pour aller récolter la première moisson de riz chimérique doré sur les terrains (à ciel ouvert, n’en doutons pas, puisque le riz serait autogame!) de l’Université de Louisiane – cette même université réputée comme étant la source de la contamination de 30% de la surface rizicole US par les riz chimériques Liberty Link de Bayer.

On retrouve également sur le plan de la propagande, en beaucoup plus hystérique, l’organisation Golden Rice Now (51) dont le logo est le suivant: “L’empêcher est un crime contre l’humanité”. Leur page d’accueil présente Patrick Moore, l’ancien co-fondateur de Greenpeace, comme le chef de campagne de cette organisation (56). La campagne, selon leur site, aurait touché plus de 31 millions de personnes depuis octobre 2013: de gros chiffres lancés à la volée – en mode hystériz. Ce n’est donc pas une coïncidence si une pétition vient d’être lancée en Italie (57) pour demander que Vandana Shiva soit saquée de sa position d’ambassadrice pour l’Expo 2015 à Milan dont le thème sera “Feeding the planet, energy for life”. Les principaux signataires, dont Ingo Potrykus, accusent Vandana Shiva d’être opposée au Golden Rice et aux OGMs. Golden Rice Now, sur son Facebook, évoque le panier plein de mensonges de Vandana. Les attaques les plus sordides, à l’encontre de Vandana, sont montées en puissance, tous ces derniers mois, que cela soit en Afrique par des représentants d’Arcadia Biosciences ou aux USA sous la plume d’un journaliste du New-Yorker. (58) (59)

La campagne d’intoxication médiatique de Golden Rice Now est promue sur la page d’accueil du site internet du Golden Rice Project, en compagnie d’une photo du pape François (50) – bénissant une poche de riz doré – assortie de lamentations selon lesquelles il est fort dommage que le Vatican n’ait pas pris position officiellement sur les bénéfices de ce riz chimérique. Néanmoins, vu les positions très évolutives (52) du pape François quant à la création, chimérique, à la mode Genèse, on comprend aisément qu’il n’ait pas envie, en plus, de mettre à l’épreuve son privilège d’infaillibilité sur le dossier très sulfureux de la TransGenèse. En effet, selon le pape François, «nier l’évolution du monde serait réduire Dieu à un magicien agitant une baguette magique…».

Et dans le cas de la bolée de riz chimérique doré, on frise effectivement le syndrome de la baguette magique! La version Golden Rice 1.0 fabriquée par Ingo Potrykus et Peter Beyer contient, dans son endosperme, un gène de jonquille, Narcissus pseudonarcissus, et un gène provenant de Pantoea ananatis, une protéobactérie de la famille des Enterobactériacées. Mais on frise également, avec ce Golden Rice 1.0, le syndrome de la baguette clownesque (pour ne pas dire risible) car Pantoea ananatis est également la source d’une nouvelle pathologie très grave, une rouille des feuilles, (53) qui est apparue en Inde en 2011… sur le riz basmati! Et qui, en fait, s’était déjà manifestée, pour la première fois en Chine, à l’automne 2008, par une décoloration des grains de riz. Serait-ce une facétie évolutive de Gaïa?

Il est à noter, également – ainsi que le souligne Sally Brooks dans son ouvrage “Rice Biofortification: Lessons for Global Science and Development” – que le Golden Rice a eu le privilège d’introduire et de généraliser dans le monde de la recherche agricole le concept de “proof of concept”, traduit en français par “preuve du concept”. C’est une expression fort prisée dans le monde de l’informatique pour mettre en exergue l’existence de failles des systèmes logiciels. Dans le cas du riz chimérique doré, il est clair que l’usage immodéré de ce concept permettait aux inventeurs de se distancer, de se désengager, des débats plus que houleux que cette invention générait tant dans les cercles scientifiques que dans la société civile. Et aujourd’hui, c’est encore bien de cela qu’il s’agit lorsque l’on lit entre les lignes les déclarations de l’IRRI: il en émane une ambiance vaporeuse et inerte de “preuve du concept” – pour ne pas dire une ambiance de fumisterie totale.

Ainsi que l’exprime Michael Krawinkel, de l’Institut des Sciences Nutritionnelles, en Allemagne, dans la Revue Nature (54), «le fait est qu’aucune étude scientifique n’a prouvé le potentiel de cette technologie pour contribuer réellement à solutionner la carence humaine en vitamine A». Que ce soit avec le logiciel 0.0 générant 1.6 μg/g de β-carotène, ou avec le logiciel 1.0 générant 6 μg/g de β-carotène ou, encore, avec le logiciel 2.0 générant 37 μg/g de β-carotène (les versions modernes de 2005 de Syngenta intégrant des gènes de maïs), les riz dorés s’avèrent être une faillite totale (55) sur le plan de leur productivité, de leur saveur, de leur résistance et de leur acceptation par les paysans (70) (dont certains aux Philippines ont totalement saccagé les parcelles d’expérimentation de l’IRRI, en 2013). Syngenta, en fait, aurait créé ses nouvelles versions de riz doré avec des variétés américaines – non adaptables à l’environnement asiatique. De plus, ce sont 6 différents “événements de transformation” que Syngenta a confiés à l’IRRI mais ce dernier ne se serait focalisé que sur une lignée qui ne fonctionne pas du tout – pour diminuer au maximum les tracasseries administratives liées au Protocole de Carthagène. Il faut souligner que tout ce qui tourne autour du Golden Rice ressemble à un grand cirque avec ses gentils animateurs, ses prestidigitateurs et surtout ses équilibristes sur une corde raide. L’IRRI prétend ainsi, en 2014, que les technologies mises au point par Syngenta en 2005 ne sont pas applicables à l’Asie sur le plan variétal. Et pourtant, en 2003, Ingo Potrykus et Peter Beyer, les deux inventeurs, avaient déjà proclamé (75) que la “freedom-to-operate situation” avait été réalisée, à savoir que la liberté d’exploitation était un fait assuré concernant les variétés Asiatiques sur lesquelles ils avaient travaillé transgéniquement pour produire leur golden rice: deux variétés Indica IR64 et MTL250 ainsi qu’une variété Japonica Taipei 309. Quel était donc le problème, alors? Peut-être le syndrome de la Jonquille.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, les généticiens/informaticiens de l’IRRI se confrontent à des difficultés insurmontables (qui vont entraîner des délais et encore plus de délais) et si c’était vraiment la vitamine A qui les intéressait, ils se pencheraient sur l’existence des tomates oranges qui pourvoient 12 fois plus de vitamine A que les tomates rouges ou bien encore sur l’existence de cet arbuste de Vie, Moringa oleifera, une dynamite nutritionnelle, qui pousse dans toutes les régions subtropicales et tropicales et qui fournit une abondance de vitamine A dans ses feuilles et ses gousses en sus d’une pléthore de nutriments et d’anti-oxidants. Mais les chiméristes de l’IRRI ne sont pas au service de la paysannerie: ils sont au service des nécro-technologies. Et les multinationales des nécro-technologies vont tenter de répandre cette chimérisation rizicole, tout d’abord, dans les continents les plus fragilisés: l’Asie du sud-est et l’Afrique,  surtout, le nouvel or noir de tous les investisseurs psychopathes.

 

Les riz chimériques pour l’Afrique

En 2008, l’AATF (African Agriculture Technology Foundation) – dont l’objectif non déclaré est de couvrir les terres Africaines de chimères génétiques – lance son programme de riz NEWEST (Nitrogen-Use Efficient, Water-Use Efficient and Salt) intégrant dans les variétés hybrides F1 de riz NERICA les traits chimériques NUE (gestion de l’azote), WUE (résistance à la sécheresse) et ST (tolérance au sel) d’Arcadia Biosciences. Arcadia Biosciences, une société de Californie, offre gracieusement les technologies chimériques (35), produit les plantes transgéniques et amène un soutien technique. Les autres partenaires principaux de l’AATF sont USAID aux USA, l’IRRI aux Philippines, le CIAT en Colombie, le CIRAD et l’IRD en France. Rappelons que la présidente de l’AATF, Jennifer Ann Thomson, est également la vice-présidente de l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications) et, que, récemment, elle faisait encore officiellement partie d’AfricaBio (nécro-technologies) et du Council for Biotechnology Information – une coalition regroupant Dow, Syngenta, Monsanto, Bayer, BASF, etc.

Rappelons ce que nous avons déjà évoqué, au sujet d’Arcadia Biosciences, dans un précédent article (76), afin de mieux cerner la place centrale qu’occupe cette petite société de Californie dans la création d’un grand nombre de nouvelles variétés chimériques sur toute la planète. Arcadia Biosciences (36) signe, en janvier 2014, un accord de partenariat avec Genective S.A (une joint-venture créée en 2013 par Limagrain et KWS, le cinquième semencier mondial) afin de développer de nouveaux hybrides F1 chimériques de maïs en y incorporant sa technologie WUE (Water Use Efficiency). Limagrain (qui en possède 15% du capital) signe un accord de partenariat avec Arcadia Biosciences, en 2011, pour développer de nouvelles variétés chimériques de blés résistantes à la sécheresse et gérant mieux l’azote. Un partenariat est contracté, en novembre 2012, entre Krishidhan Seeds en Inde, Arcadia Biosciences, ICRISAT en Inde et USAID afin de développer de nouvelles variétés chimériques de millets pour l’Afrique (37). Fin 2005, Arcadia Biosciences signe un partenariat avec Monsanto pour la création de colza chimérique intégrant la technologie NUE (39). En 2008, Arcadia Biosciences reçoit 3,6 millions de dollars, de USAID, pour créer avec Mahyco/Monsanto, en Inde, des variétés chimériques de riz et de blés résistantes à la sécheresse. (40) En août 2010, Mahyco/Monsanto annonce (41) qu’ils vont introduire en Inde (dans les 3 à 5 ans) les premières variétés chimériques de riz et de blé. En novembre 2013, Usha Zehr, la directrice de Mahyco (qui siège également au conseil d’administration d’AGRA en Afrique), annonce (42) qu’ils viennent de déposer une demande de culture en plein champ de blé chimérique résistant à un herbicide et qu’ils sont en train de créer des variétés de blés chimériques résistants à la sécheresse et à la salinité. En janvier 2014, Mahyco/Monsanto annonce (38) que leur société a atteint un pallier fondamental dans la création de riz chimériques résistants à la salinité.  Usha Zehr annonce même qu’ils sont proches de pouvoir offrir cette technologie aux paysans. Il est clair qu’il ne transperce rien en Inde de toutes ces créations chimériques car elles sont cultivées à l’abri des regards indiscrets. Et sont-elles cultivées également à l’abri des vents et des insectes indiscrets?

En mai 2012, l’AATF contracte un partenariat (30) avec Japan Tobacco (le n°3 mondial du tabac) afin d’utiliser sa technologie transgénique PureIntro®. L’un des directeurs de cette société, Masamichi Terabatake, déclare: « Cette licence va permettre au projet d’utiliser notre événement de transformation PureIntro®, concernant les espèces de monocotylédones, afin de développer des variétés de riz tolérantes aux sols salins, résistantes à la sécheresse et utilisant optimalement l’azote – sans versement de royalties». Japan Tobacco et Syngenta ont travaillé ensemble sur le développement de riz chimériques au Japon (Japan Tobacco décida de sortir, en 2002, de la société commune Orynova KK qu’ils avaient constituée en juin 1999). Japan Tobacco et Cellectis Plant Sciences (une filiale US de la société française Cellectis) signent un accord de licence en 2010 pour cette même technologie PureIntro®. Cellectis et Limagrain sont également en partenariat depuis 2009 pour le développement de nécro-technologies végétales. (31) BASF, Bayer CropScience, Pioneer Hi-Bred et Monsanto sont également des partenaires de Cellectis (32) qui annonce avoir mis en place une cinquantaine de partenariats avec des laboratoires pharmaceutiques, des compagnies semencières et des compagnies nécro-technologiques dans le monde entier (60). Cellectis vient ainsi de signer un autre partenariat avec Bayer, en janvier 2014, afin de développer des colzas chimériques, et plus si affinités (63). La technologie transgénique PureIntro® peut être tout autant utilisée avec le riz qu’avec le maïs ou le millet ou encore le blé. Pour la petite histoire, cela fait plus de 20 années que les très grosses compagnies de tabac son impliquées dans la recherche génétique et chimérique. On peut ainsi citer les partenariats entre Japan Tobacco et Plant Genetic Systems (Belgique), entre Philip Morris et Crop Genetics ainsi que Calgene (l’inventeur de la première tomate chimérique), entre DNA Plant Technology et Brown & Williamson.

En avril 2013, l’AATF sème des riz transgéniques en Ouganda et au Ghana (34). Ce sont ainsi 12 lignées NUE de riz NERICA (33) qui sont mises en cultures dans les pays “partenaires”. Le PDG d’Arcadia Biosciences, Eric Rey, déclare à cette occasion: «Ces premiers essais de culture en Ouganda et au Ghana sont des étapes importantes dans nos efforts visant à alléger les défis de nourrir une population croissante avec des technologies qui sont à la fois économiquement durables et environnementalement responsables».

Ces riz chimériques (“durables et respectueux de l’environnement”) sont évalués et cultivés depuis plusieurs années au CIAT, le Centre International pour l’Agriculture Tropicale en Colombie. La Colombie est un pays sous contrôle direct des USA (marché de la cocaïne oblige) et très libéral quant à ses autorisations de cultures chimériques (65): à ce jour, 73 “événements de transformation” y sont autorisés impliquant le coton, le lin, le maïs, le riz, la rose, le soja, la betterave, le blé et l’œillet mignardise. C’est un pays très militarisé, et très para-militarisé, où les communautés Indigènes se font massacrer par des colons-investisseurs en nécro-carburants (palmiers à huile).  En bref, un petit paradis pour les multinationales des nécro-technologies. L’un des partenaires du CIAT dans cette création de riz chimériques, à destination de l’Afrique, est le CIRAD Français (66), un organisme financé par les fonds publics. On se rappellera qu’en 1999, la Caravane Intercontinentale détruisit les riz chimériques BT du CIRAD à Montpellier et que trois Français furent condamnés par le système judiciaire (Bové, Riesel et Soulier). Depuis lors, le CIRAD est allé continuer “ses expérimentations transgéniques au service des pauvres” dans des pays plus hospitaliers, telle que la Colombie. Ce sont, en effet, une soixantaine de chercheurs du CIRAD (68) ainsi qu’une vingtaine de chercheurs de l’IRD (Institut de la Recherche et du Développement) qui sont impliqués dans le programme GRISP (Global Rice Scientific Partnership). Le GRISP, financé à hauteur de 600 millions de dollars, est décrit ainsi: «Partenariat mondial pour la science rizicole initié par trois centres internationaux (AfricaRice, le CIAT et l’IRRI), auxquels se sont associés l’IRD, le Cirad et le Japan International Research Center for Agricultural Sciences (JIRCAS), le GRISP permettra de mutualiser les connaissances scientifiques et les compétences techniques sur le riz, afin d’augmenter la productivité et la qualité nutritionnelle de cette céréale, tout en réduisant l’impact environnemental de la production et en favorisant la performance des agro-écosystèmes rizicoles.» Selon Emmanuel Guiderdoni, (67) directeur de recherche adjoint de l’unité d’amélioration des plantes au CIRAD: «nous n’avons plus de programmes en recherche OGM appliquée». Vraiment, même en Colombie?

Comme le dit Agrapresse (67), les OGMs à l’INRA et au CIRAD, c’est un service à minima… et super discret, bien sûr, car les quelque 85% de Français opposés aux chimères génétiques préféreraient, peut-être, que leur argent soit utilisé pour des recherches plus agro-écologiques. (Et d’ailleurs, cela fait frémir de voir que la seule rubrique agro-écologique sur le site du CIRAD concerne le semis sans labour qui, lorsqu’il n’est pas pratiqué en agriculture biologique, est synonyme d’une destruction inexorable des sols, RoundUp oblige) (84). La discrétion est de mise aussi en Afrique sur ces variétés chimériques de riz mais c’est, peut-être, pour ne pas effaroucher les vendeurs de fertilisants de synthèse. En effet, les 12 lignées chimériques de riz NERICA NUE semées au printemps 2013 au Ghana et en Ouganda ont été auparavant cultivées par le CIAT, en Colombie, en 2011/2012, et les premiers résultats sont archi-prometteurs: une diminution de 50% de la quantité d’azote appliquée a permis d’obtenir des rendements supérieurs de 22% (la première année) et de 30% (la seconde année) par rapport aux mêmes lignées de riz NERICA non chimériques (69). Extraordinaire. Ne pourrait-on pas conseiller aux humanitaires associés du Golden Rice Project de présenter ces lignées de NERICA NUE au Vatican, pour une intronisation officielle, plutôt que leur golden rice ringard? En effet, n’est-ce pas là un riz fabuleux pour ne pas dire miraculeux: moins on lui applique d’azote et plus il produit de petits grains…

Le CIAT, dans ses centres de Palmira et de Santa Rosa, est également engagé dans des créations chimériques avec la variété de riz Cuninga – utilisée en Amérique latine – impliquant la médiation d’Ensifer adhaerens, au lieu de la conventionnelle (mais très brevetée) Agrobacterium tumefaciens. Ensifer adhaerens est une bactérie du sol qui est l’objet de recherches très poussées quant à sa capacité de générer la création de nodules fixant l’azote (dans les genres botaniques Phaseolus, Vigna, Leucaena, Macroptilium) en synergie avec Rhizobium tropici. Ensifer adhaerens a été utilisée également dans la création de pommes de terre chimériques (74). (D’ailleurs, les USA viennent d’autoriser, en début novembre 2014, une pomme de terre chimérique, nommée Innate, “à vocation santé publique”, pour lutter contre le cancer généré par l’acrylamide, une substance produite lors de la confection des frites) (92). Le CIAT est aussi engagé dans des créations chimériques avec la variété de riz (de l’IRRI) IR 64. Cette même variété, IR 64, est le vecteur d’inventions chimériques par l’Université de Melbourne, en Australie, et par l’IRRI, aux Philippines, afin de créer des variétés de riz “biofortifiées” en fer et en zinc. Ces variétés sont supposées être testées à partir de 2015 et être introduites au Bangladesh, vers 2022, selon le programme Harvest Plus du CIAT (un programme financé par la Fondation Bill Gates, cela va sans dire). Ce programme annonce également le manioc chimérique à la vitamine A pour 2017 et la banane chimérique à la vitamine A, également, pour 2019 (qui est en cours d’élaboration en Ouganda).

Pour conclure avec ce programme international de création de riz chimériques pour l’Afrique, il ne faut pas omettre, bien sûr, de préciser que les riz hybrides F1 NERICA, non chimériques, sont supposés fonctionner en Afrique avec de très gros apports d’azote puisque certains rapports conseillent même jusqu’à 300 kgs par hectare!! Ce qui contraste bien évidemment avec la moyenne de l’agriculture Africaine (77) qui utilise 9 kgs de fertilisants de synthèse par hectare et par année (alors que l’Amérique Latine et l’Asie du sud-est en utilisent respectivement 73 kgs et 300 kgs). Dans tous les rapports agronomiques que nous avons étudiés, les ratios de prescription d’azote pour le riz NERICA varient de 1 à 10 – tout dépend des alliances locales. Il semble important de repréciser que le fondement essentiel des pseudos révolutions vertes, c’est la nanification de toutes les céréales qui sinon, s’effondreraient sous leur propre poids en raison de leur gavage en azote.  Cette nanification a généré une catastrophe agro-écologique en diminuant de moitié, ou même beaucoup plus, l’apport en pailles permettant de refertiliser les sols soit directement, soit indirectement par l’alimentation des animaux source d’excréments compostables. La suppression des engrais naturels a fait, bien évidemment, la fortune des vendeurs de fertilisants de synthèse en tous genres. Nous sommes très loin du “sens de l’humus” développé par John Jeavons (78) avec son agriculture bio-intensive qui est avant tout fondée sur l’apport en paille et en plantes à carbone.

Il ne faut pas omettre, également, de préciser, une fois de plus, que ces chimères génétiques de riz pour l’Afrique constituent une vaste arnaque. En effet, le séquençage du génome du riz Africain, Oryza glaberrima – dont de très multiples variétés ont été domestiquées, sélectionnées, améliorées par des milliers d’années de passions paysannes traditionnelles – vient d’être terminé en juillet 2014 en Arizona (79). Et que ressort-il, avant toute autre chose, de ce séquençage génomique? « Le génome du riz Africain est particulièrement important parce qu’un grand nombre de ses gènes codent pour des traits qui le rendent résistant à des stress, telles que de longues périodes de sécheresse, une  forte salinité des sols et des inondations». Selon d’autres études, le riz Africain est naturellement résistant aux nématodes, aux virus, aux rouilles de la feuille, aux sols pauvres et au Striga (de la famille des Orobanchaceae ) – une plante dont il est très difficile de se débarrasser dans les cultures de céréales de l’Afrique subsaharienne. De longues périodes de sécheresse, des sols pauvres et une forte salinité: exactement ce pour quoi les chiméristes tentent de fourguer leurs nouveaux “événements de transformation”, WUE, NUE et ST aux Africains. Et tous ces riz “transgéniques” sont bien sûr élaborés à partir d’une base hybride F1 à 100% – le fondement d’une très grosse prospérité pour les vendeurs de semences, de fertilisants de synthèse et de pesticides… lorsque les paysans tombent dans le piège de ce marché captif.

Et c’est pour consolider ce piège qu’en 2008 l’IRRI met en place le Hybrid Rice Development Consortium, la plate-forme d’hybridisation universelle du secteur rizicole destinée à faciliter la prospérité de DuPont, Bayer, Monsanto, Syngenta, etc. (71) Mais dans le domaine du riz, les plans des multinationales des nécro-technologies ne se déroulent pas à l’aune de leurs déclarations grandiloquentes. L’arrogance du directeur de DuPont/Inde, Balvinder Singh Kalsi, par exemple, n’est que cela, de l’arrogance. Il déclare, en 2009, que leurs variétés de riz chimériques résistantes à la sécheresse (73) seront prêtes en 2013/2014 – c’est hier – et que l’on peut imaginer une hybridisation du secteur rizicole Indien à hauteur de 50% dans les 5/10 années à venir – c’est aujourd’hui – qui ramènera un marché de 500 à 600 millions de dollars en semences hybrides F1. Mais il faut se rendre à l’évidence que l’Inde n’est pas la Chine et que, depuis 1994, une petite cinquantaine, seulement, de variétés hybrides F1 de riz ont été introduites en Inde. (72) En 2012, lors du 6 ème International Hybrid Rice Symposium, le directeur général de l’ICAR (Indian Council of Agriculture Research) déclare que l’Inde, sur ses 44 millions d’hectares de riz, n’en a que 2 millions semés en variétés hybrides F1 et que l’objectif est de passer à 5 millions d’hectares. Il peut toujours causer. La majorité des paysans n’en veulent pas pour de multiples raisons: coût et non disponibilité des semences, formation déficiente du grain, pauvre qualité culinaire, manque de résistances aux pestes… sans parler des échecs intégraux de culture comme dans le Bihar où le gouvernement a dû compenser financièrement les paysans.

Et ce refus des paysans en Inde (et bien évidemment en Afrique – il suffit de lire les rapports des ONGs) d’hybridiser leur production rizicole pose un énorme problème au programme de chimérisation des multinationales de la semence et de l’agro-chimie. Pourquoi? Parce que Monsanto s’est déjà fait piéger une fois avec ses sojas transgéniques non hybrides que les paysans peuvent reproduire en toute liberté – parce que les protestations de la société civile l’ont empêché d’y introduire son gène de stérilité qualifié à l’époque de “terminator”. Tout n’est pas simple, bien évidemment, parce que cette liberté de semer les sojas chimériques est également un des gages de la contamination génétique si chère aux psychopathes. Pour les multinationales, l’hybridisation constitue, donc, la condition, sine qua non, de la chimérisation si elles veulent réaliser leur objectif qui est de produire du profit, encore du profit et toujours plus de profit.

 

Conclusions

Des stratégies de fortes amplitudes, et soudaines, sont actuellement déployées afin de promouvoir à tous vents le Golden Rice. Nous avons évoqué l’entrée récente dans l’arène du grand guignol Anglais Mark Linas (un transfuge auto-proclamé du mouvement anti-OGM), les vociférations hystériques de l’organisation Golden Rice Now, les grandes proclamations du Golden Rice Project, les déclarations (un peu alambiquées) de l’IRRI, la pétition à l’encontre de Vandana Shiva en Italie pour la remplacer dans son rôle d’ambassadrice – à l’Expo 2015 à Milan – par Patrick Moore (un autre transfuge du mouvement pour la Paix Verte). Nous pouvons, même encore, allonger cette liste en mentionnant la très récente intervention/caution de Peter Singer (en Australie) présenté comme l’un des plus éminents philosophes de la morale (61); les déclarations hystériques récentes de Bjorn Lomborg (un autre transfuge et obsédé du réchauffement climatique anthropique) accusant les militants anti-OGM d’être responsables de la mort de 8 millions d’enfants depuis 12 années (80); le dossier spécial sur le riz doré de Sciences et Vie (81) de l’été 2014, etc, etc.

Le golden rice de l’IRRI est pourtant un échec patent. Pourquoi les chiméristes de cette institution continuent-ils donc, marris, de pédaler misérablement dans la semoule de riz doré? Parce que toute l’hystérie médiatique (discours incantatoires, publicités tapageuses, campagnes vociférantes, menaces…) entourant les riz chimériques dits “nobles” – à savoir les riz dorés, en particulier, et les riz “biofortifiés”, en général – n’est qu’un gigantesque rideau de fumée occultant, aux regards de l’opinion publique, premièrement la tentative d’hybridisation à 100% de tout le secteur rizicole mondial et, subséquemment, la chimérisation de tout ce secteur par la création de nouvelles variétés transgéniques de riz BT, ou bien de riz supposément résistants à la sécheresse, à la salinité, à l’arsenic ou bien, pire encore, de riz résistants aux herbicides de Bayer, de Syngenta, de Monsanto… 

La création de variétés chimériques de riz résistantes à l’arsenic est hautement symbolique de la nature intrinsèquement biocidaire de l’agriculture moderne. Depuis 1930, l’agriculture toxique a pourri les sols en les arrosant systématiquement de pesticides en tous genres à base d’arsenic (et on ne fera qu’évoquer, en sus, les dommages provoqués par les mines d’or, à cet égard). Or le riz possède cette capacité singulière de concentrer l’arsenic (tout comme le thym et les champignons en ce qui concerne la radioactivité). Récemment, des campagnes de mise en garde émanant de la FDA aux USA ou de la revue Nature (82), en début novembre 2014, visent à faire prendre conscience aux consommateurs qu’ils risquent de s’empoisonner – à l’arsenic – en mangeant du riz. D’où le recours à encore plus d’agriculture biocidaire en proposant (83) l’introduction de variétés chimériques de riz résistantes à l’arsenic, par la vaporisation de ce dernier – afin de boucler une boucle. Et ces boucles sont multiples, témoin cette nouvelle révolution transgénique (62) qui promet (par la chimérisation des variétés hybrides F1) de retrouver un fruit “perdu”, la tomate, dont l’industrie est accusée d’avoir saboté la saveur – alors que chez Kokopelli, nous en avons des centaines de tomates, toutes plus savoureuses les unes que les autres!!

Si l’espèce humaine veut survivre, elle doit éliminer à jamais le paradigme de l’agriculture occidentale moderne, un paradigme fondé tout autant sur l’arnaque de l’hybridisation pesticidaire (1920/1925) que sur l’arnaque du concept de résistances monogéniques – à savoir verticales (1905). Et nous conseillons à tous les lecteurs, intéressés par ce thème, l’ouvrage de l’agronome Canadien, Raoul Robinson, “Return to Resistance”. Une étude récente, publiée au printemps 2014, (64) est très symbolique de cette autre boucle initiée par la destruction intégrale des variétés traditionnelles paysannes à résistances polygéniques – à savoir horizontales. Les biologistes Ramakrishna Wusirika et Rafi Shaik y ont mis en exergue que sur les 3800 gènes du riz en relation avec le stress, 1377 gènes concernent à la fois des stress biotiques et abiotiques. Et sur ces 1377 gènes de stress, 196 sont capables de réagir à de multiples stress biotiques (bactéries, fungi, insectes, adventices et nématodes) et abiotiques (salinité, froid, sécheresse, métaux lourds, sols pauvres). Et ces deux biologistes ne peuvent refréner leur impatience d’utiliser une partie de ces maîtres-gènes afin de créer, par la transgenèse, de nouvelles variétés de riz chimériques résistantes à tout … mais, en vérité, résistantes à rien du tout. Parce la Nature ne fonctionne pas comme cela. La guerre lancée par l’agriculture biocidaire à l’encontre des adventices, des insectes, des virus, des champignons, des bactéries, des nématodes, etc, est une guerre perdue d’avance. Que cette guerre en appelle à la résistance monogénique (qui est un échec total – pour preuve, le recours annuel à 46 milliards de dollars de pesticides en tous genres, autorisés et même souvent interdits (90) ) ou en appelle à des simulacres de résistance polygénique par le biais de la transgenèse de seconde génération.

Il existait des centaines de milliers de riz traditionnels qui possédaient naturellement des résistances horizontales à tous les types de stress, biotiques ou abiotiques – pour preuve, l’humanité s’en est nourrie et délectée pendant des milliers d’années. Elles ont été détruites pour être remplacées par les variétés “améliorées” de l’IRRI, sans saveur, qui se sont succédées, depuis 1962, année après année, parce que toutes s’avéraient être des échecs flagrants – sur le plan des résistances. Ce fut l’échec de la révolution verte 1.0 – dont on continue pourtant de nous vanter les miracles, en pure propagande. L’IRRI tente maintenant, avec les multinationales des nécro-technologies, d’imposer et de généraliser une révolution verte 2.0 par l’hybridisation du riz, à savoir par la création de variétés artificielles élaborées à partir de lignées dites “pures” (des clones homozygotes) qui ne peuvent produire qu’avec force fertilisants et dont les résistances sont tout aussi nulles. Et l’IRRI nous promet donc, pour un proche futur (vers 2030), une révolution verte 3.0 fondée sur la chimérisation des hybrides, une chimérisation qui sera source de résistances: c’est promis, cette fois-ci, la main sur le cœur. Et bien évidemment, surtout, des résistances aux herbicides de Monsanto, de Bayer, de Syngenta qui – contrairement à ce que prétendent les menteurs invétérés – permettent de pulvériser deux fois, trois fois, dix fois plus d’herbicides qu’auparavant. Et des résistances, de plus, qui ne fonctionnent que très temporairement parce que les adventices elles-mêmes les développent!! Pour preuve l’existence de plus de 400 espèces d’adventices sur la planète qui métabolisent parfaitement les poisons herbicidaires des multinationales. Et qui, plus est, mutent et se métamorphosent ainsi que vient de le mettre en exergue (92) Ana Caicedo dans une étude portant sur l’évolution des riz sauvages, en Arkansas, dans les champs de riz “Clearfield” de BASF rendus résistants aux herbicides par mutagenèse.

On se plaît à rêver d’un jour bienheureux où les Tribus du Futur convieront tous ces savants déments – et leurs laquais et complices dans les institutions et les structures d’Etats – à se rassembler dans une île quelque peu isolée (au large de Fukushima, par exemple) pour y accomplir, en toute quiétude, leurs délires les plus mortifères. Le jour où le Titanic Agricole sombrera, à jamais, dans l’océan de ses vanités. Et en attendant ce jour bienheureux, la chasse aux chimères génétiques est ouverte. Et surtout la chasse aux biocides est ouverte car sans les biocides tout l’édifice de l’agriculture mortifère s’écroule: les hybrides et chimères en tous genres et les nécro-carburants.

L’Inde traditionnelle a prouvé qu’elle pouvait générer 12 ou 15 de tonnes de riz à l’hectare, et parfois même plus (85) (86). Il en est de même pour la méthode SRI développée à Madagascar. Libérons les semences et l’humus.

Dominique Guillet. 15 novembre 2014.

NB: en synergie avec ce présent article sur la chimérisation pesticidaire du riz, je ne peux que conseiller la lecture du dernier ouvrage de notre ami Fabrice Nicolino: Un empoisonnement universel – Comment les produits chimiques ont envahi la planète.

Les Tomates Indigo : une révolution dans l’arc-en-ciel des tomates

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Historique des Tomates Indigo

En 2000, des étudiants d’Oregon State University commencent à travailler, sous la direction du Professeur Jim Myers, pour créer une variété de tomate indigo à partir de lignées (conservées par le Tomato Genetics Resource Center de l’Université de California-Davis) déjà élaborées par un chercheur Bulgare et un chercheur Etatsunien, dans les années 60, à partir de croisements avec des espèces de tomates sauvages.

Dès 2004, les semences de certaines lignées de tomates indigos d’Oregon State University, en cours d’élaboration – OSU Blue et P20, par exemple – sont distribuées libéralement par des petits mains disséminantes ! Et c’est ainsi que, depuis 2004, de très nombreux passionnés de création variétale de tomates se lancent – parallèlement à Oregon State University – dans l’aventure des tomates indigos: Tom Wagner de Tater Mater Seeds et de New World Seeds & Tubers (Etat de Washington), Mushroom/Alan Kapuler de Peace Seeds (en Oregon), Lee Goodwin de J&L Gardens (au Nouveau Mexique), Brad Gate de Wild Boar Farms (en Californie), Mark McCaslin de Frogsleap Farm (dans le Minnesota)… Et cette aventure consiste à réaliser de multiples croisements entre des tomates réputées savoureuses et les quelques lignées originelles de tomates indigo dont la spécificité est de contenir une très forte teneur en anthocyanes – très forte du moins par comparaison aux autres variétés de tomates car d’autres espèces alimentaires telles que les myrtilles en contiennent 20 fois plus.

Ces fuites de 2004 n’étaient pas autorisées mais cependant bienheureuses car il semble qu’Oregon State University n’ait pas été capable, avec “Indigo Rose” – introduite commercialement en 2012 – d’élaborer une tomate indigo réellement savoureuse. “Indigo Rose” – qui produit des grappes de 6 à 8 fruits de 4/5 cm de diamètre – est l’objet, en France, d’une marque déposée à l’INPI (3993635 dans les classes 1 et 31) par la société Graines Baumaux sous le nom “Latomatebleue Baumaux”. Et ce, totalement à l’insu d’Oregon State University – ce que m’a confirmé le Professeur Jim Myers dans une communication privée.

“Indigo Rose” est l’objet (12) d’une protection juridique (PVP 201100302 – accordée le 18 janvier 2013) sollicitée par OSU. Ce n’est pas la politique normale d’OSU de protéger ses obtentions car toutes les nouvelles variétés de tomates introduites par cette université, en Oregon, relèvent du domaine public. C’est le cas de Gold Nugget, Oregon Spring, Santiam, Oroma, Siletz, Willamette, Oregon Cherry, etc… toutes variétés de tomates développées (par Jim Baggett et son prédécesseur W. A. Frazier) pour les climats humides et frais de l’Oregon et du nord-ouest des USA. C’est donc un manque d’élégance patent qui caractérise ce dépôt de marque par la société Graines Baumaux – pour ne pas le qualifier de simulacre d’appropriation d’une variété qui – si elle n’est pas juridiquement dans le domaine public – est, en fait, accessible à tous sur le plan de la reproduction car Jim Myers l’a protégée justement pour éviter toute tentative d’appropriation par une société privée.

La société Graines Baumaux souffre de crises chroniques de dépôt de marque intempestif. On se rappelle qu’en octobre 2007 la Société Graines Baumaux a déposé la marque “Tomate Kokopelli” à l’INPI (3534645 dans les classes 1 et 31) tout en ayant entamé une procédure judiciaire à l’encontre de notre association en décembre 2005.

De plus, contrairement à ce que prétend Philippe Baumaux, “Indigo Rose”, introduite en 2012, n’est absolument pas la première tomate indigo commercialisée aux USA. En 2010 déjà, Lee Goodwin de J&L Gardens distribuait sa “Bosque Blue” issue d’un croisement entre une souche indigo d’Oregon State University et une variété de tomate rouge, “Amy’s Sugar Gem” (elle-même issue d’un croisement entre “Red Cherry” et “Tappy’s Finest” élaboré par Jeff McCormack). Quant au célèbre Tom Wagner, en 2011, il proposait déjà ses variétés indigo suivantes : “Fahrenheit Blues”, “Alki Blue”, “Blue Angel”, “Blue Fog”, “Blue Streak”, “Clackamas Blueberry”, “Dancing with Smurfs”, “Seattle’s Blue Woolly Mammoth”, “Sunshine Blue” ; et en 2012, il proposait ses variétés indigo suivantes : “Blue Match”, “Blue Bayou”, “Blue Pitts”, “Blue Tears”, “Helsing Junction Blue”, “Out Of The Blue”, “Chocolate Blues” et “Muddy Waters”. En bref, une vingtaine de variétés indigo étaient déjà proposées à cette époque. Une fois de plus, il semblerait que Philippe Baumaux prenne ses désirs indigo pour des réalités – cela dit sans vouloir lui filer le Blues !

Tomate Indigo

Que sont les anthocyanes ?

Les anthocyanes (ou anthocyanosides) – du grec “anthos”, fleur et “kuanos”, bleu sombre – sont des pigments naturels dans le règne végétal qui vont du rouge orangé au bleu-pourpre. Il existe seulement trois espèces de tomates sauvages, dans la Nature, en Amérique Latine, qui contiennent de tels pigments, chaque pigment étant corrélé à un gène différent : le gène “aubergine” (Abg) pour Solanum lycopersicoides ; le gène “anthocyane dans le fruit” (Aft) pour Solanum chilense ; le gène “atroviolaceum” (atv) pour Solanum cheesmaniae. A noter que depuis un certain nombre d’années, le genre Lycopersicon n’existe plus car il a été intégré au genre Solanum. Lycopersicon n’est plus maintenant qu’une section (constituée d’une douzaine d’espèces) au sein du genre Solanum comprenant plus de 1700 espèces.

Solanum lycopersicoides est originaire des versants occidentaux des Andes dans la région frontalière du Pérou et du Chili. Cette espèce est adaptée à des altitudes allant jusqu’à 3600 mètres et à des biotopes arides et froids. Cette espèce est résistante à la fusariose de la tomate, au virus de la mosaïque de la tomate, au virus de la mosaïque du concombre, au chancre bactérien de la tomate (Clavibacter michiganensis), au Phytophthora de la racine (Phytophthora nicotianae var. parasitica), à la pourriture grise (Botrytris cinerea), aux mouches mineuses (Liriomyza trifolii). Comme il est très difficile de travailler avec des croisements directs entre Solanum lycopersicoides et Solanum lycopersicum, les chercheurs ont recours à une autre espèce, Solanum pennellii, (une espèce sauvage très résistante à divers stress et à la salinité) qui leur sert de vecteur intermédiaire. (1)

Solanum cheesmanii est la tomate des Galapagos, une espèce très résistante à la sécheresse et à la salinité, au virus de la mosaïque du concombre, à l’alternariose…

Solanum chilense est une espèce originaire du Pérou et du Chili qui est très résistante en particulier au virus des feuilles jaunes en cuillère de la tomate, au virus de la mosaïque de la tomate, aux nématodes des racines noueuses du genre Meloidogyne, au mildiou, à la salinité, à la sécheresse…

 

Anthocyanes dans les Tomates Indigo

Les plantes de tomates possédant le gène “atroviolaceum” (atv) se caractérisent par une accumulation d’anthocyanes dans les feuilles, les tiges et les pétioles tandis que les plantes de tomates possédant le gène “anthocyane dans le fruit” (Aft) se caractérisent par une accumulation d’anthocyanes dans l’épiderme du fruit et juste en dessous – sous l’effet de la lumière UV (la production d’anthocyanes est considérée comme étant, vraisemblablement, une réaction de protection). L’accumulation d’anthocyanes commence très tôt, lors de la formation du fruit vert, et elle masque la couleur normale du fruit. Les parties du fruit qui ne sont pas exposées à la lumière UV vont donc garder leur couleur originelle.

La présence simultanée des deux gènes atv et Aft dans une plante de tomate génère une action synergétique de production d’anthocyanes. Selon Giovanni Povero, ce dynamisme synergétique se caractérise, également, par un remodelage complexe de l’expression génétique eu égard, par exemple, aux réactions vis à vis de stress biotiques et abiotiques, au métabolisme hormonal, etc. (2)

L’accumulation d’anthocyanes semble, de plus, privilégier les raies des fruits rayés possédant le gène “green-stripe” (gs) (telle que la variété Green Zebra de Tom Wagner) ou possédant le gène “fruit stripe” (fs) (telle que la variété Siberian Tiger de Tom Wagner). De plus, la très grande variabilité – dans l’intensité de la pigmentation – qui s’exprime dans les multiples croisements effectués depuis une dizaine d’années, par des maraîchers/sélectionneurs passionnés, laissent présager de l’existence de gènes modificateurs inconnus générant des effets dits “épistatiques”.

 

Danger : Tomates Indigo Chimériques

Une tomate indigo, “Black Galaxy” est introduite en 2012 par Technological Seeds DM, une compagnie semencière Israélienne. C’est une variété hybride F1. Mais ce n’est pas le pire.

En effet, une tomate indigo chimérique est introduite, en 2008, par Jonathan Jones et Cathie Martin, du John Innes Centre en Angleterre, par incorporation de gènes de l’espèce Antirrhinum majus (gueule de loup ou grand muflier). Fin 2013, cette tomate chimérique est cultivée dans une serre de 500 mètres carrés – chez New Energy Farm, dans l’Ontario, au Canada – afin de produire 2000 litres de jus chimérique de tomate indigo qui sont ensuite expédiés, en février 2014, vers Norwich, (4) le village Anglais où se trouve le Norfolk Plant Sciences. Afin d’éviter toute contamination génétique, les jus de fruits chimériques sont garantis sans graines et les plantes ont été brûlées après la récolte ! Les inventeurs de cette tomate chimérique sont confiants qu’elle pourra être commercialisée légalement d’ici deux ans en Amérique du Nord. En attendant ce jour fatidique, les jus de fruits chimériques de tomates indigo sont consommés par des volontaires Anglais susceptibles de développer des maladies cardio-vasculaires. Jonathan Jones et Cathie Martin, les deux inventeurs, lancent, durant l’été 2014, une société de nécro-technologie, Persephone Bio Ltd., dans le but de commercialiser des extraits de tomates chimériques “nécro-fortifiées” (voir Note 1) pour l’industrie des cosmétiques. (3) Cette société se trouve au Norwich Research Park, en compagnie d’une toute nouvelle société de nécro-technologies qui se dédie à la production de vaccins pour la grippe, et de protéines pharmaceutiques, à partir de plantes en utilisant une technologie mise au point par le Professeur George Lomonossoff et Frank Sainsbury.(9) Cette technologie est déjà utilisée par une société pharmaceutique au Canada, Medicago, qui élabore ses vaccins transgéniques à partir de plantes de tabacs de l’espèce Nicotiana benthamiana. (10) Medicago est une société dont le capital est détenu par Philip Morris International (la multinationale du tabac) et le Japonais Mitsubishi Tanabe Pharma.

A quand les tomates indigo chimériques vectrices de vaccins contre les grippes virtuelles de l’OMS ou le tout nouveau virus Pétrolébola ?

 

Culture des Tomates Indigo

Les tomates de couleur indigo se cultivent comme toutes les autres tomates. Néanmoins, de par leur parenté sauvage très proche, elles se caractérisent par une croissance vigoureuse et très résistante, y compris au froid.

Quant à leur saveur, certaines variétés semblent être plus une réussite que d’autres tout en sachant, bien sûr, que les goûts sont divers et variés. Il reste que le niveau de maturité optimale est parfois plus difficile à appréhender que pour d’autres tomates. En fait, il est conseillé d’attendre que les parties de couleur indigo brillant du fruit prennent une coloration violette-brune, plus terne, afin que la saveur puisse s’exprimer véritablement. Et d’attendre, également, un certain ramollissement des fruits similaire à celui des tomates d’autres couleurs. La saveur n’émerge réellement que lors des derniers jours de maturité. Des fruits récoltés, et exposés à la lumière solaire, verront leurs parties non colorées prendre une coloration indigo en l’espace d’une semaine.

En conclusion, l’introduction d’une pléthore de variétés indigo de tomates risque de révolutionner l’arc-en-ciel des couleurs des tomates. En effet, dans les tomates, la couleur indigo est en fait la plus proche de la couleur noire. Les variétés de tomates dites “noires” avec une chair verte – telles que “Black Prince”, “Noire de Crimée”, “Cerise noire”, “Prune noire”, etc – sont, la plupart du temps, violettes ou brunes avec une configuration génétique dépourvue de gènes codant pour les anthocyanes. Les tomates violettes ou brunes sont avant tout pigmentées par des lycopènes et dans une faible mesure par des bêta-carotènes. Les tomates brunes (“Black Russian”) ont une chair pigmentée par les gènes “R” (red) et “gf” (green flesh/chair verte) et une peau jaune induite par le gène Y (yellow). Les tomates violettes (“Noire de Crimée”, “Cerise noire”) ont une chair pigmentée par les gènes “R” (red) et “gf” (green flesh/chair verte) et une peau incolore induite par le gène y (yellow).

Ce sont 22 variétés de tomates “indigo” qui sont aujourd’hui proposées par l’Association Kokopelli. Et nous invitons tous les jardiniers passionnés à créer leur propres variétés en réalisant des croisements entre les tomates “indigo” actuellement disponibles et les variétés les plus savoureuses de leur préférence – voir la rubrique “création variétale de tomates” aux pages 597 à 600 de l’ouvrage “Semences de Kokopelli”. A quand une tomate “Indigo des Andes” et un “Coeur de Boeuf Indigo” ?

Dominique Guillet. Le 30 novembre 2014.

 

Note 1. Dans le même registre chimérique de ce que j’appelle la “nécro-fortification”, en janvier 2014, selon un article de la BBC (5), les chercheurs du Rothamsted Research à Hertfordshire, toujours en Angleterre, demandent une autorisation pour cultiver des plantes chimériques capables de produire des acides gras Omega 3 – que l’on trouve communément dans l’huile de poisson (6). Cela fait 15 ans qu’ils travaillent sur des manipulations génétiques permettant d’intégrer 7 gènes d’algues dans des plantes de l’espèce Camelina sativa (le lin bâtard ou sésame d’Allemagne) de la famille des Brassicacées). L’autorisation est vite accordée et les récoltes de ce lin bâtard ont lieu durant l’automne 2014 en Angleterre. (7) (8) Le site de production chimérique est situé à 30 mn de Londres mais les protocoles de “nécro-sécurité” sont bien évidemment respectés : le site est protégé par des clôtures de trois mètres de hauteur, des chiens et des caméras. Le marché qui est visé, vers 2020, par la création de telles chimères, est l’industrie de la margarine ainsi que l’industrie de l’élevage de poisson.

Les Tomates chez Kokopelli : saveurs, couleurs.. et colères

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Du premier catalogue 1994 de Terre de Semences à Kokopelli en 2014

Au détour des chemins semaillant, il nous arrive parfois, chez Kokopelli, de recevoir des lettres pour le moins surprenantes – pour ne pas dire chamaillantes –  telle aujourd’hui celle de Thomasine, une fervente adhérente, frisant l’insulte, qui nous accuse d’introduire les “hybrides” de tomates de Tom Wagner et de faillir à notre mission de protection des “anciennes variétés”. L’objectif déclaré de ce présent article est donc de faire le point chez Kokopelli, mais aussi hors Kokopelli, sur ce que l’on appelle des tomates anciennes, des tomates modernes, des tomates en pollinisation ouverte, des tomates enregistrées, des fausses tomates anciennes…

Notre premier catalogue structuré date de 1994 avec la création de Terre de Semences qui va prendre le relais du Jardin Botanique de la Mhotte (créé fin 1992 dans l’Allier à St Menoux) – en train de couler suite à non-assistance à biodiversité en danger. En effet, à l’époque, le concept de protection de la biodiversité alimentaire est quasiment absent de la conscience collective. Quant à l’argent “public”, à cette époque déjà, il est strictement pris en otage pour tout ce qui concerne la création d’hybrides F1 ou de chimères génétiques – au bénéfice de l’industrie.

Jardin Botanique de Lamhotte

Jardin Botanique de la Mhotte créé par Dominique Guillet en 1993

Le premier catalogue de Terre de Semences présente donc, en 1994, environ 130 variétés de tomates accessibles en semences bios produites par nos soins dans les jardins de la Mhotte. Vingt ans plus tard, l’Association Kokopelli propose près de 750 variétés de tomates, dans ses gammes boutique et collection, accessibles aux jardiniers et maraîchers. Nous avons des centaines d’autres variétés de tomates dans nos congélateurs mais elles ne sont que cela, des semences de tomates congelées.

En décembre 2014, notre gamme boutique comprend environ 450 variétés de tomates qui sont commercialisées et dont les semences ont été produites par (et donc achetées à) notre réseau de producteurs bios de semences. C’est un exploit de distribuer, en bio, une telle diversité de tomates. D’autant plus que cette distribution est très inégale en termes de quantité en fonction des variétés.

Mandala de Tomates Kokopelli

Mandala de Tomates Kokopelli

En effet, les statistiques que nous avons réalisées pour l’année 2013 mettent en exergue que – dans la gamme boutique Kokopelli de 384 variétés – 50% des ventes sont réalisées avec 42 variétés (11% de la gamme) et 60% des ventes sont réalisées avec 65 variétés (17% de la gamme). Une partie des jardiniers privilégie ce qu’on appelle les “best-sellers” qui sont, chez Kokopelli, Noire de Crimée, Ananas, Des Andes, Speckled Roman, Rose de Berne, etc. Ce sont donc environ 320 variétés de tomates en 2013 qui constituent les 40% restant des ventes. Cette situation est loin d’être catastrophique, sur le plan de la biodiversité, mais elle nous demande une très grande vigilance quant à la mise en place de nos campagnes annuelles de production de semences. D’autant plus, que nous avons pour stratégie, chez Kokopelli, de ne pas garder en commercialisation des lots de tomates de plus de quatre années – et ce, d’autant plus, que nous avons la transparence d’apposer sur chaque sachet l’année de production des semences, en sus de la date d’ensachage; ce qui constitue une pratique strictement non habituelle dans le secteur semencier. Comme les tomates gardent leur capacité de germination pendant 10 années ou plus, ces lots de semences sont alors distribués dans le cadre de notre campagne Semences sans Frontières.

Cette préservation d’une telle diversité de tomates est d’autant plus un exploit que l’Association Kokopelli  est plutôt sujette à des bâtons dans les roues plutôt qu’à l’octroi de subventions – puisque l’argent public est strictement divergé vers la consolidation de l’agrochimie et des très forts bénéfices de l’industrie semencière et parfois même vers la création de chimères génétiques tel que dans le cas du CIRAD qui chimérise allègrement en Colombie des riz transgéniques… au bénéfice des pauvres paysans Africains, ce qui va sans dire. (3)

Et nous en profitons, une nouvelle fois, pour remercier tous nos parrains, marraines qui nous aident à préserver quelques centaines de variétés de tomates en plus, que nous n’aurions pas les moyens financiers de mettre en production au sein de notre réseau professionnel car c’est déjà un énorme challenge d’avoir 450 tomates dans notre gamme boutique.

 

Origines des variétés de tomates chez Kokopelli

Au détour d’autres chemins (dans les commentaires des experts en diffamation téléguidés par l’agrochimie ou dans les communiqués et les plaidoiries de Philippe Baumaux, par exemple), il s’avère que nous sommes accusés de distribuer des variétés distribuées par d’autres, et pire encore, de ne distribuer que des variétés “américaines” de tomates. Par “américaines”, nos détracteurs – qui sont tout autant handicapés de la joie de vivre que sujets à des connexions synaptiques dysfonctionnelles – entendent “avec des noms anglais”.

Nous n’allons pas nous étendre outre mesure sur la première accusation qui tient d’autant moins que, souvent, si nos variétés sont distribuées par d’autres, c’est que nous-mêmes les avons introduites en France – une fois; ou bien encore, disséminées ! Par exemple, la Barbaniaka (une tomate-cerise extrêmement résistante) que nous avons reçue en 1993 du Jardin Botanique de Tapiozele en Hongrie. A cette époque, quels étaient les flambeaux de la “diversité tomate” en France en sus de Terre de Semences ? Seulement la Ferme Ste Marthe et Philippe Baumaux qui avait, lui-même, quelques soucis avec le GNIS suite au virus “biodiversité” que lui avaient transmis les jardiniers collectionneurs, Victor Renaud, Jean-Baptiste et Nicole Prades, Jean et Colette Achard, Pierre Bourgois, Gérard Brossette, André Hatesse, etc. Et quelques années plus tard, le Prince Jardinier, Louis-Albert de Broglie, établissait son Jardin Conservatoire de la Bourdaisière avec la collection de tomates de Terre de Semences. C’est ainsi notre grand plaisir d’avoir inspiré, subséquemment, de très nombreux acteurs passionnés par la commercialisation de la biodiversité… et d’avoir ouvert, sur le plan juridique, par l’exemple de notre désobéissance civile, un énorme tunnel en lequel une pléthore d’autres nouveaux acteurs sont en train de s’engouffrer – allègrement.

Quelles sont donc les origines de notre gamme de tomates ? Diverses et variées. Tout d’abord, les collections des jardiniers-collectionneurs sus-cités qui recevaient des variétés potagères de la planète entière et qui oeuvraient avec des aristocrates épris de biodiversité (Château de St Jean de Beauregard, Château de Courson, etc…) à la dissémination de ces trésors de ressources génétiques. Ensuite, certains jardins botaniques de l’Europe de l’est qui oeuvraient “en open source”, au contraire des banques nationales de semences des pays de l’Europe de l’ouest (au service des industriels de la semence). Ensuite, certains réseaux US qui avaient, à cette époque, 20 années d’avance sur la France : Abundant Life Seed Foundation, Native Seeds, Seed Savers Exchange, Peace Seeds…

Ce qui nous amène au sujet brûlant des variétés de tomates “avec des noms anglais” ! Pourquoi ont-elles des noms anglais ? Pour les raisons suivantes :

Variété de tomate Indigo créée par Tom Wagner.  “Helsing Junction”

Variété de tomate Indigo créée par Tom Wagner.
“Helsing Junction”

– ou bien ce sont des variétés anciennes créées par des obtenteurs US, telle la grosse vingtaine de variétés créées vers 1895/1905 par Alexander Livingston : “Livingston’s favourite”, “Stone”, “Lutescent”, “Paragon”, “Livingston’s Gold Ball”, “Perfection”, etc.

– ou bien ce sont des variétés traditionnelles “familiales” qui ont été renommées et donc anglicisées après avoir été transmises par des émigrants Européens (ou Asiatiques) et cultivées pendant des générations sur le territoire US. Ces variétés sont arrivées avec des jardiniers/jardinières Polonais, Italiens, Allemands, Français, etc. “Berkshire Polish” de Pologne, “German Head” d’Allemagne, “Podland Pink” de Pologne, “Martino’s Roma d’Italie”, “Omar’s Lebanese” du Liban, “Polish Linguisa” de Pologne, “Ropreco Paste” d’Italie, “Eva’s Purple Ball” d’Allemagne, etc.

– ou bien ce sont des variétés collectées lors des quelques voyages organisés par Kent Whealy (le fondateur du Seed Savers Exchange) dans les années 1990 dans les pays de l’ancienne URSS et qui ont été renommées : “Black Krim”, “Black Prince”, “Black from Tula”, “Silvery Fir Tree”, “Russian Lemon”, “Amber”…

– ou bien ce sont des variétés récentes créées, aux USA, par des obtenteurs géniaux ou des jardiniers amateurs passionnés : “Geranium Kiss”, “Banana Legs”, “Striped Roman”, “Red Centiflor Hypertress”, “Orange Centiflor Hypertress”…  Et on ne peut que répéter que cette innovation variétale est complètement inexistante en France, par exemple, de par le carcan administratif mis en place par le GNIS, depuis 1941, et de par la destruction du domaine public mise en place par l’industrie semencière.

 

Un mélange de couleurs, de saveurs… et d’appellations non contrôlées

Nous sommes fort conscients qu’il règne, parfois, beaucoup de poésie dans les appellations de certaines variétés potagères disséminées par les divers réseaux planétaires dont la mission est de préserver ce que l’industrie semencière n’a pas encore saccagé ou séquestré dans ses morgues glaciales. Et un peu/beaucoup de poésie ne peut être que la bienvenue dans ce monde cancérisé par les psychopathes criminels de l’agrochimie.

Il arrive ainsi que certaines variétés soient distribuées sous des noms différents. C’est le cas, par exemple, de la Noire de Coseboeuf (introduite par la Ferme Ste Marthe) qui serait, en fait, la Purple Calabash (issue de la banque de semences du l’USDA Texas, accession PI 290857). Et même si ce n’est pas très grave – le principal étant qu’elles soient distribuées – nous avons tenté, néanmoins, depuis plus de 20 années, d’être, autant que faire se peut, très précis quant aux diverses appellations portées par une variété donnée. De plus, l’origine de la plupart de nos variétés de tomates est strictement spécifiée, ainsi que l’année de leur introduction, ou début de dissémination, et ainsi que les variétés dont elles sont issues par croisements lorsque nous les connaissons.

Nous avons également le cas, par exemple, des tomates noires qui, pour la grande majorité, sont d’origine Russe. Ou même de tomates d’autres couleurs issues également de la biodiversité Russe. Il est clair que leurs noms d’origine ont été traduits en anglais de par le fait que c’est Kent Whealy qui les a surtout fait connaître au monde Occidental avec le Seed Savers Exchange. “Yaponskiy Trufel Chernyi” a été traduit par Japanese Black Trifele ; “Cherny Mavr” par Black Mauri ; “Sosulka Chernaya” par Black Icicle ; “Sleevuhvidnaya” par Russian Lemon ; “Choodo-Svyeta” par Wonder of Light. Il arrive aussi parfois que les noms d’origine soient conservés tels que “Zarianka” qui signifie Lever de Soleil ; “Ispolin” qui signifie Géant ; “Siniy” qui signifie Bleu, “Zarnitsa” qui signifie Eclair d’été, etc.

Nous avons aussi le cas de variétés issues d’Europe de l’est dont le nom imprononçable a été adouci, tel que “Stupice” pour les diverses lignées “Stupické skleníkové” et “Stupické polní”.

Et puis, nous avons le cas des variétés dont le nom est plus évocateur en Français et dont la traduction de l’anglais est quasiment inévitable. Par exemple, en 1994, nous avons introduit la nouvelle variété de Tom Wagner “Green Grape” que nous avons ensuite proposée sous le nom de “Raisin Vert”. Parfois, nous préférons garder deux noms sur le sachet, par exemple “Black Cherry/Cerise Noire” introduite par feu Vince Sapp en 2003 aux USA.

Et nous avons aussi les cas nombreux de ces anciennes variétés françaises telle que “Casaque Rouge” qui est en fait la “Red Jacket” introduite aux USA en 1947.

 

Du concept moderne d’ancienneté

La Tomate fait partie de la famille des Solanacées et, depuis quelques années, le genre qui lui était attribué, Lycopersicon, a été réintégré au genre Solanum (comprenant plus de 1700 espèces). Lycopersicon n’est plus qu’une section (comprenant une grosse douzaine d’espèces) au sein du genre Solanum. Les solanums sauvages à l’origine de la tomate “domestiquée” sont tous issus de l’Amérique latine. A ce jour, il n’existe aucune certitude quant au berceau d’origine de la domestication des tomates : pour certains, c’est l’Amérique Latine et pour d’autres, c’est la Méso-Amérique. Quant aux processus de domestication de la tomate, comme de toutes les autres plantes potagères ou céréalières, certains évoquent l’évolution, d’autres le don des divinités, d’autres des mutations bénéfiques, d’autres encore une co-évolution dans le monde de l’éthérique (c’est la vision du plus grand obtenteur de tous les temps, le Californien Luther Burbank). C’est un autre sujet mais ce qui est possible, c’est que l’antiquité des tomates puisse remonter aux débuts de l’agriculture dans les Amériques Latines – à savoir un certain nombre de milliers d’années.

Ce qui est certain, c’est que les premières variétés de tomates introduites en Europe, les Pommes d’Or, (de couleur jaune-orange) se caractérisaient déjà par de gros fruits. Les tomates ont eu quelques peines à se répandre dans certains pays d’Europe, au fil des siècles. En France, l’édition 1904 du Jardin Potager de Vilmorin-Andrieux ne décline qu’une petite quarantaine de variétés, dont une partie porte des noms anglais et est issue des USA. Aux USA, une étude réalisée par l’Université Agricole du Michigan met en valeur, dans les années 1880, que les 171 variétés de tomates nommées, dans les catalogues commerciaux, ne représentent, en fait, que 61 lignées différentes avec une base génétique très proche.

Variété de tomate cerise verte créée par Tom Wagner.  “Verde Claro”

Variété de tomate cerise verte créée par Tom Wagner.
“Verde Claro”

De nos jours, le Seed Savers Exchange, dans l’Iowa, possède quelque 5000 variétés de tomates dans ses congélateurs – ou du moins dans les congélateurs de la morgue glaciale de Monsanto/Syngenta/Bill Gates à Svalbard en Norvège, depuis l’éviction de son fondateur Kent Whealy en 2008 (et nous reviendrons sur ce sujet glacialement brûlant dans un article subséquent). La banque nationale des USA contiendrait quelque 10 000 variétés de tomates. La banque de donnée sur internet de Tatiana (4) au Canada décline et décrit quelque 4800 variétés de tomates dont une grande partie sont cultivées dans ses jardins.

Il est bien clair que la tomate se prête à une innovation variétale plus que généreuse. Nous ne parlons pas ici, bien évidemment, de la tomate industrielle dont les plus de 400 variétés (hybrides F1 à 99,5%) présentées dans le catalogue du GNIS ne sont que de piètres répliquas, sans saveur, les unes des autres. De plus, la base génétique de ces variétés handicapées est extrêmement réduite – ce qui explique pourquoi leur durée de vie ne dépasse pas souvent quelques années car elles faillissent misérablement, sur le plan des résistances, dans les champs de la mort pesticidée.

D’ailleurs, à ce sujet, on nous annonce une toute nouvelle révolution transgénique (5) qui promet par la chimérisation des variétés de tomates hybrides F1 de retrouver un fruit “perdu”, la tomate, dont l’industrie est accusée d’avoir saboté la saveur – alors que chez Kokopelli, nous en avons des centaines de tomates, toutes plus savoureuses les unes que les autres !! Nous avons bien lu : l’industrie semencière est accusée d’avoir saboté la saveur des tomates mais des chercheurs génialement déments vont sauver notre matrimoine génétique en créant des tomates transgéniques non seulement archi-savoureuses mais, bien sûr, résistantes à tout… à la sécheresse, à la salinité, aux vilains virus, au refroidissement climatique global (induit bien évidemment par le réchauffement climatique anthropique), aux effets de la radioactivité de Fukushima (par incorporation de gènes de gueule de loup pour créer de l’anthocyane-antioxydant), etc, etc.

La diversité des tomates sur la planète est absolument incroyable, tant sur le plan des formes, des couleurs, des saveurs… et même des résiliences. Lorsque nous avons créé notre banque de semences Annadana à Auroville, dans le Tamil Nadu en Inde, en 2000, nous avons vu des tomates prospérer dans des canyons désertiques de la région ne recevant pas une seule goutte d’eau du ciel. A contrario, la variété Nagcarlang (qui est plutôt une population) croit aux Philippines avec une pluviométrie de 2,50 mètres ! Et tout comme pour les amaranthes à grains (issues de la biodiversité des Amériques Latines) présentes dans les Himalayas depuis au moins deux mille ans, personne ne pourrait s’avancer, aujourd’hui, à supputer l’antiquité des maïs et des piments en Asie ou l’antiquité de cette tomate Nagcarlang dans les Philippines.

Tout cela étant dit pour remettre dans une juste perspective le concept “d’anciennes variétés”. Aujourd’hui, sur cette planète, quelle est l’Autorité (auto-proclamée, comme la grande majorité des Autorités) universitaire, agronomique, historique ou autre qui se permettra de décréter l’antiquité minimale qualifiant une variété de tomate “d’ancienne” : 2000 ans, 200 ans ou bien 20 ans ?

Depuis 1992, nous affirmons avec force qu’il ne sert à rien de protéger la biodiversité alimentaire si nous n’avons pas la liberté sociale de la cultiver – et de la cuisiner. C’est pourquoi nous exigeons que toutes les variétés en pollinisation ouverte du domaine public soient exclues de toute législation européenne ou internationale. Qu’elles soient anciennes, ou prétendues telles, ou qu’elles soient modernes.

Il est, d’ailleurs, proprement scandaleux qu’une organisation telle que ProSpeciesRara, dont la mission serait de préserver la biodiversité alimentaire traditionnelle Suisse, ait recours à de telles aberrations sémantiques pour se faire distribuer, en plus, chez IKEA (6). « Ça coule de source ? Par le passé, oui, aujourd’hui non, puisque les variétés modernes sont le produit de l’hybridation de deux parents très différents et très typés génétiquement et que les générations ultérieures ne conservent pas les caractères de la variété. »

Les hybrides de tomates n’ont rien de “modernes”. Burpee introduisit le premier hybride F1 de tomate aux USA en 1945. Il faudrait d’ailleurs se garder de parler de “variétés” lorsque l’on parle d’hybrides F1 car ces hybrides F1, commercialisés par les compagnies semencières, sont tout sauf variés : ils ne produisent que des plantes uniformes qui sont quasiment des clones. Mais il y a fort à faire pour démonter toute la sémantique pernicieuse des délires agronomiques biocidaires prévalant depuis 1925.

A contrario, les variétés créées depuis 20 ans par Tom Wagner, Alan Kapuler, Lee Goodwin, etc, aux USA, n’ont rien “d’anciennes” ou de “traditionnelles” – ou du moins, elles restent traditionnelles de par leur caractéristique “de pollinisation ouverte” qui fut le processus de sélection variétale traditionnel depuis l’émergence de l’agriculture – et ce, jusqu’à la mondialisation du marché captif des hybrides F1 et des chimères génétiques.

 

Délires du GNIS et Turpitudes de l’industrie semencière

En 1997, sur le loufoque “Registre  de variétés anciennes pour jardiniers amateurs” du GNIS, on trouve des variétés de Tom Wagner, telle que Green Zebra qui, introduite seulement en 1983, ne répondait pas même aux critères d’inscription dans ce catalogue. Aujourd’hui, ce catalogue est devenu une liste de “variétés sans valeur intrinsèque” (9) et il est pathétique de voir, dans la colonne “obtenteur et responsable” (de la version écrite ou sur la base de données du Catalogue Européen en ligne) (10), le CTPS, ou Graines Baumaux ou les Croqueurs de Carottes (Germinance, Biau Germe, Graines del Pais, Semailles et Ferme Ste Marthe Production) en face de variétés créées par Tom Wagner ou en face de variétés de famille (“heirlooms”) disséminées par le Seed Savers Exchange aux USA. Obtenteur de quoi ? Responsable de quoi ? De variétés avec valeur “extrinsèque” parce que dans le domaine public ? Nous reposons une nouvelle fois notre question : à quand la dissolution de cet organisme parasite qu’est le GNIS ?

Aujourd’hui, lorsque nous ouvrons le catalogue de la Ferme Ste Marthe – créée par Philippe Desbrosses qui l’a vendue, en 2001, à la société Graines Voltz qui l’a revendue, en juillet 2006, (12) au bulbier Ernest Turc – (13) (8), nous apprenons que cette entreprise semencière s’est auto-proclamée en charge de la maintenance de 74 tomates. Selon leur mots : « La maintenance des variétés permet de continuer à produire et distribuer des variétés non inscrites, radiées ou oubliées afin d’en assurer la pérennité et la stabilité dans le temps ». Sans plaisanter ? Mais franchement, la Ferme Ste Marthe a t-elle demandé à Tom Wagner s’il était d’accord que leur entreprise semencière soit en charge de la “maintenance” pour l’Europe de ses variétés : Green Grape, Green Zebra, Chile Verde, Vintage Wine /Brandystripe ? A t-elle demandé au Professeur Bagget d’OSU (Université d’Oregon) si sa variété Gold Nugget avait besoin d’une maintenance ? Idem à la famille Sapp de Tomato Growers Supply pour la variété Black Cherry ? Idem à Jeff Dawson de Grandview Farms Tomato Seeds pour la variété Black Zebra sélectionnée à partir d’une mutation spontanée de Green Zebra ? Idem à Jeff Casey au Canada pour la variété Green Doctors Frosted issue d’une mutation spontanée récente (de l’épiderme) de la variété Green Doctors elle-même issue d’une mutation spontanée de la variété Dr. Carolyn ?

Variété de tomate Indigo créée par Tom Wagner.  “Cascade Village Blue”

Variété de tomate Indigo créée par Tom Wagner.
“Cascade Village Blue”

Nous pourrions bien évidemment poser la même question à Graines Baumaux ou aux Serres de Chanteloup : de quel droit vous êtes-vous auto-proclamés mainteneur de variétés de Tom Wagner telles que Banana Legs, Lime Green Salad (transformée en Salade Vert Lime), etc.

De quel droit les Serres de Chanteloup se sont-elles autoproclamées le mainteneur d’une mutation, Berkeley Tie-Dye, découverte par Bradley Gates de Wild Boar Farm en Californie dont nous présentons des variétés récentes indigo et bigarrées ; ou encore le mainteneur de Brad’s Black Heart, une mutation que Bradley Gates a découvert dans une culture de Noire de Crimée ; ou encore le mainteneur de la variété Blue P20 du Professeur Jim Myers de OSU (Université de l’Oregon) qui a dû justement protéger juridiquement sa nouvelle variété Indigo Rose (11) pour qu’elle ne soit pas piratée par une compagnie semencière peu scrupuleuse ? La preuve par la Société Graine Baumaux qui dépose une marque à l’INPI, “latomatebleue Baumaux” sur cette variété protégée par un COV. Une fois de plus, Philippe Baumaux rejoint, en faisant preuve de beaucoup d’humour, les rangs de la désobéissance civile !!

Et d’ailleurs, suite à la publication de ce présent article, Tom Wagner vient juste de me préciser, dans une communication privée,  que, selon lui – et parce qu’il a reproduit des semences de ces trois lignées –  il n’existerait aucune différence entre Indigo Rose, Blue P20 et Blue P20-3-1. Ce qui signifierait que Philippe Baumaux a enregistré une marque déposée sur une variété protégée par un Certificat d’Obtention Végétale (Indigo Rose) et que la même variété est enregistrée, sur la liste GNIS de “variétés sans valeur intrinsèque”, et donc aussi sur le Catalogue Européen, par les Serres de Chanteloup, sous le nom “Bleue P20”. Une situation pour le moins cocasse… qui ne peut que filer le Blues de l’Indigo à certains obsédés de l’enregistrement!

Ce cirque prétentieux et mensonger de prétendue “obtention et maintenance” va t-il durer encore longtemps ?

En 2008, Rivière-Wekstein, l’un des bouffons et des laquais les plus virulents de l’agrochimie pesticidaire affirmait, en parlant du loufoque “Registre  de variétés anciennes pour jardiniers amateurs” que « En inscrivant une variété, son “parrain” devient responsable de sa maintenance, ce qui n’est pas une affaire d’amateur ! ». Selon Wekstein, un autre grand humoriste, ce ne serait pas “une affaire d’amateur” de prendre la responsabilité de la “maintenance” de variétés qui ont été créées justement… par des amateurs !! Ou qui ont été cultivées pendant des générations par des familles de jardiniers qui ont confié leurs variétés au Seed Savers Exchange dans l’Iowa !! Par exemple, dans le registre des variétés sans valeur intrinsèque : German Red Strawberry, Aunt Ruby’s German Green, Dr. Wyche’s Yellow, Druzba, Basinga, Dutchman, Roman Candle, Aunt Gertie’s Gold, Box Car Willie, Green Doctors Frosted, etc, etc.

Ce concept de “maintenance” est d’autant plus une farce que dans le cas de la variété Green Zebra, par exemple, personne à part Tom Wagner lui-même ne connaît le phénotype originel (et original) de cette tomate qu’il a introduite en 1983. (1) En effet, Tom fut fort étonné de découvrir en 2009, en France, une Green Zebra qui n’avait plus rien à voir avec sa tomate originelle. L’élaboration de la Green Zebra lui a demandé une dizaine d’années d’efforts laborieux impliquant les croisements de 4 variétés “anciennes” datant des années 40/50 (dont la verte Evergreen) et de multiples sélections pour arriver à une tomate –  à chair verte et à l’épiderme zébré à 60% – choisie parmi de nombreuses lignées allant de 5% à 80% de zébrures.

Aujourd’hui Kokopelli propose une “Green Zebra”, une “Green Zebra Arizona Hawai Strain”, une “Woolly Green Zebra” (avec peau duveteuse), une “Blue Green Zebra” (avec anthocyanes), une “Musk Zebra” (très précoce) en sus des cousines qui en sont directement issues : “Luckhenbach Zebra” (une tomate-cerise zébrée), “Cote d’Zebra” (avec une chair orange), “Sirloin of Zebra” (avec une chair rouge/verte)… toutes créations récentes de Tom Wagner qui joue en permanence avec des centaines de lignées… en cours de “stabilisation” – ce qui est un concept tout à fait relatif pour ne pas dire farceur lorsque l’on voit l’évolution, par exemple, de la Green Zebra en fonction des divers semenciers/jardiniers/maraîchers qui l’ont reproduite, depuis trente années, et qui ont privilégié tel ou tel paramètre en fonction de leurs souhaits, caprices, ou conditions prévalentes dans leur biotope.

Les variétés plus anciennes de Tom Wagner sont, d’ailleurs, allègrement commercialisées par les chaînes de supermarchés, depuis de nombreuses années, qui n’ont aucun scrupule à faire de l’argent avec des “variétés sans valeur intrinsèque” strictement réservées à l’usage amateur – du moins selon la législation Française “en vigueur”. Pour paraphraser M. Burgaud, le communicateur du GNIS, comment se fait-il donc que l’Etat Français ne poursuive pas ces supermarchés qui bafouent, en toute impunité, la législation française ?

En effet, depuis l’étrange visite en nos locaux, en décembre 2013, des services de la Répression des Fraudes, lesquels prétendaient réaliser une “enquête nationale sur la tomate”,  nous nous sommes penchés, encore un peu plus, sur les pratiques de la grande et moyenne distribution et, entre autres, sur la problématique de ce que l’on appelle les “fausses tomates anciennes”.  L’industrie semencière – qui n’est pas prête à céder la plus petite part de marché qui soit – entend bien surfer sur cette vague nouvelle “des anciennes variétés”. Comment s’y prend-elle, avec la complicité de nos chers distributeurs, grands et petits, bios et non bios ?

D’une part, elle met donc sur le marché – à l’attention des agriculteurs professionnels – soit des semences de variétés anciennes non inscrites au Catalogue Officiel, c’est-à-dire non autorisées à la vente, soit des semences de variétés anciennes appartenant au domaine public mais autorisées à être vendues seulement aux jardiniers amateurs ; tout cela au nez et à la barbe des autorités, qui ne trouvent rien à y redire. La société Graines Voltz, comme beaucoup d’autres acteurs majeurs de l’industrie semenciere, inclut ainsi dans son catalogue pour  “professionnels” une gamme de variétés de tomates sans valeur intrinsèque avec un petit astérix précisant que ce sont des variétés “réservées à l’usage amateur”.

D’autre part, et c’est le pire, l’industrie semencière met sur le marché des variétés modernes aux apparences de variétés anciennes ! Ces tomates sont de vulgaires hybrides F1 insipides, mais cela a l’avantage, pour elle-même, d’interdire, en pratique, aux agriculteurs de multiplier la semence et les oblige ainsi à se réapprovisionner auprès d’elle chaque année. Le consommateur, trompé par les fausses indications des distributeurs, n’y voit que du feu! La vérité, toutefois, commence à se faire jour…

La société Gautier Semences est passée maître en la matière, et elle inonde l’Europe entière de ses fausses variétés anciennes de tomates, qualifiées de tomates de “diversification” (2) : la tomate Marmande est ainsi devenue, dans le catalogue commercial des semences proposées à la vente par cette société, un hybride F1 du nom de Rafati DCM 80, décrite, toutefois, comme possédant « l’authentique saveur de la Marmande »… ou bien encore un hybride F1 du nom de Marbonne, soigneusement qualifié de « Marmande pour cultures longues ». Le Cœur de Bœuf est devenu un hybride F1 du nom de Borsalina DCP 81, soigneusement qualifié de « tomate cœur de bœuf »… ou bien encore un hybride F1 du nom de Cauralina, soigneusement qualifié de « 1er hybride en forme de cœur ». La société Gautier Semences a introduit des tomates “noires” – Kakao, Ebeno et Marnero (qui serait une Marmande noire) ; une tomate “ananas” – Margold (qui serait une Marmande Ananas) ; et des simulacres des variétés striées de Tom Wagner – Timenta, Tirouge, Tiverta. Toutes variétés hybrides F1 – marché captif oblige.

Quant à la société Vilmorin/Limagrain, elle s’est attaquée à dénaturer la Cornue des Andes pour la transformer en hybride F1 dit Cornabel, soigneusement qualifié de « Cornue des Andes indéterminée pour récolte vrac ». Et, elle aussi, présente une Marmande dénaturée, à savoir un hybride F1 appelé Rebelion, soigneusement qualifié de « Marmande hybride ».

C’est comme cela que nous avons vu fleurir – sur les étals de nos marchés, supermarchés, magasins diététiques, Satoriz et Biocoops – une infinité de fausses variétés anciennes qui empruntent pourtant, en toute tromperie pour le consommateur – souvent désireux de donner un coup de pouce à la conservation du patrimoine semencier de nos ancêtres, proches et lointains, et en quête de saveurs meilleures – les noms évocateurs de nos variétés anciennes et parfois même moins anciennes (dans le cas du remplacement systématique des variétés de Tom par des hybrides dénaturés). Car la grande distribution ne vend pas une tomate Rafati DCM 80 ; non, elle vend une tomate Marmande. Elle ne vend pas une tomate Borsalina DCP 81, non, elle vend une tomate coeur de boeuf… de sorte à dégoûter à jamais les consommateurs de manger de la tomate coeur de boeuf – surtout s’ils doivent payer plus du cher au kilo… au titre de la diversification !

L’an passé, nous avons acheté des fausses anciennes tomates noires au magasin Satoriz de Nîmes et les avons placées bien en vue sur une étagère, dans la maison : cinq semaines plus tard, elles n’avaient pas évolué d’un iota, la preuve de leur nature de “long life”. Est-ce du “long life” généré par méthodes “conventionnelles” , par “mutagenèse”  ou “autre” ???

 

Chez Kokopelli : une nouvelle gamme de tomates très récentes

et en pollinisation ouverte

Chez Kokopelli, c’est notre grand plaisir de rendre hommage à ces créateurs géniaux de variétés de tomates qui oeuvrent pour le domaine public, qui ne sont subventionnés par personne et qui travaillent dans l’incognito le plus total.

C’est parce que nous avons le plus grand respect pour le travail innovateur de Tom Wagner (7) (tant sur le plan des couleurs que des saveurs ou des résiliences) que nous avons organisé une tournée de séminaires pour lui en Europe durant l’automne 2009 – et que nous envisageons l’organisation d’une seconde tournée dans un proche futur. C’est parce que nous sommes immensément reconnaissants pour son travail innovateur au service du domaine public que nous avons décidé, cette année de lui apporter un soutien financier. Tout comme nous en apporté un, l’an passé, à cet autre innovateur génial, Mushroom (Alan Kapuler) de Peace Seeds, en Oregon, dont les variétés de maïs doux, de tomates, de tournesols… font la joie des jardiniers et des jardinières.

Pour la saison 2015, nous introduisons une quarantaine de variétés nouvelles de Tom Wagner ainsi que des dizaines de variétés d’Alan Kapuler, de Lee Goodwin, de Brad Gate. Parmi ces nouvelles variétés, 21 variétés sont des variétés indigo, à teneur en anthocyanes.

Certaines de ces nouvelles variétés sont en cours de “stabilisation” – en fait, elles sont encore fluides et, d’ailleurs, certaines sont tellement intrinsèquement fluides qu’elles ne peuvent se résoudre à se stabiliser un jour. Chez Kokopelli, nous en avons, dans notre collection, qui semblent irrésistiblement attirées vers la Source. Même chez les tomates, il existe des libertaires irréductibles, des vagabondes… en quête de Sauvage.

Cette fluidité permet aux jardiniers/jardinières de pouvoir sélectionner dans ces lignées telle ou telle plante de tomate en fonction des couleurs, saveurs, périodes de maturité, résistances dans leur biotope local, etc. Cela veut dire aussi que les jardiniers/jardinières peuvent jouer à créer de nouvelles variétés ainsi que nous l’avons évoqué dans l’article précédent concernant les tomates indigo. Lors du déménagement de Kokopelli, nous avons retrouvé, au fond de congélateurs, des lignées sans nom de Tom Wagner que nous avions fait produire en France en 2009, à l’occasion de son passage, mais que nous n’avions jamais commercialisées. Nous en avons proposé une dizaine de lignées, avec juste des numéros, au printemps 2014. Et nous avons été fort étonnés de voir que des centaines de jardiniers se sont aventurés à les cultiver.

Car c’est bien d’une aventure qu’il s’agit, l’aventure de la Vie qui est un flux perpétuel de gènes – et cela dure depuis quelques milliards d’années. Gageons que c’est une aventure qui va encore perdurer longtemps – si l’humanité accepte de revenir aux voies de la co-évolution avec toutes les forces de Vie de la biosphère.

Dominique Guillet. Le 4 décembre 2014.

Diversité de tomates

Diversité de tomates

La Bio Piratée, second épisode : Lima/Danival chez Hain Celestial

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A la suite de la publication de notre article (23) sur “La Bio Piratée” – qui a beaucoup circulé sur la Toile – et malgré que l’on m’eût prié instamment de prolonger cette investigation douloureuse, j’avais décidé d’enterrer ce dossier franchement déprimant en me disant que Hain Celestial, Monsanto et Goldman Sachs, à l’image de notre civilisation moribonde, ne faisaient que passer et qu’un jour la Terre-Mère recyclerait bien tout ce fatras biocidaire.

Nonobstant, la semaine passée, je reçus ce courrier, transmis par une lectrice, de la Responsable Relations Clients chez Biocoop : La direction Filières et Produits Biocoop a creusé ce sujet et demandé à Lima et Danival leurs réponses dès juin 2013. La réponse de The Hain-Celestial Group (qui détient Lima et Danival) est très claire et fait foi pour Biocoop. « Le groupe Hain Celestial n’a aucune affiliation avec Monsanto et n’a jamais eu aucun lien avec cette société. De plus, comme toutes sociétés dont les actions sont cotées aux Etats-Unis, les  actionnaires sont tenus de déclarer leur propriété auprès de la commission des opérations en bourse. Vous pouvez consulter la liste des principaux actionnaires de Hain Celestial en suivant le lien ci-après. (22) Toute information véhiculée concernant une quelconque affiliation entre le groupe Hain Celestial et Monsanto est erronée.»

Je comprends fort bien que le Réseau Biocoop ne soit pas plus empressé que moi-même pour «creuser ce sujet» peu appétissant – même s’ils prétendent l’avoir fait. J’ose espérer que les cahiers de charge mis en valeur par le Réseau Biocoop ne soient pas à l’aune de leur acceptation aveugle de la “bonne foi” du groupe Hain Celestial, un monstre financier gobant des compagnies de l’alimentaire par douzaines. Tout d’abord, je n’ai jamais écrit que Monsanto était un actionnaire direct de Hain Celestial. Ensuite, lorsque l’on analyse les agissements, les déclarations, les procès, les partenariats et les objectifs afférents à ce groupe, toute relation directe ou indirecte avec Monsanto relève, vraiment, de l’épiphénomène. Et d’ailleurs, pour Erwin David Simon, le fondateur mégalomane de Hain Celestial, le rachat de Lima et de Danival n’est sans doute aussi que cela: un épiphénomène, l’une des nombreuses marches du tremplin qui va le propulser vers la place de leader mondial de l’alimentaire “naturel”. Mais les tremplins des bulles financières sont souvent bâtis sur des sables mouvants et ils s’effondrent lorsque les bulles éclatent… Surtout lorsque les bulles de la boulimie d’acquisitions ne fonctionnent qu’avec un fort niveau d’endettement entretenu par les grands Saigneurs de l’Internationale Bancaire. En parlant de boulimie, signalons que Hain Celestial a également établi (25) une joint venture avec Hutchison China Meditech Ltd, une société pharmaceutique Chinoise, dont les partenariats sont notoires avec Nestlé (28), avec la multinationale pharmaceutique Lilly et avec même… AstraZeneca/Syngenta (26) (et dont le président, Li Ka-Shing, est très impliqué dans les semences chimériques en Israël!). Et, en termes de crimes contre la biosphère et l’humanité, il est clair que l’on ne peut faire aucune différence entre Monsanto, Syngenta et Nestlé.

Ainsi, avec toute la sympathie que je porte à Claude Gruffat, le président de Biocoop (qui ne doit pas avoir la tâche facile en cette période de grand piratage de la bio), j’ai repris la plume en souhaitant aider le Réseau Biocoop à “creuser le sujet”. Qu’il soit clair que cette investigation n’est, en aucun cas, une remise en question de la qualité des produits bios de Lima et de Danival. J’en profite pour exprimer, une nouvelle fois, mon admiration (et mes sincères condoléances) aux membres de la famille Gevaert qui furent des pionniers de l’agriculture biologique en Europe. Pierre Gevaert est, de plus, un écologiste et auteur de nombreux ouvrages fort passionnants dont: “La famine mondiale est imminente”, “Alerte aux vivants et à ceux qui veulent le rester – Pour une renaissance agraire”, “L’avenir sera rural : au secours d’un monde moderne en dérive”.

 

Historique

La société Hain Pure Food est créée en 1926 en Californie. Elle est rachetée en 1981 par Ogden Corporation (actuellement Covanta Energy Corporation qui est spécialisée dans le recyclage des déchets industriels et la production d’électricité). Elle est ensuite rachetée en 1986 par IC Industries (actuellement Whitman Corp, le sous-traitant de Pepsi qui acheta Pepsi Americas en 2000). Hain Pure Food est finalement racheté en 1994 par Irwin David Simon, le propriétaire de Kineret Acquisition Corp (spécialités alimentaires) qui emprunte alors l’argent à Argosy Group LP (une compagnie de software). Fin 1994, le groupe prend le nom de Hain Food Group. En 1996, George Soros, le milliardaire prédateur psychopathe, rachète 16% des actions de la compagnie. Pour mémoire, George Soros est à la direction du CFR, le Council for Foreign Relations (Note 1), il est l’un des membres du Groupe Bilderberg et il finance la clique militariste d’Avaaz – et bien d’autres ignominies. En 2000, Hain Food Group rachète Celestial Seasoning et change son nom en Hain Celestial. Celestial Seasonings est une société célèbre aux USA (depuis 1969) pour sa gamme de tisanes, non-bios, aux emballages poétiques, ornées d’axiomes de sagesse, de petites fleurs et de bisounours – et farcis d’un cocktail détonnant de biocides en tous genres (voir plus bas).

En 2003, la compagnie Heinz (fondée en 1869 à Pittsburgh) rachète 19,5% des actions du Hain Celestial Group. Elle les revend à la fin de l’année 2005. Et pour la petite histoire, en février 2013, Heinz est racheté par le milliardaire américain Warren Buffett (troisième fortune du monde) qui s’allie, pour l’occasion, à la chaîne Burger King (dont le propriétaire est le fonds d’investissement Brésilien 3G Capital). Tout cela ne fait aucune différence car les actionnaires de Heinz sont les mêmes que ceux de Hain Celestial avec en sus, l’héritière de la famille, l’épouse du secrétaire d’État US, John Kerry.

Pendant de nombreuses années, le partenariat entre Hain Celestial et Heinz est très fructueux, tant sur le plan technique, que stratégique ou financier. En 2000, Hain Celestial rachète, à Heinz, Earth Best, une compagnie d’aliments pour bébés. En 2004, Hain Celestial rachète, à Heinz, deux compagnies alimentaires, Ethnic Gourmet et Rosetto. En 2006, Hain Celestial rachète, à Heinz, sa société d’aliments frais processés, Para Laboratories ainsi que la société anglaise, Linda McCartney Foods. Signalons que, pour lutter contre la proposition 37 en Californie destinée à rendre obligatoire l’étiquetage des produits OGMs, Heinz, en 2012, fait partie des contributeurs financiers (avec un don de 500 000 dollars) aux côtés de Monsanto, Nestlé, DuPont, BASF, Bayer, Coca-Cola, Syngenta, Unilever, Cargill, Dow, etc…

Hain Celestial/Heinz: mêmes combats, mêmes stratégies… et mêmes pesticideurs. D’ailleurs, la réputation de Hain Celestial, aux USA, est telle – et les relations entre Hain Celestial et Heinz sont tellement intimes – que les organisations luttant pour l’étiquetage des chimères génétiques n’hésitent pas, en 2012, à inclure Hain Celestial sur la liste des pro-OGMs. (7) (8) Ce qui suscite, en mars 2013, une prise de position publique (9) de Hain Celestial qui déclare être favorable à l’étiquetage des chimères génétiques. Une petite déclaration sur de l’étiquetage, cela n’engage à rien, n’est ce pas. Surtout quand on connaît la puissance financière de toute la mafia de l’agrochimie et des nécro-technologies qui en Californie, en Oregon et en Washington ont investi des dizaines de millions de dollars, dans chaque état, dans des campagnes médiatiques décourageant les consommateurs de voter pour la transparence. Surtout quand on sait que de toutes façons – comme dans le cas du Maui County à Hawaï – même si le peuple décide d’un moratoire sur les chimères génétiques, les multinationales contre-attaquent “en justice” (10) de suite, telles que Monsanto et Dow, dans ce cas précis. La lutte courageuse de certaines organisations pour l’étiquetage des chimères génétiques fait figure de combat pathétique face aux armes financières des nécro-technologies. En juin 2014, quatre lobbies/fédérations (Grocery Manufacturers Association, Snack Food Association, International Dairy Foods Association et National Association of Manufacturers) ont attaqué l’Etat du Vermont aux USA qui a imposé l’étiquetage des chimères génétiques.

Et, bien sûr, on ne peut que remettre en exergue la situation dramatique de l’agriculture aux USA: à savoir que près de 100% du maïs et du soja sont transgéniques, sans même parler de la luzerne, de la betterave, du colza, etc. Ce qui relativise les engagements non-chimériques de Hain Celestial, (9) et de tous les poids-lourds de la bio industrielle, dans le “Non-Gmo Project”, une organisation (avec Trade Mark) spécialisée dans le Greenwashing et totalement soutenue financièrement par ceux-là même – Whole Foods Market, Organic Valley, Stonyfield Farm (Danone), Horizon (Dean, le N°1 mondial du lait) et l’United Natural Foods (UNFI) – qui ont prôné, dès 2011, la co-existence transgénique pacifique avec Monsanto, Syngenta, Dow, etc.  Il faut préciser que les 9 milliards de dollars de chiffres d’affaires de Whole Foods Market (l’un des leaders de la distribution bio industrielle aux USA) sont dérivés, pour les 2/3, de ses produits “naturels” (non bios) farcis de chimères génétiques. (Les destinées de Whole Foods Market et de Hain Celestial, son plus gros fournisseur, sont indissociables, d’ailleurs). Il en est de même pour Hain Celestial dont une petite partie seulement des compagnies, parmi les 60 et plus, sont réellement certifiées à 100% bios. Tout le reste n’est que du conventionnel ou du “naturel”. Du “naturel” plus ou moins contaminé par des chimères génétiques (en fonction des territoires agricoles dont il est issu) quand ce n’est pas par de la chimie lourde – qui, d’ailleurs, contaminerait aussi ses produits dits “bios”.

Il faut aussi préciser (34) que le “Non-Gmo Project” est en fait un “Less than 1%-Gmo Project”, à savoir que tous les produits contenant moins de 1% de chimères génétiques sont certifiés sans OGM: quelle est donc l’Autorité planétaire qui a décidé qu’1% était le seuil fatidique à ne pas dépasser? L’arithmétique à la mode greenwashing: moins de 1% = 0!! A-t-on demandé au Professeur Séralini si les consommateurs gavés de produits chimériques, pendant des dizaines d’années – à petites doses quotidiennes délivrées par des produits bios ou naturels “Non-Gmo Project” –  encourraient moins de risques de dégénérescence que les rats sujets de ses expériences?

 

Des procès à répétition:

Le 6 novembre 2013, un procès est intenté (2), dans l’Etat de Californie, à l’encontre de Hain Celestial qui commercialise une gamme de tisanes sous sa marque Celestial Seasonings avec la mention “100% naturel”. Le procès se fonde sur un rapport publié (3) en février 2013 par Glaucus Research citant les analyses réalisées par le laboratoire indépendant Eurofins selon lequel 91% des tisanes, de Celestial Seasonings, contiennent des pesticides dépassant “les normes autorisées” – ce qui n’est pas peu dire. Les contaminants découverts par Eurofins incluent les insecticides Fipronil, Endolsulfan, Buprofézine, Cyhalotrine, Cyperméthrine, Dichlorodiphényltrichloroéthane ou DDT, Dianizon, Imidaclopride, Malathion, Profenofos, Perméthrine, Pyridaben, Propachlor, Thiaméthoxame, Thiaclopride, Chlorfenapyr, Diméthoate, Fludioxonil, Hexaflumoron, Triazophos, Chlorpyriphos-éthyl; l’herbicide Diméthachlore; le fongicide Carbendazime. 

Le rapport de Glaucus Research conclut en affirmant que 85% des ventes de Hain Celestial sont réalisées avec des produits sujets à des pratiques de marketing pernicieuses et à des problématiques de contrôle  de qualité. En langage clair: de l’arnaque plus de l’empoisonnement – au-delà des normes autorisées.

Le 15 octobre 2013, un procès est intenté (1), dans l’Etat de New-York, à l’encontre de Hain Celestial qui commercialise (très cher) des jus de fruits ou de légumes libellés “non pasteurisés”, “100% brut” et “bios” sous sa marque BluePrint. En fait, ces jus “frais” – afin de rester “frais” à l’étalage pendant un mois et parfois plus – sont processés selon la technique connue sous le nom de “pascalisation”, à savoir un traitement sous très haute pression de 6000 bars (6000 fois la pression de l’atmosphère). La pascalisation est réputée détruire tous les organismes pathogènes… en même temps, bien sûr, que toutes les bactéries bénéfiques. Les détracteurs de cette technologie affirment que la pascalisation dénature complètement les vitamines, les probiotiques, les protéines et autres nutriments.

En 2011, un procès est intenté (4), en Californie, à l’encontre de Hain Celestial qui est accusé de commercialiser de faux cosmétiques “bios” sous les marques Jason et Avalon Organics. L’un des cosmétiques de la gamme Jason (le Jason Ester-C Super-C Cleanser Facial Wash) présenté comme “pur, naturel et bio” n’a qu’un composant “bio” sur dix-neuf, à savoir de l’Aloe Vera, le neuvième ingrédient de ce cosmétique en terme quantitative. Quant à la marque Avalon Organics, elle n’est que cela, un nom de marque car ses cosmétiques sont “organiques” – et en Anglais, organique signifie organique et “bio”. En France, Avalon Organics est commercialisé par Biovéa (5) et les produits portent l’appellation “biologique” dans leur nom… entretenant ainsi la même ambiguïté que dans leur présentation en langue anglaise.

Les pâtes “bios” de sa marque DeBoles ont été analysées et contiennent deux synergisant: le MGK-264 (N-Octyl bicycloheptene dicarboximide) et le Piperonyl Butoxide – hautement toxiques.

 

Les actionnaires sous tous soupçons de Hain Celestial

Hain Celestial est une société au chiffre d’affaires d’environ 2,3 milliards de dollars pour 2014 répartis à 60% aux USA et 30% en Angleterre. Elle est enregistrée dans l’Etat du Delaware, un paradis fiscal accueillant 945 000 corporations (pour une population de 900 000 personnes).

En 2012, Brett Icahn (le fils de Carl Icahn) et David Schechter (deux des directeurs de Carl Icahn) sont au conseil de directeurs de Hain Celestial. Anne Shapira (12) a rejoint ce conseil en début décembre 2014. (Elle est également la responsable financière du bijoutier David Yurman après avoir travaillé pendant 13 ans dans la banque Golman Sachs et après avoir travaillé comme analyste chez Neuberger Berman). Lisa Lehndorff est la directrice de communication. Zareb Herman est le directeur des régulations. Ross Weiner est vice-président et responsable des finances. Les autres vice-présidents sont: John Carroll, Denise M. Faltischek, Stephen J. Smith. Beena G. Goldenberg est responsable de Hain Canada. Jay Lieberman est responsable de Hain Pure Protein Corporation. David Ziegert est le directeur de Celestial Seasonings. L’équipe de direction comprend également Sheila Stanziale, John Heuer, Emma Froelich-Shea, Maureen M. Putman.

Qui possède les actions de cette société fondée par Irwin David Simon? Il en possède lui-même 5%. L’investisseur Carl Icahn en était, en 2012, le principal détenteur car il en possédait 15% avant de vendre (13) la moitié de ses actions en début septembre 2013 et l’autre moitié vers la mi-septembre 2013 (14) à Jefferies LLC, une banque d’investissements. Carl Icahn est ou a été très impliqué dans une pléthore de sociétés pharmaceutiques nécro-technologiques: Biogen, Amgen, Regeneron, Forest Laboratories… Il a vendu les actions qu’il détenait chez Hain Celestial en 2013 parce qu’il voulait s’attaquer à Dell, Apple, Nuance Communications. Carl Icahn joue avec sa fortune (estimée à plus de 12,5 milliards de dollars) dans l’électronique, les nécro-technologies ou la méga-distribution “bio/naturelle”. L’objectif, de tous ces investisseurs, n’est pas de produire de l’ordinateur, ou des thérapies transgéniques ou des tisanes. L’objectif est de produire du profit.

Les cinq principaux actionnaires de Hain Celestial sont actuellement les fonds bancaires suivants: Vanguard Group, Goldman Sachs, Jennison Associates, Black Rock Fund, et Coatue Management.

Vanguard Group se démarque de ses concurrents par le fait que la société est détenue par ses fonds qui sont détenus par les actionnaires. Il n’existe pas de tierce partie (15). Qui donc détient Vanguard Group: Monsanto (de l’agent orange aux chimères génétiques en passant par le RoundUp), Philip Morris (les cigarettes), Martin Lockheed (les armements), ExxonMobil (le pétrole), Walmart (le n°1 des supermarchés), Pfizer (la pharmacie), Merck (la pharmacie), City Group, Bank of America, etc, etc. Ce qui veut dire que le capital de Hain Celestial détenu par Vanguard Group est en fait détenu – collectivement il est vrai – par Monsanto, Philip Morris, Martin Lockheed, etc. Est-ce bien clair?

Goldman Sachs est une banque d’investissement qui se transforme – en 2008, lors de la crise des subprimes – en Holding grâce à l’octroi de nouvelles liquidités attribuées par la Réserve Fédérale (un cartel de banques privées depuis 1914) et débloquées par Henry Paulson (alors Secrétaire du Trésor), un ancien président/directeur de  Goldman Sachs (une simple coïncidence). C’est à cette époque, d’ailleurs, que le richissime Warren Buffett (fortune d’environ 50 milliards de dollars) entre dans le capital de Goldman Sachs. En 2006, Warren Buffett a donné à la Fondation Bill Gates (dont il est l’un des administrateurs) une dizaine de millions d’actions de son Holding Berkshire Hathaway – un cadeau d’une valeur de 31 milliards de dollars. Warren Buffett et la Fondation Bill Gates sont activement impliqués dans la dévastation de l’Afrique en y déployant une autre “révolution verte” – transgénique (16).

Goldman Sachs est – comme la Fondation Rockefeller – derrière de nombreux coups bas et tordus sur la planète entière. En juillet 2009, Matt Taibbi, dans la revue Rolling Stones (30), accuse Goldman Sachs d’avoir provoqué la plupart des manipulations des marchés financiers, les “bulles”, de ces 80 dernières années. Son long article recèle d’information fascinantes. Six bulles sont décrites, dont la célèbre bulle… du “réchauffement climatique anthropique”, qui est, aux dires, de tous les experts en climatologie (du moins ceux qui ont retourné leurs vestes mais qui ne veulent pas perdre la face) le fatidique responsable d’un refroidissement climatique global qu’ils nous annoncent… pour quelques décennies! (17) Même la NASA (qui avec Al Gore avait prédit la fonte de toute la mer de glace pour 2014 – c’est aujourd’hui) se demande bien où a disparu le réchauffement climatique (18). Mais c’est un autre sujet, et nous y reviendrons, un autre jour étoilé, car cette baudruche participe de la même intoxication médiatique, à l’échelle planétaire, mise en place par les multinationales, et leurs laquais d’Etats, pour rafler la mise au grand jeu du Monopoly – dont ils ont institué les règles.

Goldman Sachs, c’est aussi la ruine de la Grèce. (19) (20) «En 2001, la Grèce et “la firme” se sont entendus pour échanger de la dette grecque à un taux de change fictif afin de réduire de 2% l’endettement hellène. Le gouvernement grec doit alors 600 millions d’euros à Goldman Sachs, en plus des 2,8 milliards empruntés. Ces 600 millions d’euros ont représenté 12% des 6,35 milliards de dollars gagnés par Goldman Sachs au titre de ses principaux investissements en 2001… Mais le produit dérivé utilisé pour dissimuler l’opération et vendu par la banque américaine a fait bondir la dette du pays européen envers la banque d’investissement. De quelque 2,8 milliards d’euros en 2001, elle a presque doublé à 5,1 milliards d’euros en 2005.»

Il existe de nombreux ouvrages décrivant les crimes de Goldman Sachs. Car c’est bien de crimes qu’il s’agit lorsque des pans entiers de la société humaine sont conduits à la ruine financière et morale à cause des manipulations de ces voyous psychopathes.

 

Hain Celestial, multinationale de l’aliment “naturel”

Nous n’allons pas accorder plus de temps à l’analyse de ce qui se cache derrière les investisseurs et les porteurs du capital de Hain Celestial. Nous laissons, à d’autres courageux, le soin de mettre leur nez dans cette marmite puante.

Le rapport de Glaucus Research, sus-cité, est très peu élogieux eu égard à l’éthique de Hain Celestial. «Nous estimons que Hain Celestial est une compagnie alimentaire conventionnelle qui se fait passer pour une compagnie d’aliments bios et sains». Quel que soit le déguisement de Hain Celestial, son fondateur est un pur mégalomane. En juillet 2013, il déclare à une journaliste de Forbes: «nous avons 257 employés dans nos bureaux de New-York et ils seront 500 dans deux ans» (21).

Irwin David Simon est né au Canada. Son père, Nathan Simon, y tenait un petit magasin d’alimentation koscher. Irwin David Simon est arrivé à Manhattan en 1983. En 1990, il s’est allié à un milliardaire de l’alimentation “tendance”, Daniel Abraham (fondateur de Slim-Fast). Il a ensuite mis à profit ses 600 000 dollars d’économie pour acheter Kineret (koscher), Barricini Foods et ensuite Hain Pure Food. C’est en 2000 qu’il rachète Celestial Seasonings. Depuis lors, c’est un insatiable du rachat de petites ou moyennes sociétés de l’alimentaire conventionnel, bio, et bien sûr naturel, ou prétendu tel. Fin 2001, il rachète Lima en Belgique.

Hain Celestial en sus de Lima et de Danival a racheté plus d’une soixantaine de compagnies alimentaires: Yves Veggie Cuisine, Imagine Foods, Grains Noirs, Acirca, Jason, Avalon Organics, Rosetto, Ethnic Gourmet, Zia Cosmetics, Spectrum Organic, Para Laboratories, Fresh prepared foods, Linda McCartney, Freebird, Haldane, Biomarché, Daily Bread, MaraNatha & Sunspire, Whitewave Tofu, Plainville, Sensible Portions, Churchill Food Products, Greek Gods, GG Unique Fiber, Protein Sgmt, Cully & Sully, Europe’s Best, Daniel’s, etc, etc.

Ses dernières acquisitions (intégrales ou partielles) de 2013/2014 incluent:

– Tilda, le leader du riz basmati en UK – non bio – avec 190 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2013.

– Rudi’s Organic Bakery (bio) avec 190 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2013.

– Ella’s Kitchen (le leader de l’alimentation bio pour bébés en UK), avec 70 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2012.

– BluePrint (bio pascalisée) avec un chiffre d’affaires de 20 millions de dollars en 2012 qui devait atteindre, en 2014, 100 millions  de dollars selon Irwin David Simon.

– Hain Pure Protein Corporation (non bio) avec 230 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2014. Jay Lieberman en reste le directeur. HPPC détient 19% du capital de Empire Kosher Poultry (5% de produits bios.

– Finalisation de l’acquisition de Grains Noirs en Belgique.

 

L’Empire Hain Celestial dans le Céleste Empire

Hain Celestial a établi, en 2009, une joint venture, à 50/50, avec Hutchison China Meditech – une entreprise pharmaceutique Chinoise qui vend également des produits naturels et des produits bios – afin d’établir la société Hutchison Hain Organic Holdings Limited. (25) Hutchison China Meditech a des accords de partenariat avec AstraZeneca/Syngenta; avec la société pharmaceutique Janssen, filiale de Johnson and Johnson; avec la méga société pharmaceutique Lilly – dirigée par John Leichleter aux USA – qui est aussi en partenariat avec AstraZeneca/Syngenta (22) et qui commercialise le Cialis et qui fut l’une des premières à produire de l’insuline transgénique.

De plus, Hutchison China Meditech a créé, avec Nestlé, la société Nutrition Science Partners, une joint venture à 50/50 dont l’objectif est «de développer, manufacturer et commercialiser des produits médicinaux et nutritionnels à partir de plantes botaniques… Ce nouveau partenariat ouvre à Nestlé l’accès à la bibliothèque médicinale de Hutchison China Meditech contenant plus de 50 000 extraits dérivés de plus de 1200 plantes différentes» (28). En juillet 2013, Nutrition Science Partners  annonce qu’un premier patient est traité avec le produit HMPL-004, NATRUL-4, un remède confectionné à partir de plantes pour des problèmes de colite (29).

Hutchison China Meditech est une filiale de Hutchison Whampoa Group qui détient également A.S. Watson, un groupe possédant 11 000 magasins dans 33 pays du monde. Le président du Hutchison Whampoa Group, le milliardaire Li Ka-Shing (la 11 ème fortune du monde), est financièrement très impliqué dans Kaiima Ltd, une toute nouvelle compagnie Israélienne de semences transgéniques (27).

 

Hain Celestial est une bulle fragile prête à éclater

aux moindres soubresauts du marché Occidental

Selon le rapport de Glaucus Research, les fortes croissances enregistrées par Hain Celestial, en 2012, concernent une poignée de marques représentant, à elles seules, 40% de ses ventes, à savoir Premier, Sensible Portions, Celestial Seasonings, Personal Care Products, Greek Gods et Deboles – des marques qui ne sont ni bios ni “naturelles” ou qui sont sujettes à des problèmes de contrôle de qualité.

La lecture de son bilan financier de 95 pages ne permet pas de savoir ce que représente réellement la vente des produits véritablement bios chez Hain Celestial. Et sans doute qu’importe. Les grandes déclaration de Irwin David Simon ne constituent qu’un rideau de fumée de plus et tout est dans les logos: “Being Organic and Natural Is In Our Heart”.  “Commited to Sustainable Growth” et même dans un logo en Trade Mark: “A Healthier Way of Life”.

Un mode de vie plus saine  est le logo déposé de Hain Celestial dont le fondateur a déclaré que sa société allait changer les Etats-Unis et même la manière dont le monde s’alimente! La réalité est beaucoup plus crue: Hain Celestial est une bulle fragile prête à éclater aux moindres soubresauts du marché Occidental car le “bio” est une mode en laquelle toutes les multinationales s’engouffrent (la bio piratée) tout comme le “naturel” qui est une gigantesque foire d’empoigne. D’ailleurs, aujourd’hui même, General Mills aux USA, suite à une procédure judiciaire intentée en 2012, vient d’accepter de retirer (33) la mention “naturel” d’une trentaine de ses produits. Selon le Wall Street Journal, ce sont plus d’une centaine de procédures judiciaires (34) qui ont été intentées, depuis 2011, à l’encontre de compagnies de l’alimentaire concernant la problématique du “naturel” aux USA.

C’est sans doute pour cela qu’Irwin David Simon tente d’imiter Walmart, l’un de ses plus importants distributeurs, en se tournant vers l’Inde ou vers la Chine, la Thailande, le Vietnam et l’Indonésie – quitte à s’allier avec une entreprise pharmaceutique Chinoise très liée à Nestlé et à Syngenta et dont la maison mère, Hutchison Whampoa Group, possède un président très impliqué dans les chimères génétiques.

Business is Business. L’objectif, pour Irwin David Simon, est de produire du profit et vite avant que les bulles n’éclatent – tout en se délestant de quelques dizaines de millions de dollars de ses propres actions si l’occasion et l’environnement financier s’y prêtent (31) .  «Simon says, Simon sells» ainsi que le commente avec humour le rapport du Glaucus Research.

Dominique Guillet. 7 décembre 2014

Note 1. Le CFR et le Groupe Bilderberg sont deux des pseudopodes de la baudruche dénommée “Nouvel Ordre Mondial”. Le CFR et le Groupe Bilderberg ont été créés par la famille Rockefeller dont les fondations ont financé tant l’eugénisme, les chimères génétiques, l’abominable révolution verte que Greenpeace, les Amis de la Terre, le Réseau Action Climat, etc…

Choux Frisés / Kales : un Kaléidoscope de saveurs, de couleurs et de nutriments

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Classification botanique des Kales

La Famille des Brassicacées est une famille hautement diversifiée comprenant entre 3000 et 4000 espèces (en fonction des botanistes) et environ 375 genres. Le genre Brassica comprend de très nombreuses espèces dont le nombre varie (en fonction des botanistes).

Il semble que la civilisation Celtique (qui survécut “durablement” pendant 2700 années sur toute l’Europe et même au-delà) ait eu une influence prépondérante sur la sémantique afférente aux Brassicas. Le terme botanique Brassica viendrait du Celte “bresic” ou “bresych” – signifiant chou. Les deux types de choux présents en Europe du nord ont été caractérisés par deux lignages sémantiques. Les choux sans tête sont diversement nommés kale (en Ecosse), kaal (en Norvège), kohl (en Suède), col (en Espagne), cole (en Angleterre), collard (en France), caulis (en latin), kelum (en perse) et kaulion (en grec)… – tous termes corrélés à la racine greco-celtico-germanique “caul” signifiant “tige”. Les choux avec tête sont diversement nommés cabus ou caboche (en France), cabbage (en Angleterre), kopi (en Inde), Kopf Kohl (en Allemagne), kaposta (en Tartarie), kopee (au Bengale) … – tous termes corrélés à la racine slavo-celtique “cap” ou “kap” signifiant “tête”. De plus, il est vraisemblable que le troisième lignage sémantique utilisé pour les choux, kraut (en Allemagne), chou-croute (en France), karumb (en Arabe) soit corrélé à la racine gréco-germanique “krámbe”. C’est de ce terme “krámbe” que dérive le nom Crambe donné à un autre genre de la famille des Brassicacées, un genre contenant une vingtaine d’espèces dont le Crambé maritime.

Le Kale, en Ecosse, était une espèce fondamentale dans l’alimentation quotidienne – à ce point que le verbe “to kale” voulait dire être invité à dîner. Il en était de même en Angleterre car il fallut attendre le 14ème siècle pour que les termes caboche et cabache entrent dans le langage commun – ce qui veut dire que les seuls choux consommés auparavant étaient les choux sans tête.

Le terme Kale (prononcer “Keil”) est donc actuellement un terme générique – qui veut tout simplement désigner un chou ne pommant pas –  et la première question à se poser est en fait «Quel Kale?». D’un point de vue strictement botanique, les Kales, en fonction de leurs types, constituent des sous-espèces se rattachant à deux espèces majeures, à savoir Brassica oleracea et Brassica napus. Voici l’une des déclinaisons proposée de ces types et sous-espèces.

Les variétés – des divers types – de l’espèce Brassica oleracea sont appelés “choux frisés Européens” et les variétés de la sous-espèce Brassica napus var. pabularia sont appelés “choux frisés Sibériens”.

Brassica oleracea var. viridis: chou cavalier, chou fourrager, chou en arbre, chou commun, chou vert, ou caulet de Flandre. (en Anglais: Collard, Fodder Kale, Kale, Borecole). Le terme latin viridis signifie vert. Les feuilles peuvent atteindre 40 cm de longueur et elles ont un très long pétiole. Les plantes peuvent atteindre 2 ou 3 mètres de hauteur avant de fleurir. Elles sont dépourvues de bouquet feuillu terminal.

Brassica oleracea var. medullosa: chou moellier (en Anglais: Marrowstem). La plante peut atteindre deux mètres de hauteur et les tiges sont très renflées.

Brassica oleracea var. palmifera: chou palmier, Noir de Toscane, Lacinato, Dinosaure (en Anglais: Jersey Kale, Tuscan Black or Palmtree Kale). La plante peut atteindre quatre mètres de hauteur.

Brassica oleracea var. costata: chou à grosses côtes, chou tronchuda, ou chou de Beauvais (en Anglais: Portuguese Kale). Les plantes ont des feuilles très amples et épaisses et un bouquet feuillu terminal très lâche.

Brassica oleracea var. ramosa: chou branchu, chou à mille têtes (en Anglais: Branching Bush Kale).

Brassica oleracea var. sabellica: chou frisé, chou d’aigrette, chou frangé, ou chou lacinié ; chou d’ornement (en Anglais: Curly Kale, Scotch Kale).

Brassica oleracea var. alboglabra: brocoli Chinois, Gai-lohn, chou de Chine à fleurs blanches (en Anglais: Chinese Broccoli, Chinese Kale).

Brassica oleracea var. ruvo: brocoli-raab (en Anglais: Ruvo Kale).

Brassica napus var. pabularia: chou-frisé Sibérien (en Anglais: Siberian Kale).

 

Les Kales/Choux frisés: des trésors végétaux de nutriments essentiels

« Bon nombre de personnes n’apprécient pas le chou frisé dans l’assiette. En le cuisant simplement à la vapeur, il se digère parfaitement sans produire l’inconfort dont il a la réputation. Mode d’emploi : avec une mandoline, couper le chou en lamelles. Verser de l’eau dans le récipient du cuit-vapeur et porter à ébullition. Déposer le chou dans le panier du cuit-vapeur et couvrir. Au bout d’une minute, remuer. Ensuite remuer une ou deux fois encore pour uniformiser la chaleur. Après une exposition à la vapeur pendant 3 à 4 minutes (pas plus), le chou est devenu vert fluo, il a perdu son volume, sa tonicité et son amertume, mais il est chaud, croquant et il a gardé son parfum. Vite préparé, il accompagne indifféremment un poisson, une volaille ou une viande bouchère. Toutes les sauces lui conviennent.» Belle Santé n° 135.

Les choux frisés ont eu pendant longtemps, il est vrai, une fort mauvaise réputation de digestion ardue mais ne serait-ce pas plutôt l’épicier du quartier qui digérait mal de voir les choux frisés prospérer dans les jardins d’antan – malgré tous les grands froids – et conférer une générosité nutritionnelle sans pareil. A moins que ce ne fut l’industrie pharmaceutique qui voyait d’un très mauvais œil une telle panacée universelle.

Les choux frisés sont, en effet, des trésors végétaux de nutriments essentiels pour la santé humaine. Ils contiennent de très hautes teneurs en Vitamine K, A et C. Ils contiennent également du fer, du cuivre, du manganèse, du calcium, du potassium, de la vitamine E, des vitamines B (B1, B2, B3 et B6), des Omega-3, des protéines… A poids égal, il y a deux fois plus de vitamine C dans le chou frisé que dans l’orange. Il y autant de calcium dans 85 grammes de chou frisé que dans un verre de lait.

La générosité nutritionnelle des choux frisés est remarquable également de par leur haute teneur en antioxydants, en anti-inflammatoires et en nutriments anti-cancer. Les isothiocyanates et l’indole (indole-3-carbinol) élaborés à partir des divers glucosinolates présents dans les choux frisés sont des substances qui se sont avérées très importantes dans la prévention et le traitement des cancers de la prostate, du colon, du sein, de la vessie et de l’ovaire. Ces isothiocyanates comprennent le sulforaphane, l’isothiocyanate de phénéthyle, l’isothiocyanate de benzyle et l’isothiocyanate d’allyle.

Les bénéfices de prévention à l’encontre du cancer sont aussi clairement corrélés à une concentration inhabituelle de deux types d’antioxydants, des caroténoides (lutéine et bêta-carotène) et des flavonoïdes. La lutéine et le bêta-carotène sont des nutriments essentiels dans la prévention des stress oxydants qui se manifestent par des pathologies telles que les cataractes, l’artériosclérose, la maladie pulmonaire obstructive chronique et bien sûr les cancers en tous genres. Dans les flavonoïdes, ce sont surtout le kaempférol et la quercétine qui arrivent en tête mais les chercheurs ont identifié plus de 45 flavonoïdes différents dans les choux frisés. Les variétés de choux frisés à feuilles violettes se caractérisent, de plus, par leur teneur en anthocyanes.

Sur le plan des bénéfices anti-inflammatoires des choux frisés, de nombreuses recherches restent à réaliser de par leur teneur en oméga-3 et surtout de par leur teneur très exceptionnelle en vitamine K.

Il est également important de discerner les différences nutritionnelles en fonction des modes de consommation. Des recherches réalisées, en 2011 – par Nishi K, Kondo A, Okamoto T, et al – ont démontré qu’une cuisson d’une demi-heure ne nuisait en rien à la capacité que les choux frisés ont d’activer la production d’immunoglobuline dans le corps. Cependant, des recherches réalisées, en 2012, par Sikora et Bodziarczyk, ont mis en exergue les résultats suivants. La cuisson détruirait 89% de la vitamine C, 5% du bêta-carotène, 56% des flavonoïdes et 62% de l’activité antioxydante. Par contre, la cuisson détruirait une grande partie des nitrites et des nitrates présents – 67% et 78% respectivement. Il est ainsi conseillé de consommer crues les jeunes feuilles de choux frisés (bios, naturellement) et de blanchir légèrement les feuilles plus âgées afin de bénéficier le plus amplement possible de leurs qualités antioxydantes. L’idéal serait de se faire un jus quotidien de feuilles de choux frisés bios!

Diverses recherches ont mis en valeur que dans la famille des Brassicacées, ce sont les choux frisés qui contiennent la plus grande quantité de divers polyphénols. En conclusion, les choux frisés constituent l’un des détoxifiants les plus puissants de l’alimentation humaine de par leur très grande capacité à affecter les mécanismes épigénétiques – à savoir à altérer l’expression génétique afin de déclencher plus rapidement une élimination des substances cancérigènes du corps. Les choux frisés seraient donc au pinacle de la famille des Brassicacées dans la lutte anti-cancer.

 

Conseils de culture pour les Kales/Choux Frisés

La plupart des livres de jardinage conseillent de cultiver les choux frisés en culture d’automne parce que ce sont des plantes qui adorent les climats frais. C’est assurément vrai et c’est, donc, d’autant plus des plantes potagères à promouvoir – de par le refroidissement climatique global en cours.

La bonne nouvelle, cependant, c’est que les choux frisés peuvent être cultivés dans les jardins en toutes saisons et dans la plupart des climats. La saveur, la durée de croissance (du semis à la récolte) vont varier, bien sûr, en fonction des variétés utilisées, des températures, des cycles saisonniers et de la fertilité des sols. Les choux frisés se caractérisent par une résilience à toutes épreuves et une très grande générosité.

Lorsque le semis est effectué au printemps, il est conseillé de le mettre en place en godets de 5 à 7 semaines – ou en semis direct de 3 à 4 semaines –  avant les dernières gelées présumées. Les jeunes plants sont alors repiqués quelques semaines avant les dernières gelées présumées. L’espace entre les jeunes plants repiqués varie en fonction des variétés mais il est au minimum de 40 cm. Pour les cultures d’automne, il est conseillé d’effectuer le semis au moins 3 mois avant les premières gelées présumées. Tous ces conseils ne peuvent être que des approximations: tout dépend en fait des régions de culture et des climats “qui changent tout le temps”. Il en est de même de leur capacité à passer l’hiver ou à redonner de jeunes pousses durant l’hiver: tout dépend des régions, de la rigueur des hivers, des variétés et des espèces car les choux frisés Sibériens sont généralement beaucoup plus résistants au froid que les choux frisés Européens, à savoir qu’ils peuvent tolérer des froids aussi bas que -25°C.

Les premières récoltes sont effectuées de 55 à 75 jours après le repiquage, en fonction des variétés. S’il est vrai que les saveurs sont améliorées par les premières gelées, il reste que les choux peuvent être appréciés en toutes saisons. Des températures très élevées risquent de les rendre quelque peu amers mais cela n’enlève rien à leur très grande qualité nutritive.

 

Production de semences pour les Kales/Choux Frisés

Production de semences de Choux Frisés Européens. Rappelons, avant toute autre chose, que l’espèce Brassica oleracea comprend, en sus des divers types de choux frisés Européens énumérés ci-dessus: les choux-cabus, les choux-fleurs, les choux rouges, les choux-brocolis, les choux-raves, les choux de Milan et les choux de Bruxelles.

La plupart des variétés de l’espèce Brassica oleracea sont auto-incompatibles (ou auto-stériles): le pollen de chaque plante est viable mais il ne peut féconder que les fleurs d’une autre plante. Ce sont les insectes qui sont donc le vecteur des pollinisations croisées. Cela veut dire, concrètement, qu’un seul chou frisé Européen (par exemple des variétés “Vates” ou “Cavalier Rouge”) fleurissant, dans un jardin, ne pourra pas porter de graines à moins qu’il ne soit pollinisé par du pollen émanant d’autres choux de toute variété appartenant à l’espèce Brassica oleracea. La production de semences d’une variété de choux frisés Européens nécessite donc la présence de plusieurs choux de cette dite variété dans le même jardin: par exemple, 6 choux porte-graines de la variété “Cavalier Rouge” – et plus les porte-graines sont nombreux, plus grand est le brassage de pollen généré par les insectes et plus diverse est donc la diversité génétique.

Lorsqu’un jardinier souhaite produire ses propres semences d’une variété de l’espèce Brassica oleracea – quel que soit son type : chou-fleur, choux rouge, chou de Bruxelles, chou frisé, etc – et lorsqu’il souhaite le faire dans une stricte pureté variétale – il est alors nécessaire de s’assurer qu’il n’existe pas d’autres portes-graines de la même espèce dans un rayon d’environ 1 kilomètre, et ce d’autant plus que les abeilles sont abondantes.  Cela veut dire, concrètement, que si des choux frisés “Cavalier Rouge” et des choux-brocolis “Romanesco” fleurissent en même temps – dans le même jardin ou à proximité – les semences issues de ces pollinisations croisées produiront des hybrides naturels.

Il est possible également de pratiquer une culture sous cage par alternance. Lorsque deux variétés de l’espèce Brassica oleracea sont cultivées sous cages voilées, chacune de ces variétés est mise en pollinisation ouverte (sans les cages), un jour sur deux, pour que les insectes pollinisateurs puissent féconder librement les fleurs. Cette technique permet aux jardiniers passionnés par la production de semences d’être plus prolifique mais elle exige une très grande discipline: en effet, six plantes porte-graines de chou frisé “Vates”, oubliées sous une cage voilée, ne produiront aucune semence car chacune de ces plantes est auto-stérile. L’installation de cages voilées n’est envisageable que dans le cas des variétés au port bas.

Contrairement à d’autres types de choux, les choux frisés Européens sont très résistants au froid. Ils peuvent donc rester en terre durant tout l’hiver et partir naturellement en fleurs, au printemps, et à semences. Les siliques des choux étant très déhiscentes (ce qui veut dire que les semences tombent au sol dès que les siliques sont sèches et qu’elles éclatent) la plante entière peut être récoltée avant la maturité complète des semences afin de continuer à sécher dans un endroit sec et ventilé. Il faut également surveiller les oiseaux qui adorent les semences de Brassicaceae.

Les semences de choux ont une durée germinative moyenne de 5 ans. Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 10 années. Un gramme contient de 250 à 350 semences en fonction des variétés.

Production de semences de Choux Frisés Sibériens. Rappelons, avant toute autre chose que l’espèce Brassica napus comprend, en sus du chou frisé Sibérien, le rutabaga (chou-navet) et le colza annuel (navette).

L’espèce Brassica napus est principalement auto-féconde (auto-fertile). Cependant, elle est également  pollinisée par les insectes et par le vent. Les grandes fleurs sont de couleur jaune clair. On considère généralement que le colza annuel est pollinisé à 10% par les insectes et le vent et que les rutabagas et les choux frisés Sibériens sont pollinisés à 30% par les insectes et le vent. Cela veut dire, concrètement, qu’un chou frisé Sibérien (par exemple de la variété “Red Ursa”) fleurissant, dans un jardin, pourra porter des graines même s’il est tout seul. Il est cependant conseillé, pour une bonne diversité génétique, de laisser plusieurs choux monter à graines.

Lorsqu’un jardinier souhaite produire ses propres semences d’une variété de l’espèce Brassica napus – quel que soit son type : chou-frisé Sibérien, rutabaga ou colza annuel – et lorsqu’il souhaite le faire dans une stricte pureté variétale – il est alors nécessaire de s’assurer qu’il n’existe pas d’autres portes-graines de la même espèce dans un rayon d’environ 1 kilomètre. Cela veut dire, concrètement, que si des choux frisés  Sibériens “Red Ursa” et des rutabagas “Wilhelmsburger” fleurissent en même temps – dans le même jardin ou à proximité – les semences issues de ces pollinisations croisées produiront des hybrides naturels.

Pour une pureté variétale très stricte, des cages peuvent être utilisées mais dans ce cas (le vent pouvant être un vecteur de pollinisation croisée), il est nécessaire d’avoir recours à un voile anti-pollen (une simple tulle ou moustiquaire suffit pour les insectes mais pas pour le vent). Par contre, les variétés de Brassica napus étant auto-fertiles, les plantes porte-graines peuvent rester sous les cages en permanence.

Il est fondamental de bien appréhender le fait que des espèces puissent être auto-fécondes (tomates, aubergines, piments, choux frisés…) tout en étant sujettes à des pollinisations croisées inter-variétales –  lorsque plusieurs variétés de la même espèce sont présentes.

Contrairement à d’autres types de choux, les choux frisés Sibériens sont très résistants au froid et même encore plus que les choux frisés Européens. Ils peuvent donc rester en terre durant tout l’hiver et partir naturellement en fleurs, au printemps, et à semences. Les siliques de Brassica napus sont grosses, de longueur moyenne, à bec lisse, conique et portées à angle droit sur l’axe principal. Elles sont très déhiscentes et la plante entière peut être récoltée avant la maturité complète des semences afin de continuer à sécher dans un endroit sec et ventilé. Il faut également surveiller les oiseaux qui adorent les semences de Brassicaceae. Les semences de cette espèce ont une durée germinative moyenne de 5 ans. Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 10 années.

 

Pollinisations croisées … si affinités

Il est avéré que toute variété de Brassica napus peut se croiser naturellement et aisément avec toute variété de Brassica juncea. Cela veut dire concrètement que des portes graines de choux frisés Sibériens (ou de rutabagas ou de colza annuel) vont naturellement s’hybrider avec des portes-graines de moutardes à feuilles, dites Moutardes Indiennes (“Magma”, “Green Wave”, “Osaka Purple”) ou de moutardes à “moutarde”.

Et ce n’est pas tout car chez les Brassicacées, cela brasse du gène: les affinités sont nombreuses. En effet, selon Fitzjohn et al. (2007) Brassica napus “peut” se croiser naturellement avec 23 espèces de la famille dont Brassica oleracea et Brassica rapa. Ce qui veut dire, concrètement, que des porte-graines de choux frisés Sibériens vont “potentiellement” être capables de se croiser avec des choux frisés Européens, des choux-fleurs, etc, tout autant que des navets, des choux chinois, des pak-choi ou encore de brocoli-raab.

Les pollinisations croisées entre ces trois espèces sont d’autant plus compréhensibles que, selon certaines théories (à prendre avec des pincettes), l’une aurait été générée par les deux autres très libérales quant à leurs flux. Ainsi que l’expriment des botanistes Canadiens: «Les origines du Brassica napus (plante amphidiploïde, n = 19) sont obscures. U (1935) a d’abord proposé qu’il y avait eu hybridation naturelle entre les deux espèces diploïdes Brassica oleracea (n = 9) et Brassica rapa (syn. campestris) (n = 10), mais les conclusions d’une analyse récente de l’ADN dans les chloroplastes et les mitochondries (Song et Osborn, 1992) donnent à penser que le Brassica montana (n = 9) pourrait être très voisin du prototype commun qui a donné naissance aux cytoplasmes du Brassica rapa et du Brassica oleracea. On a aussi suggéré que le Brassica napus aurait une origine multiple et que la plupart des formes cultivées de cette espèce proviendraient d’un croisement dont le parent femelle serait une espèce très voisine ancêtre du Brassica rapa et du Brassica oleracea».

Tim Peters, de Peters Seed and Research aux USA, qui a créé des variétés OP de choux brocolis ainsi que la variété de chou frisé Sibérien “Winter Red” et qui est un passionné, également, des céréales vivaces (telles que les seigles vivaces) a réalisé une expérimentation afin de tenter de retracer l’origine de Brassica napus. Il croisa un chou chinois (Brassica rapa) avec un chou frisé Européen (Brassica oleracea) et il obtint ainsi un magnifique chou Sibérien (Brassica napus). Il croisa ce premier résultat avec une moutarde (de l’espèce Brassica nigra) et il obtint un chou frisé Sibérien de type “Red Russian”. Dans la famille des Brassicacées, l’imagination est à l’honneur.

En conclusion, si les jardiniers producteurs de semences de choux frisés (et inconditionnels de la pureté variétale) ne veulent pas se prendre… le chou – ou friser l’apoplexie –  nous leur conseillons de ne laisser monter à graines qu’une variété chaque année dans le genre Brassica. Maintenant, si l’objectif est de jardiner, de manger, de produire des semences et de jouer… laissons donc libre cours à des potentialités (en fait réduites) de pollinisations croisées et laissons monter à graines, dans chaque jardin, une variété de chacune de ces trois espèces. Par exemple, un chou frisé Sibérien, un navet et un chou-brocoli. 

 

Une chimère génétique peut en croiser une autre

Si nous nous permettons, quelque peu, d’insister sur les flux génétiques très “libérés” de la famille des Brassicacées, c’est également parce que le spectre de la contamination chimérique génétique plane en permanence au-dessus de nos champs et de nos jardins dans toute l’Europe. Car si, bien sûr, les colzas chimériques ne sont pas autorisés à la culture, les technocrates Bruxellois – non élus – qui nous pourrissent la Vie, ont cependant autorisé la commercialisation des dits colzas chimériques dans toute l’Europe. Et donc, le long des routes et des autoroutes et des voies ferrées, les graines de colza chimérique chutent au gré des soubresauts et des vents… et vont parfois contaminer d’autres plantes de la même famille, sauvages ou cultivées. C’est ce qui arriva à Percy Schmeiser au Canada qui fut pendant de très longues années en procès – attaqué par Monsanto.

La problématique de la contamination chimérique est d’autant plus aiguë avec les colzas annuels chimériques de Brassica napus qu’ils peuvent également se croiser avec des radis sauvages (Raphanus raphanistrum) ou des radis cultivés (Raphanus sativum) – en sus donc de pouvoir se croiser avec des rutabagas et des choux frisés Sibériens dans nos champs et dans nos jardins.

Les choux frisés, de plus, n’ont pas échappé aux délires déments des cerveaux fragmentés des nécro-généticiens. Les premiers choux frisés chimériques datent de 1989 (Hosoki et Al) et les premiers choux frisés fourragers chimériques de 1992 (Christey et Sinclair) – avec Agrobacterium rhizogenes. En 1999, des choux frisés chimériques Bt (avec expression du Bacillus thuringiensis) sont cultivés expérimentalement pour lutter contre la Teigne des Choux (Plutella xylostella).  En 2001, des choux frisés fourragers transgéniques résistants à l’herbicide Basta sont cultivés expérimentalement, par Christey et Brown, en Nouvelle-Zélande.

 

Une diversité frisée chez Kokopelli

Pour la saison 2015, Kokopelli propose  une petite vingtaine de variétés de choux frisés dans sa boutique en ligne . Dans la gamme de choux frisés “Européens”, neuf variétés sont présentées: “Cavalier rouge”, “Lacinato”, “Lacinato Rainbow”, “Noir de Toscane”, “Caulet Créole”, “Caulet Champion”, “Caulet Even Star”, “Nash Red Kale” et “Vates”. Deux de ces variétés remontent aux années 1860/1880.

Dans la gamme de choux frisés “Sibériens”, neuf variétés sont présentées: “Red Ursa”, “White Russian”, “Hanover Salad”, “Siberian”, “Rouge de Russie”, “Wild Red”, “Red Ruffled”, “Wild Garden Kale Mix”, et “Winter Red”. Certaines de ces variétés sont le fruit des croisements ludiques de Frank Morton et de Tim Peters.

Kokopelli propose également le “Purple Peacock” de Frank Morton:  c’est un croisement entre le brocoli “Green Goliath” et deux choux frisés “Lacinato” et “Pink Peacock”.

Dominique Guillet. 15 décembre 2014

Nous ne sommes pas tombés de la dernière pluie…

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Un article de Servumpecus, ami de Kokopelli, en Suisse.

 

Eau et biosphère

L’eau (H2O) est un composé chimique essentiel à tous les êtres vivants. C’est le milieu de vie de la plupart des organismes présents sur Terre, sous terre et dans la mer. Dans la biosphère, la circulation de l’eau est décrite par le cycle de l’eau [1], et toutes les espèces animales et végétales en sont tributaires. A l’échelle mondiale, l’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau, notamment pour l’irrigation. Lorsque celle-ci n’entre pas en ligne de compte, c’est l’eau des précipitations, la pluie, qui est la pourvoyeuse principale pour les plantes et les animaux.

Dans chaque pays des contrôles de la qualité de l’eau sont effectués par des ministères, des agences sanitaires et des services officiels de la consommation, entre autres. La plupart du temps, seule la qualité de l’eau potable pour la consommation humaine est analysée via des contrôles sanitaires : il s’agit de l’eau du robinet, de l’eau de source, des eaux minérales et en bouteille, de l’eau des fontaines…

En France [2], en Suisse [3], au Canada [4] ou encore en Belgique [5], l’utilisation de l’eau est extrêmement réglementée et fait l’objet de contraintes sévères. En effet, il est reconnu que « contrairement aux idées reçues et aux imaginaires bien ancrés, l’eau de pluie n’est ni pure ni potable, même si elle est en théorie très proche de l’eau douce. En effet, l’eau de pluie, avant de tomber dans nos toits et rues, subit la contamination des gaz, particules, aérosols provenant de l’activité humaine. Elle contient donc outre de la poussière, des ions inorganiques en provenance de la mer (calcium, magnésium, sodium, potassium, chlore, SO4, cuivre, zinc, plomb). On y retrouve évidemment toutes les particules et pollutions urbaines issues des industries et des gaz d’échappement des voitures (dioxyde de carbone, NOx, SOx). On y trouve aussi des pesticides, parfois en grandes concentrations. » [6]

 

Métaux trouvés dans l’eau de pluie et gestion du climat

N’y a-t-il que « de la poussière, des ions inorganiques en provenance de la mer » dans l’eau de pluie, outre des « gaz, particules et aérosols provenant de l’activité humaine » ?

Y a-t-il autre chose que du calcium, du sodium, du potassium, des oxydes de soufre et du chlore dans les eaux pluviales ? [7] Eh bien manifestement oui !

Récemment en Europe, des particuliers ont récolté de l’eau de pluie et fait effectuer des analyses par des laboratoires agréés [8],[9]. Divers métaux y ont été retrouvés, et parmi ceux-ci l’aluminium, le baryum et le strontium ont le plus la cote. Pourquoi donc ? Eh bien, parce que ces métaux seraient dispersés dans l’atmosphère pour diverses raisons, parmi lesquelles 1) le contrôle du climat ; 2) le contrôle démographique ; 3) le contrôle économique ; toutes les personnes qui s’en font l’écho sont évidemment traitées de conspirationnistes [10]. Selon ce dernier lien, je cite : « La théorie des chemtrails – contraction de chemical trails, littéralement traînées chimiques – est apparue aux Etats-Unis en 1996 après la publication d’une étude intitulée Le climat comme un multiplicateur de force : posséder le temps en 2025 rédigée par sept militaires de l’université de l’Air américaine à la demande de l’US Air Force. Les auteurs avaient alors entrepris de voir comment, en 2025, l’aviation américaine pourrait “maîtriser le climat”, en agissant notamment sur les pluies, les brouillards et les tempêtes, dans le but de parvenir à une suprématie militaire et aéronautique. Ce document s’inscrit dans une recherche plus large de l’armée américaine amorcée à l’apogée de la guerre froide sur les armes climatiques et la guerre environnementale, ainsi que de travaux de scientifiques sur la géo-ingénierie – la modification de l’équilibre énergétique de la Terre pour lutter notamment contre le changement climatique – lancées dans les années 1950« .

A ce titre, il est surprenant et révélateur de constater qu’officiellement en août 2014 s’est tenue à Berlin la Conférence 2014 sur l’Ingéniérie du Climat (Climate Ingineering Conference 2014 [11], sous l’égide de l’IAAS (Institute for Advanced Sustainability Studies) qui est un institut de recherche qui se veut le lien entre le monde scientifique et la société civile pour la géo-ingénierie [12]. La session d’ouverture a donné le ton : « Il est urgent de déployer la géo-ingénierie au lieu de l’incertitude, car les mesures de réduction des gaz à effet de serre ont échoué» [13].

Cette option de réduction de l’effet de serre par la dispersion d’aérosols dans l’atmosphère est loin d’être une vue de l’esprit ! Les trois thèmes suivants serviront à titre exemplatif :

L’IRGC (International Risk Governance Council) [14] sis à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) a publié en 2010 un rapport intitulé Cooling the Earth through Solar Radiation Management (Refroidir le Terre en régulant le rayonnement solaire) [15].

Dans son CHANGEMENTS CLIMATIQUES 2013 – Les éléments scientifiques, Résumé à l’attention des décideurs (sic), le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) a écrit : « Des méthodes visant délibérément à contrer le changement climatique, regroupées sous le terme de géo-ingénierie, ont été proposées. Il existe peu d’éléments permettant d’évaluer quantitativement et de manière complète les techniques de gestion du rayonnement solaire (SRM)… Les méthodes de type CDR présentent des limitations biogéochimiques et technologiques quant à leur potentiel à grande échelle. Nous ne disposons pas de connaissances suffisantes pour quantifier dans quelle mesure les émissions de CO2 pourraient être réduites grâce au CDR à l’échelle du siècle. » (page 32 [16]) ; nous lisons cependant dans ce même paragraphe que « Si la SRM prenait fin pour une quelconque raison, on peut affirmer, avec un degré de confiance élevé, que la température moyenne de la surface du globe augmenterait très rapidement jusqu’à atteindre des valeurs correspondant au forçage dû aux gaz à effet de serre« . Surprenant… : si la « gestion du rayonnement solaire prenait fin » signifie-t-il que cette gestion a déjà commencé ?!?

Enfin, l’organisation EuTRACE [17] a pour but « d’estimer les potentielles conséquences sociales de la géo-ingénierie et de porter une attention particulière aux sujets tels que l’acceptation sociale, l’opinion publique et la faisabilité des options politiques« . Il est surprenant de retrouver dans son panel de conseillers deux membres de Greenpeace, deux membres de la Croix Rouge et un membre des Amis de la Terre, entre autres [18] ! Que font ces conseillers dans une telle organisation ? Uniquement se rencontrer pour discuter de recommandations à formuler pour ce projet ?

Tout est donc en place pour que la gestion artificielle du rayonnement solaire soit une réalité, dont les risques ont été évalués par l’ISIS (Institute of Science in Society [19]), et s’il apparaît finalement que le réchauffement climatique, attribué aux activités humaines, ne puisse pas être actuellement formellement et scientifiquement établi [20] [20bis].

 

Toxicité de l’aluminium sur les organismes vivants

 L’aluminium est le troisième élément chimique le plus abondant sur Terre [21]. Il peut affecter de manière négative la vie terrestre et aquatique ; la concentration en aluminium que l’on retrouve régulièrement dans les eaux souterraines est d’environ 0,4 ppm. Suivant les endroits sur terre, il peut se retrouver à des concentrations élevées dans les précipitations pluvieuses (30 µg/litre, voire même 900 µg/litre. §5.1.2 [22]).

La dissolution des ions Al3+ est toxique pour les plantes car cette opération affecte les racines et diminue la consommation de phosphate [23]. Lorsque le pH est maintenu à une valeur inférieure à 8,5 (donc allant vers plus acidité), l’aluminium peut se solubiliser et provoquer la défloculation (i.e. la dissociation des particules constituant la matière considérée) du sol. Il peut y avoir également des pertes d’azote par volatilisation (rapport de l’OMS [24], page 136). Ainsi, l’augmentation d’aluminium libre dans les sols agricoles conduit à une perte de valeur de ces sols quant à son rendement [25]. Sur l’être humain, l’aluminium peut avoir des effets neurotoxiques (myofasciite à macrophages, encéphalopathie, épilepsie, troubles de mémoire, risque pour l’induction de la maladie d’Alzheimer) [26]. Par ailleurs, l’aluminium et le Glyphosate™ de la firme Monsanto interrompent de façon conjointe et spécifique le fonctionnement de la glande pinéale (sulfate de mélatonine), et conduisent à des taux élevés d’autisme [27]. Il affecte également le système immunitaire [28].

 

Toxicité du baryum sur les organismes vivants

Le baryum constitue 0,05% de la croûte terrestre ; la principale source d’émission du baryum dans l’atmosphère est l’activité industrielle ; aux Etats-Unis, on en retrouve de 1 à 20 microgrammes dans les eaux de surface et l’eau potable [29]. La présence de baryum dans l’air est principalement attribuable aux émissions industrielles, en particulier la combustion du charbon et du gazole et les déchets d’incinération ; il peut également résulter de poussières soufflées par les sols et les procédés d’extraction. Le temps de séjour de baryum dans l’atmosphère peut être de plusieurs jours, en fonction de la taille des particules. La plupart de ces particules sont toutefois beaucoup plus grandes que 10 micromètres et retombent rapidement sur la terre (§4.1.1 [30]).

Sur l’être humain, les sels solubles de baryum ingérés passent dans le sang et 91% de celui-ci est stocké dans les os [31] ; ainsi, le baryum soluble, ingéré à relativement hautes doses, conduit à une perte de potassium pouvant conduire à une tachycardie du ventricule cardiaque, de l’hypertension et ou de l’hypotension, à la faiblesse musculaire et à la paralysie [32].

En général, il a été montré que le baryum a la capacité d’inhiber la croissance de bactéries, de champignons, de mousses et d’algues (§10.2 [33]). De nombreuses plantes terrestres ont la capacité à stocker le baryum. Il existe la possibilité que les grandes quantités de baryum (jusqu’à 1260 µg/kg) qui s’accumulent dans les légumes, la luzerne et le soja puissent être nocives pour les bovins domestiques (§1.230). En l’absence de carbonate de calcium, le baryum est toxique pour les plantes [34]. Le baryum est également toxique pour le soja et le haricot [35] ; il inhibe la germination du maïs et du blé [36] [36bis].

 

Strontium

Ce composé chimique est présent dans l’eau de pluie à des concentrations comprises entre 0.7 et 380 microgrammes par litre, et dans la neige entre 0.01–0.76 microgrammes/litre ; plus d’informations sur les effets du strontium sur les animaux et les végétaux sont disponibles (ref. [37], pp. 57-59).

 

Monsanto et la géoingéniérie

Dans son brevet [38] obtenu en 2010 (no. 7˙851˙676) intitulé Stress tolerant plants and methods thereof, la firme agroalimentaire Monsanto a obtenu la mainmise sur la technologie permettant à des plantes transgéniques de résister à des stress abiotiques (i.e. : impropres à la vie !) permettant la croissance et/ou la germination améliorée dans le froid, la sécheresse, les inondations, la chaleur, les ultraviolets, l’ozone, les pluies acides, la pollution, les sols salins, les métaux lourds et autres stress. La revendication 7 du brevet comprend le maïs, le coton, le blé, le soja, le riz et le colza. Toute une liste de plantes, pratiquement tout ce qui se mange, est comprise dans le même processus (note 1).  Ce brevet confère à Monsanto des revendications qui vont bien au-delà de celles qui ont été obtenues par le Ministère de l’agriculture des Etats-Unis et le Département de la recherche agricole du Brésil pour la résistance du sorgho à l’aluminium [39], valable pour des sols plutôt acides (tandis que celui de Monsanto est valable pour des sols également basiques).

Nous lirons également avec intérêt le résumé d’une publication, publiée en 2009, de l’IFPRI (un des centres de recherches membre du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale ou CGIAR, fondé par la Banque Mondiale et dont la fondation Monsanto est un des 64 membres, parmi des ONG, des gouvernements et les fondations Gates et Rockfeller) ayant pour titre éloquent Delivering genetically engineered crops to poor farmers (Délivrer des plantes génétiquement modifiées pour les paysans pauvres) [40].

Pour les personnes qui auraient encore des doutes, il convient de lire l’article intitulé Réchauffement climatique – Géo-ingénierie : scientifiques, milliardaires et militaires s’allient pour manipuler l’atmosphère ou encore Les dessous de la géoingéniérie” [41][42].

 

Perspectives

Aux îles Spitzberg, situées dans l’Océan Arctique au nord de la Norvège, existe une réserve mondiale enterrée qui peut contenir jusqu’à 4,5 millions d’échantillons végétaux. Cette banque de graines et semences est censée protéger le patrimoine alimentaire de l’humanité d’une catastrophe planétaire. Sa construction a fait suite à la Déclaration de Leipzig sur la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture [43]. Cette Arche de Noé de l’Apocalypse ou Cave de la Fin du Monde, comme certains l’appellent, est le fruit d’un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, le “ Global Crop Diversity Trust [44] et la Nordic Gene Bank. Le Trust, qui est financé et soutenu notamment par la Fondation Bill et Melinda Gates, la Fondation Rockefeller, Dupont/Pioneer, Syngenta AG, la Fondation Syngenta et la Fédération Internationale des Semences, les plus importants lobbies de l’industrie des semences, financera les opérations de cette Arche [45].

La doxa dominante part du principe que l’augmentation continuelle du gaz carbonique dans l’atmosphère est néfaste aux activités humaines. Le concept actuel de géoingéniérie a pour but la manipulation délibérée du climat terrestre pour contrebalancer les effets supposés du réchauffement climatique dû à l’émission continuelle de gaz à effet de serre, comme le gaz carbonique. La crainte est que les changements climatiques ne deviennent tellement importants que des effets graves soient dorénavant inévitables et incontrôlables, notamment sur la chute de la production alimentaire.

Cette problématique va au-delà de la gestion du climat et de la pollution de la biosphère. Nous conclurons donc par quelques phrases écrites en 2008 William Engdahl (auteur du livre OGM Semences de destruction) sur le site mondialisation.ca dans l’article intitulé L’arche de Noé végétale en Arctique [46], et qui en disent plus que toutes autres sortes de commentaires : « Nous arrivons maintenant au cœur du problème, à savoir la dangerosité et l’utilisation potentiellement abusive du projet de Bill Gates et de la Fondation Rockefeller à Svalbard. Le développement de semences brevetées pour la plupart des grandes cultures vivrières, comme le riz, le maïs, le blé et pour les céréales fourragères comme le soja, pourrait-il être utilisé dans une horrible forme de guerre biologique ? …

L’avenir nous dira, à Dieu ne plaise, si l’arche de Noé végétale de Bill Gates et de la Fondation Rockefeller au Svalbard fait partie d’une autre Solution Finale, celle entraînant l’extinction définitive de la Grande Planète Terre ».    

Servumpecus, le 26 octobre 2014

Note 1. Acacia, luzerne, aneth, pomme, abricot, artichaut, roquette, asperge, avocat, banane, orge, haricot, betterave, mûre, myrtille, brocoli, choux de Bruxelles, chou, colza, cantaloup, carotte, manioc, chou-fleur, céleri, cerise, coriandre, agrumes, clémentine, café, maïs, coton, concombre, sapin de Douglas, aubergine, endive, scarole, eucalyptus, fenouil, figues, arbre de la forêt, gourde, raisin, pamplemousse, kiwi, laitue, poireau, citron, citron vert, pin à encens, mangue, melon, millet, champignons, noix, avoine, gombo, oignon, orange, papaye, persil, pois, pêche, arachide, poire, poivre, kaki, le pin, ananas, banane, plantain, prune, grenade, peuplier, pomme de terre, potiron, coing, pin radiata, radicchio, radis, framboise, riz, seigle, sorgho, pin du sud, soja, épinards, courge, fraise, betterave à sucre, canne à sucre, tournesol, patate douce, mandarine, thé, tabac, tomate, gazon, vigne, melon d’eau, blé, igname et courgette !


La Bio Piratée, troisième épisode : Lima, Euronature et la “bio orgasmique” de Philippe Woitrin

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La société Lima a été créée en 1957 par la famille Gevaert lors de l’émergence de l’épopée de la Macrobiotique promue, en France, par leur ami Georges Oshawa, un biologiste Japonais. En 1989, Lima fut vendue au groupe Français Euronature, créé en juin 1989 – qui racheta à l’époque quelques dizaines de sociétés de l’agro-alimentaire: Lima, Viver, Celnat (racheté en 1991), Superdiet (racheté en 1991), Godard et Muller, Reynaud, Bertram’s, etc. En 1992, trois années après sa création, ce groupe rassemble quelque quarante sociétés spécialisées dans les produits de la mer, dans le foie gras et ce que l’on appelle à l’époque “la diététique”. Son fondateur, Pierre Kreutz, est un ancien responsable de la diversification chez Bongrain (un leader Européen de l’industrie laitière) et possède 2% du capital d’Euronature (avec une société en commandite). Son associé est Jean-Marie Rochefort, ex-membre du cabinet d’avocats Berlioz. Parmi les porteurs de capital: la Financière Desmarais (10% du capital), GAN, Clinvest, MAAF, la Financière Indosuez – pour la partie Française – et ensuite le Belge Sofina, la Caisse d’Epargne de Belgique, le groupe immobilier Hollandais Janivo et des investisseurs Koweïtiens et Saoudiens… En 1992, le chiffre d’affaires d’Euronature est de 2 milliards de francs – dont 15% sont réalisés par ses 9 sociétés bios Françaises, Belges et Hollandaises restructurées autour des marques Viver, Lima et Celnat. A l’époque, Pierre Kreutz prétend être le N°2 de “la diététique” loin derrière… Sandoz. (Sandoz et Ciba-Geigy ont fusionné, en 1996, pour créer Novartis et Novartis a fusionné, en 2000, avec AstraZeneca pour créer Syngenta).

En août 1992, Pierre Kreutz, selon le journal Les Echos, annonce vouloir procéder à quelques autres petits achats avant de s’attaquer à l’Allemagne et l’Italie. Il déclare viser les 5 milliards de francs avant la fin du siècle. Pierre Kreutz est un mégalomane, tout comme Irwin David Simon, et son petit empire bio – fondé sur des bulles financières (tout comme celui de l’Empire Céleste de Hain Celestial) – s’échoue très rapidement sur les falaises du Réel. Le groupe Euronature est mis en liquidation financière, en 1995, et l’on en retrouve encore des traces (1), en novembre 2010, dans un rapport de la Cour des Comptes (référé n° 59571) concernant le dossier célèbre du Crédit Lyonnais (Adidas, MGM, Comipar Pallas Stern, IBSA, Executive Life). Lors de la faillite d’Euronature, c’est le cabinet d’avocats Orrick Rambaud Martel qui apporta alors son soutien au Crédit Lyonnais.

Suite à cette liquidation financière, la famille Celle rachète le capital de Celnat; Viva Santé rachète Superdiet (c’est ce même groupe de parapharmacie, Viva Santé, qui rachète Danival en 2000 et qui le revendra à Lima/Hain en 2011). Et Lima est racheté par le groupe La Saga (Nonkels, Reform Waren) de Philippe Woitrin, un joueur de poker “bio”.

En 1998, Philippe Woitrin (avec Philippe Starck, célèbre designer et architecte français, et l’ex-agence publicitaire française LHHS, rebaptisée Air) lance OAO/WSL, une société de produits biologiques certifiés dont le siège est à Bruxelles. OAO pour “Organic and Orgasmic”. L’objectif est de vendre des produits bios et “sexys”, à la classe moyenne argentée, dans certains magasins en Europe (Conran Shop, Galeries Lafayette, Monoprix, Naturalia, Sainsbury, Tesco, Globus, Konmar), aux Etats-Unis (Super Target) et à Tokyo (Conran Shop). Philippe Woitrin ambitionne un partenariat avec la chaîne de magasins Seibu, le haut de gamme de l’alimentaire nippon. En bref, Philippe Woitrin – tout comme son grand patron actuel Irwin David Simon – va révolutionner la distribution de produits bios avec ses “Orgasmiques”. Quelques années plus tard, la bulle du bio orgasmique éclate et Michel Crespin (un ancien des filtres Melvita et de Lima) quitte la direction de la société en décembre 2001 pour prendre la direction marketing chez Hain Celestial Europe. Personne n’entend plus alors parler de révolution bio orgasmique – qui était supposée supplanter la bio non-orgasmique.

En 1999, Philippe Woitrin vend 50% des actions de Bioservice (sa centrale de distribution de produits bios et diététiques avec plus de 600 clients détaillants et 5500 références) à Natudis. En avril 2001, il vend la totalité de Bioservice à Natudis (Molenaartje, Ekoland, Vetara, etc) qui, elle-même, s’est fait racheter 40% de son capital, quelques jours auparavant, par Royal Wessanen, l’un des plus gros groupes Européens de l’Agro-alimentaire, qui a racheté le Français Distriborg en juin 2000.

En mai 2000, Philippe Woitrin est en voyage au Pérou pour tenter d’établir une filière d’approvisionnement en coton biologique. Au titre de la diversification. A ce même titre, il tente de se rapprocher de groupes de producteurs de fruits et légumes en Bretagne et dans les Pays de Loire et dans le nord ainsi que de producteurs de céréales et de produits secs dans le Massif Central. Ne rencontrant pas de succès en France, il se reporte sur le frais Belge.

Philippe Woitrin investit, en 2000, dans le capital du Belge Biomarché (créé en 1987). Le Biomarché est une société coopérative, grossiste en fruits et légumes bios, qui est le fournisseur quasi exclusif de produits frais bios pour les 350 magasins des enseignes Delhaize et Match du groupe Delhaize, en Belgique (en 1999, le groupe Delhaize contrôle près de 30% du chiffre d’affaires des produits bios en Belgique). C’est l’un des fondateurs de Biomarché, Philippe Pluquet, qui en est la cheville ouvrière et l’actionnaire principal. Entre 1987 et 2000, la petite coopérative est passée de 8 millions à 300 millions de chiffre d’affaire. La coopérative a besoin de financements pour faire face à une croissance exponentielle (et pour offrir à ses 25 salariés des conditions de travail moins exiguës) et c’est alors que Philippe Woitrin intervient – qui a flairé une bonne affaire. Philippe Woitrin va externaliser le service ventes, développer les produits transformés et Philippe Pluquet en viendra à perdre la maîtrise de son outil de travail et ses actions dans la coopérative. Philippe Woitrin n’est, en fait, pas du tout intéressé par le secteur des produits frais et il revend Biomarché, en août 2006, à un autre joueur de poker bio, M. de Passis, le co-propriétaire de ProNatura (sa société est à 51% sous le contrôle d’Activa Capital) et BioMarché devient ProNatura-Belgique. ProNatura (5) (6) devient alors, avec ce rachat, le leader Européen de fruits et légumes bios. Mais, en 2008, ProNatura Belgique perd son gros client Belge, le groupe Delhaize (qui se tourne vers la Hollande). ProNatura-Belgique est alors liquidé financièrement, en 2010, et licencie une cinquantaine de salariés.

Philippe Woitrin, fin 2001, revend l’intégralité de Lima à Hain Celestial aux USA et devient le directeur de Hain Celestial Europe. Dans la gamme de produits de Hain Celestial, figurent en bonne place les tisanes non-bios de Celestial Seasonings (farcies de pesticides (7), selon le rapport du Glaucus Research) qui sont distribuées en France par T-France (2) dans divers points de vente de la région parisienne (entre autres les Auchamp de Vélizy et de Taverny).

En janvier 2014, Philippe Woitrin cède sa place de directeur général de Hain Celestial Europe et en devient le “Non Executive Chairman”. Le directeur est maintenant Bart Dobbelaere. C’est un ancien du Groupe Campofrío – racheté par le Mexicain Sigma et le Chinois Shuanghui International – détenteur des marques Aoste, Justin Bridou et Cochonou. Bart Dobbelaere est également un ancien du Groupe Vandemoortele qui a créé la société Alpro, en 1980, spécialisée dans les produits à base de soja bio (Provamel) et non bio. Pour mémoire, Alpro fut revendu en 2009, pour 455 millions de dollars, à Dean Foods, le leader mondial de la distribution de lait qui contrôle 90% du lait aux USA (dont la société de lait bio Horizon).

Bart Dobbelaere (3) est donc maintenant le directeur général de Lima/Hain Celestial Europe. Ce n’est qu’un changement de têtes dans la grande famille des mégalomanes de la bio et du “Naturel”. Et d’ailleurs, sur le site de Hain Celestial Europe, Bart Dobbelaere déclare que les tisanes de Celestial Seasonings sont «garanties naturelles et saines»… , tout comme la gamme de confitures “Hartley’s” (non bios), tout comme la gamme de confitures “Frank Cooper’s” (non bios), tout comme la gamme de confitures Robertson’s (non bios), tout comme la gamme de chips “Terra” (non bios) et tout comme la gamme de produits “Dream” (4) à base de soja – une gamme de produits en grande majorité non-bios. Faut-il bien repréciser que “non bio”, dans le monde de l’agriculture moderne, signifie “toxique”? Il est vrai que, la main sur le coeur, le soja US de l’Empire Hain Celestial est garanti non-ogm,  ce qui veut dire garanti ogm entre 0 et 1%.

Et par qui donc toutes ces gammes sont-elles «garanties naturelles et saines»? Par Irwin David Simon, le fondateur de Hain Celestial aux USA. Un cas avéré d’auto-certification malsaine par l’industrie alimentaire pesticidée.

Et que dit le Réseau Biocoop? Il s’en remet à la bonne “foi” de Irwin David Simon. Un cas avéré de visualisation très positive… et “céleste”.

Dominique Guillet. Le 31 décembre 2014.

Nouvelle victoire de KOKOPELLI face à la société GRAINES BAUMAUX !

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Nous sommes très heureux de vous annoncer que, par un jugement du 22 janvier dernier, le Tribunal de Grande Instance de Marseille vient d’annuler, pour fraude, l’enregistrement de la marque « Tomate Kokopelli » fait par la société Graines Baumaux à l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle) au préjudice de nos droits.

Pour mémoire, la société Graines Baumaux nous avait d’abord assigné devant le Tribunal de Grande Instance de Nancy, en décembre 2005, sur le fondement de la concurrence déloyale, avant de s’approprier la marque « Tomate Kokopelli », en octobre 2007, par ce dépôt frauduleux à l’INPI.

Le tribunal marseillais, qui relève un historique de relations particulièrement conflictuelles entre les deux parties, ne manque pas de constater, avec une certaine ironie, que la reprise dans la marque déposée du terme « Kokopelli », qui n’est pas d’usage fréquent en matière agricole, et alors qu’il constitue la dénomination principale de l’association, « ne peut être attribuée au hasard »… Certes !

Le tribunal en déduit que « ce dépôt doit en conséquence être considéré comme dicté par une intention de nuire aux intérêts de l’association KOKOPELLI, dont la dénomination sociale a été ainsi détournée ».

C’est précisément ce que nous dénoncions et l’annulation pour fraude de ce dépôt de marque à l’INPI fait donc pleinement droit à nos demandes.

Cette décision de justice très favorable, qui s’ajoute à celle que nous avons obtenue le 9 septembre dernier de la Cour d’Appel de Nancy, va mettre un point d’arrêt, nous l’espérons, aux démarches de harcèlement systématique de la société Graines Baumaux à notre encontre.

Et que ceux qui, depuis près de 20 ans, nous assaillent, se le tiennent pour dit : même petits, nous mordons !

Un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenus dans le cadre de cette procédure.

Pour plus d’informations, contacter :

 

L’épopée des cannabinoïdes Védiques : De la Tulsi à la Ganja

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 Avant-Propos: Notre Appel du 21 Vendémiaire

Je souhaitais rédiger une toute petite monographie sur cette plante Védique incroyablement médicinale, le Basilic sacré – dont Kokopelli va présenter plusieurs variétés prochainement – lorsqu’en cours de rédaction, je dérapai sur l’un de ses composants essentiels, le β-caryophyllène, en découvrant que c’est un cannabinoïde! J’ai tiré sur ce fil et toute la pelote des cannabinoïdes Védiques s’est dévidée devant mes yeux, dont le plus célèbre, le Cannabis, l’une des plantes les plus médicinales de la planète. J’ai posté cet article une première fois le 7 octobre, et au fil des jours, je l’ai complètement remodelé et quasiment triplé d’amplitude. Voici la version finale mise en ligne dans la nuit du 12 octobre. Et Synchronicité des Synchronicités: un ami de Kokopelli, Alexis Chanebeau, nous a envoyé aujourd’huimême une magnifique illustration du Calendrier Républicain: le 12 octobre, le 21 Vendémiaire, est le Jour du Chanvre! Une telle synchronicité vaut bien tous les joints du monde – même en Blue Dream!! Aujourd’hui sera, donc, notre Appel du 21 Vendémiaire pour une République de la TRANSPARENCE et pour une communauté humaine où tous les êtres humains peuvent – dans la Paix et selon leur bon plaisir – consommer, ou cultiver dans leur jardin, les champignons, les arbustes et les plantes potagères, médicinales, rituelles et instructrices qui sont un cadeau de la Vie à elle-même et qui sont les richesses vivantes de la Biosphère Gaïenne avec lesquelles l’humanité a communié, et co-évolué, depuis des millions d’années ! Xochi.

Calendrier Républicain mettant en exergue que le 12 octobre / 21 Vendémiaire est le jour du Chanvre.

Calendrier Républicain mettant en exergue que le 12 octobre / 21 Vendémiaire est le jour du Chanvre.

 Tulsi, la Manifestation de la Mère Céleste chez les Hindous

Les espèces de basilic originaires de l’Inde sont: Ocimum tenuiflorum, Ocimum basilicum, Ocimum gratissimum, Ocimum kilimandscharicum, Ocimum micranthum et Ocimum campechianum.

En Inde, Tulsi, Ocimum tenuiflorum, le Basilic sacré, est appelée la “Reine des Herbes”, “l’Incomparable”. C’est une plante extrêmement révérée d’un point de vue religieux et spirituel – d’où ses appellations Ocimum sanctum, basilic sacré, holy basil… Dans le “Devi Bhagavata Purana”, elle est considérée comme étant une incarnation de la Déesse Tulsi, l’une des consortes de Vishnu, et elle est utilisée systématiquement en offrandes dans les festivals et les rituels honorant Vishnu et ses avatars Krishna et Vithoba.

Dans l’un des mythes du Vaishnavisme, l’une des branches de l’Hindouisme, Tulsi est associée au “Samudra Manthana”, le grand brassage de l’océan cosmique par les divinités. A la fin de ce cycle, Dhanvantari émergea avec Amrita, l’élixir d’immortalité. Lorsque les démons tentèrent de subtiliser cet élixir, Vishnu le confia aux divinités et pleura de joie de l’avoir recouvré. L’une de ses larmes tomba dans l’Amrita et il en émergea Tulsi. Les dévots Vaishnava la considèrent comme une manifestation de la Divinité dans le royaume végétal. Tulsi est considérée comme l’interface entre le Ciel et la Terre: Brahma est dans ses branches, le Gangā coule dans ses racines, les divinités demeurent dans les feuilles… Le “Padma Purana” déclare que, lors de la crémation rituelle, si un défunt est brûlé avec des rameaux de Tulsi, il voyage instantanément vers la demeure de Vishnu.

Dans les jardins et les cours intérieures des familles de l’Inde, Tulsi siège toujours au coeur sacré. Pour toutes les familles de l’Inde, Tulsi est une manifestation de Notre Mère Divine qui est en Terre.

Tulsi est mentionnée dans le “Charaka Samhita”, le plus ancien des trois antiques traités de l’Ayurveda, rédigé, au VI ème siècle avant EC, par Charaka, un très célèbre thérapeute surnommé l’Hippocrate de l’Inde.

Dans la tradition Hindoue, Tulsi est appelé “Vaishnavi” (consacrée à Vishnu), “Vishnu Vallabha” (la bien-aimée de Vishnu),  “Haripriya” (la bien-aimée de Vishnu) et Vishnu Tulsi. Tulsi avec des feuilles vertes est appelée “Shri-Tulsi” (Tulsi favorable) – “Shri” étant également la consorte principale de Vishnu. Tulsi est aussi appelée “Rama-Tulsi” (Tulsi brillant) – Rama est également l’un des principaux avatars de Vishnu.  Tulsi avec des feuilles vertes ou violettes et des tiges violettes est appelée “Shyama-Tulsi” (Tulsi sombre) et aussi “Krishna-Tulsi” (Tulsi de Krishna) parce que Krishna est de couleur bleue. Les variétés de type Krishna contiennent des anthocyanes.

 

Tulsi, une panacée universelle

Tulsi, au-delà des anthocyanes, est essentiellement une panacée universelle et elle est d’autant plus universelle qu’elle dépasse en Inde les clivages des religions. Pour preuve, dans ce pays, durant l’été 2015, le Muslim Rashtriya Manch, (le Forum National Musulman affilié au mouvement nationaliste Hindou, le Rashtriya Swayamsevak Sangh, RSS) a lancé une campagne pour inciter toutes les familles Musulmanes à planter Tulsi dans leurs jardins, dans les parcs publics, dans les jardins des mosquées, dans les dargahs et dans les cimetières. Durant le Ramadan 2014, en Inde, leur campagne de promotion de Tulsi se concrétisa par la distribution et la plantation de 135 000 plantes de Tusli dans les jardins de familles Musulmanes. Selon ce mouvement, Tulsi se retrouve dans les anciens textes Musulmans sous le nom de “Jannati Jhaad”, le buisson céleste, qui fut envoyé sur Terre pour l’humanité. Selon certains lettrés Musulmans, Tulsi serait appelée dans le Coran, et dans les Hadith, “Rehan”. [20]

Tulsi est l’une des plantes les plus essentielles des trois systèmes de Médecine et de Pharmacopée traditionnelles de l’Inde – Ayurveda, Unani et Siddha. Tulsi a été utilisée, depuis des milliers d’années, dans le traitement de la bronchite, de la diarrhée, de la dysenterie, de l’arthrite, de la malaria, des piqûres d’insectes, des problèmes oculaires, des problèmes dermatologiques, des refroidissements, des maux de têtes, des inflammations, des problèmes gastriques, des empoisonnements, etc.

Tulsi possède également des propriétés pour traiter le cancer [53], la stérilité [55], le diabète [52], les infections microbiennes, bactériennes [51] et fongiques, les problèmes cardiaques. C’est aussi un analgésique, un anti-spasmodique et un antipyrétique. En bref, c’est un adaptogène, un anti-oxydant, un “élixir de vie”, réputé prolonger la vie. [54] [56] Ses graines sont parfois portées sur le corps en tant que charme de protection: Tulsi est réputée purifier l’aura. 

Certains érudits ont évoqué les effets psychoactifs de Tulsi. En effet, Tulsi est aussi “une plante à rêves” utilisée, depuis des millénaires, dans un mélange à fumer qui contient également les plantes suivantes: Hemidesmus indicus (Salsepareille de l’Inde),  Nelumbo nucifera (Lotus), Aegle Marmelos (Bael), Picrorhiza kurroa (Kutki) et Carthamus tinctorius (Carthame). Ce mélange fumé est réputé induire des visions et agir comme un catalyseur vers des états profonds de rêve éveillé. [88] Selon les Traités Aurvédiques, « Tulsi ouvre le coeur et le mental et distribue l’énergie d’amour et de compassion ». 

Sa saveur est forte et astringente. Elle est consommée en poudre, en feuilles sèches ou fraîches. Dans certaines préparations médicinales, les graines sont tout autant utilisées que les feuilles. De plus, dans une grande partie de l’Asie, Tulsi est mâchée comme un substitut de la Noix de Bétel.  Sur le plan agricole, Tulsi est utilisée traditionnellement pour conserver les grains.

Sur le plan thérapeutique, Tulsi est une bombe et c’est l’une des plantes médicinales, de la biosphère Gaïenne, qui pourrait, très aisément, faire sauter les fondations de la citadelle de l’Empire Pharmaceutique (la Terreur Chimique) dont la mission est de nécroser les peuples et de les empêcher de se soigner de toutes les pathologies induites par les 84 000 substances chimiques qui contaminent présentement l’entièreté de la biosphère.

Certains des métabolites les plus importants de Tulsi sont: l’eugénol, la lutéoline, le géraniol, le thymol, le linalol, le camphre, le chavicol de méthyle, le citral, le taxol, le safrol, l’acide ursolique, l’apigénine…

L’acide ursolique, l’apigénine et le taxol sont impliqués dans les propriétés anti-cancer; le citral dans les propriétés antiseptiques; l’eugénol dans les propriétés anti-infectieuses, etc. 

En 2003, une équipe de scientifiques Indiens a analysé la quantité d’Eugénol présente dans les huiles des différentes parties végétales, de plantes cultivées de Tulsi, dans le sud du pays: 72.5%, 75.3%, 83.7% et 65.2% respectivement pour la plante entière, les feuilles, les tiges et les fleurs.

La seconde substance la plus présente après l’Eugénol était le β-caryophyllène (un terpène que l’on retrouve aussi en abondance dans les huiles essentielles du giroflier, du poivre noir, du romarin, du houblon, de l’origan, de la cannelle et … du cannabis. Car le β-caryophyllène est un cannabinoïde: c’est ce qu’a découvert une équipe de scientifiques Suisses et Allemands en 2008. [1] Et pas n’importe quel cannabinoïde: il agit spécifiquement sur les récepteurs CB2. C’est un agoniste fonctionnel CB2 et la recherche a, amplement, démontré l’extrême intérêt des cannabinoïdes sélectifs CB2 pour soigner l’arthrite [2], la cystite [3], la sclérose en plaques [4] et la démence associée au virus HIV [5].

Une étude récente (en 2013), des Dr. Racz et Dr. Zimmer, met en exergue les propriétés anti-inflammatoires du β-caryophyllène. Ils ont découvert, dans leurs essais cliniques, que le β-caryophyllène (oralement consommé) est beaucoup plus puissant que des injections de cannabinoïdes CB2 JWH-133 de synthèse. [6]

Ainsi que les scientifiques (sensés) l’affirment clairement et brièvement: le β-caryophyllène est le cannabinoïde qui va recycler toutes les substances industrielles toxiques de synthèse (tentant de le singer!!) dans l’abime des vanités pharmaceutiques biocidaires dont elles n’auraient jamais dû émerger. Et sans faire planer: faut-il en rire ou en pleurer?

 

Les cannabinoïdes synthétiques de la Mafia Pharmaceutique

C’est d’ailleurs, peut-être, ce que se disent les membres du Comité économique du médicament (CEPS), en France, qui n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le prix du médicament Sativex/Nabiximols (du cannabis extrait industriellement par GW Pharmaceuticals, l’un des leaders de la fabrication de remèdes à partir de cannabis cultivé) avec son distributeur Français, le Laboratoire Almirall. Pourtant, en janvier 2014, le Ministère de la Santé avait donné son autorisation avec la bénédiction des malfrats de l’AFSSA. Et le journal le Monde de s’extasier en janvier 2014 que « le tabou est brisé ». [13] Sans plaisanter! Quel tabou? Tabou le Chat? [62]

Le Sativex est supposé soulager les tensions/douleurs corporelles liées à la sclérose en plaque (dont beaucoup de cas sont induits par le vaccin contre l’hépatite B).  Et pourtant, ce laboratoire s’engage à vendre le Sativex [7], en France, avec 20% de ristourne (les bonnes âmes!) par rapport au prix Européen conventionnel: 420 euros le traitement (sans préciser pour quelle durée…)!!

Le laboratoire GW Pharmaceuticals s’est lancé dans l’élaboration du Sativex quand il s’est aperçu que les patients atteints de sclérose en plaque, et souffrant d’atroces douleurs, fumaient du cannabis pour se soulager! Et d’ailleurs, selon le Dr. Ethan Russo, le chef-conseiller scientifique de GW Pharmaceuticals (qui lance d’ailleurs un second cannabinoïde très pur de synthèse, l’Epidiolex, dont le CBD constitue 98% des cannabinoïdes présents… et quelques trichomes): «Des niveaux déficients de cannabinoïdes peuvent constituer les causes de nombreuses pathologies soulagées par le cannabis». Un grand bravo au Dr. Ethan Russo pour son grand courage [70]: certainement, de la graine de Prix Nobel! C’est donc pour cela que l’humanité ingère du cannabis depuis des milliers et des milliers d’années: c’est parce que c’est thérapeutique! [69] Ainsi, en Chine, l’Empereur Shen-Nung (environ 2700 av. EC), considéré comme le fondateur de la Médecine Chinoise, avait inclus le cannabis dans sa pharmacopée. En Chine, encore, le fondateur de la chirurgie Chinoise, Hua T’o (second siècle), est réputé avoir utilisé le cannabis comme anesthésiant, durant les opérations chirurgicales, en l’ayant fait macérer auparavant dans du bon vin bio! Un fin gourmet. [84]

Mais, cependant, quelle audace: se soulager, gratuitement, avec une plante médicinale présente dans la biosphère depuis des dizaines (ou des centaines) de millions d’années! C’est une concurrence strictement déloyale vis à vis des multinationales pharmaceutiques qui investissent des centaines de millions de dollars pour remplacer, systématiquement, toutes les substances naturelles par des substances synthétiques. Cette tentative d’artificialisation, de synthétisation et de confiscation des substances naturelles et vivantes, de la Biosphère Gaïenne, est à l’image du système bancaire mafieux qui crée de l’argent électronique, ex nihilo, qui le prête à des taux d’intérêt exorbitants et qui confisque, subséquemment, les biens physiques et réels (maisons, véhicules, etc) des peuples et des individus dans une détresse socio-économique de plus en plus virulente.

Aux USA, dans les Etats où le cannabis est légalisé, cette somme de 420 euros correspond environ à 500 grammes de cannabis bio – sur le marché de demi-gros – ce qui fait beaucoup de cannabis. Mais très peu eu égard à la quantité requise pour fabriquer le Sativex: GW Pharmaceuticals en cultive [10] tous les ans (secrètement mais légalement!!!) quelques dizaines de tonnes (20 tonnes déjà en 2011!) qui sont véhiculées en Angleterre par des camions blindés et armés!! Rappelons une évidence: il est strictement interdit de cultiver du cannabis au Royaume-Uni (sous peine d’emprisonnement) sauf quand on s’appelle GW Pharmaceuticals, une multinationale de la pharmacie. 20 tonnes, au prix de demi-gros  aux USA, représentent environ une valeur de 20 millions d’euros. Au prix de l’once (tel que le cannabis est distribué par les dispensaires légaux), cela représente environ 180 millions d’euros.

Le Sativex contient du Delta-9-tétrahydrocannabinol (Δ-9-THC) et du Cannabidiol (CBD)  – ce dernier est le plus présent des autres 85 cannabinoïdes que l’on trouve dans le cannabis (qui contient la bagatelle de quelque 500 molécules différentes). Quant aux effets secondaires du Sativex, tels qu’ils sont décrits sur le site officiel [10]: fatigues, vertiges, confusions, dépression, perte du sens de la réalité, troubles de la mémoire, troubles de la concentration et comme le précisent certains patients anglais (fortunés ou remboursés??), il est tellement difficile de doser ce médicament que les overdoses conduisent immanquablement à la planante… mais une planante légale et onéreuse. Il n’y pas, pour l’instant, de décès “répertoriés” causés par une overdose de Sativex. Ce qui n’est pas le cas, par exemple, pour le cannabis synthétique vendu sous le nom de “Marinol”. [119] Il est clair, d’autre part, que l’emploi du terme “synthétique” va susciter des débats échauffés. La problématique de la dichotomie naturel/synthétique ou même de la trichotomie naturel/synthétique/chimique va bien évidemment se poser. Le CBD (cannabidiol) de l’Epidiolex, par exemple, est extrait avec des solvents chimiques qui sont le Butane, l’Hexane, l’Isopropanol, l’Ethanol, etc. Peut-on décemment qualifier un tel produit de naturel? Ce n’est sûrement pas de l’huile d’olive bio que la société GW Pharmaceuticals utilise pour extraire du CBD (présent seulement à un ou quelques % de cannabinoïdes dans une plante) afin d’élaborer des remèdes en contenant 98% à partir de dizaines de tonnes de cannabis! Selon les sources consultées, l’appellation serait “extrait de cannabis” ou bien encore “phytocannabinoïde”.

Et, au fait, qui distribue le Sativex en Angleterre? La tristement célèbre multinationale biocidaire Bayer. [8] Et qui distribue, depuis 2011, le Sativex dans les pays d’Afrique, d’Asie (sauf Chine et Japon) et de Moyen-Orient (sauf Israël)? La tristement célèbre multinationale biocidaire Novartis/Syngenta. [9] Au Japon, c’est le géant pharmaceutique Otsuka Pharmaceutical qui le distribue. Nous avons, d’ailleurs, découvert des informations très pertinentes eu égard aux triangulations historiques entre GW Pharmaceuticals, David Watson (HortaPharm en Hollande) et Bayer dans l’ouvrage de Joseph Pietri: “The 15 ounces Pound”. [125] 

D’ailleurs, pour reparler du blocage du Sativex en France, quel est le fond de la pensée de Christophe Vandeputte, le directeur général du Laboratoire Almirall, «qui voit dans ce blocage l’action des lobbies contre le cannabis thérapeutique»? [12]  Quels lobbies? Les lobbies de la Dictature Pharmaco-industrielle? Mais ce sont ces mêmes criminels qui distribuent le Sativex : Bayer, Novartis/Syngenta…

Le seul cannabis thérapeutique qui existe sur la Planète Terre, aujourd’hui, c’est celui qui pousse librement dans les champs et dans les jardins libres des Peuples Libres ou à Libérer.

Et qui a poussé librement, pendant des millénaires, en Asie, puisque le Cannabis, qu’il soit Sativa ou Indica est résolument une plante originaire de l’Inde. C’est une plante Védique, c’est une plante médicinale, dans la Pharmacopée Védique – et ce depuis des millénaires. Il est mentionné dans Trois Traités Ayurvédiques: “Charaka Samhita”, “Sushruta Samhita” et “Shargandhara Samhita”. [79] C’est également une plante médicinale dans la pharmacopée inspirée de l’Islam –  Unani. Les Thérapeutes Hindous, depuis trois ou quatre milles ans, n’ont pas attendu le pitre médical de la CNN, Sanjay Gupta – ou le Sativex de M. Vandeputte – pour découvrir les bienfaits incomparables du Cannabis. En Sanskrit, le cannabis est qualifié par les termes suivants: “Vijaya/la Victoire”,“Ganja/Ganjika”, “le paradis du pauvre”, “le soulagement des peines”, “celui qui vole au ciel”.

Christophe Vandeputte affirme que: «En moyenne en Europe, le traitement coûte entre 400 et 440 euros par an». Par an? Vraiment M. Vandeputte, la main sur le coeur, ou par mois? Le journaliste Jean-Daniel Flaysakier parle de 700 à 800 euros par mois. [14] En Nouvelle-Zélande, selon l’agence du gouvernement, un traitement annuel avec le Sativex coûte de l’ordre de 20 000 dollars. [15] Et en Angleterre? Selon le Guardian, 500 livres sterling par mois (680 euros). [16] Au Pays de Galles? Le prix d’un flacon de 10 cc est de 125 livres sterling (170 euros) [17]. Et au Zimbabwe, combien Syngenta le vend-il?

Un flacon de 10 cc, c’est environ 60/90 sprays pour une semaine de traitement. Au Canada, en 2005 déjà, le coût annuel d’un traitement était de 4475 dollars. [18] Selon une étude publiée, en décembre 2014, le coût annuel du Sativex pour le traitement des douleurs des patients atteints de cancer serait de 4750 livres sterling par an (6500 euros) et le coût annuel du Sativex pour le traitement des douleurs neurologiques serait de 5625 livres sterling (7600 euros). [19]

Au prix moyen, et exorbitant, du cannabis légalisé aux USA – exorbitant parce que tout le monde prend sa commission, au passage, dont les Etats avec des taxes mirobolantes – la somme de 7600 euros par an, pour soulager ses douleurs, représente environ 1 kilo de cannabis bio (avec des taux de THC pouvant atteindre 24 %).

Un kilo de cannabis bio, c’est extrêmement beaucoup de cannabis à fumer dans une année. Ici, en Oregon, qui vient de légaliser le cannabis le 1er juillet 2015,… [Le passage suivant a été strictement censuré par le CA de Kokopelli au prétexte, bien évident, que cela ronronne en grande assoupissance dans les chaumières. Cette censure participe de la vaste hypocrisie du monde adulte, tel que l’exprimait Michka, en 1993, dans son J’accuse. [64] Michka vient d’ailleurs de publier la seconde édition de son ouvrage Cannabis Médical. [65] En 1993, le “Collectif d’information et de recherche cannabique” avait repris et publié “L’Appel du 18 joint” qui était initialement un manifeste appelant à la légalisation du cannabis en France, et qui fut publié, le 18 juin 1976, dans le quotidien Libération – l’ancêtre “présumé” de l’actuel, car il est très ardu d’y percevoir une quelconque filiation, du moins à première vue].

Durant la première semaine d’octobre 2015, en Oregon, première semaine de vente légale du cannabis, les 280 dispensaires de cet Etat de près de 4 millions de personnes (dont seulement 2 % de race noire, sans doute pour raison “d’acclimatation”) ont vendu pour 11 millions de dollars de cannabis. [90] Aujourd’hui encore, dans cet Etat – malgré la légalisation – la possession de plus d’un kilo de cannabis est punissable de 5 ans de prison ferme et de 125 000 dollars d’amende. [91] Le système carcéral US est une gigantesque Machine à Travail non rémunéré (un département du Ministère de l’Emploi)  qui broie de la vie humaine: dans les prisons du Texas, il y a plus de prisonniers que dans toutes les prisons de France, d’Allemagne et de l’Angleterre réunies. Aux USA, entre 2001 et 2010, il y eut 8.2 millions d’arrestations liées au Cannabis. Et il vaut mieux, dans ce cas, être de race “caucasienne” (à savoir de race blanche, pour ne pas parler de couleur!!) parce que les arrestations sont 3.73 plus fréquentes pour les êtres humains de race noire. [89] Quant aux êtres humains de race rouge – lorsqu’ils ne sont pas déjà en prison (l’Etat du Montana, par exemple, a 7 % d’Amérindiens dans sa population dont 25 % sont en prison) – ils vivent, la plupart du temps, dans une pauvreté immonde dans des camps de concentrations [118] (“reservations”) qui ne sont que des prisons à ciel ouvert – au grand air des déserts. Un peu comme la Palestine – sauf qu’il n’existe pas d’agents provocateurs – déguisés en Arabe et parlant Arabe – qui se mettent à fusiller des jeunes Palestiniens, à bout portant, près d’un barrage militaire, comme le 7 octobre dernier. [92] [93] Et certains osent encore parler de Civilisation Occidentale!

 

Israël, leader du cannabis médical, de préférence très synthétique

En parlant d’Oregon, et du cannabis légalisé, n’est-il pas stupéfiant – dans son article “Légalisation du cannabis : la France doit suivre la piste de l’Oregon” – [22] de voir le Journal Libération “conseiller” («doit suivre») au gouvernement Français de s’inspirer de la récente législation pro-cannabis (ou supposée telle) de cet Etat. Nous sommes fort heureux que le Journal Libération n’ait pas conseillé au gouvernement de s’inspirer de la précédente législation anti-cannabis de l’Oregon: par exemple, 20 ans de prison ferme pour toute personne saisie avec un seul petit kilo de cannabis à moins de 300 mètres d’une école ou pour toute personne cultivant plus de 8 plantes, dans son jardin, à moins de 300 mètres d’une école. Vingt ans de prison ferme! [23] D’ailleurs, à l’instar de la législation présente de l’Oregon, le Journal Libération conseille-t-il, également, au gouvernement Français de mettre en taule, pendant 5 années, tous les individus (de préférence jeunes, ou basanés, ou sans emploi ou anti-nucléaires…) cultivant 1 petit kilo de cannabis dans leurs jardins?

Le milliardaire Franco-Israëlien Patrick Drahi n’est plus à présenter: c’est la 3 ème fortune de France et la 1 ère fortune d’Israël. C’est celui-là même qui vient de racheter deux des plus gros câblo-opérateurs US et qui a racheté (ou va racheter) BFM/TV, RMC, SFR, NextRadioTV, etc. Et c’est celui-là même qui a renfloué le journal Libération [80], durant l’été 2014, lorsque les Rothschild n’ont plus souhaité verser leur obole à fonds perdu. De plus, peu de Français se seront aperçus, de par la teneur des événements d’alors, que le 8 janvier 2015, [24] le Journal le Monde annonçait que Patrick Drahi rachetait le Groupe l’Express (avec une kyrielle de magazines dans la besace), le lendemain même de l’Opération Psychologique Spéciale: “Je suis Charlie”/Patriot Act à la Française – ce dernier, appelé Loi sur le Renseignement, étant qualifié de «double mensonge d’Etat» par le Bâtonnier de Paris. [99]

Ce n’est peut-être pas une coïncidence (connaissant la prostitution avérée de la grande presse Française) de voir Libération promouvoir la légalisation du cannabis (tout comme l’Express se fait l’écho de nombreuses dynamiques de légalisation du cannabis de par le monde) alors qu’Israël vient juste de déclarer, à tous ceux qui veulent bien l’entendre, qu’il est déterminé à prendre le leadership mondial du Cannabis thérapeutique. [25]

D’ores et déjà, Israël est devenu la plaque tournante où se rencontrent les représentants de tous les Etats et des multinationales qui ont décidé de “légaliser” le cannabis thérapeutique, à savoir de s’enrichir (de façon ignominieuse), une fois de plus, sur le dos des Peuples, en promouvant leurs remèdes-miracles et synthétiques de cannabis.

L’Université Hébraïque de Jérusalem possède une très riche pléthore de brevets déposés sur le cannabis. [27] [30] [31] [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] C’est elle qui organisa, en 2010, un symposium international sur les cannabinoïdes. [26]. C’est elle qui a signé un contrat de partenariat, en mars 2015, avec ISA Scientific, Inc., une entreprise pharmaceutique, pour créer des remèdes à base de cannabinoïdes pour soigner le diabète et autres pathologies graves. [41] C’est encore cette Université Hébraïque qui a signé un contrat de partenariat avec PhytoTech Medical – la première entreprise Australienne de cannabis médical à être cotée en Bourse Australienne – pour développer des remèdes à base de THC et de CBD. [42]

GW Pharmaceuticals, en Angleterre, est également en partenariat avec l’Université Hébraïque de Jérusalem, depuis 2003: cette société pharmaceutique lui a racheté les droits d’utilisation de certains de ses brevets sur les cannabinoïdes. [40]

Les entreprises Israëliennes du cannabis médical que l’on retrouve sur Wall Street, aux USA, sont les suivantes: One World Cannabis, Therapix Biosciences, Cannabics Pharmaceuticals et Breed It. [43]

One World Cannabis (une filiale d’OWC Pharmaceutical Research Corp.) vient de lever 2 millions de dollars pour lancer deux séries de tests cliniques dans les hôpitaux d’Israël. One World Cannabis va lancer une gamme de remèdes synthétiques de cannabis pour soigner les pathologies suivantes; maladie de Parkinson, diabète, épilepsie, fibromyalgie, psoriasis, troubles de stress post-traumatique, carcinome basocellulaire, migraines, maladie d’Alzheimer, syndrome de Tourette, cancer de la prostate, etc. [44]

Therapix Biosciences se focalise sur la production de cannabinoïdes et vient de racheter 25% des actions de Lara Pharm, une autre société focalisée sur les remèdes synthétiques à base de cannabinoïdes et dont l’objectif aseptisant est de remplacer le cannabis médical, universellement, par des synthétiques. [68]

Breed It vient de créer, en joint venture 50/50, une nouvelle société en Israël, KanaboSeed Ltd, en partenariat avec Seach Ltd. [77], une société Israëlienne d’obtentions de variétés de cannabis médical. [45] Leur objectif est de créer de nouvelles variétés de cannabis “médical”, à la requête des médecins et autres thérapeutes, grâce à leur technologie génomique iBreedIT(r) (développée à l’Université Hébraïque de Jérusalem [66]) qui leur permet d’étiqueter des gènes, de créer ensuite de nouvelles variétés pour une production de semences adéquates – en bref de diminuer drastiquement le temps de recherche et de création variétale par rapport aux techniques d’obtention variétale conventionnelles ou chimériques. [C’est, du moins, le discours officiel mais on se demande, parfois, jusqu’où peuvent aller se nicher, très discrètement, les chimères de la fausse Mère]. Pour preuve de l’efficacité de leur outil génomique: Breed It est également en partenariat avec deux autres entreprises d’Israël, Zeraim Gedara (une filiale de Syngenta), Hazera Genetics (une filiale de Limagrain) et avec le semencier Vilmorin (une autre filiale de Limagrain) [67].

Quant à Cannabics Pharmaceuticals – qui se focalise sur le développement de médicaments, de produits alimentaires et de compléments alimentaires à partir de variétés bien spécifiques de cannabis (son produit de synthèse principal est le Cannabics SR, destinée aux patients cancéreux) – il semblerait qu’elle soit incluse dans les sociétés Israëliennes par erreur. En effet, Cannabics Pharmaceuticals s’appelait auparavant American Mining Corporation!! C’est, maintenant, une filiale de Cannabics Inc. qui est en partenariat avec Technion Research & Development Foundation Ltd., en Israël. De l’exploitation minière à l’extraction de cannabis, il n’y a qu’une petite bouffée d’oxygène cannabisée et dollarisée pour les industriels en perte de vitesse – et c’est toujours le même syndrome obsessionnel: “j’extrais donc je m’enrichis sur le dos de la biosphère”. Le syndrome de l’extraction constitue l’une des pathologies les plus mortifères de la Civilisation Occidentale.

Et, en dehors de l’univers pervers des start-up Israëliennes du Cannabis/Wall Street, mais toujours en Israël, se trouve la ferme de production de cannabis la plus importante du pays – et la seule, d’ailleurs, en termes de production méga-industrielle: elle fournit le cannabis médical à un tiers des 20 000 patients autorisés à se soigner au cannabis en Israël. Cette ferme se situe à Safed, en Galilée, dans un endroit très secret – et nimbé tout autant d’une aura excessivement high-tech que d’une vision religieuse.  [87] En effet, cette ferme se nomme Tikun Olam, une référence à un concept mystique Judaïste antique de régénération et de guérison dans le monde. C’est cannabinoïdement Beau et Apaisant! Ne serait-il pas sage de recouvrir tout le pays d’Israël – et ensuite la planète entière – de fermes de production de cannabis dont l’objectif le plus élevé, le plus éthique, le plus spirituel, serait de guérir et de régénérer l’intégralité de la biosphère – dont font partie les plantes et les animaux, dont les animaux humains. Les Palestiniens, les premiers, n’en doutons pas une milli-seconde, en seraient fort heureux (et survivants)!!!

Depuis l’été 2015, Tikun Olam n’est, cependant, plus très loin de Wall Street car cette société vient d’annoncer son premier partenariat, en Amérique du nord, avec le Compassionate Care Center de New York, et MedReleaf Corp, une entreprise de cannabis médical du Canada. [86] MedReleaf Corp vient de s’allier, le 13 octobre 2015, avec MedMen (MMMG LLC) en Californie dont le fondateur, Adam Bierman – un transfuge du baseball et du Go Greek Yoghurt – explique à une journaliste de Bloomberg [120] ce que représente le cannabis médical: « Ce que nous voyons dans la consolidation…, c’est que c’est du business pour des grosses compagnies, c’est un grand moment pour l’Industrie … ». Le président actuel de MedMen est Duke Fu, l’un des anciens directeurs (de la division “médecine radioactive”) chez Cardinal Health, une entreprise pharmaceutique au chiffre d’affaires de 103 milliards de dollars (N°19 sur la liste Fortune 500). Le cannabis = du business pour de grosses compagnies! Dans une autre interview [121] , Adam explique comment a émergé une pléthore de juristes-lobbyistes qui – pour la modeste somme de 100 000 à 500 000 dollars – vont, grâce à leur “consulting”, propulser les dossiers des entrepreneurs “pressés” (par leurs banques?) en haut de la pile des centaines et centaines de demandes d’agréments attendant le feu vert des instances des Etats et ensuite des comtés. C’est un peu comme en Inde, on ne parle pas de corruption: on évoque tout simplement des commissions de “consulting” qui arrosent tous les étages des hiérarchies.  Dans une autre interview encore, Adam évoque le business de 32 milliards de dollars aux USA, d’ici 2020. [122] Adam, qui a de très grandes ambitions nationales, mise sur le Nevada (avec ses 40 millions de visiteurs annuels), sur la Californie et sur l’Etat de New-York. Le rêve d’Adam : une publicité MedMen au Super Bowl de 2017! Dans deux de ses interviews, Adam insiste fortement sur le fait que les banques vont dire non au cannabis – pour ne soutenir que les industriels impliqués dans le cannabis dit thérapeutique, d’extraction, de synthèse et de chimère. Pourquoi donc? Selon lui, parce qu’elles souhaitent conserver une bonne réputation. Une bonne réputation! Adam n’a sans doute jamais entendu dire que le Système Bancaire Occidental Mafieux ne tient que grâce au blanchiment de milliers de milliards de dollars.  “Too Big to Fail” – grâce à l’argent des cartels de la DROGUE! Qui détruit notre jeunesse.

Le Compassionate Care Center a l’exclusivité de la distribution de deux souches/variétés de cannabis : Avidekel® de Tikun Olam et Haleigh’s Hope™ de Jason Cranford (HOPE Foundation). Avidekel contient 15,8% de CBD (et quasiment pas de THC) et Haleigh’s Hope™ possède un ratio CBD/THC de 22:1. Tikun Olam est également réputée avoir créé et cultiver le cannabis le plus psychoactif du monde: Eran Almog avec 28% de THC (Indica: 80%. Sativa: 20%). [85] Quelle chance! Le Cannabis nouveau est né en Galilée et il va sauver le monde!

 

La nouvelle saga des psychotropes chimériques:

Blue Dream BT, Afghan Kush Roundup Ready… ou THC à base de levure génétiquement modifiée?

Mais au fait, par quelle prouesse technique? Par sexualité naturelle ou par intervention de vecteurs non issus de la Biosphère Gaïenne? C’est un énorme dossier et les rumeurs vont bon train sur la toile. Et si l’on évoque la question des modifications génétiques, il faudrait avant tout, et déjà, poser la problématique de certaines modalités d’obtention de la féminisation de semences de cannabis.

Et Monsanto dans tout ce cannabicide? A quand des variétés chimériques de cannabis proposées par la multinationale N°1 de la Semence Industrielle et Chimérique? Afghan Kush Roundup Ready? Ou bien encore Blue Dream BT? Monsanto y travaille, peut-être, et les analystes financiers de Wall Street se demandent si la prochaine espèce génétiquement modifiée, à grande échelle planétaire, ne serait pas tout bonnement le cannabis.

En août 2015, une étude est publiée sur la première élaboration d’opioïdes (thébaïne et hydrocodone) à base de levure génétiquement modifiée par des généticiens de l’Université de Stanford en Californie, sous l’oeil très vigilant de l’Industrie Pharmaceutique, [94] [95] afin de remplacer, à terme, la production d’opium – pour laquelle les variétés chimériques de pavots sont, d’ailleurs, déjà en culture partout sur la planète, selon le second article cité, celui du New-York Times: « Les pavots sont croisés et génétiquement manipulés pour augmenter la productivité. Ils sont légalement cultivés dans plusieurs pays, avec des quotas spécifiques, sous l’égide de l’Organe international de contrôle des stupéfiants. Ils sont également cultivés pour le marché illégal de l’opium et de l’héroïne en Afghanistan, au Laos, en Birmanie, au Mexique et ailleurs… » [96] Ces pavots génétiquement modifiés sont cultivés depuis 1997, [97] [98] particulièrement en Tasmanie (qui produit 85 % de la thébaïne utilisée dans le monde et dont la culture de l’opium légal constitue 10 % du PNB). Il semblerait que ces modifications génétiques aient été induites par mutagenèse (qui donc ne serait pas GM… selon tous les textes officiels…) puisqu’en 2014, en Tasmanie, deux grands monstres de la Pharmacie, GlaxoSmithKline et Johnson & Johnson, exerçaient une pression incroyable auprès du gouvernement pour qu’il ne renouvelle pas son moratoire anti-chimérique (anti-OGM). [99] Les producteurs Tasmaniens d’opium étaient très fortement divisés sur le fait de savoir s’il fallait, ou non, cultiver des variétés de pavot Roundup Ready. Le moratoire fut maintenu.

En septembre 2015, une étude est publiée sur la première élaboration de THC à base de levure génétiquement modifiée par des généticiens de l’Université de Dortmund en Allemagne. [100] [101] Cette même équipe affirme avoir déjà produit du CBD (cannabidiol) à base également de ces levures chimériques. Selon Oliver Kayser, un biochimiste de cette université, les Autorités Régulatrices Européennes sont très impatientes de pouvoir assurer un approvisionnement stable de THC, et d’autres cannabinoïdes, sans cultiver réellement de cannabis: « ils ont peur que ces plantes soient cultivées et soutiennent une production illégale ». En 2005, des scientifiques Japonais avaient déjà inséré un gène dans la levure Pichia pastoris pour l’induire à secréter un enzyme nécessaire à la production de THC. A l’époque, cependant, on ne connaissait pas tous les enzymes requis pour l’élaboration de THC. Dix années plus tard, grâce aux nouveaux outils génomiques, les généticiens ont maintenant découvert les gènes-clés. Les généticiens de l’Université de Dortmund en Allemagne, qui travaillent sur ces levures chimériques, sont en partenariat avec l’entreprise THC Pharm de Frankfurt [105], celle qui commercialise le Dronabinol/Marinol [106] à base de THC synthétique, depuis 1998 – et dont nous avons déjà mentionné les overdoses létales. THC Pharm est le plus gros producteur de THC synthétique en Europe.

Le Dr. Jonathan Page, de l’Université de Colombie Britannique – qui effectua un séquençage génomique du cannabis dès 2011 [21] – a créé Anandia Laboratories (un petit emprunt Védique!) pour lancer une production industrielle de cannabinoïdes à base de levure chimérique. Il en est de même de Kevin Chen et de sa société Hyasynth Bio. Ils attendent tous deux l’aval du Gouvernement Canadien. [96] Le Dr. Jonathan Page possède plusieurs brevets portant sur la voie de synthèse du THC. Une autre société biotechnologique de Californie, Amyris, évoque son souhait d’entrer dans la danse – d’autant plus qu’elle produit déjà du patchouli chimérique et de l’artémisinine tout autant chimérique. Nonobstant, il reste que la compétition est rude avec les producteurs de cannabis réel. Jonathan Page évoque la possibilité de se diversifier dans l’élaboration d’autres cannabinoïdes chimériques moins connus mais bientôt très demandés – tels que la cannabidivarine et la tétrahydrocannabivarine.

Quant à Kevin Chen, sa société Hyasynth Bio est basée à Hong Kong et c’est une filiale de la société biotechnologique FuturaGene basée en Israël, au Brésil et en Chine. FuturaGene est, elle-même, une filiale de Suzano Trading Limited, au Brésil, qui est, elle-même, une filiale de Bahia Sul International Trading Ltd au Brésil. FuturaGene est fort connue des activistes anti-OGM, et du Mouvement des Sans Terre au Brésil, puisque ces derniers, en mars 2015, détruisirent ses plantations de jeunes arbres d’Eucalyptus génétiquement modifiés (souche H421) pour lesquels FuturaGene demanda une autorisation en mai 2014. [102] [103] [104]

Les partenaires de FuturaGene incluent: Bayer; Evogen, en Israël, dont les partenaires notoires sont Monsanto et Syngenta; Forage Genetics International (qui est une filiale de Land O’Lakes Canada; elle-même une filiale de Masterfeeds LP; elle-même une filiale de Ag Processing Inc.); BioCentury Transgene, une société de biotechnologies Chinoise; AA Alliance en Thaïlande, impliquée dans la culture d’eucalyptus chimériques. 

Et pour en revenir à la levure, le Professeur Raphael Mechoulam, l’ancêtre de la recherche cannabinique en Israël, s’étonne: « Je me demande bien pourquoi quiconque s’évertuerait à produire du THC à base de levures; quant à la production de cannabidiole, c’est une autre histoire, car son élaboration à partir de plantes est quelque peu compliquée; et la demande est croissante ». Pour l’instant, les généticiens ne sont pas en manque de défis car ils estiment devoir insérer plus d’une douzaine de gènes dans la levure. [96] Du coupe-coupe en perspective. 

D’ailleurs, le cannabis avait également été séquencé génomiquement en 2011 par la société Medicinal Genomics Corporation, rachetée l’année suivante par Courtagen Life Sciences. [47] Et Tulsi aurait-elle également été honorée d’un séquençage génomique? Oui, durant l’été et l’automne 2015, furent publiés les deux premiers séquençages génomiques de Tulsi Rama et de Tulsi Krishna par deux équipes de scientifiques en Inde. [48] [49] [50] Lorsque le séquençage/dépeçage génomique émerge des laboratoires, la grande poussée industrielle vers les remèdes synthétiques et chimériques en est d’autant plus confortée et… inexorable. Inexorable, du moins, tant que les Peuples n’auront pas repris le Pouvoir! Les Peuples de l’Inde vont-ils laisser les Terroristes Pharmaceutiques breveter, synthétiser et chimériser leur bien-aimée Tulsi?

 

De la chasse aux sorcières cannabiniques… à la croisade de CaNNabis!

C’est ainsi que, selon les analystes de Wall Street, le cannabis médical est devenu un secteur très prometteur de milliards de dollars. Nombreux sont ceux qui évoquent tout simplement une nouvelle ruée vers l’or!!  C’est une manne miraculeuse pour l’Industrie: l’une des plantes les plus vilipendées, les plus ostracisées et les plus criminalisées de la planète (plus de 8 millions d’arrestations en 10 années seulement aux USA), la Marie-Jeanne, se métamorphose – quasiment du jour au lendemain – en un nouvel Or Vert. Le Canna/bis: un remake des Noces de Cana??

Selon le PDG de Privateer Holdings [81], (qui possède Leafly, un très gros portail cannabis sur la toile, [109] ainsi que les compagnies Tilray et Marley Natural), c’est un marché potentiel de 50 milliards de dollars aux USA seulement. Privateer Holdings est en train de lever, actuellement, 75 millions de dollars pour accroître son capital [82]. CNN, l’un des réseaux câblés de lavage de cerveau les plus toxiques des USA, est en train de préparer le peuple US à la nouvelle révolution. Et c’est leur médecin attitré, le très médiatique Dr. Sanjay Gupta, (l’une des 10 personnalités les plus influentes, en 2011, selon Forbes Magazine!), qui en 2013, lors d’un interview en Israël [58] avec le Dr. Shackelford de Breed It, (celui-là même qui affirme “qu’Israël est un bastion de la recherche cannabis”) a retourné sa veste de façon fulgurante – suite, sans doute, à une apparition miraculeuse de la mère céleste, Lakshmi ou Tulsi, ou peut-être, tout simplement, à la demande de Ted Turner, son propriétaire – pour devenir l’un des avocats les plus passionnés du cannabis médical. [59] Il explique, dans son documentaire “Weed”, qu’il a terminé sa chasse aux sorcières cannabiniques (lancée en 2009) pour se transformer en le serviteur le plus zélé de l’Industrie du Cannabis Pharmaceutique… après avoir découvert par lui-même, (quel cerveau!), au bout d’une année d’investigation… que le cannabis peut soulager tous les êtres humains dans les affres de terribles souffrances. Yes, We Can/nabis! Tout cela est cannabinoïdement très émouvant.

Dr. Sanjay Gupta a vraisemblablement découvert que le Marihuana Tax Act de 1937, aux USA, avait été mis en place l’année même où la société Popular Mechanics introduisait [60] un nouveau décortiqueur industriel de chanvre qui allait révolutionner l’économie. Le chanvre est une espèce dont la production de biomasse est tout simplement incroyable. Pour la production de papier: un hectare de chanvre produit quatre fois plus de pulpe qu’un hectare de forêts à papier. Pour la production de textiles: en 1938, Popular Mechanics évoquait la présence de plus de 5000 produits textiles sur le marché. [61] Et bien sûr pour la production de compost dans l’agriculture et le jardinage. Le Marihuana Tax Act de 1937 interdit aux paysans des USA de cultiver le chanvre –  ce qui laissa le champ extrêmement libre aux grandes industries du papier (dévoreuses de forêts: 95 % des séquoias géants ont été coupés aux USA), du textile (DuPont venait d’inventer le nylon!!) [63] et bien évidemment… des fertilisants de synthèse.

Il n’est que de consulter les vidéos proposées par CNN pour prendre conscience que la chaîne câblée fait de son grand mieux pour éduquer le petit peuple aux bienfaits du cannabis!!! Le programme CNN s’appelle “High Profits” [57] – un jeu de mots à peine dissimulé – que l’on pourrait traduire par “Profits Elevés” ou bien encore par “Le Fric de la Planante”. Ils auraient pu, tout aussi bien, l’appeler CaNNabis… vu que CNN est devenu aux USA le principal promoteur de toute cette industrie. CNN a lancé, en 2014, son “Weed 2. Cannabis Madness”: n’en doutons pas, la promesse d’une abondante manne financière.

Il existe même un Réseau Financier, Cannabis Financial Network (CannabisFN), chargé d’analyser les évolutions des Bourses dans le secteur du cannabis médical. [46] D’ailleurs, qui est Cannabis Financial Network? C’est une filiale de la société GrowOp Technology qui est, elle-même, une filiale de la société Terra Tech. [74] La société Terra Tech se focalise sur les biotechnologies pour reverdir la Planète. Et d’ailleurs, leur partenaire privilégié est la multinationale biocidaire Bayer.

Ce n’est donc pas étonnant que, le 7 octobre 2003, les USA se soient accordés à eux-mêmes, en toute simplicité, un brevet couvrant la totalité des cannabinoïdes en tant qu’anti-oxydants et neuro-protecteurs: “Cannabinoids as antioxidants and neuroprotectants”. [28] [29] Nous invitons à cliquer sur les liens suivants: [39] et [83] tous ceux (anglophones) qui seraient intéressés par quelque 130 études “scientifiques”, sur le thème des propriétés anti-cancer du cannabis, et par quelques centaines d’études “scientifiques”, sur le thème des propriétés thérapeutiques universelles du cannabis, publiées par l’Institut National de la Santé – à savoir le gouvernement des USA. Les anglophones peuvent également compulser le portail internet Pub Med – du gouvernement des USA. La recherche sur le terme anglais “cannabinoid” présente 19 619 publications scientifiques. [112] Quant à la recherche sur le terme anglais “cannabis”, elle présente 14 374 publications scientifiques! [111]  Cela veut dire que, durant les 20 dernières années, ce sont plus deux études qui ont été publiées, chaque jour, sur ce thème! Vous y trouverez des perles. Par exemple, cette recherche de l’Institut de Médecine Forensique de Fribourg, en Allemagne, qui invalide complètement les tests utilisés pour prouver la consommation de cannabis à partir de la présence de THC dans les cheveux. [110] A contrario, vous trouverez des études prouvant que les tests/THC  – utilisés par les Forces du Désordre – titrant négatifs ne prouvent en aucun cas la non-consommation de cannabis… car le THC a la capacité, chez certains individus, de se nicher dans les tissus adipeux et parfois de réapparaitre, au fil des années, lors d’un phénomène de stress ou tout simplement de manque de nourriture.

Et pour ne pas oublier le milliardaire prédateur George Soros du Groupe Bilderberg et du Council for Foreign Relations (CFR) (celui qui finance les crapules militaristes d’Avaaz), il a offert 1 million de dollars pour soutenir la campagne de légalisation du cannabis en Californie en 2012. Mais ce ne sont que des cacahuètes car George Soros (dont la fortune est estimée à 24 milliards de dollars) a investi, depuis 1994, 200 millions de dollars dans les campagnes de légalisation du cannabis! Une grande partie de cette somme est canalisée/cannabisée au travers de l’organisation Drug Policy Alliance dirigée par son fondateur Ethan Nadelmann. [83] Dans quel intérêt? Il y a beaucoup d’anguilles qui gigotent dans ce panier de crabes. Bloomberg propose une liste de 55 compagnies industrielles impliquées, totalement ou partiellement, dans le cannabis sous tous aspects (avec une capitalisation totale de 3 milliards de dollars). [107] Des cartes bancaires CB/CannaBis commencent même à émerger sur ce marché de dupes. Ainsi la Tommy Chong Cannabis GreenCard [108] est proposée par Cannabis Angel et la 420 Development Corporation (des filiales de FastFunds Financial Corporation qui est, elle-même, une société financière principalement impliquée dans les Casinos aux USA) en partenariat avec la société financière GreenHouse Payment Solutions. La Tommy Chong Cannabis GreenCard est une carte bancaire strictement réservée à l’usage de la commercialisation légale, médicale ou récréationnelle, du cannabis. Avec accumulation de bons points donnant droit à des petits cadeaux cannabiniques!

Tout cela n’est sûrement pas dans l’intention louable de redonner l’autonomie aux Peuples quant aux plantes et champignons qu’ils souhaitent ingérer ou utiliser pour l’alimentation, pour la thérapie, pour les rituels, pour les fibres, pour le compost…

 

Endocannabinoïdes, Système immunitaire et Acides Omega 3

C’est le Professeur Raphael Mechoulam de l’Université Hébraïque de Jérusalem – celui-là même qui a impulsé toute la recherche Israëlienne sur le cannabis thérapeutique depuis 1962 – qui, en 1964, a découvert le principe actif principal du cannabis, le THC. [75] C’est le Professeur Raphael Mechoulam, de nouveau, qui découvrit l’existence du système des cannabinoïdes endogènes – ou endocannabinoïdes – lorsque son équipe isola, en 1992, l’Anandamine – une dénomination résolument Védique! [71]. Notons, en effet, que cette appellation est dérivée du terme Sanskrit Ananda, signifiant “joie, félicité suprême”. Dans le corps humain, le système des endocannabinoïdes est vraisemblablement le système physiologique le plus important pour le maintien de la santé humaine. Il garantit l’homéostasie.

« Les cannabinoïdes affectent puissamment les réseaux neuronaux et ils jouent des rôles neuro-modulateurs essentiels au niveau du système immunitaire et des systèmes nerveux central et périphérique dans le corps humain. Nos corps produisent naturellement des cannabinoïdes (endocannabinoïdes) et les utilisent dans toutes les parties du corps où ils participent aux communications intracellulaires. Les cannabinoïdes (endo- ou ecto-) jouent des rôles modulateurs au niveau des neurotransmetteurs tels que GABA, 5HT, glutamate, acétylcholine, noradrénaline et dopamine, à partir d’un certain nombre de structures du système nerveux central telles que le cervelet, l’hippocampe, le striatum, la substance grise et le cortex. Ils agissent tel un mécanisme autorécepteur présynaptique en modulant le GABA tout autant que l’acide glutamique dans le système neuronal. Les récepteurs au glutamate induisent, en fait, la synthèse d’endocannabinoïdes en réponse à des indices environnementaux (ou internes) afin de réguler la libération de GABA et les niveaux de système. La production d’endocannabinoïdes altère l’architecture neurocognitive, stimulant la plasticité neuronale et les réponses aux perturbations environnementales. Durant des périodes de stress intense, ils sont généralement produits en très forte quantité. » (Stephen Harrod Buhner. Plant Intelligence and the Imaginal Realm. Traduction de Dominique Guillet).

Depuis janvier 2011, et la publication dans la revue Nature des recherches réalisées par une équipe Française [72], nous savons qu’une déficience en acides gras Omega 3 invalide totalement le fonctionnement harmonieux du système des endocannabinoïdes. Or selon l’INSERM, « Dans les pays industrialisés, les régimes alimentaires se sont appauvris en acides gras essentiels depuis le début du XXème siècle. Ainsi, le rapport entre les quantités d’acides gras polyinsaturés Oméga 6 et d’acides gras polyinsaturés Oméga 3 dans les rations alimentaires n’a cessé d’augmenter au cours du XXème siècle. Ces acides gras sont des lipides « essentiels » car l’organisme ne peut les synthétiser de novo. Ils doivent donc être apportés par le régime alimentaire ». [73]

En conclusion. D’une part, l’alimentation industrielle est archi-toxique et de plus en plus dépourvue des constituants les plus élémentaires pour la santé de l’humanité – tels que les acides gras Omega 3 – et le système des endocannabinoïdes est totalement dysfonctionnel chez une grande partie des êtres humains. D’autre part, les Autorités – sous le prétexte insensé de nous protéger contre nous-mêmes – ont criminalisé (aux USA, encore aujourd’hui, une arrestation/cannabis toutes les 45 secondes!!!) [80]) une source avérée de cannabinoïdes naturels, le Cannabis, depuis les années 1940, pour protéger les industriels du papier, du nylon, des fertilisants de synthèse, etc… et maintenant pour protéger les Cartels de la Pharmacie.

Que faire? Exigeons, comme nous l’avons fait avec Kokopelli pour les semences en pollinisation ouverte du Domaine Public, que les Autorités/Multinationales/Systèmes Bancaires Mafieux nous laissent en Paix. Exigeons la liberté de cultiver ce que nous souhaitons dans nos jardins et dans nos champs, la liberté de nous alimenter comme nous le souhaitons et la liberté de nous soigner comme nous le voulons.

Ce n’est d’ailleurs pas aux psychopathes de nous accorder ces libertés, c’est à nous de les incarner dans notre vie quotidienne. Prônons la non-coopération la plus intégrale avec les Dictatures Terroristes des Multinationales de l’Agro-Pharmaco-Chimie.

Dominique Guillet. Le 12 octobre 2015.

 

Hommage à Steve DeAngelo

Steve DeAngelo, [113] un activiste US, avec près de 40 années de lutte pour la légalisation du Cannabis, vient juste (le 24 septembre 2015) de publier son unique ouvrage: The Cannabis Manifesto: A New Paradigm for Wellness[114] Son ouvrage est préfacé par le maire de San Francisco. Steve a passé sa vie entière à lutter contre les Autorités – soit auto-proclamées, soit issues d’un Système Mafieux appelé “Démocratie” dont ces Autorités ont, elles-mêmes, créé les règles frauduleuses afin que l’unique fondement essentiel et primordial – permettant que le système fonctionne harmonieusement et démocratiquement!! – en soit, pour la plupart du temps, intégralement absent: à savoir, LA TRANSPARENCE. Afin que les Peuples y perdent à tous les coups/élections, ad vitam eternam. [Et d’ailleurs, pour rebondir sur la pathologie mortifère de l’extraction Occidentale, ci-dessus évoquée, n’est-il pas sidérant de voir que le concept d’élections, la base frauduleuse de la pseudo-démocratie, participe du même syndrome sémantique. Election = Extraction, du latin Eligere et du Grec Lego!!].

Steve raconte, dans le dernier chapitre de son ouvrage, “La légalisation ne peut pas être stoppée et ne sera jamais stoppée”, comment le Ministère de la Justice du gouvernement fédéral du président Obama (dont les promesses électorales étaient pourtant si “prometteuses” pour le cannabis médical…) lança, en Octobre 2011, une violente opération pour faire fermer tous les dispensaires légaux de cannabis médical dans les Etats ayant voté des lois pro-cannabis médical. Ils envoyèrent une simple lettre à tous les propriétaires ayant loué des locaux commerciaux à des dispensaires légaux – pour les menacer de poursuites judiciaires par le gouvernement fédéral. En l’espace de 3 mois, 600 dispensaires de cannabis médical furent fermés, aux USA, par la force de la persuasion et du chantage. Et Steve de préciser que cette opération cannabicide leur coûta juste une poignée de timbres postaux!

Steve DeAngelo est le fondateur d’un dispensaire médical créé en 2006, Harbor Side Health Center [115]  qui accompagne (avec 110 employés) environ 100 000 patients Californiens dans leur quête de cannabis médical (pour mémoire, en Californie, aujourd’hui, le cannabis non-médical reste illégal). Bravo Steve and Keep up the good work!

Steve DeAngelo a lutté plus particulièrement contre ces Autorités qui ont criminalisé le cannabis et ruiné la vie de dizaines de millions de familles en Amérique du nord (depuis 1937) par un système d’incarcération immonde. Steve a voué qu’il ne pourrait jamais garder le silence tant qu’un seul prisonnier/cannabis moisirait dans les prisons des Autorités. Comment ne pas être révolté lorsque l’on sait que ce sont des milliers de milliards de dollars (et d’euros) provenant des Cartels de drogues dures (cocaïne, héroïne, etc…) qui transitent par les plus grosses banques du monde Occidental (Barclays, HSBC, Wachovia, American Express Bank International, Bank of America, Wells Fargo, Banco Santander SA, Citigroup Inc, etc) et qui en assurent la pérennité? Sous quelle protection d’Etat? Nous allons présenter, dans cet article, un seul petit exemple parce que des ouvrages entiers pourraient être écrits sur ce dossier et d’ailleurs, certains ont déjà été rédigés… mais leurs auteurs ont eu la fâcheuse propension à se suicider d’une balle dans le dos! Subséquemment. Prenons, donc, l’exemple de la banque Wachovia (rachetée en 2008 par Wells Fargo): entre 2004 et 2007, la banque Wachovia a “blanchi” (et ce n’est pas un commentaire raciste) la bagatelle de 380 milliards de dollars en provenance des Cartels Mexicains. La banque Wachovia s’est repentie, en Cour de Justice US, et a payé une petite amende de 160 millions de dollars – en promettant que non, ils ne le feraient plus. [116] [117]  Nous allons garder nos commentaires pour un prochain article.

« Steal a little they throw you in jail; steal a lot and they make you a king.» Bob Dylan. 

 

How can we regain our Freedom / Lost by our own laws we must abide

When will we take back our Freedom / To choose the way we live and die

Big Box. Neil Young  [420]

 

Dreams of the Past comme flooding to the farmers’ mind, his mother and father

Family Seeds they used to save were gifts from God, not Monsanto, Monsanto

Their own child grows ill near the poisoned crops

While they work on, they can’t find an easy way to stop Monsanto, Monsanto

Monsanto Years. Neil Young  [420]

Molecular Veriditas

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Chapitre 7 de l’ouvrage de Stephen Harrod Buhner: Plant Intelligence and the Imaginal realm.

Traduction et publication par Xochi autorisées par l’auteur.

 

Stephen

Stephen Harrod Buhner vit au Nouveau-Mexique. Son institut s’appelle « The Foundation for Gaian Studies »

 

« Du point de vue évolutif, la sérotonine a existé chez les plantes bien avant l’émergence des animaux. En fait, la sérotonine peut être corrélée à l’évolution de la vie elle-même, plus particulièrement au travers du rôle du tryptophane, une molécule qui en est son précurseur. » Efrain Azmitia

« L’ADN connecte toute vie sur Terre à un code biochimique commun. » Kim Dawson

« Les neurones de la sérotonine évoluèrent à partir des plantes en tant que système régulateur général, qui réagit aux stimuli externes, afin de réaliser l’instabilité requise  par l’homéostasie. » Efrain Azmitia

Le système biologique auto-organisé, élégant et extrêmement sensible, que nous appelons la Terre, comme tous les autres systèmes auto-organisés, existe juste de l’autre côté du seuil de l’auto-organisation. Et comme tous les systèmes auto-organisés, il est constamment confronté par des événements qui affectent son homéostasie. L’une des innovations que Gaïa a générées, pour gérer cette situation, ce sont les réseaux neuronaux que tous les systèmes auto-organisés possèdent. 

Les réseaux neuronaux constituent une innovation très antique dans le système Gaïen et ils existent sous une large diversité de formes. Ils fonctionnent afin de traiter des flux de données entrantes et ils aident les systèmes vivants à générer des réponses eu égard à ces données. Plus ces réseaux neuronaux sont mutables, plus ils sont capables de réagir aux dynamiques environnementales, à jamais imprévisibles, dont tous les systèmes auto-organisés font l’expérience. La plasticité, ainsi que la capacité de création de nouvelles formes neuronales, leur sont donc intrinsèques – de la bactérie à l’humain et tout ce qui se trouve entre eux. Ainsi que les chercheurs Ming et Song le commentent:

« Quarante années après la découverte de la neurogenèse postnatale, dans le virus dentelé (hippocampe) du rat, les investigateurs ont maintenant fermement prouvé qu’une neurogenèse active, à partir de progéniteurs neuronaux, continue durant toute la vie dans certaines régions du système nerveux central (SNC) de tous les mammifères, incluant les humains… La neurogenèse adulte représente un exemple frappant de plasticité structurale dans l’environnement mature du système nerveux central »1.

La plus grande partie du cerveau humain reste plastique (tout comme des régions d’autres réseaux neuronaux, tels que ceux des plantes, par exemple).

La plasticité synaptique fait référence à la capacité que possède le cerveau d’altérer sa structure, soit en réponse à des substances qui affectent le traitement neuronal, soit en réponse à des requêtes environnementales externes ou internes.

Ce vieux bobard scientifique – une prévarication, une manipulation, une croyance sans fondements, une fabrication, un mensonge, un faux rapport, une rumeur non fondée – quant au cerveau se figeant juste après la naissance n’est, et n’a toujours été, en fait, qu’une falsification. 

ou, peut-être, est-ce une vérité se rapportant aux fondamentalistes,

ou à l’essence profonde des fondamentalistes –

quels que soient leurs fondements respectifs.

Cependant, de nombreuses régions du cerveau restent hautement plastiques durant toute la vie. Par exemple, la glie,

le réseau délicat de tissus connectifs qui entoure et soutient les cellules nerveuses

et plus particulièrement les astrocytes,

les très nombreuses cellules, en forme d’étoiles, du cerveau et de la moelle épinière qui soutiennent les structures endothéliales du cerveau, pourvoient des nutriments aux nerfs et aident à réparer les neurones endommagés,

qui ont un rôle très actif dans la neurogenèse adulte. Ils affectent la prolifération et la spécification des progéniteurs neuronaux ainsi que la migration et l’intégration de nouveaux neurones dans des circuits neuronaux préexistants du cerveau adulte. Intrinsèquement, l’environnement, le tissu qui soutient le réseau neuronal, aide à initier et à élaborer la formation de nouvelles structures neuronales, dans tout le cerveau et la moelle épinière, en réponse à des stimuli sensoriels provenant du monde extérieur.

Il prévaut une réorganisation continuelle, induite par les expériences, des réseaux synaptiques du cerveau impliquant de multiples structures intercorrélées. Plus particulièrement: des expériences plus profondes de l’arrière-scène métaphysique du monde extérieur agissent comme des apports environnementaux et modifient, en réaction, la structure physique et l’organisation fonctionnelle du cerveau. Le cerveau n’est pas « câblé » ; il ne possède pas de circuits figés.

Certaines sections du cerveau sont particulièrement enclines à la restructuration neuronale – dont le bulbe olfactif, l’hippocampe et le cervelet. Le bulbe olfactif génère une grande diversité de progéniteurs neuronaux qui migrent et se différencient en grains et en neurones glomérulaires. En réponse à l’ouverture des seuils de filtration, ou à des influences environnementales de toutes sortes, la plasticité et la neurogenèse au sein du bulbe olfactif s’intensifient considérablement – de nouveaux réseaux neuronaux se formant alors.

Les sens du toucher et de l’odorat constituent les premiers vecteurs sensoriels que Gaïa innova et sont donc les plus anciens. Le bulbe olfactif possède ses racines au plus profond du cerveau et l’odorat peut générer des réactions immédiates de l’organisme beaucoup plus intensément que la vue ou l’ouïe.

Dans l’hippocampe, la plasticité synaptique et la neurogenèse sont primordiales. L’hippocampe est intimement impliqué dans tous les processus de mémoire et d’apprentissage – moins la plasticité synaptique et la neurogenèse prévalent, plus les processus de mémoire et d’apprentissage sont médiocres et moins est fonctionnelle la capacité de l’organisme de s’adapter aux exigences de l’environnement. Au sein de l’hippocampe, sont générés de nombreux neurotransmetteurs et neurotrophines en réponse à des influences environnementales ou à des seuils de filtration sensorielle plus ouverts; ils sont hautement impliqués dans la plasticité neuronale.

Les neurotrophines constituent un groupe de molécules uniques qui promeuvent la survie, le développement, le fonctionnement et les relations structurelles des neurones. Parmi elles, on trouve le facteur de croissance des nerfs aussi connu sous le nom de NGF (Nerve Growth Factor), à savoir la neurotrophine-1; le facteur neurotrophique issu du cerveau, aussi connu sous le nom de BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), à savoir la neurotrophine-2; la neurotrophine-3 (à savoir NT-3); la neurotrophine-4 (à savoir NT-4). Tous sont hautement actifs dans l’hippocampe.

Le facteur de croissance des nerfs est fortement protecteur des neurones; sans lui, ils se meurent relativement rapidement. Il est particulièrement actif durant le développement embryonnaire. Le facteur neurotrophique issu du cerveau protège et soutient aussi les neurones existants de toute lésion mais il stimule également la production, la croissance et la différenciation de nouveaux neurones et de nouvelles synapses dans le cerveau (ainsi que dans le système nerveux périphérique, les yeux, les reins, les glandes salivaires et la prostate).

Attendez! Ma prostate possède des substances chimiques cérébrales!

Il est donc vrai que les hommes pensent avec leurs …

Il est exceptionnellement actif dans l’hippocampe, le cortex cérébral et le diencéphale. La neurotrophine-3 agit similairement au BDNF; c’est un facteur de croissance de nouveaux neurones, il favorise leur différenciation ainsi que la formation de nouvelles synapses. La neurotrophine-4 est moins connue mais elle semble agir de façon similaire.

Des nombreux neurotransmetteurs qui sont actifs dans l’hippocampe, l’un des plus cruciaux est la sérotonine, le 5-HT (5-hydroxy-tryptamine). En fait, la sérotonine joue de multiples rôles. Les agonistes de la sérotonine,

quel terme étrange, si proche d’agonie,

stimulent l’expression du facteur neurotrophique issu du cerveau, et autre neurotrophine, dans l’hippocampe,

Un agoniste est l’acteur principal, tout comme le pro-(t)-agoniste dans une histoire. Et sa racine étymologique est réellement agonie car le protagoniste est toujours déchiré par des conflits intérieurs et est toujours confronté à l’ant(i)-agoniste qui se tient dans le chemin de la réalisation des désirs du coeur. Le terme est dérivé de l’ancien Grec; les agonistes étaient des combattants, des prétendants, dans les jeux Olympiques.

et ils stimulent également les interneurones GABAergiques. Le GABA, l’acide aminobutyrique, est un neurotransmetteur majeur d’inhibition dans le système nerveux central qui agit afin de réguler l’excitabilité neuronale. Les interneurones GABAergiques sont des neurones qui élaborent et qui libèrent du GABA dans le cerveau et dans le système nerveux central. Le GABA est également important pour l’intégration spatio-temporelle dans l’hippocampe, à savoir la capacité de se localiser dans l’espace et dans le temps.

Il s’avère que – alors que la plasticité neuronale, et la filtration sensorielle, dans les diverses régions du cerveau et du système nerveux central, sont modulés par de multiples neurotrophines et neurotransmetteurs interagissant (et des systèmes de neurotransmetteurs, incluant les systèmes dopaminergiques, cholinergiques, GABAergiques et glutamatergiques) – de tous ceux-ci, le plus essentiel est, de loin, la sérotonine (5-HT).

 

La Sérotonine

Ce qu’il faut avant tout comprendre au sujet de la sérotonine, et de ses impacts étendus sur les réseaux neuronaux, c’est qu’il existe un nombre considérable de neuro-récepteurs 5-HT dans le cerveau, dans le système nerveux central et dans tout le corps – quelle que soit la forme de vie contenant le réseau neuronal. Chez les êtres humains, les récepteurs sont identifiés par le groupe auquel ils appartiennent. Il existe présentement sept groupes de récepteurs connus qui sont les récepteurs 5-HT 1-7, par exemple 5-HT1 ou 5-HT2. Il existe également au moins quinze sous-types de récepteurs de sérotonine dans les sept groupes. Ils sont désignés par l’addition de sous-lettres, par exemple 5-HT1a ou 5-HT2b. Les récepteurs 5-HT2a  sont parmi les plus importants; ils sont exprimés dans tout le système nerveux central aux environs des régions riches en terminaux sérotoninergiques. Cela inclue de nombreuses régions dans tout le cerveau, dont le globe pariétal (qui intègre les informations sensorielles à partir de divers systèmes sensoriels), le cortex somatosensoriel (localisé dans le globe pariétal et qui constitue le centre principal de traitement pour le sens du toucher), le cortex préfrontal (qui est impliqué dans la cognition, l’expression de la personnalité, le comportement social et la prise de décision), le tubercule olfactif (qui est connecté avec de nombreuses régions du cerveau et plus spécifiquement les centres sensoriels qui traitent les données sensorielles entrantes) et les dendrites apicales des cellules pyramidales dans le cortex cérébral, l’hippocampe et les amygdales. Les récepteurs 5-HT2a  sont localisés, en fait, partout où se produit de la filtration sensorielle.

En sus de tout le système nerveux, les récepteurs 5-HT2a  sont également exprimés dans les plaquettes, dans le système cardiovasculaire, dans le système entérique, dans les mastocytes, dans les fibroplastes, sur les neurones dans le système nerveux périphérique et dans les monocytes humains.

Les récepteurs 5-HT2a sont essentiellement localisés dans tous les systèmes en contact avec le monde extérieur: le cerveau qui analyse les données sensorielles, et autres données, en provenance du monde extérieur; le coeur qui ressent le toucher du monde sur lui au travers du champ électromagnétique qu’il génère; le système entérique qui ingère le monde extérieur; le système immunitaire qui analyse tout contact extérieur quant à sa virulence potentielle.

Plus spécifiquement: il existe des réseaux neuronaux uniques dans le coeur (qui possède la faculté sophistiquée de ressentir les significations dans tout champ électromagnétique qui est rencontré), dans le système entérique (à savoir dans le tractus intestinal, ce qui permet à l’organisme d’analyser la nature des substances qui sont rencontrées, sans avoir à les ingérer, en ressentant leurs champs électromagnétiques), dans le système immunitaire (ce qui permet au système auto-organisé d’analyser la nature des menaces qu’il rencontre afin d’y parer en conséquence) et dans le cerveau (ce qui permet à l’organisme de traiter les données entrantes selon des voies hautement sophistiquées). Chacun de ces systèmes utilise la sérotonine au travers de réseaux étendus de récepteurs afin de faciliter des formes spécifiques de cognition, chacune d’entre elles étant essentielle au maintien de l’homéodynamique chez les êtres humains. La sérotonine, et tous ces types de récepteurs, ne sont pas, cependant, limités aux êtres humains. Ils sont omniprésents dans tous les systèmes vivants de la planète: dans les animaux, dans les insectes et dans les plantes. Et chez eux, ils jouent des rôles similaires.

Par exemple, dans la mouche du fruit, Drosophila melagonaster, les récepteurs 5-HT1a, 5-HT2 et 5-HT7 sont tous hautement impliqués dans l’apprentissage et la mémoire, et plus particulièrement lorsque des données olfactives sont traitées.  Chez Manduca sexta, le sphinx du tabac, la sérotonine, et des récepteurs similaires, traitent les données sensorielles olfactives que le sphinx perçoit au travers de ses antennes. L’ouverture plus ample des seuils de filtration des récepteurs de sérotonine – induite par une augmentation de la consommation ou de la production de sérotonine – augmente la sensibilité du sphinx vis à vis de données olfactives entrantes, accroit sa discrimination olfactive et stimule sa rétention et son rappel des expériences. Les niveaux de sérotonine sont les plus élevés –  et ce n’est pas étonnant – aux moments exacts de la journée où le sphinx a besoin d’être en résonance avec sa capacité de discrimination olfactive.

Il existe une raison pour laquelle les neurochimiques, tels que la sérotonine et la mélatonine, sont si profondément impliqués dans les rythmes circadiens.

Et chez l’abeille à miel, il existe un réseau neuronal gustatif, l’équivalent du système nerveux entérique humain, qui est hautement dépendant de la sérotonine, tout autant que de la dopamine, une autre molécule neuroactive importante – et de leurs récepteurs. Ainsi que Géraldine Wright le commente:

«Mes collaborateurs et moi-même avons établi que l’abeille mellifère possède la capacité d’apprendre à éviter les odeurs associées avec des toxines dans la nourriture en ayant recours à deux voies neurologiques indépendantes. Lors de ces expérimentations, nous avons découvert que les abeilles mellifères peuvent apprendre à associer des odeurs avec des toxines qu’elles peuvent, préalablement à la digestion, détecter au moyen de leur proboscis. Cette forme d’apprentissage est essentiellement réalisée au travers de la dopamine, un neurotransmetteur.»

« Préalablement à la digestion » , à savoir sans goûter. Elle continue…

« Nous avons également découvert un second mécanisme: les abeilles peuvent apprendre à éviter des odeurs associées avec le malaise généré par l’ingestion de toxines. Cette forme d’apprentissage est sous le contrôle de la sérotonine »2.

L’apprentissage du goût est sous le contrôle de la sérotonine dans le système entérique de l’abeille. (Ce même processus se manifeste chez les humains lorsque les bébés apprennent à aller à quatre pattes et commencent à porter des choses à la bouche). C’est non seulement le système immunitaire qui apprend – et se renforce par la même occasion – mais également le système entérique. C’est, en effet, au travers de ce processus qu’il apprend à déterminer la comestibilité de ces choses sans avoir à les goûter dans le futur; il calibre les données sensorielles au travers des réseaux neuronaux du système entérique). On a trouvé, également, d’autres neuromédiateurs actifs dans le système sensoriel de l’abeille dont le glutamate et des endocannabinoïdes.

Des endocannabinoïdes… ne sont-ce pas ceux…?

Bien sûr que si!!

La sérotonine et les récepteurs 5-HT, dans les systèmes vivants, sont hautement impliqués dans l’analyse de la comestibilité de nourritures potentielles au travers, à la fois, de l’analyse du champ électromagnétique et du sens de l’odorat. Les nématodes qui ne possèdent pas de récepteurs 5-HT ne peuvent pas apprendre à éviter les odeurs associées avec l’ingestion de bactéries pathogènes. Les limaces, les seiches, les mantes et les sauterelles utilisent toutes, de la même manière, le système sérotonine pour le traitement des données gustatives et olfactives.

Cette capacité à déterminer la comestibilité au travers d’un diagnostic pré-ingestion,

elle est commune chez tous les êtres vivants. Mais vous ne pouvez la développer que si vous faites confiance à votre corps, si vous lui faites confiance pour sentir pour vous, ainsi qu’il est destiné à le faire. Comme Goethe le dit: « Cela fait une différence magnifique si vous trouvez en votre corps un allié plutôt qu’un adversaire ». La méfiance du corps nous abime en profondeur.

La sérotonine et les récepteurs 5-HT modulent également les réactions aux stimuli visuels, incluant le degré de perception visuelle et son interprétation au sein d’un large spectre de formes de vie incluant les abeilles mellifères et les drosophiles. Lorsque les seuils de filtration s’ouvrent plus grands en réaction à la sérotonine, la quantité de données visuelles entrantes s’accroît, tout autant que la sensibilité visuelle augmente et tout autant que l’analyse et les corrélations croisées des flux plus larges de données.

La sérotonine affecte également les relations individuelles/communautaires au sein des systèmes vivants. Chez la drosophile, elle est intimement impliquée dans les interrelations individu/communauté par le biais d’une modulation extensive des récepteurs sérotoninergiques. L’activation des récepteurs 5-HT2 décroit l’agressivité et augmente la coopération au sein de la communauté tandis que l’activation des récepteurs 5-HT1a tend à accroître l’agressivité et à réduire la coopération. Cette modulation sérotoninergique de la coopération se retrouve dans de nombreuses formes de vie, incluant les grillons, les crustacés, les rats, les chimpanzés, les humains et, bien sûr, les criquets pèlerins.

 

Histoires de criquets pèlerins

Les principales voies sensorielles, chez le criquet pèlerin, convergent dans les ganglions thoraciques plutôt que dans l’hippocampe comme chez les humains. Les données sensorielles – telles que les données visuelles et olfactives – y sont filtrées et traitées de la même manière que chez tous les systèmes vivants. Chez les criquets pèlerins, cependant, l’inclination pour les données sensorielles entrantes – par le biais d’impacts sur le système de la sérotonine et de ses récepteurs – d’altérer le phénotype, (dans cet exemple, le comportement), est extrême.

Les criquets pèlerins sont, par nature, des solitaires obsessionnels. Cependant, des données sensorielles émanant de l’environnement peuvent, une fois qu’un certain seuil est atteint, stimuler un changement rapide dans leur phénotype qui les fait se transformer en insectes hautement grégaires – au point, en fait, de se constituer en essaim.

Ils font preuve, comme les chercheurs l’expriment:

« d’une extrême plasticité phénotypique et ils passent d’une phase solitaire et discrète à la phase notoire grégaire et essaimante… Nous démontrons ici que la sérotonine, un médiateur de plasticité neuronale, conservé par l’évolution, est responsable de cette transformation comportementale, étant à la fois nécessaire et suffisant pour stimuler la grégarisation comportementale »3.

Les chercheurs commentent de plus que:

« la grégarisation comportementale, chez les criquets pèlerins, requiert l’interprétation de signaux complexes de conspécifiques induisant des transformations de long terme dans la manière dont les individus réagissent lors de rencontres futures. La grégarisation comportementale, donc, ressemble à une formation de mémoire, avec des expériences sensorielles spécifiques altérant un comportement futur, dans ce cas celui des criquets pèlerins. Cela implique une séquence de transformations qui crée un phénotype comportemental intégré adapté à un environnement biotique altéré»4.

En d’autres mots, des indices environnementaux, transférés par le biais de données sensorielles, génèrent une modulation sophistiquée des réseaux neuronaux des criquets pèlerins grâce à l’activité de la sérotonine et de ses récepteurs qui résultent en un changement immédiat et conséquent de comportement  – essentiellement un changement de phase. La beauté de ce communiqué est telle qu’elle révèle qu’un système auto-organisé, restant proche du seuil de l’auto-organisation, module non seulement son génotype en réponse à un environnement altéré (comme le font les bactéries) mais tout autant son phénotype. Et dans ce cas, le comportement d’une espèce entière. Et ce faisant, l’espèce essaime et commence, à ce moment là, à agir comme un ensemble unifié, un système auto-organisé plus grand que ses composants individuels qui eux-mêmes possèdent une structure neuronale. C’est comme l’eau en glace. Un moment, un état, et ensuite quelque chose de complètement différent émerge soudainement. Cette phase stimule, dans l’entièreté de l’espèce, des comportements qui garantissent sa survie sous des conditions environnementales modifiées. Ainsi que les chercheurs le notent: « la plasticité phénotypique, l’expression différentielle de phénotypes alternatifs à partir d’un phénotype unique dépendant des conditions environnementales, s’avère d’une importance évolutive considérable » 5.

Sommes-nous en train de nous engager dans une expression « variante » de la sensibilité perceptive humaine? S’il en était ainsi, ne pourrait-on pas alors la considérer, peut-être, comme une évolution adaptative bénéfique? Comme une réalité démographique antique, peut-être câblée aux âmes de certains, qui enrichit et diversifie, authentiquement, la civilisation humaine.

La sérotonine et ses analogues, ainsi que l’ont découvert tant de chercheurs, sont intimement impliqués dans la création de comportements alternatifs chez les systèmes vivants en réaction à des données sensorielles entrantes concernant des conditions environnementales. Ces comportements alternatifs, normalement à l’extérieur des paramètres habituels la vie quotidienne, permettent des réponses adaptatives à des conditions altérées. C’est sur ces réponses adaptatives que repose la capacité de l’espèce – et du système Gaïen – de survivre et la capacité des systèmes auto-organisés de rester intacts.

La sérotonine et ses récepteurs sont également intimement impliqués dans le codage temporel, à savoir le sens du temps d’un organisme, qu’il semble en vitesse normale, très rapide ou incroyablement lent. Il s’agit également de fonctions adaptatives.  Le cadre percepteur se modifie de par l’altération du sens du temps. Durant le ralentissement, l’organisme vivant peut accueillir les données entrantes avec une plus grande spécificité et attention, augmentant, par conséquent, sa capacité à s’adapter à des messages conviés par les flux de données entrantes.

Harry Anslinger, le principal promoteur de l’interdiction légale du cannabis dans les années 1920/1930 « écrivit un jour, dans un rapport officiel, que la musique swing avait été créée par un musicien amateur de cannabis et que lui-même n’aimait pas cette musique. Selon les paroles de Munch, son assistant, l’effet que les musiciens recherchaient dans la Mariejeanne était un rallongement de leur sens du temps leur permettant de rajouter plus de notes gracieuses dans leur musique que s’ils se contentaient de suivre la partition écrite. Munch se plaignit qu’un musicien normal ne jouerait un morceau de musique que comme il était écrit et qu’un musicien utilisant le cannabis intégrerait environ deux fois plus de notes, qu’il le jazzerait » 6.

La sérotonine et ses récepteurs, comme ils sont modulés, affectent la fonction du système nerveux central et l’adaptabilité de l’organisme (et de l’espèce) aux influx environnementaux. La plasticité neuronale, la neurogenèse, la fonction immunitaire, la fonction cardiaque, le sens du toucher (kinesthésique ou non), la sexualité et la reproduction, l’apprentissage, la mémoire, l’état émotionnel, le sommeil et le rêve, le sens du soi et de l’autre, le phénotype (et même le génotype) ainsi que les dynamiques de filtration sensorielle, dans tout le système nerveux central, sont tous affectés. La cognition, à savoir ce que vous percevez et pensez, varie considérablement en fonction des variations des dynamiques de la sérotonine. Le nombre, la fonction et les dynamiques des récepteurs 5-HT dans tout le système se métamorphosent en réponse aux changements de conditions environnementales.

Il existe, en fait, des signaux environnementaux spécifiques qui, lorsqu’ils se manifestent, stimulent la production, la libération et l’intégration de nouvelles structures neuronales et de cellules au sein des réseaux neuronaux existants. Et une grande partie de ces signaux environnementaux influent sur le système nerveux central en activant la sérotonine et des récepteurs très spécifiques de la famille des récepteurs sérotoninergiques. En d’autres mots, les récepteurs sérotoninergiques, chez les êtres humains, réagissent aux influx environnementaux en modifiant continuellement leur degré d’activation.

Et non, tout cela n’est pas un processus réductionniste et mécanique tel que nous ne sommes qu’un produit de notre chimie. Nous sommes engagés dans une conversation complexe; ce n’est pas un monologue. Il se peut que la plupart de nos réponses soient en-dessous du seuil de conscience mais c’est cependant une conversation empreinte de signifiant. Les significations sont cruciales. Ce n’est pas la substance chimique mais le message qu’elle convie qui établit le plus grand affect sur le système qu’elle touche. Notre système analyse les flux de messages entrants et choisit ensuite comment il y répond. La manière dont nous modifions la production de sérotonine, et la structure de réseau neuronal, est un choix; cela n’est pas imposé par un monde totalitaire et mécaniquement contrôlé.    

Les modifications des dynamiques des récepteurs sérotoninergiques se manifestent dans l’entièreté du système en réponse à des influx. Les récepteurs 5-HT1a libèrent le facteur d’extension des neurites gliales, une substance qui stabilise les microtubules qui constituent la structure principale du cytosquelette des cellules nerveuses existantes ou nouvellement formées, incluant les neurones et les astrocytes. Quant aux récepteurs 5-HT2a, ils ouvrent plus les seuils de filtration sensorielle afin d’apporter plus de données sensorielles, permettant ainsi un plus large spectre de réponses comportementales – des réponses existant en dehors des paramètres habituels et normaux. Il existe une symphonie de réponses dans l’entièreté du système qui agit pour moduler le flux de données sensorielles et la réponse que l’organisme y apporte, incluant la forme physique de toute la structure neuronale. De ce point de vue, la sérotonine constitue ce que certains chercheurs appellent « un facteur global impliqué dans l’homéostasie du cerveau »7.  La sérotonine est, sous de nombreux aspects, la molécule la plus importante pour le fonctionnement et la gestion des réseaux neuronaux dans tous les systèmes auto-organisés.

 

Gaïa et la Sérotonine

La sérotonine, ou 5-HT, est une très ancienne molécule qui est tout d’abord apparue, il y a des éons de cela, dans les organismes unicellulaires aérobies. Comme pour toutes les innovations Gaïennes, des complexités futures de formes et de fonctions furent bâties sur les fondations de cette découverte antique.

La sérotonine est l’une des structures qui connectent.

C’est, en elle-même, une superstructure, tout comme toute auto-organisation

Les bactéries utilisent cette molécule; il en est de même de tous les champignons, insectes, plantes et animaux. Elle est très profondément entrelacée dans le système Gaïen et dans tout son fonctionnement neuronal. D’un point de vue moléculaire, 5-HT possède une configuration d’anneau unique en son coeur, un anneau de benzène.

qui est incroyablement commun dans le carbone de plante enfoui,

à savoir du pétrole brut.

Le benzène est fondamentalement un hexagone équilatéral. Cela le rend extrêmement stable et hautement fonctionnel – il est très aisé, comme les plantes l’ont découvert depuis très longtemps, de lui connecter d’autres structures moléculaires, en créant ainsi des variations sur le thème.

Et c’est pourquoi les compagnies pharmaceutiques l’utilisent

pour confectionner leurs drogues

qui sont toutes, d’ailleurs, des variations sur des innovations végétales

qui remontent à des millions d’années

L’une des innovations les plus essentielles sur l’hexagone de benzène est l’anneau indole. Il est composé d’un anneau de benzène fusionné avec un anneau pyrrole, contenant de l’azote, à cinq côtés. C’est en fait un hexagone avec un pentagone collé à un côté. C’est de cette structure de base que le tryptophane, l’un des acides aminés les plus essentiels, est généré. Les plantes et les microorganismes synthétisent beaucoup de tryptophane et à partir du tryptophane, ils élaborent une pléthore de choses intéressantes – entre autres, la sérotonine, la mélatonine et l’auxine. Ces composés sont de puissants agonistes dans le système nerveux central humain (à savoir la mélatonine et la sérotonine) et dans le cerveau racinaire de la plante (la sérotonine, la mélatonine et l’auxine) agissant afin de protéger et de générer des neurones et des structures cérébrales.

La structure d’anneau indole, au travers d’une diversité de formes innovatrices,

molecular veriditas

permet le développement des réseaux neuronaux bactériens, fongiques et végétaux et des réseaux similaires chez les crustacées, les insectes et tous les animaux, incluant les humains. De tels composés sont omniprésents dans tous les réseaux neuronaux de la planète. La sérotonine, par exemple, a émergé il y a très longtemps dans le système Gaïen, ainsi que le chercheur Efrain Azmitia l’observe:

La réalité de la situation est telle que les « neurotransmetteurs » sont antérieurs à la formation des tissus nerveux. On trouve la sérotonine dans tous les animaux, dans toutes les plantes et dans la plupart des organismes unicellulaires. Elle est synthétisée à partir de l’acide aminé tryptophane au travers de l’action de deux enzymes, la tryptophane hydroxylase et la L-amino acide décarboxylase (ou 5-hydroxytryptophane décarboxylase).

Et il s’avère que la structure de l’anneau indole, à partir desquels sont générés le tryptophane et la sérotonine, émergea à une jonction cruciale de la vie sur Terre. Ainsi qu’Efrain Azmitia continue:

« La création de la structure indole a réalisé une fonction importante au début de la vie aérobie sur Terre. La conversion de l’énergie (photons) dérivée du soleil en énergie biologique requiert la capture d’une onde de lumière et la perte d’un électron. Il est très intéressant de souligner que l’anneau indole est la molécule la plus efficace pour accomplir cette tâche ». 8

La structure en anneau indole capture l’énergie de lumière provenant du soleil et la convertit en énergie biologique, faisant ainsi fonctionner tout le système vivant du monde ainsi que nous le savons de nos jours. Et bien que ce soient les bactéries qui la découvrirent tout d’abord, c’est au sein des plantes qu’elle est la plus active – et ce de façon cruciale – car ce sont les plantes qui focalisent une grande partie de leur temps à capturer l’énergie de la lumière et la convertir en énergie biologique durant le cycle complexe oxygène/dioxyde de carbone. Cette molécule – et son utilisation universelle par les organismes générant de l’oxygène – fut intimement impliquée dans le passage Gaïen vers une atmosphère chargée d’oxygène – et donc vers l’émergence de l’humain.

Antérieurement à l’innovation Gaïenne de photosynthèse, il n’existait que peu d’oxygène libre dans l’atmosphère. L’oxygène est à ce point excessivement réactif qu’il se combine immédiatement avec d’autres substances. Et au fil du temps, l’atmosphère elle-même devient inerte, non-réactive telles que le sont les atmosphères sur Mars et sur Vénus.

Ce fut cette profonde intuition qui conduisit James Lovelock à comprendre la Terre comme un être vivant. Quelque chose, découvrit-il, doit garder les niveaux d’oxygène intentionnellement élevés. L’atmosphère de la Terre, en effet, est régulée comme elle l’a toujours été et ce… depuis très très longtemps.

En d’autres mots, l’innovation Gaïenne de cette structure d’anneau indole fonde totalement l’émergence d’organismes utilisant l’oxygène et de tout l’écosystème qui a émergé et dont ils sont partie intégrante. Sans lui, le type de métabolisme qui fait fonctionner la plupart des formes de vie sur cette planète n’aurait pas pu se développer. Et n’oublions pas une chose… l’oxygène est un gaz toxique.

Tout cela ne semble pas faire de sens, n’est-ce pas?

Lorsque l’oxydation devint la forme primordiale de production d’énergie sur la planète, le problème des agents oxydants réactifs, qui sont générés durant la combustion d’oxygène, émergea. L’oxygène fait non seulement fonctionner la vie, il la détruit aussi… dont les structures neuronales.

La rouille est l’oxydation du fer, un processus faisant partie de sa biodégradabilité. Un processus similaire se manifeste avec les cellules vivantes, dont les neurones, lorsqu’elles sont exposées à l’oxygène au fil du temps. C’est en partie pourquoi les réseaux neuronaux, tels que nos cerveaux, fonctionnent d’autant moins que nous vieillissons. Nous rouillons.

Lorsque le système Terre adopta l’utilisation de l’oxygène pour faire fonctionner des formes complexes de vie, ces organismes vivants durent développer des mécanismes pour protéger les structures cellulaires des sous-produits de l’oxygène (et pour régénérer ces structures, lorsque nécessaire). C’est ainsi que les organismes vivants commencèrent à créer des antioxydants exceptionnellement puissants, souvent à partir du tryptophane. La plupart des composés qui sont des innovations sur le tryptophane – incluant la sérotonine, la mélatonine et l’auxine – sont également parmi les antioxydants les plus puissants que l’on connaisse. Azmitia commente que:

« Le tryptophane a toujours été une clé de la vie en raison de sa capacité à convertir l’énergie solaire en énergie biologique. De par ce processus, le tryptophane et ses molécules associées sont impliqués dans tous les aspects de la vie d’un organisme: la mitose, le mouvement et la maturation. Lorsque l’oxygène commença à devenir l’un des constituants majeurs de l’atmosphère de la Terre, les enzymes qui accomplissaient une fonction essentielle en convertissant le dioxyde de carbone en glucose évoluèrent alors pour hydroxyler de nombreux substrats. L’hydroxylation conduit à 5-HTP et à 5-HT tout autant qu’à de nombreux alcaloïdes indoliques. » 9

L’hydroxylation, en d’autres mots, conduit à la production de sérotonine (5-HT) et d’autres alcaloïdes indoliques tels que la psilocybine et les précurseurs du LSD dans les ergots de céréales. Et 5-HT fonctionne non seulement pour moduler la filtration sensorielle mais il protège également les structures neuronales de l’oxydation – ce sont des fonctions en strates très communes,  dans les innovations Gaïennes.

Les plantes – qui précèdent l’émergence de notre espèce d’une longueur de temps considérable et qui sont profondément impliquées dans la transformation de l’énergie de la lumière solaire et dans la production d’oxygène – sont, et ce n’est pas surprenant, intimement impliquées dans l’hydroxylation et dans la production de tryptophane et de ses dérivés. Ainsi qu’Azmitia le souligne:

« En sus des algues, des champignons et des moisissures, les générateurs les plus efficaces d’oxygène et de sérotonine sont les plantes. Les niveaux de sérotonine à l’intérieur des plantes sont cent fois supérieurs à ceux que l’on trouve dans les cerveaux animaux » 10.

Il continue: « Une observation plus attentive des plantes confère les preuves que la sérotonine et ses dérivés, tels que la mélatonine et l’auxine, accomplissent des fonctions cruciales dans la vie et l’organisation des plantes. Les plantes sont des organismes multicellulaires complexes qui possèdent des cellules spécialisées fonctionnant comme une unité, une organisation holistique. Les plantes évoluèrent une organelle intracellulaire spécialisée, le chloroplaste, non seulement pour capturer la lumière mais aussi en tant que source de la synthèse du tryptophane. Tous les enzymes destinés à la production de tryptophane étaient localisés au sein des ces organites spéciales et ne pouvaient se métamorphoser en leur forme mature qu’à l’intérieur des chloroplastes. Les plantes sont extrêmement efficaces pour capturer la lumière parce qu’elles sont extrêmement efficaces pour produire du tryptophane. » 11.

Et juste pour mémoire, les plantes n’ont pas « évolué » les chloroplastes. Les chloroplastes sont des anciennes bactéries libres qui furent incorporées dans ce qui est devenu des cellules végétales par le biais de la symbiogenèse. Il n’est donc pas surprenant que les récepteurs responsables pour la transformation du tryptophane, tels que la sérotonine et l’auxine ainsi que les composés variés que nous appelons des neurotransmetteurs, se retrouvent dans les structures végétales et plus particulièrement dans le système cerveau/racines de la plante. Et on les trouve également dans les formes, les plus « primitives », « d’animaux » que Gaïa ait innovées, à savoir les éponges.

Ainsi que Wu et Copper le commentent: « La présence précoce du tryptophane est une raison pour laquelle 5-HT est potentiellement le premier neurotransmetteur découvert avec le développement du système nerveux. 5-HT agit à la fois comme un neurotransmetteur et une neurohormone et comme un modulateur puissant de neurones et de divers tissus dans de nombreuses espèces animales (et invertébrées)»12.

La sérotonine est toujours présente dès qu’il s’agit de réseaux neuronaux. En fait, tous les réseaux neuronaux sont innervés par cette structure moléculaire particulière.

A savoir, tous les réseaux neuronaux

incluant ceux formés par de larges agrégats d’organismes

tels que des essaims viraux ou des écorégions.

Des molécules modifiées de tryptophane, telle que la sérotonine, sont profondément impliquées dans la formation des dynamiques de groupes sociaux, quelque soit l’espèce concernée. Elles sont profondément impliquées dans le sens du soi, dans la capacité pour l’empathie et la coopération, dans la réactivité aux stimuli et dans la perception des messages codés dans les flux sensoriels. Et elles sont également intimement impliquées dans la plasticité des réseaux neuronaux, ainsi qu’Azmitia l’observe:

« la neuroplasticité est un attribut nécessaire de tout système homéostatique mais un développement précoce et des interconnexions globales confèrent à ce système une amplitude holistique. La capacité de métamorphoser la morphologie, de stimuler la neurogenèse et la différenciation ou de promouvoir la survie cellulaire est affectée par l’acétylcholine, les catécholamines, le GABA, les acides aminés excitateurs (le glutamate et la glycine) et les neuropeptides. Cependant, seule la sérotonine (5-HT) possède les capacités évolutives et anatomiques pour servir de régulateur global qui unifie l’entièreté du cerveau en un système biologique cohésif. » 13.

La sérotonine est sans doute la molécule la plus essentielle pour les réseaux neuronaux de la planète. Entre autres fonctions, la sérotonine module les dynamiques de connexion neuronale dans le cerveau et le système nerveux central. La sérotonine altère continuellement la chimie des neurones cibles et régule fortement la morphologie cellulaire des neurones, en d’autres mots leur forme et leur structure. Ainsi qu’Azmitia le souligne: « La sérotonine influence la morphologie des neurones moteurs et sensoriels impliqués dans le maillage neuronal afin de découvrir la source des stimuli pertinents. » 14. En sus de leurs autres fonctions, ainsi qu’Azmitia le commente: « les neurones sérotoninergiques sont essentiellement des neurones sensoriels (à savoir activés par ses stimuli externes). » 15. Répétons-le, les récepteurs de sérotonine existe dans chacun des systèmes neuronaux qui connectent avec le monde extérieur: le cerveau, le coeur, le système entérique (tractus intestinal) et le système immunitaire. La sérotonine et ses récepteurs sont les modulateurs des flux de données sensorielles. La sérotonine affecte également les cellules durant toutes les phases de leur développement, dont le développement et le fonctionnement de tous les organes. C’est intrinsèquement un régulateur de tous les systèmes auto-organisés du plus petit (la cellule) au plus grand (Gaïa). Elle soutient le réseau neuronal de tous les systèmes auto-organisés à tous leurs niveaux de développement. Et elle fonctionne, sur un plan plus large, en tant que régulateur global, afin de soutenir l’auto-organisation des structures symbiogénétiques plus larges – les organes dans les organismes, les écosystèmes dans les écorégions et les écorégions dans Gaïa. Des neurones qui forment des réseaux neuronaux agissent à l’image d’un essaim. Ils agissent par le biais d’une action de masse et coordonnée – de concert

en synchronie

les uns avec les autres, à la fois dans les plus petits systèmes locaux en lesquels ils sont localisés et au plus grand niveau où tous les neurones dans tous les sous-systèmes se synchronisent les uns avec les autres afin de former un plus grand système auto-organisé avec un plus grand potentiel de traitement de données.

Telles que les plantes dans une écorégion

et les criquets-pèlerins dans un essaim

Dans le cerveau humain, les noyaux du raphé, dans le tronc cérébral, s’avèrent constituer la région principale qui contrôle la libération de sérotonine dans le reste du cerveau. Ils interagissent avec toutes les régions du cerveau, ils sont profondément impliqués dans les rythmes circadiens, dans le sommeil et dans le rêve, et ils sont continuellement impliqués dans un processus complexe de feed-back entre eux-mêmes et le reste des structures neuronales et des neurones sérotoninergiques du cerveau. Azmitia commente, excessivement que:

« Les neurones du raphé, qui se projettent globalement, possèdent les caractéristiques anatomiques et fonctionnelles de coordonner la physiologie de l’entièreté du cerveau. Bien que des actions spécifiques de 5-HT soient locales, leur amplitude est cependant globale. La perturbation d’un groupe de neurones du raphé influence le système entier. Le rôle de 5-HT en tant que composé intégrateur de tissus neuronaux met en exergue l’importance de la neuroplasticité. Les neurones 5-HT manifestent des réactions fonctionnelles et morphologiques vis à vis d’une diversité de  facteurs neuronaux et non-neuronaux… Les neurones sérotoninergiques évoluèrent à partir des plantes, en tant que système régulateur général, qui réagit à des stimuli externes afin de produire des modifications structurales intégrant ces signaux… Le système se modifie lui-même afin de réaliser l’instabilité requise pour maintenir l’homéostasie. Cette fonction de la sérotonine peut s’observer dans les plantes et les organismes unicellulaires bien avant l’émergence des neurones chez les êtres humains. Les fluctuations des niveaux de sérotonine sont répandus dans tout le cerveau et servent à intégrer dynamiquement et à stabiliser la structure et la fonction du système nerveux central… Le maintien d’un système nerveux stable dans un environnement dynamique est certainement une fonction holistique car il est difficile d’imaginer ce processus comme étant la somme de ses constituants. L’homéostasie implique non seulement la stabilité d’une fonction ou d’un ensemble de règles spécifiques mais aussi, et ce qui est beaucoup plus essentiel, l’équilibre dynamique perçu autour de cet ensemble de règles  » 16.

Et il continue:

« Un régulateur homéostatique requiert de sentir toutes les variables pertinentes nécessaires pour atteindre l’équilibre et le conserver. La distribution de 5-HT dans le cerveau atteint toutes les régions et inclut des cellules cibles dans les systèmes neuronal, vasculaire et endocrinien. La fonction des neurones 5-HT est d’intégrer tous les types de cellules dans toutes les régions du cerveau. Le cadre global sert à recevoir et à intégrer les diverses variables pertinentes en une unité holistique. Secondement, un régulateur homéostatique requiert d’ajuster l’activité et l’architecture des systèmes impliqués dans l’équilibre. Les neurones 5-HT peuvent produire des transformations rapides dans les décharges neuronales postsynaptiques, l’activité des cellules gliales, le flux sanguin, la respiration, la température et la sécrétion hormonale. Les neurones 5-HT promeuvent la mitose cellulaire, la migration et la maturation des neurones et des cellules gliales et modifient la manière dont ces systèmes cellulaires interagissent. Troisièmement, un régulateur homéostatique devrait être capable d’ajuster son propre ensemble de règles afin d’intégrer les flux de données afin de minimiser plus efficacement le niveau de fluctuations. Les neurones 5-HT modifient leur propre architecture cellulaire en réponse non seulement à des données neuronales sensorielles mais aussi aux cellules gliales, aux niveaux hormonaux, aux neuropeptides et au glucose… La faculté de modifier l’activité et de répondre à des facteurs externes est essentielle à l’homéostasie » 17.

La sérotonine et ses récepteurs modulent notre flux entrant de données sensorielles, ils régulent les réseaux neuronaux en nos corps et ils répondent, avec une sensibilité très élevée, aux messages environnementaux. Ils sont essentiels au développement des réseaux neuronaux et des neurones; les organismes vivants déficients en sérotonine ont beaucoup moins de développement neuronal. Cela est vrai pour toutes les formes de vie sur la planète, y compris les plantes.

 

La sérotonine et le cerveau/racines des plantes.

De même que chez les insectes et les animaux, la sérotonine se trouve dans les tissus des plantes, dans leurs racines, dans les fruits, dans les feuilles et dans les graines. La sérotonine des plantes, à savoir la phytosérotonine, possède de nombreuses fonctions chez les plantes – tout comme pour nous. Elle est profondément impliquée dans la reproduction, dans les réactions photopériodiques, dans les capacités de phytoremédiation, dans la protection des cellules végétales vis à vis de l’apoptose, dans le recyclage des radicaux libres, dans la régulation de la croissance, dans la morphogenèse, et dans la croissance et le développement du système racinaire des plantes, à savoir le principal réseau neuronal – ou cerveau – de la plante. L’élévation des niveaux de sérotonine, ainsi que les chercheurs l’ont souligné, « coïncidait avec une très forte stimulation du développement racinaire latéral ». En fait, il s’avère que la sérotonine, et autres composés dérivés du tryptophane, « exercent une forte activité biologique à de très basses concentrations à la fois dans des systèmes in vitro et in vivo et ils sont essentiels au maintien des processus physiologiques et morphogénétiques incluant les réactions à la pesanteur et à la lumière, le développement des pilosités racinaires et le développement de racines latérales, de racines adventives et de jeunes pousses. » 18

Les requêtes environnementales, dont le stress, stimulent l’accroissement de sérotonine dans les tissus végétaux avec pour conséquence des altérations dans l’architecture racinaire (c’est à dire la forme du réseau neuronal). Ainsi que les chercheurs le commentent: « les niveaux de sérotonine dans les tissus des plantes peuvent augmenter en fonction des requêtes, particulièrement dans des phases de transition développementale particulière ou dans des phases de provocation par des pathogènes. » 19 Cet accroissement de sérotonine stimule des altérations dans le réseau neuronal de la plante, augmentant ainsi la plasticité phénotypique. Ainsi que les chercheurs le commentent: « la formation de racines adventives confère aux plantes une manière flexible d’altérer leurs formes et de localiser des ressources en réponse à des requêtes environnementales ou à des lésions ». 20 La sérotonine stimule la formation non seulement d’autres radicelles mais également d’autres extrémités radiculaires – qui s’en retrouvent également rallongées. En d’autres mots, de nouveaux neurones se forment et ces extrémités radiculaires, similaires à des doigts sensibles, s’étendent plus avant dans le sol où ils commencent à intégrer plus de données au sujet de l’environnement en lequel s’épanouit la plante. La croissance latérale des racines s’accroit dans les espèces d’Arabidopsis, jusqu’à trois fois, au fil de l’accroissement du niveau de sérotonine (ou lorsque de la sérotonine exogène est ajoutée au sol). Les racines latérales maturent plus rapidement, incluant la maturité des extrémités radiculaires, les neurones du système racinaire. Les chercheurs commentent que : « ce résultat illustre le fait que la sérotonine constitue un composé avec une forte influence sur l’organogenèse des racines adventives d’Arabidopsis». 21 La sérotonine stimule non seulement l’émergence plus rapide de nouvelles formes de structures neuronales végétales mais elle protège également, contre le vieillissement des cellules neuronales, les espèces réagissant à l’oxygène – une protection, selon Ramakrishna et al., qui conduit à « un retard dans le processus de sénescence ». 22

Comme elle le fait dans le cerveau mammalien, la sérotonine agit en tant que modulateur global dans le cerveau de la plante, en modulant les influences d’autres neurotransmetteurs végétaux et la réponse du génotype aux données environnementales. La sérotonine, ainsi que les chercheurs Pelagio-Flores et al. le commentent, « est un composé indole hautement préservé dans des organismes distincts d’un point de vue évolutif, à savoir dans les plantes et dans les animaux. Les résultats des recherches portant sur la sérotonine ont mis en exergue plusieurs faits:(i) elle est présente dans de nombreuses espèces de plantes; (ii) elle est élaborée à partir du tryptophane; (iii) sa concentration peut varier selon les tissus végétaux ou en réponse à des conditions environnementales suggérant des fonctions essentielles d’adaptation et de développement. » 23

Sous l’impact de stresses environnementaux, la production de sérotonine augmente, ce qui augmente la structure et le développement neuronaux de la plante, générant ainsi des réactions uniques de la part des réseaux neuronaux aux stresses environnementaux. Le principal enzyme convertissant la sérotonine à partir de la tryptamine (à savoir la tryptamine 5-hydroxylase) a son activité maximale dans les racines, faisant ainsi du système racinaire, dans la plante, « le siège majeur de la synthèse de la sérotonine et de ses dérivés ». 24 La sérotonine ainsi produite stimule le méristème apical afin de produire de nouvelles extrémités radiculaires, dans de nouvelles formations, dépendant de la nature de l’analyse/gestalt que la plante aura élaborée de la situation environnementale altérée. Cela permet l’émergence de réponses uniques d’adaptation à une modification des conditions. En d’autres mots, le comportement de la plante se modifie. Et cela inclue des innovations dans les formes des feuilles et dans la production de substances chimiques.

Le système neuronal/racinaire de la plante contient des récepteurs similaires à ceux que l’on trouve dans les insectes et dans les animaux. Par exemple, les récepteurs 5-HT1a, et 5-HT2a, des analogues, fonctionnent de la même manière chez les plantes et chez les animaux. Par exemple, les récepteurs 5-HT1a agissent de concert avec la sérotonine afin d’aider à pourvoir une stabilité intracellulaire pour le cytosquelette et ils favorisent ainsi la différenciation cellulaire et l’inhibition de la prolifération. Les récepteurs 5-HT2a, d’autre part, en concert avec la sérotonine, ouvrent plus grands les seuils de filtration, déstabilisent le cytosquelette interne et génèrent une prolifération de cellules neuronales et la synaptogenèse en réponse aux altérations provenant des flux de données entrantes. La stimulation des récepteurs 5-HT2a, alors, en réponse aux requêtes environnementales, induit une déstabilisation et une déstructuration du réseau neuronal afin que de nouvelles formes de réseaux neuronaux puissent émerger   qui soient mieux adaptées à un environnement altéré.

On a découvert que des niveaux accrus de sérotonine dans des plantes, telle qu’Echinacea purpurea, stimulent la régénération des cellules végétales lésées. Par contre, des plantes déficientes en sérotonine ont un plus faible développement racinaire et donc un plus faible réseau neuronal. Des niveaux bas de sérotonine, chez les animaux, par exemple des rats, inhibent également la formation de circuits neuronaux du cerveau sains. En fait,

« L’excrétion et le rejet, à l’échelle planétaire, de milliers de tonnes de plus de cinquante formes pharmaceutiques d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) affectent l’entièreté du réseau neuronal du système Gaïen. Ces inhibiteurs affectent tous les organismes qui ont recours à la sérotonine pour leur fonctionnement. Comme la sérotonine affecte tant de systèmes dans tant d’organismes vivants, les ISRS, quelles que soient leurs formes, interfèrent avec la maturité sexuelle, la reproduction, la germination, en fait avec le fonctionnement de tout système que la sérotonine affecte au sein de tout l’organisme Terre. Les ISRS sont hautement actifs en quantités minimes et sont présent dans tous les flux d’eaux usées des nations industrielles. Ces composés ralentissent le développement de toutes les espèces qu’ils croisent; ils affectent la santé de leur système de reproduction; et ils ralentissent les réponses de leurs systèmes neuronaux aux stresses externes. Ils réduisent même – par exemple le Prozac – le développement du système racinaire, à savoir du réseau neuronal, et l’émergence des pousses. L’émergence des pousses et des racines dans Mimosa pudica, par exemple, est réduite de 15/20 par segment nodal à 4 lorsqu’ils sont traités avec seulement 20 uM de Prozac. Et ces ISRS? Ils ne sont pas très biodégradables. Ils requièrent quatre mois pour se dégrader dans les cours d’eau mais lorsqu’ils siègent au fond des rivières, et des étangs, mélangés aux sédiments, ainsi que les chercheurs le commentent: « il semblerait qu’ils ne se dégradent jamais » ». 25

Les anti-dépresseurs, quelle que soit la forme de vie qui leur est exposée, « provoquent des lésions neuronales et induisent les neurones matures à retourner vers un état d’immaturité; ces deux processus peuvent expliquer pourquoi les antidépresseurs provoquent l’apoptose (la mort cellulaire programmée) ». Ainsi qu’Andrews et al. continuent de le commenter: « notre rapport soutient la conclusion selon laquelle les antidépresseurs, généralement, font plus de mal que de bien en perturbant un certain nombre de processus d’adaptation régulés par la sérotonine. » 26 Les quantités d’ISRS inondant le système Gaïen sont en train de dérégler tous les réseaux neuronaux de la planète, incluant ses espèces individuelles, des plantes aux hommes.

 

Innovations en Sérotonine

La sérotonine se retrouve dans tous les systèmes vivants auto-organisés. Mais Gaïa n’a pas arrêté d’innover avec le développement de la sérotonine.

L’un des générateurs primordiaux de l’innovation dans les systèmes auto-organisés est l’ouverture expansive des canaux de filtration sensorielle dans les réseaux neuronaux. Lorsque les portes de la perception s’ouvrent plus amplement, l’organisme peut percevoir plus aisément le fondement métaphysique du monde, faire l’expérience plus profondément des schémas à l’oeuvre, percevoir un spectre plus étendu des messages qui sont encodés dans les flux de données sensorielles et commencer à générer des réponses en dehors des paramètres habituels. La sérotonine est importante en cela mais Gaïa a innové encore au-delà. Des formes moléculaires uniques, créées par des plantes (et des bactéries et des champignons), dans chaque écosystème de la Terre, ont été générées à partir de la molécule basique de sérotonine.

Et tout cela s’est manifesté

bien longtemps avant l’émergence de l’espèce humaine

Ces innovations incluent de telles substances que la bufoténine, la bufoténidine, la psilocine, la psilocybine, le DMT, la yohimbine, la yoimbane, la vinblastine, et un certain nombre de dérivés d’ergots tels que l’ergotamine et l’ergine.

Ces molécules sophistiquées dérivées de la sérotonine possèdent des impacts cruciaux et spécifiques sur les récepteurs de sérotonine dans tous les réseaux neuronaux de la planète. Elles peuvent être considérées, d’une certaine perspective, comme des formes considérablement importantes de la sérotonine. Elles agissent afin d’altérer les réseaux neuronaux de la planète et de tous ses organismes vivants. Nous les connaissons sous le nom d’hallucinogènes.

Traduction de Xochi, autorisée par Stephen Harrod Buhner. Octobre 2015. 

La Fonction des Psychotropes dans l’Ecosystème

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Chapitre 8 de l’ouvrage de Stephen Harrod Buhner: Plant Intelligence and the Imaginal realm.

Traduction et publication par Xochi autorisées par l’auteur.

 

Il existe une pléthore de dénominations pour les nombreux composés hallucinogènes, que le système Gaïen génère, et elles convient un très ample spectre de significations.

 

Stephen 02

Stephen Harrod Buhner vit au Nouveau-Mexique. Son institut s’appelle « The Foundation for Gaian Studies »

car les peuples ont tenté de décrire

les effets des hallucinogènes

depuis très longtemps.

C’est ainsi qu’ils ont été dénommés hallucinogènes (générant des hallucinations), des psychédéliques (qui révèlent la psyché), des psychotropes (qui possèdent une affinité ou un tropisme pour la psyché), des enthéogènes (qui génèrent la divinité à l’intérieur), des psychomimétiques (qui simulent la psychose), des psycholytiques (qui relâchent ou dissolvent la psyché), des entactogènes (qui génèrent le toucher, à savoir qui stimulent la sensitivité eu égard au toucher du monde sur nous-mêmes), des empathogènes (qui suscitent l’empathie), des psychointégrateurs (des substances qui harmonisent les interactions entre les différentes fonctions de la psyché), des neurophénoménologiques (des substances qui affectent le système neuronal et, par conséquent, la nature de la conscience et de l’expérience), des neurognostiques (de neuro, système neuronal, et gnosis, connaissance des fondements métaphysiques du monde; à savoir des substances qui affectent le système neuronal et, par conséquent, génèrent une compréhension plus profonde des fondements métaphysiques du monde et de leurs relations avec le soi).

Le débat prévaut quant à la manière dont ils devraient être dénommés

une illustration de combien ces substances sont, souvent, au-delà des mots

tout comme prévaut le mental linéaire qui donne naissance au langage humain

Les modulateurs neuronaux créés par le système Terre – à savoir des substances chimiques psychoactives – ont existé depuis des millions et des millions d’années; ils précèdent, de très loin, l’émergence de l’espèce humaine. Ils ont été élaborés, pour leur majorité, à partir d’innovations de la molécule de sérotonine et il n’est pas surprenant qu’ils affectent intensément les récepteurs de sérotonine qui existent dans les réseaux neuronaux des organismes vivants. Ce sont des activateurs sérotoninergiques. Mais ils n’activent pas tous les récepteurs sérotoninergiques des réseaux neuronaux – seulement certains d’entre eux.  En fait, ils activent un spectre spécifique de récepteurs de sérotonine dans le cerveau et créent, ce faisant, des types particuliers d’effets dans les réseaux neuronaux.

 

Les neurognostiques sérotoninergiques

Les neurognostiques sérotoninergiques incluent certaines des substances psychoactives les plus notoires dont le DMT (l’Ayahuasca), le LSD, la psilocybine, la mescaline et la bufoténine. Et bien qu’ils affectent un complexe sophistiqué de récepteurs 5-HT, afin de créer un spectre unique de réponses de la part des réseaux neuronaux, ce sont les récepteurs 5-HT2a qu’ils affectent le plus intensément.

Les récepteurs 5-HT2a, répétons-le, existent dans tout le corps humain: dans le tractus intestinal, dans le système immunitaire, dans le coeur et dans le cerveau. Toute région forte en récepteurs 5-HT2a est intensément influencée par ces innovations sérotoninergiques. Dans le cerveau, cela inclue, par exemple, le cortex cérébral, le thalamus, l’hippocampe, les amygdales et le bulbe olfactif. L’activation des récepteurs 5-HT2a par le LSD, la psilocybine, et les autres hallucinogènes sérotoninergiques, induit des altérations immédiates dans le traitement hippocampique des données sensorielles, de l’apprentissage, de la mémoire – incluant son travail en profondeur avec les champs de signification en lesquels l’observateur est intégré. Le thalamus est également profondément affecté, réduisant ainsi, de manière conséquente, son activité de filtrage. Cela permet à la conscience de traiter beaucoup plus d’influx sensoriels. En fait, toutes les parties du cerveau, qui filtrent les données sensorielles, sont stimulées à réduire leur processus de filtrage. Il en résulte – en fonction de la quantité de la substance ingérée et des dynamiques du réseau neuronal particulier – une conscience accrue du champ sensoriel en lequel la personne est insérée. Et tout cela est vrai pour n’importe quel organisme vivant qui ingère des neurognostiques sérotoninergiques. Ainsi que les chercheurs Nichols et al. le commentent:

«L’activation pharmacologique des récepteurs de sérotonine, par le LSD, dans la mouche Drosophile , induit un comportement proche de ceux observés dans les systèmes mammifères. Ceux-ci incluent des altérations dans les capacités de traitement visuel, une activité locomotrice réduite et une expression des gènes altérée à l’intérieur du cerveau. La plupart de ces effets sont dus à l’activation des mêmes sous-types de récepteurs de sérotonine que l’on considère comme étant des vecteurs primordiaux des effets des substances hallucinogènes chez les humains ainsi que les symptômes aigus de la schizophrénie.»1

L’activité locomotrice réduite, qui est commune chez toute espèce ingérant des neurognostiques, vient d’ailleurs d’un état accru de contemplation. La perception du temps se ralentit, les frontières entre le soi et l’autre deviennent poreuses, les paramètres habituels de filtrage sont bloqués, les canaux sensoriels s’ouvrent en grand et les influx sensoriels deviennent alors si innovants que l’organisme est captivé par leur contemplation – tout comme il l’était dans sa jeunesse.

Terence McKenna, méditant sur ses expériences avec le DMT, les décrivit ainsi…

«Sous l’influence du DMT, le monde se transforme en un labyrinthe Arabe, un palace, un joyau Martien plus que potentiel, vaste de motifs inondant le mental ébahi de stupéfaction complexe et indicible. La couleur et le sentiment d’un secret proche, révélant une réalité, imprègne l’expérience. Il existe un sentiment d’autres temps, de sa propre enfance, et d’émerveillement, d’émerveillement, et encore plus d’émerveillement.»2

Et Albert Hofmann, ses expériences avec le LSD, ainsi…

«Des images fantastiques et kaléidoscopiques surgirent en moi, changeantes, variées, s’ouvrant et se refermant en cercles et en spirales, explosant en fontaines de couleurs, se réarrangeant et fusionnant en un flux constant. Il était particulièrement remarquable comment chaque perception acoustique, tel que le son d’un poignée de porte ou du passage d’une automobile, se métamorphosait en perceptions optiques. Chaque son générait une image se transformant vivement avec sa forme et sa couleur propres.»3

Et Aldous Huxley, au sujet de la mescaline, ainsi…

«Je continuai à regarder les fleurs, et dans leur lumière vivante, il me sembla déceler l’équivalent qualitatif d’une respiration – mais d’une respiration sans retours à un point de départ, sans reflux récurrents, mais seulement une coulée répétée d’une beauté à une beauté rehaussée, d’une profondeur de signification à une autre, toujours de plus en plus intense… Je vis les livres mais je ne me sentais pas concerné par leur position dans l’espace. Ce que je perçus, ce qui s’imprima en mon esprit, c’est que tous ces livres irradiaient d’une lumière vivante et que, chez certains, le rayonnement était plus manifeste que pour d’autres… L’espace était encore présent mais il avait perdu de sa suprématie. Le mental se focalisait essentiellement, non sur des mesures ou des localisations, mais sur l’être et le signifié… La mescaline sublime intensément toutes les couleurs et rend la personne, qui perçoit, consciente des diverses nuances fines et infinies auxquelles, en temps normal, elle est complètement aveugle. Il semblerait que, pour le Mental Universel, les caractéristiques prétendument secondaires des choses soient primordiales. A la différence de Locke, il ressent, bien évidemment, que les couleurs sont plus essentielles et méritent plus d’attention que les masses, les positions et les dimensions… Je n’arrêtais pas de dire: voilà comment l’on devrait percevoir.»4

Et Rudolf Gelpke, au sujet de la psilocybine:

«Après environ 20 mn (10:40), premiers effets: sérénité, mutisme, sensation légère mais plaisante de vertige et “respiration profonde et plaisante” (10:50). Fort! Vertiges, je ne peux plus me concentrer… (10:55). Excité, intensité des couleurs: tout est de couleur rose à rouge (11:05). Le monde se concentre ici au centre de la table. Couleurs très intenses (11:10). Un être divisé, sans précédents – comment puis-je décrire cette situation de vie? Des vagues, différents sois, je dois me contrôler.

Il abandonna alors sa prise de notes, minute par minute, en réalisant que

les possibilités de l’expression verbale sont effroyablement dérisoires – eu égard au flux d’expérience intérieure qui me submergea et menaça de me faire exploser. Il semblait que cent années ne seraient pas suffisantes pour décrire la plénitude d’une seule minute. Au début, les impressions optiques prédominèrent: je perçus, avec plaisir, la succession illimitée de rangées d’arbre dans la forêt proche. Ensuite, les nuages effilochés dans le ciel ensoleillé s’empilèrent soudainement, avec une majesté silencieuse et époustouflante, en une superposition de milliers de niveaux… Je suis allongé dans un petit recoin du jardin sur une pile de bois réchauffée par le soleil – mes doigts ont tapoté ce bois avec une affection sensuelle débordante et presqu’animale… durant un moment, je fis l’expérience de la réalité à partir d’un espace situé quelque part au-delà de la force de gravité et du temps.»5

Ce que font les neurognostiques, ainsi que les psychopharmacologistes Adam Halberstadt et Mark Geyer l’observent, c’est «inhiber des régions du cerveau qui sont responsables de la restriction de la conscience à l’intérieur des frontières étroites de l’état de veille normal.»6 Bien qu’une meilleure manière de l’exprimer, plutôt que “régions du cerveau”, soit d’évoquer des “régions de réseaux neuronaux”. Et plutôt que “la restriction de la conscience”, “la restriction de la perception”. Il existe, par conséquent, une  conscience  considérablement accrue du champ sensoriel, et des significations prévalant dans ces champs, quel que soit l’organisme impliqué.

Les neurognostiques sérotoninergiques – tels que le DMT et les alcaloïdes d’ergots à partir desquels le LSD est élaboré – sont répandus dans tous les écosystèmes de la planète; ils sont profondément intégrés en chacune des biocommunautés de la Terre. Parmi tous ceux-là, la psilocybine (et son précurseur actif, la psilocine), qui est commune dans certains champignons, et le DMT, ubiquiste dans les plantes, sont les plus présents. Le groupe de champignons psilocybes est largement disséminé dans tous les biomes de prairies (l’une des principales écozones de la planète), tandis que le DMT est fortement présent dans toutes les écozones de forêts et de diversité végétale tout en se retrouvant communément dans les écozones désertiques (comme les cactus qui produisent les alcaloïdes phényléthylamine qui affectent également les récepteurs de sérotonine).

Il existe également un très grand nombre d’autres plantes neuroactives disséminées dans tous les biotopes de la planète; elles affectent tous les récepteurs de sérotonine. Le Rhodiola, par exemple, se trouve dans les régions arctiques et dans les régions alpines élevées: il possède une forte influence sur les récepteurs 5-HT, stimule la différentiation et la croissance neuronales et fortifie la capacité d’apprentissage des réseaux neuronaux. Les substances chimiques végétales, qui affectent le réseau neuronal, sont partout.

Les neurognostiques et les composés psychoactifs sont la règle et non pas l’exception. Chacun d’entre eux affecte les réseaux neuronaux selon des voies légèrement différentes, en créant un spectre de réponses dans les récepteurs 5-HT – qui tous altèrent le filtrage que les organismes utilisent pour trier les influx sensoriels.

 

La Psilocybine

Les champignons créant des neurognostiques existent dans le monde entier: sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique. Les chercheurs Guzman, Allen et Gartz les ont divisés en quatre regroupements:

1. Les espèces avec de la psilocybine, et des indoles corrélés, incluant les genre Psilocybe (116 espèces), Gymnophilus (14 espèces), Paneolus (13 espèces), Copelandia (12 espèces), Hypholoma (6 espèces), Pluteus (6 espèces), Inocybe (6 espèces), Conocybe (4 espèces), Paneolina (4 espèces), Berronema (3 espèces) et Agrocybe, Galerina et Mycena (1 espèce chacun).

2. Les espèces avec de l’acide iboténique qui incluent les Amanites, particulièrement Amanita muscaria, Amanita pantherina et Amanita regalis.

3. Les ergots qui incluent les 5 espèces de Claviceps qui croissent sur le seigle, et à partir desquels le LSD est élaboré, et 2 espèces non corrélées dans le genre Cordyceps.

4. Une diversité d’espèces avec lesquelles aucune expérimentation réelle n’a été effectuée mais que des groupes humains, géographiquement distincts, utilisent comme champignons sacrés. Cela inclue une vingtaine d’espèces dans six genres différents.

Cependant, on ne peut considérer que cette liste soit exhaustive – la recherche dans ce secteur est encore dans ses tout débuts. Albert Hofmann, qui développa le LSD, à partir d’alcaloïdes d’ergot dans les années 1940, n’isola la psilocybine qu’en 1958. Antérieurement à cela, les scientifiques refusaient de croire à l’existence de champignons psychotropes – et à l’existence de quoi que ce soit de psychotrope, d’ailleurs.

Ils insistèrent sur le fait que les neurognostiques ne pouvaient pas être répandus et que l’existence de composés similaires au LSD dans l’ergot ne pouvait être qu’une rareté. C’est alors qu’Hofmann les découvrit dans les champignons. Et puis dans les semences d’Ipomea. Ainsi qu’Hofmann l’observe, «Il existait une autre raison de douter, pour ces cercles de spécialistes, quant à la validité de nos découvertes. L’existence, dans des plantes supérieures, d’alcaloïdes d’ergots – qui jusqu’alors n’avaient été reconnus que comme constituants de champignons inférieurs – contredisait l’affirmation selon laquelle certaines substances sont caractéristiques de certaines familles spécifiques et sont restreintes à ces familles.» 7

Mais de telles substances, dans la Nature, ne sont pas limitées: elles sont partout. Les neurognostiques sont communs dans chaque écosystème de la Terre, dans de multiples genres et de multiples espèces. De nouveaux champignons psychoactifs (et des plantes, et des…) sont découverts, en permanence.

alors que des êtres humains intéressés commencent à observer

dans leur environnement

Tout aussi récemment que 2006, un alcaloïde indole, auparavant inconnu, fut découvert dans le champignon Inocybe aeruginascens avec une structure proche de la bufoténidine, un dérivé de la bufoténine, un hallucinogène relativement puissant.

et oui, certains y ont déjà recours pour planer

Aujourd’hui, on connaît 216 espèces différentes de champignons psychoactifs. La plupart utilisent des dérivés des sérotonines, ceux du groupe indole; la plupart contiennent de la psilocybine. Et la plupart de ces champignons, comme la plupart des espèces du groupe 1 de Guzman, sont co-évolutifs avec les Poacées (NDT: anciennement les Graminées). On les trouve souvent symbiotiquement associés avec les systèmes racinaires de diverses espèces dans les écosystèmes de prairie (et dans les excréments des herbivores qui paissent dans ces prairies), ou dans certains cas, comme celui des espèces du genre Pluteus, dans les forêts du monde entier, sur du bois en décomposition. Dans certaines écozones, lorsque l’écosystème de prairie contient également des plantes ligneuses, des arbustes et des arbres (par exemple, les savanes Africaines et les dehesa Ibériennes), on peut trouver ensemble ces deux types de champignons.

Le genre Psilocybe possède une relation co-évolutive ancienne avec de nombreuses espèces de Poacées, une relation qui a existé au moins depuis l’époque du Crétacée, il y a 140 millions d’années. Les mycélia des organismes s’étendent au travers du sol des écozones de prairies où ils s’attachent aux systèmes racinaires des Poacées – formant ainsi un très large réseau interconnecté, un tapis fongique mycorhizien. Dans ce cas précis, il s’agit de ce que l’on appelle une association endomycorhizienne (par opposition à ectomycorhizienne), puisque les hyphes, à savoir les filaments du réseau mycélial, s’attachent aux racines des Poacées pour ensuite s’y insérer (endo), à la fois dans les espaces intercellulaires – entre les cellules corticales des racines – et dans l’intérieur même de la cellule. En fait, ils s’entrelacent avec les tissus cellulaires racinaires en pénétrant dans les cellules et dans les espaces intercellulaires. Le cortex est la zone spécifique de la racine où se rencontrent la plante et les hyphes fongiques. L’apex – à savoir la partie de la racine considérée comme étant la principale structure neuronale – reste intouchée. Un fourreau ou collier se forme autour de l’hyphe à son point de rencontre avec le tissu vivant de la racine.  Il joue le rôle métabolique d’une zone d’interaction entre les deux où se manifeste un échange permanent de composés chimiques.

Les alcaloïdes sérotoninergiques dans les hyphes fongiques stimulent, comme ils le font en tout organisme, le développement de nouveaux neurones, la formation de nouveaux réseaux neuronaux et la maturation des cellules du système racine/cerveau de la plante. Certaines des parties éloignées du système racinaire, devenant déjà sénescentes, font l’expérience d’une accélération de cette maturation et s’orientent plus rapidement vers la sénescence; à savoir, elles vieillissent et elles meurent. Le psilocybe existe alors en tant qu’organisme saprophyte, vivant d’une masse de racines en décomposition.

De ce système racinaire en décomposition, et tout autant des racines vivantes, les champignons acquièrent des nutriments, et d’autres composés, favorisant leur croissance, plus particulièrement des brassinostéroïdes, de puissantes hormones végétales. Le mycélium du champignon utilise ces composés, fondamentalement, comme un adaptogène végétal, à savoir une substance qui favorise une résistance non spécifique à des stress environnementaux. Les champignons psilocybes en sont particulièrement friands.

Bien que cela soit peu le cas, les remèdes de plantes peuvent être utilisés en tant qu’agents médicinaux pour les plantes tout autant que pour les animaux et les humains. De tels remèdes ont des effets similaires, et même identiques, à ceux qu’ils ont sur nous. On peut utiliser du Cordyceps, des infusions de Scutellaria baicalensis ou de Rodiola pour stimuler la production de tissus racinaires dans les plantes – incluant le cerveau des racines – des infusions de Sida acutifolia pour combattre des infections bactériennes, des infusions d’Isatis pour combattre des infections virales, ou même des plantes à haute teneur en brassinostéroïdes pour soutenir la fonction immunitaire d’une plante. Toutes ces plantes médicinales, utilisées sous forme d’infusions, et épandues sur le sol d’une plante, vont avoir un effet d’hormones végétales et stimuler l’élongation et l’expansion cellulaires (dans les racines), stimuler la régénération des tissus lésés et promouvoir la différenciation vasculaire. Elles vont également protéger les plantes durant des conditions de froid et de sécheresse – ou de tout autre stress environnemental – en agissant tels des adaptogènes. Lychnis viscaria, par exemple, possède une haute teneur en brassinostéroïdes et bénéficie très fortement à d’autres plantes à cet égard. Il accroît la résistance aux pathologies des plantes auxquelles il est appliqué sous forme d’infusion. Il est également tout aussi efficace lorsqu’il est placé en compagnonnage dans le jardin, agissant au travers d’associations racines/mycéliums et des divers composés chimiques volatiles qu’il produit et libère ensuite avec ses stomates.

La sénescence des systèmes racinaires des Poacées n’est pas imputable – et il est essentiel de bien le comprendre – à des influences pathogènes des Psilocybes. Les cortex des racines des Poacées deviennent naturellement sénescents et se délitent, que les champignons psilocybes soient présents ou non. Ce vieux tissu cellulaire végétal est destiné, en fait, à devenir du fourrage pour les Poacées, une sorte de terreau à rempoter auto-générateur qui conserve les plantes en bonne santé. Les champignons, ainsi que certaines bactéries, en sont également très friands et l’utilisent comme nutriment tout en accélérant la biodégradation des vieux tissus. Les espèces de Psilocybes, en particulier, possèdent un très fort tropisme, à savoir une attraction, vers une ample diversité de systèmes racinaires de Poacées: ils les traitent de manière similaire. Ils s’attachent aux racines déclinantes, en accélèrent la sénescence et la biodégradation, s’installent dans les racines en décomposition et établissent un mutualisme avec les plantes de Poacées afin de maintenir ce processus en vie.

Le tapis fongique s’étend au travers des écozones de prairies, se nourrit pour vivre des résidus des Poacées, incluant ceux des bouses d’herbivores (normalement des bouses de vache, mais auparavant des bouses de bison et longtemps auparavant des bouses de dinosaure) agissant, de concert avec des bactéries spécifiques, tels des vecteurs fondamentaux de recyclage. En attachant leurs hyphes aux racines des herbes déclinantes et en stimulant leur biodégradation, les champignons favorisent la fertilité et la santé de la rhizosphère entourant les systèmes racinaires des Poacées tout autant que la fertilité et la santé  de l’intégralité de l’écozone de prairies. La plupart des écosystèmes de prairies sont, en fait, dépendants de la présence des espèces de psilocybes pour leur croissance harmonieuse.

La relation symbiotique/saprophytique, entre les Poacées et les champignons, confère au champignon les nutriments de croissance dont il a besoin tandis que les Poacées en retirent un certain nombre d’avantages – tout comme la plupart des plantes dans une relation fongique symbiotique. La rhizosphère, et donc l’écosystème, est maintenu en bonne santé et stimule la croissance et la dissémination des plantes.  Les alcaloïdes indoles accélèrent la croissance et le développement des neurones des Poacées, favorisant ainsi le développement du système racinaire. Ils stimulent également le développement de la racine/cerveau et les innovations structurales du réseau neuronal, permettant ainsi aux Poacées de réagir de manière plus adéquate aux perturbations de l’environnement. D’autres composés confèrent des propriétés anti-inflammatoires, analgésiques, antibactériennes, antifongiques, stimulant le système immunitaire et normalisant la vie cellulaire.

Chacun de ces derniers composés possède un spectre unique d’activités. Les composés antifongiques, par exemple, protègent le système racinaire des Poacées à l’encontre des attaques de nématodes et de champignons pathogènes. En d’autres mots, tout comme les bactéries co-évolutives le font pour nous, à la surface de notre épiderme ou dans nos intestins, les champignons psilocybes protègent leurs partenaires co-évolutifs d’autres organisme fongiques moins bienveillants.

Cependant, ces influences ne sont pas seulement locales. De telles relations de co-évolution ne se manifestent pas seulement- comme de nombreux scientifiques le proclament encore –  entre deux organismes.

Les scientifiques prétendaient auparavant que la co-évolution n’existait pas,

que c’était un monde sans pitié, partout où on regarde

Anal-gésique: bénéfique pour le traitement d’une douleur dans le cul?

Une panacée pour les réductionnistes?

Comme Michael Crichton le commenta, les relations de co-évolution se manifestent presque toujours entre un nombre “n” d’organismes. 

 

Les interactions co-évolutives dans des réseaux complexes d’écosystèmes

Lorsque des organismes biologiques auto-organisés – tels que des plantes, des champignons, des insectes et des animaux – se rassemblent dans une région spécifique, ils forment un écohabitat ou même une écozone (plus étendue). Les écohabitats, fondamentalement, s’auto-organisent dans ce processus, les plantes et les diverses formes de vie agissant comme des sous-unités allopoïétiques du plus grand ensemble autopoïétique.

Et l’écozone devient consciente de soi-même durant ce processus

de même que tous les systèmes biologiques auto-organisés

Ainsi que les chercheurs Eoin O’Gorman et Mark Emmerson le commentent, ces «communautés naturelles sont finement structurées et révèlent des propriétés qui promeuvent la stabilité en dépit de la complexité». Il existe un “arrangement non aléatoire de forces d’interaction”, entre les sous-unités allopoïétiques, qui “promeut la stabilité au niveau de la communauté”.8 “Non aléatoire”, à savoir qu’il se manifeste quelque chose de plus que la simple chance: il existe un sens dans les associations entre les sous-unités du système. Dans les écohabitats et dans les écozones de prairies, les Poacées tout comme les psilocybes agissent avec une fonction de “forts interacteurs”, ainsi qu’on les appelle. A savoir qu’ils agissent essentiellement comme des espèces-clés autour desquelles tout l’écohabitat est orienté. Les autres plantes, dans le système, sont considérées comme de “faibles interacteurs”. Ainsi que le commentent O’Gorman et Emmerson, «les réseaux écologiques complexes sont caractérisés par des distributions de forces d’interactions qui sont profondément déséquilibrées, avec une pléthore d’interacteurs faibles et seulement quelques interacteurs forts.»9

O’Gorman et Emmerson conduisirent des expérimentations au travers desquelles ils ôtèrent des interacteurs forts d’écosystèmes complexes et découvrirent, sans surprise, que cela «générait une cascade trophique dramatique» dans le système. A savoir que le système faisait immédiatement l’expérience d’un changement de phase, allant d’un état de haute complexité à un état beaucoup moins sophistiqué.  Ils commentèrent que,

«Les écosystèmes naturels constituent un enchevêtrement complexe d’interactions avec 95% des espèces typiquement à pas plus de trois chaînons de distance. Cette complexité naturelle perdure contre toutes probabilités parce qu’elle est gouvernée par des principes et des lois fondamentales qui confèrent de la stabilité. L’un de ces principes les plus largement acceptés est la dynamique d’interactions entre espèces. Il existe une tendance à considérer la biodiversité en termes d’identités taxonomiques ou de rôles fonctionnels; cependant, chaque espèce peut être considérée comme un nexus dans une toile complexe d’interactions. Chaque nexus contribue à l’harmonie générale d’interactions, que cela soit une interaction faible ou forte. Etant donné la nature hautement interconnectée des chaînes alimentaires, toute perte de biodiversité pourrait induire des effets en cascade, modifiant la dynamique des forces d’interactions et menaçant ainsi de déséquilibrer la stabilité conférée par cette dynamique».10

La perte d’une espèce-clé, dans de telles circonstances (tels que le champignon psilocybe ou les espèces de Poacées qui constituent leurs partenaires co-évolutifs), s’avéra «générer des effets disproportionnés eu égard à leur abondance». Et de plus,

«Les fluctuations dans la biomasse de population sont communes et des actions compensatoires entre espèces peuvent maintenir une biomasse globale. Les modifications dans les productions primaire et secondaire montrées ici sont, cependant, des réactions à un niveau de communauté suggérant que l’effet de garantie de la diversité de la communauté n’est pas suffisant pour annuler les impacts de l’éviction d’interacteurs forts. De telles cascades trophiques peuvent altérer les flux d’énergie, la composition des communautés et la provision d’habitats et induire des extinctions secondaires».11

En d’autres mots, lorsque les espèce-clés restent relativement stables, les interacteurs faibles sont en flux constant autour d’elles – diverses plantes entrant ou sortant de l’écosystème, au fur et à mesure que l’environnement, dans lequel le système est enchâssé, modifie sa nature et ses besoins. La quantité et l’identité des interacteurs faibles changent au fil du temps. Cela permet de garder intact l’homéodynamique du système.  Cependant, l’élimination de l’espèce-clé induit des effets immédiats nuisibles sur le système, provoquant un effondrement de sa complexité vers un état plus simple.

O’Gorman et Emmerson découvrirent que l’élimination d’interacteurs “faibles” n’induisait pas d’effets aussi extrêmes; cependant, ces groupes de plantes jouent un rôle de stabilisation sur le système. En d’autres mots, les interacteurs forts génèrent des effets puissants sur le système tandis que les interacteurs faibles modulent ces effets vers des objectifs spécifiques. «Crucialement, lorsque des interacteurs forts étaient présents dans la communauté sans un nombre suffisant d’espèces faiblement interactives autour d’eux», l’écosystème se déstabilisait.12 Une perte d’interacteurs faibles conduisait à «des réductions dans la stabilité spatiale et temporelle des niveaux de processus écosystémiques, de diversité de communauté et de résistance».13

Plus dynamiquement (et plus précisément), des interacteurs faibles et forts peuvent être considérés (par certains chercheurs) comme des “chaînons” plutôt que comme des “acteurs” dans un réseau de communications.

Tout en sachant que le concept de “nexus”, proposé par O’Gorman et Emerson, est encore préférable. Un nexus est un point de concentration de matière, où le puits de gravité devient le plus puissant, et ce “puits” génère immédiatement des chaînons “gravitationnels” avec tous les autres nexus du système. Tout est alors connecté dans une toile de champs plus forts ou plus faibles – ce à quoi réfère la théorie du chaos comme des attracteurs forts et faibles. On les trouve partout dans les systèmes non linéaires. Pourquoi cela a-t-il demandé tant de temps aux écologistes?

Dans tous les écosystèmes en bonne santé, il existe un réseau de quelques interacteurs forts enchâssés dans un champ majoritairement composé de faibles attracteurs. Les interacteurs forts exercent des effets beaucoup plus puissants mais ils sont maintenus dans une toile intimement connectée de faibles attracteurs qui modulent leurs actions.

Par exemple, la plupart des espèces-clés, pour ne pas dire la totalité, ont besoin d’un attracteur faible, appelée une plante/nourrice qui, la première, va commencer à croître dans un nouvel espace avant que l’espèce-clé ne puisse y croître avec succès. Cette plante/nourrice va préparer le sol exactement de la manière qui convienne le mieux à l’espèce-clé. Comment les graines de l’espèce-clé trouvent-elles leur chemin vers le sol préparé, une fois qu’il est prêt? Nul ne le sait mais les modèles mathématiques démontrent que cela n’est pas aléatoire. La plante/nourrice envoie un message de communication, sous forme de substances volatiles, pour signifier que le sol est prêt; mais donc, comment les graines y parviennent-elles? Les semences ne peuvent ni s’asseoir, ni bouger.

Le réseau entrelacé, dans son intégralité, avec seulement cette association d’attracteurs, produit un écohabitat ou une écozone extrêmement adaptables où chaque partie contribue par des réactions essentielles qui, ensemble, modulent l’adaptation harmonieuse du système aux perturbations. Ce qui est crucial, ce n’est pas juste de savoir quelles espèces sont présentes, mais plutôt de connaître le comportement des espèces, leurs interactions avec les autres espèces dans le réseau. Toutes ensemble, elles constituent une communauté dans laquelle la présence et les actions de chaque organisme sont cruciales pour une fonctionnalité qui perdure. Dans une telle communauté, les espèces sont si intimement connectées qu’elles ne peuvent légitimement pas être considérées isolées les unes des autres. Ou comme Masanobu Fukuoka le déclara un jour:

«Le biosystème holistique et vivant qu’est la Nature ne peut pas être dissocié ou réduit en ses parties. Une fois dissocié, il meurt. Ou plutôt, ceux qui détachent un morceau de la Nature s’emparent de quelque chose qui est mort et ne prenant pas conscience que ce qu’ils examinent n’est plus ce qu’ils pensent, ils clament comprendre la Nature… Parce que l’homme part avec des méconceptions au sujet de la Nature et adopte la mauvaise approche pour la comprendre, quel que soit son niveau de rationalisation, tout se termine mal».14

Il s’avère que ces réseaux communautaires complexes fluctuent dans le temps quant à la composition de leurs interacteurs faibles (les chaînons forts sont enclins à rester constants).

Une fois que l’espèce-clé est bien établie

la plante/nourrice s’en va ailleurs

Alors que le système répond aux perturbations, les espèces particulières qui y sont présentes changent de localisation et d’autres prennent leur place. De nouveaux attracteurs faibles, avec des capacités et des facultés de production chimique différentes, circulent en permanence au travers du système, sur de très longues périodes de temps, afin de conserver l’adaptabilité du système vis à vis de circonstances environnementales altérées. Ces mouvements appelés des fluctuations asynchrones de stabilité de système, constituent, en fait, l’un des éléments du système qui reste proche de la frontière d’auto-organisation. Lorsque de nouvelles espèces végétales intègrent le système, elles synchronisent alors leurs actions avec le reste des chaînons dans le système, de la même manière que les humains le font quand deux personnes commencent à marcher ensemble. C’est de cette synchronicité qu’émergent des structures d’auto-organisation qui ne peuvent pas se développer d’une quelconque autre façon.

Il en est de même avec la manière dont les musiciens – une fois qu’ils trouvent le point d’équilibre, une fois qu’ils se synchronisent les uns avec les autres – réussissent à découvrir des expressions musicales qui ne peuvent émerger que de la synchronisation. Ils improvisent des expressions spécifiques de communication à partir de cet état unifié. Et ils le réalisent en intégrant, milliseconde après milliseconde, les expressions de communication musicale émanant des autres musiciens et en créant les leurs, en réponse

Tout cela constitue, bien sûr, l’expression

d’un langage liquide complexe

empreint de significations se métamorphosant rapidement

puisées aux sources les plus profondes du sentiment humain

conservées secrètement au sein de tonalités musicales

et très spécifiquement court-circuitant le mental linéaire et le langage réducteur. Ainsi que Duke Ellington l’exprima un jour:

«Il vous faut trouver une façon de le dire sans le dire».15

Les musiciens, qui reçoivent cette communication musicale toujours changeante, l’interprètent immédiatement en-dessous du seuil de la conscience

tout comme un jongleur le fait

et ils répondent ensuite, en juste quelques millisecondes, à partir de la zone où ils sont

le temps de rêve unique qui est le sujet de cet ouvrage

afin que puisse se manifester une expression de communication vivante, continuelle et en métamorphose perpétuelle. Et ceux d’entre nous qui écoutent, si nous nous donnons le loisir de plonger dans cet espace de rêve avec eux, font l’expérience d’un commentaire unique et très profond sur ce que cela signifie d’être humain, pris par la condition humaine, enchâssé dans ce scénario que nous connaissons comme le monde, touché par un cosmos vivant chaque jour de notre vie. La réponse de notre coeur, à ce qui est présenté à nos sens, est éveillée. Et tout comme il en est de même pour les écrivains, cette forme d’expression musicale est générée à partir d’une forme unique et très ancienne de cognition, une ancienne manière de rassembler des connaissances à partir du coeur du monde, un type de cognition qui a prévalu dans les écosystèmes bien avant l’émergence des humains.

«Cette chanson des eaux (comme Aldo Leopold le dit, une fois) est audible à toutes les oreilles mais il existe une autre musique dans ces montagnes qui n’est pas du tout audible à tous. Pour être capable d’en entendre juste quelques notes, il te faut tout d’abord vivre ici pendant longtemps et tu dois connaître le langage des montagnes et des rivières. Et, lors d’une nuit calme, lorsque le feu de camp s’assoupit et que les Pléiades ont grimpé au-delà des falaises, assis-toi paisiblement et écoute un loup hurler et médite intensément sur tout ce que tu as vu et tenté de comprendre».16

Il existe un flux permanent de communications interactives dans les écosystèmes et chaque portion minuscule est une réponse aux communications éternelles, permanentes et fluides qui émanent de tous les membres intimement corrélés de cet écosystème et de l’environnement en lequel il est enchâssé. Il existe un langage dans le monde bien plus antique que le nôtre

le nôtre n’est qu’un reflet de ce langage plus ancien,

notre manière de le “saisir”, notre innovation

et ce langage, en se mouvant au travers des écosystèmes, leur confère une forme spécifique à la communication se manifestant en ce lieu. Ainsi que Hans Olff et al. le commentent au sujet des écosystèmes complexes, «les comportements et les propriétés structurales émergentes se manifestent souvent au niveau du système, pointant vers des “sémantiques” sous-jacentes d’organisation systémique».17

Le choix d’Olff pour le mot sémantiques est ici révélateur; son équipe aurait pu choisir le mot “ordre”, par exemple, ou même “structure”. Mais non. En fait, ils font écho à certaines des intuitions les plus géniales de Gregory Bateson, parmi lesquelles “la croissance et la différenciation” sont “contrôlées par la communication”. Ce a quoi Bateson rajoute

«Les formes des plantes et des animaux sont des messages transformés. Le langage lui-même est une forme de communication. La structure de l’apport doit contenir un analogue de grammaire parce que toute l’anatomie est une transformation d’un matériau/message qui doit être contextuellement façonné. Et finalement, le façonnage contextuel n’est qu’un autre terme pour grammaire».18

La sémantique, à savoir,

«l’étude de la signification des formes de discours, et particulièrement du développement et des métamorphoses dans les significations des mots et des groupes de mots»19

d’un type particulier, est donc “sous-jacente” à toute organisation d’écosystèmes. En d’autres mots, ainsi que Olff et al. le reconnurent, les significations qui se meuvent au sein du système en façonnent la structure – et les organismes qui y vivent. Comme Bateson l’observa brillamment, ce flux de significations façonne en réalité l’anatomie,

vous pouvez en percevoir exactement la manifestation lorsqu’une plante avec une forme et une chimie est transplantée dans un écosystème différent. La forme tout comme la chimie se métamorphosent et, parfois, à un point tel que la plante est difficile à identifier.

faisant littéralement des plantes et des animaux que nous voyons, dans un écosystème donné, “des messages transformés”. Et ces messages sont des communications particulières au sujet de cet écosystème particulier, sa fonction, ses dynamiques, ses interrelations, etc, ad infinitum. Dans ce processus, les bactéries, les plantes et les champignons jouent un rôle majeur.

Les plantes libèrent des phytochimiques dans la rhizosphère, au travers de leurs racines, dans leurs partenaires mycéliaux en des points de contact entre les racines et les hyphes et au travers de leurs stomates dans l’air. Ces substances chimiques sont créées et ensuite libérées – toujours – comme réponses envers des communications affluentes. Il existe, de fait, un échange permanent de communications qui est une réponse courante et un commentaire sur le statut en cours du système. Il existe une réaction comportementale, émanant de chaque membre du système, eu égard à chaque minuscule altération dans l’échange de communications qui s’y manifeste.

tout comme il en existe dans notre température corporelle

moment après moment

en réponse à son analyse des conditions externes et internes

L’écosystème est tout autant harmonisé qu’un groupe de musiciens dans un état de profonde synchronie. Toute perturbation entrante est immédiatement confrontée par le système dans son intégralité, chaque acteur individuel, grâce à son génie propre, choisissant exactement, à un niveau bien en-dessous de la conscience, ce qu’il faut faire pour maintenir l’équilibre du système.

Mais ces systèmes ne font pas juste une ou deux rondes le samedi soir. Ils ne se fatiguent pas comme les musiciens. Ils ne s’arrêtent jamais. Et plus on permet à ces systèmes de rester dans la zone, de fonctionner sans distorsion humaine sur de longues périodes de temps, plus s’accroît l’efficacité de chaque système. Plus étendue est la période de temps, plus nombreuses sont les innovations qu’il découvre et manifeste, plus nombreuses sont les innovations sur le thème qu’il découvre.

Et le plus de mémoire il possède de ce qu’il a appris, mémoire qu’il peut transmettre

tout comme nous transmettons ce que nous avons appris.

Ces improvisations peuvent être considérées comme une expression de probabilités conditionnelles – essentiellement un choix parmi un nombre presqu’infini de bifurcations qui se manifestent continuellement le long du chemin/flux de l’existence.

Le système auto-organisé touche l’univers à de multiples points de contact (en nombre presqu’infini) le long de ses marges tri-dimensionnelles et lorsque l’univers/système extérieur se presse sur le sous-système auto-organisé, du coeur du réseau, ce qui n’étaient auparavant que des probabilités conditionnelles émergent du système et se manifestent sous une forme. On ne peut jamais prédire laquelle des probabilités; le système décide au travers des actions combinées de toutes ses unités allopoïétiques et génère une gestalt unique à partir de l’ensemble complexe.

De tels écosystèmes complexes sont des groupements auto-organisés et emboîtés.

«Dans la Nature, ainsi que l’exprime Fukuoka, un ensemble englobe les parties, et un plus grand ensemble englobe l’ensemble englobant les parties. En élargissant notre champ de vision, ce que l’on considère comme un ensemble devient tout simplement une partie d’un plus grand ensemble. Et un autre ensemble, à son tour, englobe cet ensemble en une séquence concentrique qui se déploie à l’infini».20

Ce ne sont pas des assemblages linéaires. Ils sont encastrés selon des termes de complexité auto-organisée (cellule à organe à organisme à organismes à écosystème) mais ils sont également encastrés selon des termes d’espace-temps tridimensionnel. Certains agissent sur des lignes temporelles plus courtes, d’autres sur de plus longues. Certains ont des actions plus intenses au-dessous du sol, certains au-dessus. Et chacune des parties, en synchronie intime avec toutes les autres, est essentielle. Dans de tels systèmes complexes et sains, la résilience est élevée, à savoir que la période de temps est minuscule permettant de restaurer l’homéodynamique à la suite d’une perturbation.

En réponse à des perturbations, le réseau d’organismes vivants dans un écohabitat réorganise constamment les relations et la structure des réseaux neuronaux, à la fois individuels et globaux.

la structure sémantique du système change

En d’autres mots, ses messages/communications changent ainsi que ces messages transformés. C’est une autre manière de concevoir la plasticité neuronale. Les réseaux neuronaux dans les écosystèmes altèrent constamment leurs formes neuronales. La structure de la totalité du système, sa topologie neuronale, est une propriété émergente de son auto-organisation et, en tant que telle, est constamment altérée afin de maintenir l’homéodynamique du système. De tels systèmes sont, dans leurs comportements, non-linéaires. Ce qui est intéressant, c’est que tandis que la focalisation (depuis les années 1970) s’est faite sur les espèces-clés, il s’avère qu’il existe des comportements-clés. Les mouvements des espèces de plantes, souvent invasives,

les plantes invasives sont des messages transformés

et les messages qu’elles portent n’ont rien à voir avec

ce que croient les sociétés d’éradication

sont en fait des comportements-clés qui agissent afin de restaurer l’homéodynamique des systèmes dans les écohabitats qui ont été abîmés, souvent par un excès d’empiétement humain. Dans les forêts tropicales, par exemple, l’immigration par propagules d’arbres est une interaction-clé, un comportement-clé, et une force dominante dans les dynamiques et la structure de communauté.

Dans les prairies, ce sont les champignons psilocybes et les Poacées qui constituent les espèces-clés; leur mutualisme est un comportement-clé. Mais il existe un autre comportement-clé qui est ici crucial, et c’est la création et la libération de composés sérotoninergiques uniques par les champignons psilocybes dans l’écohabitat sur une base régulière.

 

La Psilocybine et les réseaux neuronaux des écosystèmes.

Répétons-le, la relation Poacées/psilocybes/bouses d’herbivores est au coeur de la santé de tous les biohabitats de prairies sur Terre. Mais ce ne sont pas les seuls organismes dans les communautés de prairies; dans des prairies en bonne santé, on peut trouver plus d’un millier d’espèces de plantes vasculaires. Et ces plantes vasculaires existent dans une matrice formée par le tapis endomycorhizien de Poacées/Psilocybes qui est en fait

un espace topologique tri-dimensionnel

qui s’étend du plus profond des racines les plus profondes

jusqu’au sommet des arbres les plus élevés, dans l’habitat

et d’un côté à l’autre, au-dessus du paysage ondulant

aussi loin que ses limites flottent

et ce tapis se déploie dans tout le sol de cet écohabitat. Essentiellement, le réseau endomycorhizien – qui est composé d’un organisme hybride élaboré par les neurones de la plante et les neurones mycéliaux sur des connexions synaptiques uniques – forme un système neuronal extensif pour cet écohabitat. Les autres plantes vasculaires en forment une partie intégrale car les neurones de leurs racines sont tout autant connectés au réseau.

Ainsi que le mycologue Paul Stamet l’a découvert, de tels réseaux mycéliaux sont communs dans les écosystèmes du monde entier et partout où ils émergent, les plantes et le système acquièrent une santé et une vitalité meilleures.

Les tapis endomycorhiziens Poacées/Psilocybes, dans les écohabitats sains de prairies, accroissent la respiration du sol; ils augmentent, dans le sol, l’activité enzymatique et les teneurs en azote et en carbone; ils stimulent la formation de communautés microbiennes uniques; et ils génèrent une haute activité métabolique partout où ils se forment. La structure de sol et sa teneur en argiles sont influencées par une diversité de facteurs incluant – plus particulièrement – l’érosion générée par le mutualisme plante/champignon. La production fongique de sol enrichi, au travers de la biodégradation des Poacées déclinantes, influence également la texture du sol. Les systèmes racinaires stimulés des Poacées ameublissent le sol  lorsque les extrémités des radicelles s’y enfoncent profondément – il en est de même du mouvement du mycélium à l’intérieur du sol. Cela permet à la microfaune du sol (nématodes, bactéries, amibes) de se mouvoir plus aisément dans le sol et au sol d’absorber une plus grande quantité d’eau – dont la zone complexe de la rhizosphère a besoin pour continuer à fonctionner. Le réseau endomycorhizien plante/champignon promeut en fait la texture du sol pour son propre bénéfice.

le système auto-organisé

modifie son environnement pour favoriser l’optimum de vie

comme le font tous les organismes biologiques auto-organisés

Des prairies dépourvues de tels tapis mycorhiziens sont beaucoup moins vigoureuses et beaucoup moins capables de répondre à des perturbations environnementales.

Mais c’est la présence de composés psychoactifs et neurognostiques dans le réseau endomycorhizien de l’écohabitat de prairies qui génère autant de plasticité et de résilience dans le système. Les actions de ces composés sur les récepteurs de sérotonine dans le réseau végétal stimulent – tout comme ils le font en nous – la formation de plus de neurones/racines. Le cerveau/racine se déploie ensuite, créant ainsi un réseau neuronal plus étendu pour la plante individuelle. Cela lui permet de processer les données plus efficacement quant à son environnement et de générer des solutions. Mais ce cerveau/racine en extension est également connecté    au travers de connexions intimement synchronisées avec les hyphes fongiques – au réseau neuronal fongique plus global. Et ce réseau neuronal étendu circule dans l’intégralité de l’écohabitat, créant par là-même un réseau neuronal encore plus vaste. Les autres plantes vasculaires dans l’écohabitat se synchronisent également intimement avec ce réseau, en l’étendant encore plus. Et tous communiquent ensemble. De milliseconde en milliseconde en milliseconde. La libération de composés sérotoninergiques par les champignons, dans les réseaux neuronaux des plantes individuelles et dans le plus grand ensemble

plus particulièrement durant des perturbations

ouvre en grand les portes de filtrage en laissant passer plus de données sensorielles

et une plus grande perception des significations de ces flux sensoriels

à savoir une plus grande sensibilité à ce que Bateson appelle le “matériau/message”

ce qui génère un spectre plus ample d’adaptations aux perturbations environnementales afin de maintenir les systèmes auto-organisés intacts (plantes et écohabitats). Les composés stimulent, essentiellement, des comportements à l’extérieur de paramètres normaux et habituels en favorisant l’innovation dans le système et ses sous-unités.

Les humains ne sont pas les seuls à passer leur temps à créer de nouveaux alcaloïdes hallucinogènes. Les psilocybes le font aussi. Si l’on donne à leur mycélium du N,N-diethyltryptamine (DET), en addition à son liquide nourricier – une substance que l’on ne trouve pas dans la Nature – les champignons innovent sur cette forme particulière en créant  4-hydroxy-N,N-diméthyltryptamine (4-HO-DET), un hallucinogène extrêmement puissant, que l’on ne trouve pas, non plus, dans la Nature. Une innovation alcaloïdale pénètre alors les réseaux neuronaux des écosystèmes de la Terre. (Et tout ce LSD que nous avons produit et excrété? Qu’en ont fait tous les organismes de la Terre?). La question émerge alors – comme Alexander Shulgin le souligna si justement – de savoir ce qui est naturel. Mais une requête supplémentaire se fait jour: qu’est-ce qui pousse tant d’êtres humains à innover, avec autant d’expertise, sur tous ces alcaloïdes sérotoninergiques?

Les psilocybes, et ce n’est pas étonnant, se sont disséminés dans le monde entier dans des écohabitats ravagés qui ont été surpâturés. Ils sont particulièrement agressifs quand il s’agit de s’installer dans des régions agricoles perturbées qui ont été fertilisées avec du fumier de vache, de chèvre, de mouton (c’est à dire provenant de ruminants,

l’origine de notre mot ruminer).

La capacité de ces composés d’affecter tous les organismes vivants, d’altérer leurs réseaux neuronaux et leurs processus de filtrage sensoriel, reflètent une vérité Gaïenne profonde quant aux neurognostiques. Ils sont, comme Kim Dawson le souligne, des éléments cruciaux dans «une niche écologique en évolution, une qui est requise par un écosystème dont la survie est menacée »21. L’impact des composés fongiques sur les êtres humains n’est qu’un exemple particulier d’une fonction et d’une condition écologiques générales. Et leurs influences sur nous sont – comme ils le sont pour tout ce qui est vivant – importantes et cruciales pour notre séjour harmonieux sur cette planète. Il en est de même du DMT.       

 

Le DMT

Connu aussi comme N,N-diméthyltryptamine, le DMT est massivement présent dans tous les écosystèmes du monde entier, tout comme les psilocybes. Ainsi que Rick Strassman le souligne:

«le DMT fait partie de la constitution normale des êtres humains et autres mammifères; des animaux marins; des graminées et des légumineuses; des crapauds et des grenouilles; des champignons et des moisissures; et des écorces, des fleurs et des racines»22.

Il est particulièrement présent dans les plantes vasculaires. Selon une source, le composé existe dans plus de 200 espèces appartenant à 18 familles botaniques différentes, plus particulièrement dans les genres Acacia, Delosperma, Psychotria et Virola. Comme Alexander Shulgin le commente dans son livre “TIHKAL: Tryptamins I have known and loved”: «Le DMT est partout… il est dans cette fleur-ci et dans cet arbre-là et dans cet animal là-bas; il est simplement partout où vous regardez»23.

Le DMT est élaboré dans les plantes en utilisant des enzymes pour convertir du tryptophane en tryptamine et en N-méthyltryptamine et finalement en N,N-diméthyltryptamine, le DMT. L’Ayahuasca – qui est de nos jours la préparation de DMT la plus communément utilisée – est une décoction de plantes combinant une espèce contenant du DMT (généralement Psychotria viridis ou Diplopterys cabrerana) et une autre espèce contenant des alcaloïdes β-carbolines (presque toujours Banisteriopsis caapi) qui sont des inhibiteurs des monoamine oxydases. Le DMT est complètement inactif s’il est pris oralement en raison de sa destruction par les enzymes monoamine oxydases présents dans les intestins et dans le foie humains. Les β-carbolines, dans la seconde plante de cette décoction d’Ayahuasca, inhibent les monoamine oxydases permettant ainsi au DMT de pénétrer, dans un état hautement actif, le flux sanguin et le système nerveux.

Des êtres humains, sur la planète, dans des temps très anciens et bien avant l’invention des métaphores chimiques, imaginèrent d’associer ces deux espèces pour obtenir exactement ce résultat. Personne ne se pose la question de savoir comment. Et bien sûr que non: ils n’ont pas déambulé dans les forêts en expérimentant avec chacune des espèces qu’ils rencontraient dans leur quête afin de générer un effet hallucinogène qu’ils n’auraient jamais pu connaître – avant que ces deux plantes spécifiques ne fussent combinées ensemble de cette façon.

Les plantes ne rencontrent pas ce genre de problèmes. Le DMT les affecte sans soucis. Et tout comme le genre Psilocybe, le DMT est profondément entrelacé dans les écosystèmes du monde entier – en lesquels il agit quasiment de la même manière que la psilocybine. Les arbres libèrent le composé au travers de leur système racinaire affectant ainsi les biotes du sol, au travers de leurs stomates dans l’atmosphère, et dans les réseaux mycéliaux au travers desquels il est disséminé dans les écohabitats des plantes.

Les arbres et les autres plantes peuvent être considérés, plus précisément, comme une innovation des tapis mycéliaux qui lancent des organes de fructification que l’on appelle les champignons. Les champignons les plus anciens émergèrent il y 1300 millions d’années (et commencèrent alors à fabriquer des alcaloïdes sérotoninergiques), les premières plantes terrestres 600 millions d’années plus tard. Le système racinaire d’un arbre est en fait un tapis mycélial modulé. L’arbre est l’organe de fructification se déployant au-dessus du sol et qui, au lieu de spores, libère des semences à disséminer. Un arbre est un matériau/message transformé et sa transformation est fondée sur l’innovation antérieure de réseaux mycéliaux/organes de fructification fongique.

Le DMT, tout comme la psilocybine, stimule l’extension des réseaux neuronaux des plantes, ouvre encore plus les seuils de filtrage et stimule les innovations quant aux réponses de l’écosystème vis à vis de perturbations afin d’en accroître la résilience fonctionnelle.

Le DMT est essentiellement une innovation sérotoninergique

pour être utilisée par les plantes vasculaires plutôt que par les champignons

afin d’améliorer le fonctionnement des réseaux neuronaux

Les neurognostiques, sous quelque forme moléculaire que ce soit, existent pour cette raison et ce depuis leur création. Ils favorisent des perceptions plus profondes du champ de réalité en lequel nous sommes tous enchâssés. Nous ne sommes pas les seuls qui ayons des expériences visionnaires.

 

La neuroactivité des neurognostiques

La conversation, en cours, quant aux neurognostiques, qui a occupé le monde Occidental, depuis les années 60, est embourbée dans une ornière assez profonde. Ainsi que Tyler Volk le commenta dans ses explorations de métastructures en ayant recours à la métaphore du canoë:

«Supposez que l’on vous demande de définir un canoë. Vous décrivez alors sa forme, ses dimensions, ses composants et même sa méthode de fabrication – comme pour en construire un ou au moins pour en reconnaître un. Dans un autre type de réponse, vous pouvez aussi décrire ce qu’accomplit un canoë, comment il fonctionne, en transportant une personne sur les eaux».24

Et en fait, ce que presque tout le monde fait, lorsqu’ils s’intéressent aux neurognostiques, c’est d’utiliser l’une de ces approches ou les deux… souvent avec une régularité lassante. Ils n’arrêtent pas de parler des substances chimiques et des récepteurs dans le cerveau. C’est utile jusqu’à un certain point, mais…

Cela ne construit pas d’ailleurs un canoë – bien que de nombreux scientifiques le pensent quand même –  ni en donne d’ailleurs, ce qui est plus essentiel, une expérience. Il s’agit seulement d’une carte et non pas du territoire. Cela ne va pas vous soutenir sur l’eau ou même, ultimement, vous emmener là où votre âme a besoin d’aller, et plus particulièrement si vous décidez de vous embarquer pour la traversée de l’Océan de l’Être afin de découvrir, par vous-mêmes, ce qu’il en est.

Et donc, de temps, en temps, et à partir de maintenant, je présenterai certains concepts de la troisième voie de Volk, à savoir, «plutôt que de déclarer quoi que ce soit au sujet du canoë même, vous décrivez l’expérience d’être dans un canoë et ce que l’on peut voir du paysage en voguant».25 Cette troisième voie est véritablement la plus cruciale de toutes – car chacun d’entre nous doit découvrir la nature authentique du monde pour nous-mêmes. Et pour ce faire, éventuellement, il nous faudra voguer en canoë – tôt ou tard. Comme le dit Benny Shanon, commentant ses expériences avec l’Ayahuasca:

«Les formats légitimes de la cognition, je pense, sont définis en termes d’expérience chargée de significations et non pas en termes de processus neurophysiologiques ou des événements du cerveau. La situation est analogue à celle que l’on rencontre en musique. On conviendra que sans piano, une musique de piano ne peut pas se manifester à l’existence. Cependant, si l’on appréhende tout ce qui est pertinent à la compréhension d’une sonate de piano, cela ne fait aucun sens de n’étudier seulement que la physique des cordes de piano et leur acoustique».26

Nos récepteurs 5-HT pourraient être le piano mais ils ne sont pas la chanson… et ils ne le seront jamais.  Nous pouvons apprendre à moduler intentionnellement nos récepteurs et arriver donc à créer un type particulier de musique, afin de participer activement au Chant de la Terre. Nous pouvons alors pénétrer profondément dans un état de synchronie avec les autres organismes de ce monde, et même avec le monde. Ce faisant, nous pouvons découvrir des expressions de communication – qui ne pourraient être découvertes d’une autre façon – des vérités concernant ce monde que l’on ne peut trouver par nulle autre approche. Mais tout ce qu’une dissection de piano peut nous amener concerne seulement le piano, cela ne nous dit rien quant à l’impact de la musique sur le coeur humain, sur le coeur du monde, ou comment  cette musique accompagne l’âme sur son chemin de voyage. Les gens oublient constamment, sous l’impulsion de la mégalomanie réductrice,

des déclarations insistantes des neuroévangélistes

que (comme Crutchfield le note): «même avec une carte complète du système nerveux d’un organisme simple… on ne peut pas déduire le comportement de cet organisme»27.

Gardez cela à l’esprit

notre propos véritable ici, c’est la chanson

et notre capacité de la chanter en harmonie avec les autres formes de vie,

tout cela, jusqu’à maintenant,

n’a été que l’élaboration d’une carte plus précise

nous allons bientôt voguer dans le canoë

ou peut-être même nager… nus.

Mais avant de se mettre tout nus… encore quelques points au sujet du piano.

Les neurognostiques sérotoninergiques affectent de la même façon tous les organismes. Ainsi que Frantz Vollenweider et Mark Geyer le commentent, les effets de tels composés «émergent, du moins, de leur capacité commune d’altérer le filtrage thalamo-cortical des informations internes et externes vers le cortex… Des études, portant sur d’autres espèces, de fonctions de filtrage équivalentes tel que l’inhibition du pré-stimulus réflexe de sursaut… corroborent cette vision».28

En d’autres mots, il n’importe que peu que vous soyez une plante, une araignée, un oiseau, un singe ou un être humain, le réseau neuronal va en être affecté de manière similaire. Ainsi qu’Hofmann le souligne:

«A de très faibles doses optimales, les toiles des araignées étaient même mieux proportionnées et plus minutieusement construites que normalement: cependant, avec des doses plus élevées, les toiles étaient mal élaborées et de façon rudimentaire».29

Les neurognostiques sont, en fait, de puissants analogues de sérotonines et ils affectent les systèmes de sérotonine dans tous les organismes vivants. Et chaque système vivant utilise la sérotonine et chaque organisme vivant en possède des récepteurs. Tout et tout le monde plane et le niveau de planante dépend de la quantité intégrée.

La question intéressante, néanmoins

c’est de savoir à quoi les toiles ressemblent

une fois que l’araignée redescend

Chez l’être humain, les impacts des neurognostiques sérotoninergiques sur les récepteurs 5-TH affectent chaque partie du corps dans lequel ils se manifestent. Ces impacts induisent de multiples effets en aval, incluant des affects sur les GABA, sur les récepteurs de dopamine (tels que D-1 et D-2) et sur les récepteurs métabotropiques du glutamate (mGluRs). L’imagerie neuronale a mis en valeur que la psilocybine (ainsi que la mescaline) accroît bilatéralement, de manière conséquente, l’activité du cerveau au niveau des cortex frontal médial et frontal latéral, incluant le cortex cingulaire antérieur. Des augmentations moins conséquentes se manifestent dans les lobules pariétaux supérieur, inférieur et temporal médian, dans le striatum et dans le thalamus. Des diminutions d’activité se manifestent dans le noyau caudé gauche, bilatéralement dans le striatum ventral, le lobe occipital et la voie optique. Le filtrage sensoriel est immédiatement affecté, les canaux de filtrage s’ouvrent beaucoup plus et dans toutes les expérimentations conçues pour examiner les dynamiques de filtration, des altérations conséquentes ont été découvertes.

Les hallucinogènes sérotoninergiques agissent également sur les récepteurs de dopamine D1 et D2 ainsi que sur les récepteurs adrénergiques A-2. Ils accroissent la synesthésie (à savoir la fusion de deux modalités sensorielles, ou plus, en un unique vecteur sensoriel perceptuel), ils altèrent la perception et l’attribution de significations à ce qui est perçu et perturbent les chemins de traitement normal des données.  Ils transforment la nature de la cognition même.

Ils transforment la nature de la cognition même.

Ils accroissent les compréhensions perceptuelles de l’environnement, élargissent la perception du coeur et diminuent, de manière substantielle, la dépendance au cerveau antérieur. On commence à sortir des limites étroites du soi réducteur et à faire l’expérience de l’identité individuelle des autres formes de vie.  Benny Shanon observe qu’en Ayahuasca il existe:

«Le ressenti que l’on comprend les personnalités des autres individus et que l’on gagne un accès spécial à leurs états mentaux et sentiments intérieurs. Une communication, sans médiation, est également vécue avec les animaux. En fait, les expériences durant lesquelles on ressent que l’on peut communiquer avec les animaux, et les comprendre, sont très communes en Ayahuasca. Des expériences similaires sont reportées avec les plantes».30 

Jason Godesky commente que cette perception de l’identité individuelle d’autres êtres vivants est essentielle à une habitation humaine harmonieuse de la Terre car si nous refusons d’accorder une identité individuelle à “l’autre”, nous finissons par

«refuser d’accorder une identité individuelle à nos compagnons humains. Ultimement, nous ne pouvons reconnaître les autres qu’au travers de l’empathie; c’est en reconnaissant assez de nous-mêmes chez l’autre que nous réussissons à lui octroyer la même nature d’identité individuelle, d’autonomie, de pensées et de sentiments dont nous faisons nous-mêmes l’expérience en premier lieu. En général, cela s’avère difficile à moins que nous communiquions avec cet autre et que nous en recevions un feedback permettant de confirmer cette identité individuelle».31 

Lorsqu’une personne soustrait son empathie du monde extérieur, des êtres humains, comme Godesky le souligne: «Nous appelons cette personne un sociopathe. C’est ainsi qu’une définition relativement adéquate de la civilisation se focaliserait sur la normalisation systémique de la sociopathie… Ne pas reconnaître [que le monde est rempli de personnes non-humaines] requiert un effort spécifique et conséquent. Nous devons entraîner méthodiquement nos enfants à retenir leur empathie car sinon ils continueront de traiter toutes sortes de choses non-humaines comme des gens. L’animisme provient de la condition naturelle de l’humanité; nous devons enseigner tout autre chose».32   

Les neurognostiques sérotoninergiques génèrent, ou peut-être plus précisément, régénèrent les sentiments enfantins naturels d’empathie, l’expérience directe de la personnalité de l’autre non-humain, en altérant la filtration sensorielle de façon conséquente. Ils altèrent les fonctions des cortex frontaux et des régions limbiques et pariétales du cerveau – qui sont toutes fortement impliquées dans le sens du soi, à savoir dans l’identification du soi et de l’autre, tout autant que dans l’expérience de la structure du temps, quels stimuli sont considérés pertinents et l’innovation de nouveaux comportements. Lorsque la filtration sensorielle est altérée dans ces diverses régions du cerveau, les frontières entre le soi et l’altérité s’amenuisent, l’empathie s’accroît, le temps se ralentit et chaque nouvel influx sensoriel devient nouveau et de plus en plus essentiel. Et répétons-le… les frontières entre le soi et l’altérité s’amenuisent… et parfois elles disparaissent complètement. Ainsi que Fitz Hugh Ludlow décrivit son expérience:

«Maintenant, dans le silence primitif de quelque forêt tropicale non explorée, je disséminai mes feuilles plumées, une fougère géante, et j’oscillai et me balançai dans une tempête d’épices au-dessus d’une rivière dont les vagues exsudèrent soudain des nuées de musique et de parfum. Mon âme se métamorphosa en une essence végétale, palpitant d’une extase étrange et inimaginable».33

Un tel amincissement des frontières est crucial. Car c’est alors que vous commencez à percevoir d’autres formes de vie à partir de leur propre point de vue. Et par conséquent, un accroissement de l’empathie s’avère inévitable. Et cela a d’importantes implications pour la santé et le fonctionnement de l’écosystème. Ainsi qu’Aldous Huxley l’observa un jour: «Nous voir comme les autres nous voient est un don des plus salutaires. Tout aussi importante est la capacité de percevoir les autres comme ils se perçoivent eux-mêmes. Mais qu’en est-il lorsque les autres appartiennent à une race différente et demeurent dans un univers étranger?».34 Nous ne pouvons découvrir un chemin vers une habitation humaine durable de cette planète que lorsque nous  apprenons à percevoir les autres membres de la communauté de la Terre de leur propre point de vue – à savoir de se tenir là où ils se tiennent – et à ressentir une empathie avec leur vie.

Mais également… cet accroissement du sentiment de l’altérité, cette expansion de la conscience perceptuelle, fait également autre chose de crucial. On se “sent” bien! Cela altère littéralement l’expérience de la déconnexion existentielle dont tant souffrent dans le monde Occidental. Les hallucinogènes indolés, tels que le LSD, la psilocine (la psilocybine), le diméthyltryptamine (DMT), les hallucinogènes dérivés de phényléthylamine, tels que la mescaline et le DOM (2,5-dimethoxy-4-methylamphetamine), accroissent tous la sensitivité aux stimuli sensoriels et les réponses à ces mêmes stimuli… et ils le réalisent de façon très plaisante. On se “sent” bien de percevoir sensoriellement.

Avec les neurognostiques sérotoninergiques, tels que la psilocybine, la mescaline et le LSD, les effets expansifs sur la filtration sensorielle stimulent la plasticité synaptique et, pour certains, permettent aux canaux de filtration sensorielle de rester beaucoup plus ouverts ultérieurement. Cela permet l’intégration régulière de plus grandes quantités de données sensorielles et la faculté d’œuvrer avec des spectres plus amples de significations, en accroissant l’innovation en réponse aux influx environnementaux, incluant la compréhension des association entre objets dans l’environnement qui ne sont pas normalement perçues.  Se sent-on bien? On continue de se sentir bien. Comme Havelock Ellis le décrit, concernant la mescaline:

«Je peux, effectivement, dire que depuis cette expérience, j’ai été beaucoup plus sensible esthétiquement parlant, que je ne l’étais auparavant, aux phénomènes plus délicats de lumière, d’ombre et de couleur».35 

Ou Albert Hofmann avec le LSD:

«Je fus inondé d’une sensation de bien-être et de vie régénérée. Le petite déjeuner avait un goût délicieux et il me donna un plaisir extraordinaire. Quand je sortis plus tard dans le jardin, où le soleil brillait après une pluie printanière, tout brillait et scintillait dans une lumière fraiche. C’est comme si le monde était régénéré. Tous mes sens vibraient dans une condition de haute sensitivité».36 

L’ingestion initiale de substances hallucinogènes, dans tous les organismes, est suivie par une activité décrue et une plus grande attention sensorielle à l’environnement. Puis, il s’ensuit une exploration accrue de cet environnement.

Sainte Merde et facteurs (Ouah! Regarde cela!) subséquents.

L’Ayahuasca, la psilocybine, le LSD, et autres neurognostiques, décroissent la filtration sensorielle de toutes les modalités sensorielles – plus particulièrement visuelles et somesthésiques (tactiles). La sensitivité de l’épiderme s’accroît de façon conséquente, la perception visuelle est modifiée, la perception auditive s’accroît. La vitesse de pensée accrue est également commune mais, ce qui est encore plus important, la formation d’associations entre des phénomènes disparates est fortement stimulée. L’inclination à focaliser l’attention diminue, l’attention tend à devenir plus générale, se déployant vers l’environnement intégral de stimulus sensoriels. Le mental conscient suit alors ce qui capture son attention… jusque qu’à la prochaine capture. Le soi se met intimement en résonance avec tout ce que l’environnement signale, avec tous les messages émanant du monde dans lequel la personne est intégrée.

Et maintenant, quelques commentaires sur les cannabinoïdes… sinon, je vais recevoir des lettres.

 

Cannabinoïdes

Les cannabinoïdes, qui ne sont pas à proprement parler sérotoninergiques par nature, affectent également la filtration sensorielle. Ils produisent exactement les mêmes effets malgré que, généralement, en bien moindre intensité. Ils affectent puissamment les réseaux neuronaux et ils jouent des rôles neuro-modulateurs essentiels au niveau du système immunitaire et des systèmes nerveux central et périphérique dans le corps humain. Nos corps produisent naturellement des cannabinoïdes (endocannabinoïdes) et les utilisent dans toutes les parties du corps où ils participent aux communications intracellulaires. Les cannabinoïdes (endo- ou ecto-) jouent des rôles modulateurs au niveau des neurotransmetteurs tels que GABA, 5HT, glutamate, acétylcholine, noradrénaline et dopamine, à partir d’un certain nombre de structures du système nerveux central telles que le cervelet, l’hippocampe, le striatum, la substance grise et le cortex. Ils agissent tel un mécanisme autorécepteur présynaptique en modulant le GABA tout autant que l’acide glutamique dans le système neuronal. Les récepteurs au glutamate induisent, en fait, la synthèse d’endocannabinoïdes en réponse à des indices environnementaux (ou internes) afin de réguler la libération de GABA et les niveaux de système. La production d’endocannabinoïdes altère l’architecture neurocognitive, stimulant la plasticité neuronale et les réponses aux perturbations environnementales. Durant des périodes de stress intense, ils sont généralement produits en très forte quantité.

Les cannabinoïdes agissent dans tous les cortex sensoriels, incluant le bulbe olfactif, l’épithélium olfactif et le cortex olfactif; ils agissent sur les mécanismes de filtration sensorielle de l’odeur, du toucher, du goût, de la vue et des perceptions de ressentis. Les récepteurs cannabinoïdes dans le système nerveux central modulent la nociception, à savoir les processus neuronaux d’encodage et de traitement des stimuli sensoriels. Ils agissent afin de moduler les influx sensoriels primaires au travers d’effets de filtration sensorielle en modulant la libération de GABA des dendrites de cellules granulaires.

Fondamentalement, ils vous font planer tout comme le font les neurognostiques sérotoninergiques. Et comme les plantes contenant du DMT, et les champignons psilocybes, les plantes qui contiennent des cannabinoïdes – plus particulièrement le cannabis – sont arrimées à leurs écosystèmes, partout où elles croissent. Elles affectent les réseaux neuronaux dans ces systèmes, tout comme elles le font en nous.

Et oui, c’est vrai, la Terre plane

Et comme ils le font en nous, et comme le font tant de neurognostiques, les cannabinoïdes agissent afin de pourvoir des fonctions de soulagement de douleurs dans les écosystèmes, au bénéfice de chaque organisme dans le réseau, au bénéfice de l’écosystème même.

Les écosystèmes peuvent être endommagés. Lorsqu’ils le sont, des signaux sont envoyés au travers du réseau neuronal, tout comme ils le sont pour nous, afin de signaler le dommage au système. Les écosystèmes ressentent la douleur, tout comme nous – tout comme tout ce qui possède un réseau neuronal. C’est la fonctionnalité qui le requiert. La douleur est un signal neuronal de lésion se manifestant dans le système. Elle attire l’attention du système afin que la lésion puisse être traitée. Un système sans une réaction de douleur n’est absolument pas capable de s’adapter aux fluctuations environnementales. Et ces neurognostiques? Non seulement ils aident à soulager les douleurs mais ils stimulent aussi la régénération du réseau neuronal qui peut aider le système à générer des réponses de guérison qui ne lui étaient pas, auparavant, accessibles. Aider le système à innover des réponses vis à vis non seulement de perturbations extérieures mais également intérieures.

 

Les neurognostiques et la fonction de l’écosystème

Les analogues puissants de sérotonine existent pour des raisons écologiques spécifiques: ils fonctionnent spécifiquement pour stimuler la plasticité neuronale dans les réseaux neuronaux du système-Terre et, à la fois, pour ouvrir beaucoup plus les seuils de filtration. Ils stimulent le fonctionnement du réseau neuronal en dehors des paramètres habituels normaux, en permettant aux organismes individuels de générer des innovations uniques en réponse à des perturbations environnementales – à la fois internes et externes. Il n’est donc pas surprenant qu’un spectre très large d’organismes vivants ait recours aux neurognostiques et ils y réagissent de façon similaire. C’est une impulsion écologique – et de très longue antiquité évolutive –  pour les membres d’une espèce que de les utiliser; ce n’est pas pathologique. Ainsi que le chercheur Georgio Samorini le commente:

«Maintenant que nous avons découvert son existence très répandue dans le royaume animal, [une déduction logique] est qu’une altération de la conscience induite par des substances psychotropes précéda l’origine de l’homme. S’altérer soi-même est un comportement qui remonte aux tout débuts de l’évolution animale, des insectes aux mammifères et aux femmes et hommes».37

Ou comme Donald Siegel le souligne:

« Ces substances psychotropes que les animaux sélectionnent à leur usage sont capables d’interagir avec les mécanismes normaux du cerveau développés au fil de l’évolution pour impulser des comportements biologiquement essentiels (nourriture, eau et sexe). Dans un certain sens, la quête de substances psychotropes est la règle et non pas l’aberration… [l’utilisation des substances psychotropes] possède une valeur d’adaptation évolutive».38

Et “cette valeur d’adaptation évolutive”? La restructuration des réseaux neuronaux et la réinitialisation des seuils de filtration afin de permettre des réponses plus sophistiquées à des événements environnementaux imprévisibles – externes ou internes. Elle accroît la portée et la sophistication de la réponse. Ainsi que le poète Dale Pendell le décrit:

«Vous le méritez. D’apprendre que votre œil possède une capacité microscopique, que vos mains peuvent être des mains de sculpteurs, que vous pouvez comprendre Debussy et suivre toutes ses voltiges. Comment les traités et les compendiums ésotériques des philosophes-alchimistes sont des notes crûment rédigées sur le terrain auxquelles vous pouvez ajouter vos commentaires».39

La complexité du système auto-organisé, que nous appelons la Terre, rend extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, la prédiction d’événements futurs. Mais comme le chercheur en créativité, Edward de Bono, le souligne: «si vous ne pouvez pas prédire précisément le futur, vous devez alors vous préparer à assumer différents futurs possibles».40 Les réseaux neuronaux des organismes sont eux-mêmes des systèmes auto-organisés non linéaires et ils sont généralement capables de gérer l’imprédictibilité. Mais les paramètres de filtration tendent à se figer au fil du temps et tous les organismes sont enclins à s’habituer à certaines amplitudes d’influx sensoriels et de réponses aux perturbations environnementales.

Cela inclue les plantes, les bactéries, les insectes, les animaux et les écosystèmes.

Cependant, les neurognostiques agissent  – comme ce que le chercheur Italien Georgio Samorini décrit comme  “un facteur ou un instrument de déformatage” ou ce qu’Edward de Bono appelle  “des facteurs  d’Opération de Provocation (OP)”. A savoir qu’ils «projettent les modèles consolidés dans le désordre». De Bono remarque qu’une Opération de Provocation,

«donne à une personne la permission d’avoir recours à des idées qui ne sont pas cohérentes avec l’expérience. Avec l’Opération de Provocation, plutôt que de rejeter ces idées, une personne peut les utiliser comme un tremplin vers d’autres idées. L’Opération de Provocation permet alors le recours “aux impossibilités intermédiaires”. Puisque ces idées “impossibles” ne s’accordent pas avec les modèles établis, elles rendent impossible une certaine distanciation de l’expérience existentielle. L’Opération de Provocation  est un instrument libérateur qui libère [le mental] de la rigidité des idées, des schémas, des divisions, des catégories et des classifications établies. L’Opération de Provocation est un instrument de concepts innovateurs».41

Ou comme Samorini l’exprime:

«Si l’espèce veut être capable de se conserver au fil du temps, elle doit inclure la capacité d’évoluer, de s’adapter et de se métamorphoser en réponse à des changements environnementaux continuels. Le principe de conservation (de ce qui a été acquis) tend à préserver rigidement les modèles et les schémas établis mais la modification (la quête de nouvelles voies) requiert un instrument de déformatage, ou une fonction, capable de s’opposer – au moins durant certains moments déterminés – aux principes de conservation».42

et il continue: «Puisque c’est presque toujours un certain pourcentage, seulement, de membres d’une quelconque espèce qui s’impliquent [dans l’usage de substances], il se peut que ce pourcentage réalise une fonction de déformatage non seulement pour lui-même mais aussi pour l’espèce dans son entièreté».43

Sommes nous en train de nous engager dans une expression “variante” de la sensibilité perceptuelle humaine? Et s’il en est ainsi, ne pourrions-nous pas alors la considérer comme, peut-être, une évolution adaptative bénéfique? Comme une réalité démographique vieille comme le temps, possiblement câblée dans les âmes de certains, qui, en fait, enrichit et diversifie la civilisation humaine?

Nous ne pouvons pas solutionner des problèmes

en ayant recours au même type de paradigme que nous avons utilisé

lorsque nous les avons générés.

Comme Samorini le commente, «Historiquement parlant, le motif fondamental pour utiliser des substances psychotropes émerge du désir d’appréhender la réalité plus pleinement, et non pas d’y échapper».44 Les neurognostiques, comme les chercheurs l’ont mis constamment en exergue, induisent une plasticité neuronale dans le cerveau. L’impact de la psilocybine, et d’autres neurognostiques, constitue en l’altération de la perception habituelle du champ environnemental en lequel l’observateur est immergé. Les canaux de filtration sensorielle sont ouverts de telle sorte qu’ils induisent un spectre plus élargi d’influx sensoriels tout autant que des significations qui sont encodées au sein de ces stimuli sensoriels.

La neurogenèse et la plasticité synaptique sont stimulées dans l’hippocampe, la fonction hippocampique s’intensifie (l’accroissement en influx sensoriels peut être perçu comme un champ environnemental plus riche) et la découverte de solutions aux problèmes est stimulée en dehors des canaux normaux et habituels. Comme Albert Hofmann le souligne:

«Si l’on continue avec la perception de la réalité comme un produit de transmetteur et de percepteur, l’entrée donc dans une autre réalité sous l’influence du LSD peut être expliquée par la fait que le cerveau, le siège du récepteur, devient biochimiquement altéré. Le récepteur est donc connecté à une autre longueur d’onde que la normale, celle de la réalité quotidienne. Puisque la diversité infinie de l’univers correspond à un nombre tout aussi infini de longueurs d’ondes différentes, en fonction de l’ajustement du récepteur, de nombreuses réalités différentes, incluant l’ego respectif, peuvent devenir conscientes. Ces réalités différentes, plus correctement désignées comme des aspects différents de la réalité, ne sont pas mutuellement exclusives mais elles sont complémentaires et elles forment ensemble une portion de la réalité éternelle, tout-englobant et transcendantale avec la capacité d’enregistrer plusieurs egos.

La vraie importance du LSD, et des hallucinogènes corrélés, repose en leur capacité de modifier les paramètres de longueur d’onde du “soi” récepteur et, donc, d’évoquer des altérations dans la conscience de la réalité. Il a la capacité de permettre à des nouvelles et différentes visions de la réalité d’émerger».45

Les neurognostiques brisent les formats habituels. Ceux qui les ingèrent, et écrivent au sujet de leurs expériences, commentent tous, quant à ces effets. Voici le témoignage d’Anaïs Nin quant aux effets du LSD sur son cadre habituel de perception:

«J’ai pris conscience que l’expression anglaise “blow my mind” était née du fait que les Américains ont cimenté l’accès à l’imagination et à la fantaisie et qu’il faudrait de la dynamite pour faire sauter ce blocage! Leary avait raison quant à son insistance sur le fait que nous utilisons seulement 1% de notre mental ou potentiel, que tout dans notre éducation conspire pour nous restreindre et nous brider. On ne peut que souhaiter que les gens prennent autant de temps à étudier les drogues qu’ils étudient la religion, ou la philosophie, et à s’adapter à cette altération chimique de nos corps.

La valeur du LSD réside dans le fait que c’est un raccourci vers l’inconscient afin que l’on puisse entrer aisément dans le monde de l’intuition, pur comme pour les enfants, de réaction émotionnelle directe avec la Nature, aux autres êtres humains. Dans un sens, c’est le retour à la spontanéité et à la fraîcheur de la vision de l’enfance qui permet à chaque enfant de chanter ou de peindre».46

Et Adelle Davis, également sur ses expériences avec le LSD:

«Dans la semaine suivant mon premier séjour dans l’autre monde, je pris conscience que je paraissais avoir deux personnalités: une personnalité pré-LSD où mes propres sentiments restaient dominants et vers laquelle je me tournais en cas de stress; et une personnalité post-LSD caractérisée par la sérénité, la tolérance, l’optimisme et un effacement de l’ego. Lorsque la seconde personnalité avait la préséance,  je pouvais parfois ressentir les sentiments des autres avec une intuition étonnamment précise. Avec chaque expérience, les deux personnalités devinrent plus manifestes mais, au bout d’une période de quelques mois, elles n’étaient plus discernables et elles fusionnèrent apparemment».47

Et de nouveau Hofmann:

«Dans les conditions normales de conscience; dans la réalité quotidienne; on est face à face avec le monde extérieur; il est devenu un objet. Dans les états de LSD, les frontières entre le soi sujet de l’expérience et le monde extérieur ont tendance à se dissiper… Le feedback entre le récepteur et le transmetteur prend place. Une portion du soi s’écoule dans le monde extérieur, dans les objets, qui commencent à vivre, à manifester une autre signification plus profonde».48

La perception amplifiée de l’arrière-scène métaphysique du monde induit, en fait, de considérables innovations dans la mesure où les schémas habituels sont brisés. Les gens apprennent à voir, à entendre, à ressentir et à penser selon des voies nouvelles. Il n’est que de porter son regard sur les innovations dans la musique Occidentale, sur les développements en technologie du son qui se manifestèrent subséquemment et sur les innovations dans les domaines de la santé alternative, de la technologie informatique et du commerce  – qui toutes émergèrent dans les années 60 sous l’influence des neurognostiques.

Vrai, un grand nombre d’entre eux étaient stones et beaucoup l’admettent comme Steve Jobs d’Apple (bien que certains, avec lesquels nous plannions à l’époque, portent maintenant des costumes 3 pièces en prétendant qu’ils ont toujours conservé leur système neuronal chaste alors qu’ils vivent d’un commerce dont ils ont eu l’intuition lorsqu’ils étaient stones ou sous acide) ou Kary Mullis, le biochimiste prix Nobel, qui rendit crédit au LSD pour sa découverte de technologies d’amplification d’ADN, à savoir la réaction en chaîne par polymérase (PCR) qui est utilisée dans les laboratoires du monde entier afin d’identifier plus rapidement les microorganismes.

Le fait que tant de sauts évolutifs dans le monde Occidental, après la seconde guerre mondiale, émergent des neurognostiques est le petit secret peu ragoutant que les rétrécis mentaux ne peuvent accepter.  Bien que, comme Samorini le commente:

«Le fait qu’un comportement humain, tel que le recours à des substances psychotropes – dénigré et prohibé avec une telle insistance parce qu’il est considéré comme étant non naturel, et donc immoral – soit également prévalent dans le reste de la Nature et pratiqué par de nombreux animaux, devrait nous enseigner à être beaucoup plus prudent quant à nos évaluations et convictions».49

Une des raisons du courroux des PTS (les Personnes Très Sérieuses) peut être appréhendée en regardant ce qui se passe dans l’interaction entre ceux qui ingèrent des neurognostiques, et qui altèrent véritablement leurs schémas habituels, et ceux qui ne le font pas. Que le comportement de ceux qui planent se transforme ou non, cela n’est pas important. Les gens qui les entourent peuvent percevoir qu’ils ont consommé quelque chose que les autres n’ont pas consommé, qu’ils se sont transformés fondamentalement. Cela les effraie. Comme le souligne Hofmann:

«Une communauté de singes en cage réagit de façon très sensible lorsqu’un membre de la tribu a reçu du LSD. Bien qu’aucune transformation n’apparaisse dans cet animal spécifique, toute la cage est en émoi parce que le singe qui a reçu le LSD n’observe plus les lois de son ordre tribal hiérarchique finement coordonné».50

Si nous accordons une place dans notre culture pour ceux qui ont ressenti l’oscillation des épaules de l’éléphant, l’existence de la niche pourrait réduire le niveau de peur parce que le comportement serait identifié et sa catégorie reconnue. Mais le problème est particulièrement aigu en Occident, et encore aux USA. Comme le souligne Hofmann: «un concept de réalité qui sépare le soi du monde a déterminé, de façon décisive, le cours évolutif de l’histoire intellectuelle Européenne».51 Ceux qui ouvrent leurs canaux de filtration représentent un danger pour l’étayage fondamental de ce paradigme réducteur. Comme Marlene Dobkins de Rio le souligne:

«Si ces substances n’étaient pas illégales, les shamans émergeraient».52

et c’est pourquoi les drogues sont illégales, pourquoi les schizophrènes ne sont jamais éduqués quant à l’utilisation de leur capacités amplifiées, pourquoi les arts sont si pitoyablement soutenus et pourquoi ceux qui sont doués sont considérés comme des handicapés du développement. Et de tous ces impacts des neurognostiques sur les réseaux neuronaux humains, nuls ne sont plus dangereux, sans doute, pour le status quo, que leur amincissement des frontières entre le soi et l’altérité.

Dans tous les rapports concernant la schizophrénie, ce paramètre est considéré comme l’un des aspects les plus pathologiques de la situation, un aspect que leurs mentaliseurs essayent, avec force, de neutraliser au travers de l’utilisation de substances pharmaceutiques.

Une fois que la frontière s’amenuise, il est difficile de séparer le soi de l’autre. Les sentiments de l’autre et mes sentiments s’entrelacent et je commence à percevoir l’autre à partir de son propre point de vue. Je commence à opérer à partir d’une position d’empathie; le monde n’est plus une scène sanguinaire et je commence à faire personnellement l’expérience de la réalité vivante des formes de vie qui existent à l’extérieur de mes limites normales et distinctes. Je commence à prendre soin. Et ensuite, inévitablement, je commence à veiller à la manière dont je traite les habitants du monde, à l’extérieur de ma peau.

Lorsque nous ingérons des neurognostiques, nous pénétrons dans un autre monde, non pas dans un espace statique empli d’objets non corrélés mais plutôt dans un scénario constamment interactif empreint de significations et de communications. Et ce faisant, quelque chose de très intéressant commence à se manifester. Nous nous enchevêtrons avec le vivant, les fondations sémantiques, du monde. C’est alors que les fondations intégrales du monde Occidental réductionniste commencent à s’effondrer.

Et rien n’est jamais alors comme avant    

Traduction de Dominique Guillet. Octobre 2015.

Un enchevêtrement inextricable

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Chapitre 9 de l’ouvrage de Stephen Harrod Buhner: Plant Intelligence and the Imaginal realm.

Traduction et publication par Xochi autorisées par l’auteur.

 

Afin de comprendre Gaïa, nous devons abandonner le conditionnement mécaniste et cloisonnant qui nous a été imposé par la société depuis notre enfance. En effet, depuis leur tendre enfance, presque tous les Occidentaux (et particulièrement les jeunes scientifiques) sont exposés au concept d’une vie qui aurait émergé sous l’effet des lois aveugles et futiles de la chimie et de la physique et au concept d’un égoïsme qui sous-tendrait le comportement et l’évolution de toutes les plantes et animaux. Le mental d’un enfant se fait totalement emprisonné par ce type d’intellectualité au point que les qualités intuitives et stimulantes du mental soient complètement ignorées. STEPHAN HARDING

Nous avons été éduqués à penser des modèles, à l’exception de ceux en musique, en termes d’affaires fixées. C’est plus facile et plus paresseux de cette manière mais, bien évidemment, c’est du pur non-sens. En vérité, la façon la plus adéquate de penser au modèle qui connecte, c’est de l’imaginer primordialement comme une danse d’éléments interagissant. GREGORY BATESON

J’adore l’observation méticuleuse et féroce de Thoreau. La plupart des artistes débutent, ce qui semble correct, avec l’absorption intérieure, l’introversion et l’investigation de leur monde intérieur et, souvent, s’arrêtent là. D’une grande majorité d’œuvres d’art, nous déduisons que la prochaine phase inclut l’attention qui se dirige vers la vie au-delà de sa maison, au-delà de son mental, au-delà de l’obsession humaine avec cet enchevêtrement gigantesque que nous appelons l’univers.  ROBERT BLY

 

Il est essentiel de comprendre que le monde naturel, duquel nous sommes exprimés en tant que communication écologique unique lorsque nous naissons, n’est pas un espace. C’est, comme Gregory Bateson l’a décrit, un contexte empli de phénomènes interconnectés qui sont des messages transformés ou, comme Buckminster Fuller le conçoit, un scénario. Et comme Fuller ajouta, il est possible de sortir d’un espace, il n’est pas possible de sortir d’un scénario. Répétons-le:

Il est possible de sortir d’un espace,

il n’est pas possible de sortir d’un scénario.

Si vous pouvez vous autoriser à laisser cette signification perceptuelle s’épanouir en votre intérieur et à percevoir, ensuite, le monde environnant au travers de sa lentille, la première chose que vous allez sans doute expérimenter est une légère nausée. Une telle réorientation contredit une croyance fondamentale que tout un chacun d’entre nous absorbe au travers de nos cultures à partir du jour de notre naissance et elle bouleverse le terrain de la réalité en nous. Tout ce que nous percevons, incluant nous-mêmes, subit une altération quant à son sens intrinsèque.

L’une des altérations primordiales est telle que notre expérience intérieure du monde passe d’une orientation statique à une orientation animée. Le monde n’est plus du tout un endroit de non-mouvement stable mais c’est un champ de flux perpétuel. Dès que vous appréhendez que vous vivez dans un scénario, le comportement habituel normal se modifie – automatiquement. Votre manière d’approcher le monde est altérée. Le crayon sur le bureau est maintenant approché comme une partie d’un scénario,

avec reconnaissance et empathie

et non pas comme un objet statique sis sur un autre objet statique, parce que vous seul posséderiez le mouvement.

Dans un scénario, tout est en mouvement, tout le temps. Tout se métamorphose, tout le temps. Dans un scénario, l’évolution n’a pas pris fin. Ce n’est pas un ascenseur qui est arrivé à sa destination – nous –  où tout changement s’arrête. L’Évolution – à savoir l’Innovation Gaïenne – n’a pas de fin et n’en aura jamais.  Nous sommes juste des acteurs qui passons sur la scène, et non point l’objectif ultime du processus. Ainsi que Michael Crichton le commente dans son ouvrage, Prey:

«La notion, selon laquelle le monde autour de nous est en évolution constante, est une platitude: ce n’est que rarement que nous en appréhendons les pleines implications. Ordinairement, par exemple, nous ne pensons pas qu’une maladie épidémique modifie sa nature au fil de la dissémination de l’épidémie. Nous ne pensons pas plus que l’évolution des plantes ou des animaux puisse se manifester en l’espace de quelques jours ou semaines – alors qu’il en est ainsi. Et, ordinairement, nous n’imaginons pas le monde vert autour de nous comme une scène de guerre chimique constante et sophistiquée, avec des plantes produisant des pesticides en réponse à des attaques, et des insectes développant des résistances. Mais le monde est bien pourtant comme cela.

Si nous pouvions réellement appréhender la nature authentique de la Nature – si nous pouvions réellement comprendre le sens de l’évolution – nous pourrions alors imaginer un monde en lequel chaque espèce vivante de plante, d’insecte et d’animal change à chaque instant en réponse à chaque autre plante, insecte et animal. Des populations entières d’organismes se développent et s’effondrent, évoluent et se métamorphosent. Cette transformation insatiable et perpétuelle, tout autant inexorable et irrésistible que les vagues et les marées, implique un monde en lequel toutes les actions humaines possèdent nécessairement des effets aléatoires. Le système intégral, que nous appelons la biosphère, est à ce point complexe que nous ne pouvons pas connaître par avance les conséquences de quoi que ce soit que nous fassions. (Cette incertitude est caractéristique de tous les systèmes complexes, incluant ceux créés par l’Homme). C’est pourquoi nos efforts passés, même les plus éclairés, ont généré des effets indésirables».1

L’observation de Crichton «Si nous pouvions réellement appréhender la nature authentique de la Nature – si nous pouvions réellement comprendre le sens de l’évolution – nous pourrions alors imaginer un monde en lequel chaque espèce vivante de plante, d’insecte et d’animal change à chaque instant en réponse à chaque autre plante, insecte et animal.», est cruciale. Nous ne vivons pas dans un monde (et nous n’y avons jamais vécu) où nous serions les acteurs et où le reste de la Nature constituerait un arrière-plan statique.  Ainsi que Buckminster Fuller l’exprima une fois:

«Il est étonnant que l’une des contemplations les plus pérennes des êtres humains ait été impliquée dans un concept statique de l’Univers, cette sorte d’Univers qui fut en vogue avec la mécanique classique Newtonienne. Nous ne pouvons pas penser l’Univers comme un tableau statique et fixé – ce que nous tentons de faire, néanmoins, lorsqu’il est demandé où se terminent les frontières de l’Univers. Les humains essayent de trouver un kit d’entité finie. Nous avons une inclination monologique pour la chose, la clé, la pierre d’assise de l’Univers».2

L’orientation mentale de nous-mêmes – et de tous les autres organismes – comme étant continuellement dans un espace induit une analyse non adéquate du cadre écologique en lequel nous existons et dont nous avons émergé. L’une des pires failles logiques qui en découle est la croyance selon laquelle les organismes s’adaptent à leur environnement en s’insérant dans une niche – comme si l’environnement était un cadre statique extérieur emplis de vides, de niches, que les divers organismes peuvent ensuite occuper. Richard Lewontin commente que:

«Les organismes ne trouvent pas de niches écologiques pré-existantes auxquelles ils s’adaptent mais ils sont dans un processus constant de redéfinir et de remodeler leur environnement. A tout moment, la sélection naturelle opère afin de modifier la composition génétique des populations en réponse à l’environnement fluctuant mais comme cette composition se transforme, elle impulse une transformation concomitante dans l’environnement même. Ainsi, l’environnement et l’organisme sont tous deux des causes et effets dans un processus de co-évolution. Ce processus de co-évolution possède une caractéristique générale… Il est presque toujours topologiquement continu. A savoir que de petits changements dans l’environnement induisent de petits changements dans l’organisme qui, à leur tour, induisent de petits changements dans l’environnement… En bref, l’organisme et l’environnement doivent se suivre mutuellement en continu sinon il y a longtemps que la vie aurait disparu».3

Ou comme Lovelock le commente: «La vie et l’environnement matériel ont co-évolué intimement à l’image d’une seule entité».4 En d’autres mots, ce que nous avons c’est   

juste attend

un scénario, et non pas un espace statique où les organismes s’insèrent. L’environnement lui-même ne  peut pas être considéré, de façon réaliste, comme un espace; au contraire, il doit être reconnu comme un organisme – un champ vivant –

tout comme la matrice extra-cellulaire

entourant nos cellules

est de nos jours appréhendée comme étant un champ vivant

qui s’adapte lui-même à des changements ou bien qui les initie. Si vous projetez votre regard plus profondément – ce qui n’est pas confortable – il s’avère, pour sûr, qu’il n’existe rien du tout qui puisse être qualifié “d’environnement”. Le vécu intérieur de cette affirmation, la légère nausée qui accompagne son utilisation comme une lentille au travers de laquelle visionner le monde, met bien en exergue la profondeur de l’attachement au paradigme “d’espace” que nous avons intégré. Lewontin développe encore plus avant cette compréhension – en accentuant encore un peu plus le trouble:

«Les propriétés des espèces dessinent la forme du monde extérieur sous-jacent, tout comme lorsque nous saupoudrons de la limaille de fer sur une feuille métallique déposée au-dessus d’un aimant, la limaille adopte une structure qui épouse le champ magnétique sous-jacent. Curieusement, l’étude des organismes est véritablement l’étude de la forme de l’espace environnemental, les organismes eux-mêmes n’étant rien d’autre que le médium passif au travers duquel nous percevons la forme du monde extérieur.  Ils sont la limaille de fer du champ environnemental.»5

C’est une manière magnifique d’avoir un aperçu des “messages transformés” de Bateson. Car Bateson ne faisait que dire la même chose. Au travers de cette image, Lewontin fait passer le champ de vision de l’organisme au premier plan à l’arrière-plan comme premier-plan. Il modifie notre focalisation, inconfortablement, car l’on nous enseigne à tous que les organismes vivants constituent les éléments importants (aucun n’étant plus important que les humains). Ils constituent, par définition culturelle, le premier plan. Mais, avec ce changement de perspective, l’arrière-plan devient le premier plan et les organismes, en tant que tels, disparaissent; ils deviennent l’arrière-plan, leur importance se dissipe.

Cette sorte de permutation entre l’arrière-plan et le premier plan est délicieusement capturée par le célèbre dessin de Rubin. Cela crée le même effet de permutation de la perception du premier plan et de l’arrière-plan.

Est-ce le dessin de deux visages humains ou bien d’un vase? Lorsque vous focalisez votre attention sur le dessin, et dès que vous avez perçu les deux images possibles, le point d’attention commence automatiquement à osciller entre les deux perspectives – ce qui ne facilite pas l’appréhension de ce qui est réellement présent, de ce qu’exprime intrinsèquement le dessin. Bien que ce dessin ait pour finalité d’aider les artistes et les designers à capturer plus efficacement des formes tridimensionnelles sur une page bidimensionnelle, ce qu’il fait d’encore mieux, cependant, c’est d’illustrer l’expérience de tenter de découvrir des solutions uniques à des problèmes mondiaux complexes.

Lorsque vous contemplez ce dessin

vous faites l’expérience de pourquoi

des solutions descendantes à des problèmes environnementaux complexes

failliront toujours.

Les réponses uniques n’existent pas. Comme Buckminster Fuller l’exprime…

«Les parents disent à l’enfant qu’il ne peut pas avoir à la fois le soleil et la lune dans le dessin. L’enfant dit que si. L’enfant a la capacité de coordonner la non-simultanéité. Les parents ont perdu cette capacité.  L’une de nos grandes limitations est notre tendance à ne regarder que l’image statique, l’unique confrontation. Nous voulons des réponses à une seule image; nous voulons des images-clés. Mais nous découvrons juste qu’elles ne sont pas disponibles».6

Ou comme Marie Midgley l’exprime:

«L’univers n’a pas de secret unique. Il ne possède pas même un seul nid de secrets dont une antique étude aurait la clé. Nous pouvons expliquer beaucoup de choses mais selon des voies diverses. Toutes les études sont d’un usage strictement limité; toutes sont complémentaires, toutes ont besoin les unes des autres.».7

Ou comme Paul Krugman le dit:

«La carte n’est pas le territoire et cela est correct d’utiliser différentes sortes de cartes en fonction de ce que vous cherchez à réaliser: si vous conduisez, une carte routière suffit mais si vous partez en randonnée, une carte topographique est essentielle».8

La chimie est une carte. La physique, une autre carte. L’écologie, une autre carte. Toutes les cartes sont utiles et aucune n’est essentielle. Il n’existe pas de réponse unique.

Cependant… ce qui est troublant dans le dessin, c’est qu’il confère une expérience réelle de l’importance égale, dans la réalité, du premier plan et de l’arrière-plan, à la fois. Cela contredit directement la programmation de notre logiciel selon lequel seul le premier plan est essentiel et selon lequel les organismes devraient toujours se positionner au centre de la scène dans notre focalisation perceptive. Mais le dessin confère également une expérience de quelque chose de tout aussi essentiel: il n’existe pas d’arrière-plan, il n’existe qu’un premier plan. Ce que nous avons considéré comme étant l’arrière-plan et le premier plan sont, en fait, intrinsèquement la même chose. Et les deux doivent être perçus simultanément – en même temps – d’importance égale si nous souhaitons comprendre la Terre, et nous-mêmes.

C’est l’essence de la perception holistique

et le mental linéaire ne brille pas beaucoup en cela

Tous les organismes sont générés de la matrice écologique de cette planète – ce que nous avons considéré comme étant l’arrière-plan. Ils sont générés à partir des mouvements profonds du système auto-organisé vers le maintien de la stabilisation homéodynamique au travers des multiples niveaux du cadre de réalité qui existe dans ce scénario. Tous les organismes sont, en fait, des formes, ou plus précisément des trans-formes, de l’environnement lui-même. Ils sont à ce point intimement connectés avec le champ dont ils émergent qu’il n’est pas possible de les visualiser, avec une quelconque précision, isolés de ce champ. Les visualiser ainsi engendre immédiatement une dichotomie existentielle et interprétative entre le soi et le monde.

Toutes les actions comportementales réalisées qui sont fondées sur l’expérience erronée selon laquelle les organismes ne constituent pas l’environnement – ou selon laquelle l’environnement est l’arrière-plan tandis que les organismes constituent le premier plan – génèrent des perturbations environnementales qui vont désharmoniser l’homéodynamique du système Gaïen.

Ultimement, lorsque l’on examine attentivement les organismes et l’environnement, il s’avère réellement impossible de trouver le point de démarcation, l’endroit où l’organisme et l’environnement commencent et se terminent. Comme Lewontin le souligne:

«la souplesse de la démarcation entre l’intérieur et l’extérieur constitue une caractéristique universelle de tous les systèmes vivants.»9 Il est extrêmement difficile de localiser le point exact où le moi et le non-moi commencent. Oui, il existe un point de focalisation, un nexus

un nœud

d’être concentré dont une partie est perçue comme une forme physique unique, qui possède une existence réelle. Mais ce que c’est réellement, c’est un message transformé de l’environnement créé pour accomplir des fonctions spécifiques. C’est juste l’endroit où le matériau/message devient le plus dense. Et en tant que tel, il ne peut exister aucune ligne de démarcation définie entre l’organisme et l’environnement car seul l’environnement existe. Ce avec quoi nous sommes réellement impliqués, dans ce scénario que l’on appelle le monde, c’est une complexité infinie de systèmes auto-organisés nichés et emboîtés, chacun d’entre eux un aspect

tout comme nos globules blancs sont de nous

du plus large système auto-organisé que nous appelons Gaïa et qui n’est qu’une partie du plus large système auto-organisé de l’Univers.

C’est cet enchevêtrement immuable entre le premier plan et l’arrière-plan qui a tant effrayé les réductionnistes néo-darwiniens. Dans leur paradigme, les niches existent indépendamment de la vie et la vie s’adapte elle-même à ces niches, en compétition dans une lutte permanente pour la survie. Dans le monde néo-darwinien, la lutte pour la survie et la spécialisation de niche sont les deux seules réalités – en dépit du fait que Darwin lui-même fût beaucoup plus flexible, qu’il réalisât que sa grande intuition n’était juste qu’un commencement et qu’il devrait développer plus de complexité au fur et à mesure que ses implications et la réalité commencaient à être appréhendées. Comme James Lovelock le commente:

«Tout comme la physique Newtonienne s’avéra incomplète au niveau cosmique et particulaire, de même le Darwinisme est incomplet lorsqu’il tente d’expliquer le monde au-delà du phénotype. En particulier, il faillit à percevoir que les organismes font plus que de s’adapter à un monde mort et figé».10

La reconnaissance selon laquelle la vie façonne l’environnement, qui façonne ensuite la vie, qui façonne ensuite l’environnement, détruit les fondations du système néo-darwinien. Elle commence à détruire tout le concept de cause à effet. L’évolution commence à adopter des caractéristiques quantiques; la pensée linéaire ne constitue plus le fondement. Comme Masanobu Fukuoka l’exprime:

«La Nature est une entité fluide qui se métamorphose de moment en moment. L’humanité est incapable d’appréhender l’essence de quoi que ce soit parce que la forme réelle de la Nature ne laisse pas de point de prise. Les gens se troublent lorsqu’ils sont captifs de théories qui cherchent à geler une Nature fluide… Derrière chaque cause, il existe un nombre incalculable d’autres causes. Toute tentative de retracer ces dernières à leur source ne nous éloigne qu’encore plus de la compréhension de la cause authentique… La Nature ne possède ni début ni fin, ni avant ni après, ni cause ni effet. La Causalité n’existe pas. Lorsqu’il n’existe ni devant ni derrière, ni début ni fin, mais seulement ce qui ressemble à un cercle ou à une sphère, on pourrait dire qu’il existe une unité de cause et d’effet mais on pourrait tout autant affirmer que la causalité n’existe pas».11

Ou comme Goethe l’exprima:

«Lorsque quelque chose a acquis une forme, elle se métamorphose immédiatement en une autre forme. Si nous souhaitons accéder à une perception vivante de la Nature, nous devons rester aussi vifs et fluides que la Nature et suivre l’exemple qu’Elle donne».12

L’amplification de l’ouverture des seuils de filtration sensorielle induit un amincissement de la frontière entre le soi et le non-soi. Elle permet à la conscience de se mouvoir d’un sentiment statique d’être dans un espace vers un sentiment d’immersion dans un scénario. Il permet l’immersion au sein de l’arrière-scène métaphysique du monde.

c’est à ce moment, comme Buckminster Fuller l’exprima un jour

qu’il n’y a plus «de Dieu d’occasion»

Cela nous permet de faire l’expérience, directement, qu’il n’existe aucune différence entre le premier plan et l’arrière-plan, que tous les deux constituent la même chose.

E c’est vers là que nous nous dirigeons car tout cela, jusqu’à maintenant, n’a été que des préliminaires. Juste un traçage de la carte. Juste une histoire au sujet des pianos. Mais ce qui me passionne vraiment, c’est la chanson. Et qui plus est, ce qui me passionne encore plus, c’est de découvrir l’espace où la chanson demeure quand personne ne la chante. Comme Stephen King le dit:

«Là où je suis, il fait encore sombre et pluvieux. Nous avons une belle nuit pour cela. Il y a quelque chose que je veux te montrer, quelque chose que je veux que tu touches. C’est dans une pièce non loin d’ici – en fait, c’est presque aussi proche que la prochaine page. Y allons-nous?».13

Le harcèlement continue à l’encontre de Kokopelli

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Avant propos. J’ai rédigé la présente réponse à l’article des Enragés, ou prétendus tels, qui inondent Kokopelli de calomnies et de diffamations, à partir de leur site internet,  avant d’avoir pris connaissance du message qu’ils avaient placé sur leur Facebook. Il n’est donc plus besoin de se poser des questions quant aux objectifs fondamentaux de ce torchon sordide. L’auteur annonce la couleur sur le Facebook de ces enragés : et leur objectif est clair : il est de détruire la réputation de Kokopelli en encourageant les internautes à faire tourner en boucle leur torchon diffamatoire. L’auteur n’est pas le seul à nous harceler de cette manière. Voici la teneur de ce message de haine :

« Comme à chaque nouveau dossier conséquent, on compte sur vous pour diffuser au plus large, au moins pendant 72 heures, partout, sur les blogs, forum, sur vos réseaux, groupes, pages, faites tourner, merci!  Si on l’implante suffisamment, nous pourrons placer ce dossier en haut des résultats des moteurs de recherche et facebook le conseillera lui-même au bas d’articles sur Kokopelli.  Grâce à vos partages, vous allez nous aider à implanter une page anticapitaliste face à toutes les pages confusionnistes qui encombrent la toile, on compte sur vous! »

 

Cet article est tout simplement incroyable. Il est d’une facilité déconcertante de démontrer que l’auteur de cet article ne connait absolument pas son sujet. Il ne s’agit, en fait, que d’un concentré de rumeurs et de bruits de couloirs totalement farfelus et stériles. 

Je commenterais, ci-dessous, certains des passages les plus affligeants mais, auparavant, je souhaiterais poser la question suivante : quelle est l’intention véritable de son auteur ? Je ne connaissais pas les Enragés avant la publication de cet article. En naviguant sur leur site, on constate que leurs cibles privilégiées sont très nombreuses : en fait, ce sont tous les acteurs et actrices de l’écologie – à l’exception du Réseau Semences Paysannes et de la Confédération Paysanne. Au prime abord, je me suis dit que ce site était un site de l’opposition contrôlée à la solde de l’industrie semencière et de leurs complices politiques. Cependant, en règle générale, les articles de l’opposition contrôlée font part d’un minimum de cohérence, contrairement à celui-là, afin de mieux toucher la cible. En effet, l’industrie semencière a les moyens de se payer des journalistes qui rédigent des articles un tantinet mieux ficelés que ce tissu de sornettes. 

Je repose donc la question primordiale : quelle est l’intention fondamentale de tels articles ? Les Enragés, ou auto-proclamés tels, ne feraient-ils pas mieux de s’acharner sur les Etats meurtriers de tous bords politiques ; sur les multinationales qui empoisonnent la Terre entière de leurs poisons cancérigènes ; sur les psychopathes déments qui tentent de s’approprier tout ce qui est vivant et potentiellement rentable ; etc, etc ? Il semblerait que les sujets dramatiques ne manquent pas.

Alors pourquoi s’attaquer à Kokopelli, à Pierre Rabhi, à Vandana Shiva et à tous les autres cités ? Serions-nous tous issus de l’extrême droite ?!? Est-ce bien cela ? L’auteur semble témoigner d’une définition, pour le moins très personnelle, des concepts “d’extrême droite” ou  “de droite radicale”. Il semblerait, même, que tout ce qui n’est pas à l’aune de sa compréhension soit automatiquement classé dans la case “extrême droite”. Nous subissons de très nombreuses attaques chez Kokopelli, souvent de la part des industriels semenciers, ou de l’état lui-même, mais c’est bien la première fois que nous sommes considérés comme partisans de “l’extrême droite”. J’inviterais, donc, l’auteur à venir nous rencontrer, dans notre ferme en Ariège, afin de discuter de la vie ensemble – et non pas de politique, car personnellement, je vomis avec force ce système politique miteux et abject – afin qu’il puisse se rendre compte, en son âme et conscience, que nous ne sommes affiliés à aucun parti politique – qu’il soit de droite, de centre, ou de gauche ou de n’importe quoi d’autre, d’ailleurs… Afin qu’il puisse, également, se rendre compte que nous cultivons, au nez et à la barbe d’un état, pour le coup totalitaire, une pléthore de variétés strictement illégales (médicinales, potagères, céréalières et j’en passe) et non pas une poignée de variétés de tomates disponibles chez Truffaut.  

Quelle est, donc, une nouvelle fois, votre intention primordiale ? Serait-ce de faire une bonne action en prévenant les honnêtes citoyens que de méchants capitalistes radicaux d’extrême droite se cachent derrière Kokopelli ? Pourquoi pas, et c’est votre droit le plus fondamental d’avoir vos propres opinions sur cette question, mais, pour votre propre cohérence, et le respect de vos lecteurs, veuillez vérifier vos informations ! La médiocrité de cet article et l’absence quasi totale de sources sont, tout simplement, hallucinantes.

La quasi-totalité de ce texte pourrait faire l’objet de corrections ou de rectifications – ce qui change bien évidemment la pertinence d’une telle attaque. Commençons donc. 

Au second paragraphe, cela commence fort : « Et dans ces variétés on trouve majoritairement des tomates des piments et des courges, parfaitement courantes pour la plupart provenant des USA ou pays de l’Europe de l’Est. »

Premièrement, l’auteur semble oublier que si ces dites variétés sont aujourd’hui assez courantes, c’est que quelqu’un les a donc introduites – à un moment donné. Je vous laisse deviner qui. Secondement, s’il est vrai que nous avons trois producteurs ou fournisseurs  basés aux USA, nous n’avons strictement AUCUNE semence qui provienne de l’Europe de l’Est. Je dis bien strictement aucune. Nos semences proviennent de France, des USA, de Suisse (un fournisseur) et d’Italie (un fournisseur).  

Je passerais sur toutes les parties, attaquant directement Dominique Guillet, car je les trouve tout simplement hors propos :  les positions philosophiques, ou spirituelles, de tout un chacun, pourraient, en effet, faire l’objet de très longues heures de débat – mais là n’est pas le sujet. Dominique Guillet vient, d’ailleurs, de publier aujourd’hui-même,“Les Tambours de Xochipelli se sont réveillés”,  sur son site Xochipelli.fr,  un très long témoignage biographique qui répondra, j’en suis sûr, à de très nombreuses interrogations de l’auteur. Je sauterais donc directement au passage suivant : 

« Au début Kokopelli s’appelait Terre de France et distribuait des semences issues de l’agriculture biologique à l’intention des jardiniers amateurs. Ces semences n’étant pas inscrites au catalogue officiel cette activité était tolérée, mais illégale. Devant ce fait le législateur a même changé la loi afin de permettre aux jardiniers de se procurer ces semences, en créant « le registre des variétés anciennes pour jardinier amateur ». Mais M.Guillet, le fondateur, ne veut pas de cette loi et créa Kokopelli. »

J’ai cru à une faute de frappe, lors de ma première lecture, mais, ensuite, j’ai vite compris que l’auteur souhaitait nous faire passer, chez Kokopelli, pour de bons patriotes – de préférence d’extrême droite, cela va de soi. Car il ne s’agissait pas de “Terre de France” mais bien de “Terre de Semences”. Comment l’auteur peut-il commettre de telles erreurs ? Sont-ce, d’ailleurs, des erreurs ? Ou est-ce tout simplement de la diffamation mensongère pure et simple ? Quant à la tolérance des Autorités vis-à-vis des activités de “Terre de Semences”, encore une fois, l’auteur n’a pas dû se renseigner. Pourquoi croyez-vous donc que “Terre de Semences” ait mis la clef sous la porte ? La réalité toute crue, c’est que “Terre de semences” n’a pas tenu sous le poids des attaques suscitées par son activité “illégale”. Kokopelli a été créé sous statut associatif : c’était le seul statut adapté pour survivre face à l’industrie semencière et au GNIS (créé dans les années 40 sous Pétain).

Le registre des variétés anciennes, pour jardiniers amateurs, fut une ultime diversion mise en place, par l’état, pour tenter de berner les acteurs de la défense de la biodiversité cultivée – dont nous faisons toujours partie. A l’époque, nous l’avons bien évidement refusé contrairement à d’autres semenciers bios qui n’ont pas hésité à reléguer leur éthique au placard afin de continuer leur business en paix !

De plus, l’auteur semble oublier que ce fameux catalogue pour variétés amateurs a été jeté aux orties – qui sûrement ont eu toutes les peines du monde à le recycler. Il a été remplacé par une liste de “variétés sans valeur intrinsèque” (sic). En fait, les variétés de l’antique liste dite “amateurs” ont été, tout simplement, transférées dans cette liste de “variétés sans valeur intrinsèque”. A ce sujet, l’Association Kokopelli a rédigé plusieurs courriers à l’état – qui n’ont pas eu l’honneur d’obtenir une quelconque réponse,  afin de mettre en valeur le caractère très particulier de ce transfert non adéquat – eu égard à leurs propres critères.

En 1997, lorsque Terre de Semences a été attaqué par les technocrates du GNIS/Industrie Semencière, où donc était le Réseau Semences paysannes ? Il n’existait pas. Où étaient les semenciers bios (Germinance, Biau Germe, Ferme Ste Marte)… ceux-là mêmes qui constituent aujourd’hui, une petite partie du Réseau Semences paysannes – puisque la grande majorité de ses membres n’ont rien à voir, directement, avec le monde de la semence ? Ils ont préféré détourner, pudiquement, le regard pour aller copuler tranquillement avec les “Autorités”. Il est assez pathétique et désolant de voir aujourd’hui tous ces acteurs afficher, sur leurs sites ou sur leurs catalogues, le n° de carte d’adhérent au GNIS. Qui donc a le courage d’aller devant les tribunaux pour défendre la cause de la biodiversité comme nous le faisons depuis plus de 20 ans ? 

« On trouve comme généreux donateur de cette association « Fondation pour une Terre Humaine » de Jean-Louis Gueydon de Dives, une fondation Suisse qui finance de nombreux projets « écolos » derrière lesquels se cache l’anthroposophie (Demeter, biodynamie, etc.,…), à commencer par Terre et Humanisme de Pierre Rabhi. »

La fondation de M. Gueydon nous a effectivement aidés pour le lancement de divers projets humanitaires ou pour l’ouverture de banques de semences dans les pays du sud – telle que la banque de semences d’Annadana dans le Tamil Nadu.  Nonobstant, le fonctionnement financier de Kokopelli est totalement autonome et il l’a toujours été. Le Réseau Semences Paysannes, qui est présenté dans cet article comme une alternative plus éthique que Kokopelli, est, par contre, financé à 85% (le reste venant des cotisations des adhérents). Certains logos ne font d’ailleurs pas rêver. Pour de plus amples informations sur le sujet, se référer à un article très complet sur le site de Kokopelli

Je précise que la plus grande partie des financements du RSP proviennent – depuis de longues années, en fait depuis sa création – de la FPH, la Fondation pour le Progrès de l’Homme. Cette fondation a été dirigée pendant 20 années par Pierre Calame. L’ami, et conseiller, et collègue de travail, de Pierre Calame, n’est autre que François Berthoin, le co-fondateur, avec David Rockeffeler, de la Commission Trilatérale, en juillet 1973. François Berthoin et Pierre Calame sont deux globalistes pro OMC, pro Fond Monétaire International, pro, en fait, toutes les institutions globalisées en train de mettre la planète en coupe rase. François Berthoin a, lui-même, été le président de la branche Europe de la Commission Trilatérale pendant 20 années. La Commission Trilatérale, tout comme le Groupe Bilderberg et le CFR (Council for Foreign Relations) constituent les trois principaux pseudopodes de la clique démente qui met en esclavagisme tous les Peuples de la planète.

En fait, suite aux deux articles concernant le RSP, mentionnés ci-dessus, Dominique Guillet avait rédigé un troisième et très long article, sur “l’arrière-boutique du RSP”, en déclinant les prises de positions publiques de Pierre Calame et de Georges Berthoin, eu égard à ce que d’aucuns appellent le Nouvel Ordre Mondial – et peu importent les dénominations : les déclarations et intentions publiques suffisent (surtout lorsque l’on voit ce que l’Europe des Etats-Unis nous prépare avec son TAFTA. Dominique Guillet, dans cet article, avait soulevé de nombreuses interrogations quant à la cohérence de certains acteurs supposés représenter des organisations antimondialistes – telle que Via Campesina – tout en acceptant des financements majoritaires d’une fondation gérée par des globalistes fervents, convaincus et auto-proclamés tels. Ce troisième article n’a jamais été publié, depuis près de deux années, par souci d’apaisement dans nos relations avec le RSP. Nous sommes partisans d’activer des processus de Paix – tant que faire se peut. Cependant, nous souhaiterions que l’on ne nous provoque pas plus : la flèche de transparence que nous décochons aujourd’hui constitue un avertissement. L’Association Kokopelli et Dominique Guillet sont très las de recevoir des coups, sans jamais répondre, de la part de diffamateurs dont la mission semble être de nous harceler, en permanence.

« Au passage l’association ne soutient pas plus l’agriculture bio, mais soutient largement l’agriculture biodynamique, suivant la réflexion de l’anthroposophie ésotérique et raciste Rudolf Steiner. »

Kokopelli ne fait pas la promotion de la biodynamie plus que d’un autre système de culture. Nous avons dans notre bibliothèque des dizaines de livres allant de la taille-douce des arbres fruitiers à la permaculture en passant effectivement par la biodynamie… Où est donc le problème ? 

« Le « Hameau du Buis », vitrine anthroposophie détenue par Pierre et Sophie Rabhi, village privatif pour personnes vulnérables et aisées. En bas à droite de la photo, cercle Steiner sur ce même « Hameau du Buis ». »

Je corrigerais rapidement le tir, car, encore une fois, l’auteur est totalement à côté de la réalité. Le “Hameau du Buis” n’a absolument rien à voir avec l’anthroposophie. L’école de Sophie Rabhi est une école Montessori.

« Cette affaire de plus en dit long en tout cas sur le climat politique actuel et la sous-politisation de certains mouvements qui se veulent militants, notamment dans quelques milieux écologistes mystiques, terreau fertile pour le conspirationnisme et porte d’entrée del’extrême droite. »

Mais quel climat politique ? Quelle sous-politisation ? Quel rapport entretient le mysticisme avec le conspirationnisme ou encore l’extrême droite ? Les enfants qui se baladent dans les bois en voyant de jolies fées, et des petits gnomes, seraient-ils alors des conspirationnistes d’extrême droite ?

« Le président de l’association, Dominique Guillet, expliquait que les multinationales de la semence voulaient se créer un monopole sur le vivant. Ses propos m’ont paru légèrement exagérés : l’agriculture est comparée à une guerre faite à la terre, le tracteur et les pesticides seraient des outils développés suite aux guerres mondiales et serait respectivement la suite logique des chars et des gaz de combat. Deux affirmations erronées qui seront traitées dans un autre article, consacré à ce « reportage ». »

Pour la première partie de ce paragraphe, je conseillerais à l’auteur de se renseigner un tout petit peu plus sur l’actualité agricole. Il est strictement avéré que les multinationales sont en train de breveter tout ce qui vit – ou survit ! C’est une réalité ! Pour la seconde partie de ce paragraphe, je propose de demander à quelques enfants Vietnamiens si l’agent orange n’est pas un gaz de combat. Peut-être l’auteur n’a-t-il jamais entendu parler du Zyklon B ? Ni de l’ammoniac produit par l’entreprise IG Farben ? Il fut à la fois utilisé pour les engrais azotés et pour les explosifs. Nous pourrions en étaler des pages et des pages. Oser prétendre que les gaz de combat et les biocides en tous genres n’ont aucun lien en eux est une preuve flagrante de stupidité !

« La deuxième fois que j’ai entendu parler de Kokopelli, c’est à la suite du verdict de son procès perdu contre un semencier. Il faut dire que la somme qu’a été condamnée à verser l’association est faramineuse : 100 000€. Tout ça pour avoir voulu soi-disant protéger des graines illégales, car non-inscrites dans le Registre, »

Encore une fois l’auteur est hors jeu ! 100 000 € était la somme demandée par notre adversaire. Heureusement que nous n’avons pas été condamnés à payer cette somme car nous aurions eu du mal à nous en remettre ! La Cour d’Appel de Nancy a débouté les demandes de notre adversaire et nous a condamnés à 5 000 € de dommages et intérêts. Notre adversaire à été condamné à la même chose.

Nous pouvons franchement parler de victoire pour Kokopelli, et non pas de condamnation, car la société Baumaux avait demandé la suspension pure et simple des activités de Kokopelli. Si l’auteur lisait les actualités de Kokopelli – ce qui paraît être la moindre des choses lorsqu’on rédige un article sur le sujet – cela lui aurait donné, peut-être, une chance de tenter de présenter des informations avec un semblant de cohérence. Il semblerait, de toutes façons, que son expertise réside dans la diffamation plutôt que dans la cohérence.

Pour être franc, à ce stade de ma réponse à cet article, il semble patent que chaque mot et quasiment chaque lettre constituent des mensonges éhontés. Je ne comprends vraiment pas l’objectif d’un tel article. Je continue néanmoins. Je constate d’ailleurs, avec stupéfaction, que l’auteur ne relie probablement pas ses articles. Comment sinon pourrait-il écrire, en parlant de notre adversaire, “Gaumaud” ou encore “Gaumaux” alors qu’il s’agit de “Baumaux” ? Notre collègue Baumaux semble bien patient de se laisser gommer de la sorte !

« À titre d’exemple, les variétés de carotte Jaune du Doubs, Saint valéry, Blanche de Kütingen, Amsterdam, Touchon, Longue lisse de Meaux, Carentan, Colmar à cœur rouge, sont également trouvables chez Gaumaux qui d’ailleurs, possède plus de variétés de carottes non-F1 que Kokopelli et pour des prix généralement plus bas que ceux pratiqués par l’association. L’argument d’anticapitalisme ne tient pas non plus ! »

L’auteur nous fait, ici, une magnifique description du capitalisme et de son contraire. Kokopelli serait donc capitaliste, car plus cher que Baumaux. Reprenons, donc, l’exemple des carottes : d’un côté, des carottes, binées à la main avec passion et patience par un petit maraicher bio du village voisin, vendues sur le marché local à 4 euros le kilo ; de l’autre côté, des carottes importées de l’autre bout du monde par le grossiste du coin et vendues à 0,50€ le kilo, au temple de la consommation locale. Qui est le capitaliste ? Eh bien oui, vous avez deviné ! C’est le maraîcher parce qu’il est plus cher. De plus il est probablement en biodynamie, chante des incantations mystiques à ses carottes et fait grandir un radicalisme d’extrême droite dans son terreau. Pendons-le ! Vive la grande distribution !

« Si on écoute Kokopelli, le monde serait envahi d’hybrides F1 stériles ne permettant pas de reproduire ses graines d’une année sur l’autre. Nous tous, pauvres jardiniers, serions dépendants des multinationales de la carotte et du navet. »

Vrai ! Il serait grand temps d’écouter Kokopelli, car rien que pour l’agriculture bio (maraichage inclus), en France, ce sont environ 95% des variétés qui sont hybrides F1 (ou sous obtention végétale). Ne parlons pas du conventionnel. Il ne suffit pas de faire un tour chez Truffaut (dont l’auteur semble quasiment posséder des actions) pour se faire une idée de la situation de la biodiversité cultivée en France. Quant au reste du monde, l’auteur ne doit pas beaucoup sortir de sa tanière, sinon il saurait qu’effectivement les OGM et les F1 sont partout et provoquent des désastres écologiques et sociaux absolument dramatiques.

« Vous n’avez donc pas besoin des graines de Kokopelli pour être auto-suffisant, celles de Truffaut ou Jardiland sont tout aussi indiquées pour le replantage, pour peu que vous soyez un minimum dégourdi. »

L’auteur se rend-il compte qu’il est en train, contre le slogan de son site internet – « Le capitalisme nous affame, bouffons-le ! » – de glorifier tant et plus la grande distribution et tout ce qu’elle représente ?

« La biodiversité c’est avant tout la protection des variétés différentes, or, comment protéger deux variétés si elles sont cultivées ensemble sur le même carré de terre par les jardiniers amateurs ? Inévitablement les deux variétés vont se féconder l’une l’autre et donner naissance à une nouvelle espèce hybride naturelle, certes viable, car non-F1, mais cela sera tout de même synonyme de disparition des deux variétés   concrètement, préserver la biodiversité, cela signifie isoler les variétés pour éviter une hybridation qui a terme ne pourra que conduire à une homogénéisation et à la disparition des variétés. »

C’est carrément la catastrophe ! Je pense que l’auteur ne devrait pas s’essayer à des sujets aussi complexes sous peine de sombrer dans le ridicule le plus total. L’intégralité de ce paragraphe est fausse. Cela ne fonctionne absolument pas de cette manière – fort heureusement.

« Pour en revenir aux semences potagères, quand on veut préserver la biodiversité, on évite d’introduire X variétés différentes d’une espèce comme le fait Kokopelli avec ses tomates ou ses salades américaines. »

Dommage ! L’auteur aurait pu, s’il connaissait un peu son sujet, prendre d’autres exemples, car les tomates et les laitues (ce que l’auteur appelle salades puisque les salades de fruits, cela existe aussi) se caractérisent par une autogamie préférentielle et ne se croisent que très rarement sous nos climats.

« Au sein de cette écologie mystique, les thés eux aussi, peuvent devenir des militants. Les « Jardins de Gaïa » relient une fois encore Kokopelli et Pierre Rabhi »

Là encore, il va falloir que l’auteur m’explique, par quel tour de passe-passe, il associe Pierre Rabhi aux Jardins de Gaïa. Personnellement, je ne vois absolument pas le rapport. 

« Le fait est qu’en tant que militant, après m’être renseigné, j’ai l’impression que cette asso mène un combat qui n’a pas réellement de sens et que les militants et sympathisants de gôche ou écolo sont un peu des vaches à lait pour ce genre d’asso, toujours volontaires pour se faire traire pour peu qu’on leur serve un argumentaire contestataire. »

Dans ce dernier paragraphe de conclusion, tout y est. Pour la bonne blague, nous avons « après m’être renseigné ». Pour la crédibilité, nous avons « en tant que militant ». Pour la critique, nous avons « cette asso mène un combat qui n’a pas réellement de sens ». Et pour la politique, « les militants et sympathisants de gôche ou écolo sont un peu des vaches à lait ».

Ma conclusion sera plus courte : jamais il ne m’a été donné de lire et de commenter un article aussi médiocre, tant au niveau de la forme que du fond. L’auteur, faute de talents, tente peut-être d’attirer du lectorat en surfant sur la vague Kokopelli, Pierre Rabhi, Vandana Shiva, etc…  afin de tenter, vainement sans doute, de décrocher la palme de la diffamation Kokopellienne chez Google. Cette palme est actuellement co-détenue par l’abominable Gil Rivière-Wekstein, d’Agriculture-Environnement, et ses zombies clonés d’Alerte-Environnement. 

Ananda Guillet.


La Bio-Piratée, quatrième épisode: Hain Celestial, propriétaire de Lima et de Danival, étend ses alliances avec l’empire de la Pharmaco-Chimie et perdure dans sa boulimie d’acquisitions

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Avant propos. Je n’avais rien écrit sur le dossier Lima/Danival/Hain Celestial depuis un an. Hier, une salariée du réseau Biocoop m’a replongé, malgré moi, dans ce sujet houleux en me rapportant son témoignage suite à une question posée à un formateur Biocoop, lors d’une session récente de formation Biocoop. Pour ne pas envenimer plus ce débat, nous allons faire l’impasse sur l’échange entre la salariée et le dit formateur car là, franchement, n’est pas le coeur du sujet. En bottant en touche, le formateur soit témoigne de sa méconnaissance totale de cette problématique douloureuse, soit cherche à protéger sa maison-mère, qui n’est d’ailleurs nullement attaquée. Il semblerait, de plus, que ce formateur ne connaisse pas Kokopelli qu’il considère comme un journal d’opinion.

Je souhaite donc préciser, aujourd’hui, que tout ce que j’ai écrit à propos de la Bio Piratée peut être vérifié par toute personne parlant l’anglais, munie d’une souris (permettant de cliquer sur mes nombreux liens) et dépourvue d’une tête d’autruche. J’invite donc, de nouveau, le Réseau Biocoop (dont je suis un très vieux client) à reviser sa copie et à “formater” ses formateurs afin qu’ils soient capables de répondre , avec intelligence et compassion – dans le sens d’une passion partagée – à des questions intelligentes posées par des salariés du Réseau. Je réitère mon affirmation que mes articles n’ont jamais eu comme objectif de ternir la réputation de Lima et de Danival ou de remettre en question la qualité de leurs produits bios. Ni comme objectif d’attaquer Biocoop, Satoriz, Rayons Verts ou qui que ce soit dans le monde de la distribution bio en France.

Je souhaite également repréciser que Hain Celestial, le propriétaire de Lima et de Danival, possède une pléthore de sociétés alimentaires ou cosmétiques dont une toute petite partie, seulement, sont bios. Les autres sont dites “naturelles”, à savoir farcies de pesticides, de métaux lourds et même de chimères génétiques.

Xochi. Le 1er décembre 2015.

Jour de la Cire, dans le Calendrier Républicain de 1794. Ce qui est fort à propos car il semblerait que l’on puisse conseiller à certains de se déboucher les oreilles.

 

Nouvelles Alliances avec l’Empire de la Pharmaco-Chimie-Biotechnologie

Le 8 octobre 2015, Hain Celestial annonce [1] que ses aliments pour nourrissons, de la gamme Earth’s Best Organic® Infant, vont être commercialisés en Asie (Chine, Thaïlande, Indonésie, Vietnam, etc) par Hutchison China MediTech Limited (Chin Med) [9] – avec lequel un partenariat a déjà été établi en octobre 2014 [2] – et par l’entreprise Perrigo. Qui sont donc Hutchison China Meditech Ltd et Perrigo?

Perrigo est un très gros laboratoire pharmaceutique américano-israélien coté au Nasdaq et à la Bourse de Tel-Aviv. Ses acquisitions, depuis 2005, incluent Agis Industries Ltd (Israël), Galpharm Healthcare (UK), J.B. Laboratories, Laboratorios Diba S.A. (Mexique), Unico Holdings (USA), Orion Laboratories Pty (Australie), PBM Holdings (USA, Chine), Paddock Laboratories Inc, Sergeant’s Pet Care Products, Rosemont Pharmaceuticals Ltd. Ses très récentes acquisitions incluent l’entreprise Irlandaise Élan de biotechnologies, en juillet 2013, (pour 8,6 milliards de dollars) et l’entreprise Belge Omega Pharma (pour 2,48 milliards d’euros), en novembre 2014. Perrigo, en novembre 2015, vient d’acheter des licences de certains médicaments (pour 380 millions de dollars) à AstraZeneca/Syngenta. Perrigo a annoncé en octobre dernier qu’il licenciait 800 personnes, à savoir 6% de ses employés, au titre de la restructuration, et afin de lutter contre son rachat par le groupe pharmaceutique Mylan des USA. Perrigo a annoncé durant l’été 2015 qu’il rachetait le laboratoire pharmaceutique Allemand Naturwohl Pharma GMbH (propriétaire de la marque diététique Yokebe) et certaines marques Européennes du géant pharmaceutique GlaxoSmithKline.

Quant à Hutchison China Meditech Ltd, rappelons les faits. Hain Celestial a établi, en 2009, une joint venture, à 50/50, avec Hutchison China Meditech – une entreprise pharmaceutique Chinoise géante qui vend également des produits naturels et des produits bios – afin d’établir la société Hutchison Hain Organic Holdings Limited. [2] [10] Hutchison China Meditech a des accords de partenariat avec AstraZeneca/Syngenta [4]; avec la société pharmaceutique Janssen, filiale de Johnson and Johnson; avec la méga société pharmaceutique Lilly qui est aussi en partenariat avec AstraZeneca/Syngenta [5] et qui commercialise le Cialis et qui fut l’une des premières à produire de l’insuline transgénique.

De plus, Hutchison China Meditech a créé, avec Nestlé, la société Nutrition Science Partners, une joint venture à 50/50 dont l’objectif est « de développer, manufacturer et commercialiser des produits médicinaux et nutritionnels à partir de plantes botaniques… Ce nouveau partenariat ouvre à Nestlé l’accès à la bibliothèque médicinale de Hutchison China Meditech contenant plus de 50 000 extraits dérivés de plus de 1200 plantes différentes» [6]. En juillet 2013, Nutrition Science Partners  annonce qu’un premier patient est traité avec le produit HMPL-004, NATRUL-4, un remède confectionné à partir de plantes pour des problèmes de colite [7]. Un exemple patent de biopiratage au service de la Mafia Pharmaceutique.

Hutchison China Meditech [3] est une filiale de Hutchison Whampoa Group qui détient également A.S. Watson, un groupe possédant 11 000 magasins dans 33 pays du monde. Le président du Hutchison Whampoa Group, le milliardaire Li Ka-Shing (la 11 ème fortune du monde), est financièrement très impliqué dans Kaiima Ltd, une toute nouvelle compagnie Israélienne de semences transgéniques [8]. En juillet 2015, Kaiima Ltd annonça que son nouveau PDG était Richard Greubel, qui travailla chez Monsanto de 1984 à 2006. Kaiima Ltd est, également, en partenariat avec Bayer pour développer de nouveaux hybrides de riz.

 

Hain Celestial perdure dans sa boulimie pathologique d’acquisitions

En novembre 2015, Hain Celestial s’est investi financièrement, en compagnie de Catterton, dans la société Chopt Creative Salad, qui possède 32 magasins spécialisés dans les fast-salads. [27] [28] Catterton est une très grosse société d’investissement de capital privé impliquée, avant tout, dans le secteur de la restauration.

En septembre 2015, Hain Celestial a été inclus dans le Nasdaq Q-50 Index. [11]

En août 2015, Hain Celestial a accueilli, dans son conseil de direction, Raymond Kelly, l’ancien chef de la Police New-Yorkaise et celui qui installa la première unité municipale de contre-terrorisme aux USA. [12] Est-ce dans un souci de protection à l’encontre de dommages collatéraux provoqués par des Opérations Psychologiques Spéciales – destinées à museler les Peuples?

En juillet 2015, Hain Celestial a racheté la société Mona en Allemagne, une compagnie au chiffre d’affaire de 50 millions de dollars et spécialisés dans les boissons végétales (Joya et Happy). [13] Hain Celestial prétend, d’ailleurs, dans sa communication que tous les produits Mona sont bios, ce qui est totalement faux. Seulement certains produits sont confectionnés avec du soja, de l’avoine provenant de l’agriculture biologique.

En juillet 2015, Hain Celestial annonce le lancement d’une gamme de tisanes bios au sein de cette marque qui ne l’a jamais été depuis sont origine (40 années) et dont la réputation de haute toxicité et contamination n’est plus à faire. [16] [20] [29]

En mars 2015, Hain Celestial a racheté la société Empire Kosher Foods, une société d’aliments non-bios au chiffre d’affaire de 100 millions de dollars.

En mars 2015, Hain Celestial évoque la participation de sa marque de yoghourts non bios, “Greek Gods”, à un marathon de soutien à une fondation US et en profite pour affirmer que  « aucune différence signifiante n’a été démontrée entre le lait de vaches traitées à la rBST (hormone de croissance bovine) et le lait de vaches non traitées». [14] [15] La rBST a été développée par Monsanto. C’est une affirmation pour le moins stupéfiante de la part du leader auto-proclamé du secteur des aliments “naturels” qui précise, d’ailleurs, que cette marque de yoghourt est produite à base de lait de vaches non traitées.

En février 2015, Hain Celestial a racheté la société Belvedere International, Inc. C’est une société de cosmétiques non-bios.

En janvier 2015, Hain Celestial a conforté son partenariat avec la société productrice de dindons non-bios, Panera Bread.

 

Nouvelles du front de partenariat avec la société Whole Foods

Dans mon second article sur la Bio Piratée concernant spécifiquement Hain Celestial, en décembre 2014, [20] je pronostiquai, à juste titre, un éclatement prochain des bulles financières: « Et d’ailleurs, pour Erwin David Simon, le fondateur mégalomane de Hain Celestial, le rachat de Lima et de Danival n’est sans doute aussi que cela: un épiphénomène, l’une des nombreuses marches du tremplin qui va le propulser vers la place de leader mondial de l’alimentaire “naturel”. Mais les tremplins des bulles financières sont souvent bâtis sur des sables mouvants et ils s’effondrent lorsque les bulles éclatent… Surtout lorsque les bulles de la boulimie d’acquisitions ne fonctionnent qu’avec un fort niveau d’endettement entretenu par les grands Saigneurs de l’Internationale Bancaire ».

En novembre 2015, Erwin David Simon a annoncé que : « notre croissance aux USA n’a pas répondu pleinement à nos attentes car les fortes performances de nos ventes de snacks, yoghourts, cosmétiques et tisanes ont été éclipsées par des interruptions temporaires de la part de nos distributeurs et par un déclin dans les marques d’épicerie associé à une décélération dans le secteur naturel ». [19]

Ce qui est une manière élégante de parler de “croissance négative”. Les actions boursières de Hain Celestial avaient déjà chuté en mai 2015. [21] Il semblerait que Hain Celestial soit condamné à une fuite en avant perpétuelle – jusqu’à la chute finale?

La “décélération dans le secteur naturel” fait d’ailleurs également trébucher Whole Foods Market. Les analystes financiers considèrent que Whole Foods Market va devoir faire face à des difficultés financières – un euphémisme du jargon financier pour ne pas dire qu’elle fait déjà face à des difficultés de trésorerie. Et ce sont des nouvelles fraîches car elles datent d’hier, le 30 novembre 2015. [22] Whole Foods Market doit recapitaliser sa dette – une très grosse dette. [23]

Rappelons que les destinées de Whole Foods Market et de Hain Celestial sont indissociables car ce dernier est le plus gros fournisseur de la chaine de supermarchés qui s’affirme le leader aux USA du secteur bio et “naturel”. Naturel veut dire non-bio,   donc gavé de pesticides, faut-il le repréciser? Les 2/3 des produits de Whole Foods Market sont non-bios, tout comme la grande majorité des produits commercialisés par Hain Celestial.

La réputation de Whole Foods Market a beaucoup souffert, ces dernières années, de par l’arrogance de ses dirigeants eu égard à leur concept de “cohabitation” avec les chimères génétiques de Monsanto et des autres cartels biocidaires.

En mai 2015, John Mackey, le PDG de Whole Foods, avait présenté ses excuses publiques – et archi-pathétiques – eu égard au fait que la chaine de supermarchés arnaque allègrement ses clients de par les prix exorbitants de ses légumes, produits de la mer, etc, vendus au poids. [24]

Cette réputation a encore été très ternie, récemment, de par les révélations concernant l’implication de cette société dans le travail des prisonniers aux USA. [17] [18] Les prisonniers travaillant dans la production de tilapias ou de fromage, par exemple, sont rémunérés de 0,5 euro à 3 euros par jour – par des sociétés tierces revendant ces produits à Whole Foods Market. Dans le cas du tilapia, la prison vend ce poisson, à la société Quixotic Farming (qui prétend dans sa communication qu’elle travaille avec des fermes familiales de tilapia!), pour 0,85 dollar la livre. Quixotic Farming revend à Whole Foods et le produit se retrouve à 12 dollars la livre dans les supermarchés de la chaîne.

Ce travail de négrier est à comparer avec la mission déclarée de Whole Foods:  « Avec un grand courage, intégrité et amour, nous embrassons notre responsabilité de co-créer un monde en lequel chacun de nous, nos communautés et notre planète peuvent s’épanouir. Tout en célébrant le plein amour et la joie de la nourriture ». [25] Faut-il vous l’envelopper ou est-ce pour consommer de suite?

Whole Foods envisage la création de près de 120 nouveaux supermarchés [26] – en sus de ses plus de 350 existants.

Whole Foods Market et Hain Celestial souffrent des mêmes syndromes de fuite en avant et de boulimie d’acquisitions qui les conduiront, très vraisemblablement, vers le même gouffre.

Et les pratiques négrières de Whole Food Market sont à l’image des alliances financières et économiques de Hain Celestial avec les plus grands groupes du monde dans le secteur de la pharmacie et des biotechnologies, donc dans le secteur de la pétro-chimie.

La Bio Piratée, cinquième épisode: Royal Wessanen et Delta Partners, son actionnaire principal, installé dans le paradis fiscal de Dubaï

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Résumé: Royal Wessanen, depuis une quinzaine d’années, joue au monopoly avec des sociétés alimentaires bios et non bios. Aujourd’hui, contrairement à son principal concurrent, Hain Celestial, la majorité de ses produits sont bios – à savoir 68% [2].

Son actionnariat est à 80% institutionnel. Son actionnaire principal est Delta Partners, avec près de 30%. Cette société financière est installée dans le paradis fiscal de Dubaï, dans les Emirats Arabes Unis, dont les monarques sont de grands amis des “démocraties” occidentales.

Acheter les produits Bjorg, Bonneterre, Evernat, Whole Earth, Zonnatura, Kallo, Clipper, De Rit, Allos, Tartex, Alter Eco, Isola Bio, le Sillon… c’est ainsi participer à la prospérité de nombreuses sociétés financières – dont Delta Partners à Dubaï – confortablement installées dans les meilleurs paradis fiscaux du monde.

 

Royal Wessanen est une société multinationale fondée en Hollande en 1765. En avril 2003, après une vingtaine d’années de très fortes turbulences économiques et financières – et donc de multiples changements de stratégies – Royal Wessanen embaucha Ad Veenhof, comme PDG, qui fut directeur chez Philips de 1996 à 2002. Ad Veenhof s’empressa de mettre en place des restructurations et en particulier au sein de leur filiale Tree of Life, l’une des deux sociétés contrôlant 80 % de la distribution des produits bios aux USA (l’autre étant United Natural Foods). Tree of Life avait généré une perte de 30 millions de dollars en 2003. [1]

Lorsqu’en février 2009, Royal Wessanen souhaita vendre sa filiale (non bio) ABC, American Beverage Company, elle ne le put en raison de la découverte d’irrégularités comptables au sein de cette compagnie basée aux USA. Leur PDG Ad Veenhof fut alors licencié. Royal Wessanen dut patienter, jusqu’en 2015, pour finaliser la vente d’American Beverage Company (pour 55 millions de dollars). Royal Wessanen continua de se restructurer en revendant sa filiale Tree of Life USA, en 2010, à la société KeHE Distributors (USA) pour 190 millions de dollars et en revendant sa filiale Tree of Life UK (le n°1 de la distribution bio au Royaume-Uni) en juillet 2011. En 2012, Royal Wessanen licencia 300 personnes en Europe et fusionna les unités de production de ses sociétés (non bios) Beckers et Favory Frozen Foods. En janvier 2014, Royal Wessanen annonça son intention de vendre sa société de produits congelés Izico.

En décembre 2009, Royal Wessanen finalisa le rachat total de la société Française Distriborg (dont elle était actionnaire depuis 2000). Distriborg incluait alors Bonneterre, Bjorg et Distrifrais, pour les sociétés bios, et Vivis fructose, Pléniday, Gayelord Hauser, Schär, Yao Tea, Wakama, Tuocha, Florystelle, Ephynéa, Krisprolls, Tien Shan, Agnesi, Patak’s, Thai, Amoy, Grand’Italia, Kara et Skippy, pour les sociétés non bios.

Royal Wessanen poursuivit alors sa stratégie de rachat de sociétés de produits bios en acquérant Evernat, Whole Earth, Zonnatura, Kallo, Clipper, Ekoland, De Rit, Allos, Tartex, Culinessa, Biorganic, Bioslym, Merza, Fertilia, Kalisterra (revendu en juillet 2011).

En 2013, Laurent Murat, le directeur du marketing chez France Alter Eco (le leader du commerce équitable de produits biologiques) annonça le rachat de sa société par Distriborg, donc par Royal Wessanen.

En janvier 2015, Royal Wessanen annonça qu’elle avait finalisé le rachat du leader Italien des boissons végétales Abafood pour 52 millions de dollars. Abafood est le propriétaire de Isola Bio, une marque de boissons bios. Abafood produit également des boissons, en sous-traitance, pour les marques Bjorg et Bonneterre. C’est également durant cette même période que Royal Wessanen revend le grossiste Français, Biodistrifrais, à un entrepreneur Français (Box 66).

 

Qui contrôle Royal Wessanen?

En janvier 2014, la candidature de Frans Koffrie (alors directeur du conseil de supervision) comme unique PDG de Royal Wessanen est refusée par Delta Partners LLC [3]. Delta Partners LLC est manifestement en contrôle de la situation chez Royal Wessanen. Et c’est Christophe Barnouin qui est nommé comme nouveau directeur général.

Delta Partners LLC est, en effet, le principal actionnaire de Royal Wessanen dont l’actionnariat est à 80% institutionnel. Sur la page web présentant l’actionnariat de Royal Wessanen, la participation de Delta Partners LLC est affichée à 25,6% au 14 décembre 2011. Delta Partners LLC est une filiale de Delta Partners FZ-LLC qui est une société financière installée à Dubaï, un paradis fiscal dans lequel les sociétés commerciales payent 0% d’impôts – et peut-être encore moins si affinités avec les pétro-monarchies. [5]

Selon certains analystes boursiers, cette participation pourrait être proche de 30% actuellement et Royal Wessanen ne semble pas empressé d’être précis quant à ce sujet épineux. On peut d’ailleurs admirer leur formulation alambiquée sur cette même page de leur site internet : « In accordance with the Act on the Disclosure of Influence over Listed Companies (1991), Wessanen believes it had the following major shareholders:… ». Donc en sus de Delta Partners, Wessanen “croit qu’elle avait” les actionnaires majeurs suivants: [4]

Sparinvest S.A., à hauteur de 3,3% en mai 2014. C’est une société financière Danoise basée au Luxembourg. Ses principaux actionnaires sont les banques Danske Andelskassers, Nykredit, le fonds d’investissement Investeringsforeningen Sparinvest et le fond de pension Pensionskassen for Farmakonomer. En 2012, Sparinvest SE a signé un accord de partenariat avec le Chinois Haitong International Holdings dont le siège social est installé dans le paradis fiscal des îles Vierges britanniques.

Invesco Ltd, à hauteur de 4,2% en septembre 2013. C’est un gestionnaire international d’actifs situé à Atlanta, aux USA, avec son siège social dans le paradis fiscal des Bermudes. Le groupe emploie plus de 6200 collaborateurs répartis dans plus de 20 pays, et gérait 632 milliards de dollars en juin 2012. En 2004, cette compagnie a payé 450 millions de dollars d’amende aux USA pour pratiques de “trading” non conformes, un euphémisme dans ce milieu pour pratiques bancaires mafieuses.  Invesco est coté au Nasdac. Ses 5 principaux actionnaires sont Vanguard Group, Black Rock Fund, Wells Fargo, Morgan Stanley et Thornburg Investment.

Highclere International Investor, à hauteur de 2,9% en mai 2014. C’est une société financière Anglaise.

 

En conclusion.

Royal Wessanen, depuis une quinzaine d’années, joue au monopoly avec des sociétés alimentaires bios et non bios. Aujourd’hui, contrairement à son principal concurrent, Hain Celestial, la majorité de ses produits sont bios – à savoir 68% [2].

Royal Wessanen est sous le supervision prochaine de Patrick Mispolet qui sera proposé, en avril 2016, comme le nouveau directeur de son conseil de supervision. Patrick Mispolet est l’ancien directeur, pour la France, de la société Orangina Schweppes. Ce sera donc le second transfuge d’Orangina à présider aux destinées de cette multinationale qui se veut le leader de la bio Européenne.

L’actionnariat de Royal Wessanen est à 80% institutionnel. Son actionnaire principal est Delta Partners, avec près de 30%. Cette société financière est installée dans le paradis fiscal de Dubaï, dans les Emirats Arabes Unis, dont les monarques sont de grands amis des  “démocraties” occidentales.

Acheter les produits Bjorg, Bonneterre, Evernat, Whole Earth, Zonnatura, Kallo, Clipper, De Rit, Allos, Tartex, Alter Eco, Isola Bio, le Sillon… c’est ainsi participer à la prospérité de nombreuses sociétés financières – dont Delta Partners à Dubaï – confortablement installées dans les meilleurs paradis fiscaux du monde. 

Xochi. Le 22 décembre 2015.

L’Epopée de la Quinoa

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Cet article fut rédigé par Dominique Guillet, dit Xochi, et publié, en 1994, dans le premier catalogue de semences bios de Terre de Semence, société créée par Dominique et Sofy Guillet afin de prendre le relais du Jardin Botanique de la Mhotte.

 
 
Classification botanique

Les Quinoas, Chenopodium quinoa, font partie de la Famille des Chenopodiaceae et de la Tribu des Cyclolobeae. Le genre Chenopodium comprend environ 250 espèces connues.

Il existe de très nombreuses variétés de quinoa (par exemple, plus de 2000 au Pérou et en Bolivie) qui se répartissent en cinq groupes:

– La quinoa des vallées, qui est cultivée dans les vallées inter-andines, à des altitudes entre 2200 m et 4000 m. Les plantes sont grandes (entre 2 et 3 mètres) , ramifiées et se caractérisent par une longue période de croissance de plus de 7 mois. Ce groupe inclue des variétés telles que: Blanca de Junin, Rosada de Junin, Dulce de Lazo, Dulce de Quitopamba, Amarilla de Marangani…

– La quinoa de l’altiplano, qui est cultivée dans la région du Lac Titicaca à une altitude d’environ 4000 mètres. Les plantes sont particulièrement résistantes à la gelée. Elles font 1m à 1m80 de hauteur. La plupart des variétés ne sont pas ramifiées et leur période de croissance varie de 4 à 7 mois. Ce groupe inclue des variétés telles que: Chawecca, Kanccolla, Blanca de Juli…

– La quinoa des terrains salinifiés qui est originaire des zones salinifiées de Bolivie à une altitude d’environ 4000 mètres. Les plantes sont particulièrement résistantes et très adaptées à des sols salinifiés et très alcalins (avec un pH dépassant 8.0). Leurs graines sont amères et possèdent une grande teneur en protéines. La plupart des variétés ont des graines noires. Une variété des terrains salinifiés fut un des parents de la variété Sajama, variété à graines blanches et à faible teneur en saponines. Il existe également quelques variétés de ce groupe à graines blanches, la plus importante étant la variété Real.

– La quinoa des zones basses au niveau de la mer qui est cultivée au sud du Chili, à des latitudes autour de 40° Sud. Les plantes ne sont normalement pas ramifiées et leurs graines jaunes et translucides sont amères. Leur hauteur est d’environ 2 mètres. Ce sont des plantes qui fleurissent en jours longs.

– La quinoa subtropicale, qui est cultivée dans les vallées interandines de Bolivie. La couleur de ces plantes est d’un vert intense qui tourne à l’orange lors du processus de maturation. Les graines peuvent être blanches ou oranges.

 
Histoire

Les Incas appelaient la Quinoa “chisiya mama”, ce qui signifie en Quechua ”mère de tous les grains”. Elle était pour eux une plante sacrée et c’était l’empereur Inca qui, tous les ans, semait les premiers grains à l’aide d’un outil en or. Durant le solstice, les grands prêtres Incas l’offraient au soleil dans des vases d’or.

De récentes recherches archéologiques indiquent que la Quinoa était cultivée autour de 5000 ans avant Jésus-Christ dans le bassin d’Ayacucho au Pérou. Selon l’archéologue David Browman, de 70 à 90 % des graines découvertes dans le site de Chiripa (1350 AV-50 AD) près du Lac Titicaca sont des graines de Quinoa. Dans ce même site, vers l’an 1000 AV, les graines de Quinoa augmentent en grosseur, signe de domestication et d’amélioration. C’est autour du Lac Titicaca que l’on trouve la plus grande diversité de Quinoas et le centre d’origine de cette plante se trouve au Pérou ou en Bolivie. Son extension actuelle en Amérique du sud coïncide presqu’avec les limites de l’empire Inca, vers le nord dans la région de Bogota en Colombie et vers le sud jusqu’à l’île de Chiloé sur la côte Chilienne. Sa culture s’étend également au territoire des Araucaniens, culture extrêmement créative qui ne fut jamais conquise par les Incas.

La Quinoa constitue la base alimentaire des grandes civilisations pré-colombiennes. Ainsi le centre culturel de Tiahuanaco, qui fut particulièrement florissant, de l’an 600 à l’an 1200, était très dépendant de la culture de Quinoa car il était localisé sur les rives du Lac Titicaca, à 4200 mètres d’altitude. L’empire Inca, qui lui succéda, pouvait en plus compter sur la culture du maïs car sa capitale Cuzco était située 450 mètres plus bas en altitude. Jusqu’au moment de la conquête Espagnole, les deux tiers de la population de ce qui est maintenant le Pérou vivaient sur des terres où régnait la culture du Quinoa.

Lors de l’invasion Européenne de l’Amérique du sud, la Quinoa constituait le second aliment, par ordre d’importance, des peuples Andins. Le premier était la pomme de terre et le troisième le maïs. Les Espagnols adoptèrent rapidement le maïs qui croissait à des altitudes inférieures et sous des climats plus cléments.

Les Espagnols ne prêtèrent, par contre, aucune attention à la Quinoa et ce dédain peut s’expliquer de diverses façons. Tout d’abord, les Espagnols amenèrent avec eux les céréales occidentales – seigle, blé, avoine et orge- ainsi que les ovins et les bovins. Les pommes de terre constituaient un bon complément de ces nourritures alors que la protéine extrêmement équilibrée de la Quinoa ne suscitait que peu d’intérêt en raison de la grande abondance de viande produite dans les ranchs, de façon extensive, sur de vastes terres qui s’étaient dépeuplées très rapidement. De plus, la Quinoa, exempte de gluten, ne se prêtait que peu à la panification alors que le pain constituait une des bases alimentaires de l’Europe. Ensuite, si les échantillons de Quinoa goûtés par les Espagnols n’avaient pas été rincés de leur pellicule amère de saponine, il y a peu de chances qu’ils aient été appréciés à leur juste valeur. Qui plus est, ils en découragèrent la culture en raison, sans doute, de son caractère sacré et des connotations religieuses qui l’entouraient.

Ce que les conquérants n’adoptèrent pas, ils le ruinèrent même. Ils démantelèrent le système agricole, hautement sophistiqué et très productif, que les Incas et leurs prédécesseurs avaient établi. Les Incas avaient développé des structures très complexes de coopération et d’échanges de travail afin de maintenir l’infrastructure agricole des routes, des terrasses et des ouvrages d’irrigation. Ces structures ne purent être préservées car la population fut anéantie par de terribles épidémies et forcée, en esclavage, de travailler dans les mines et autres activités économiques imposées par les conquérants.

Vers la fin du 16 ème siècle, la relocalisation des populations indigènes dans des “reducciones”, sortes de petits hameaux, facilita le contrôle colonial, ainsi que le recrutement pour les travaux forcés, et contrecarra le travail collectif nécessaire à l’entretien de l’infrastructure agricole. En l’espace d’un siècle, les peuples de la sierra, bien qu’ils fussent beaucoup moins touchés par la conquête que les peuples des régions côtières, furent cependant réduits à un sixième de ce qu’ils étaient avant l’époque de la colonisation. La Quinoa disparut avec la société et le système agricole qui l’avait portée. Des reliquats de l’ancien système agricole perdurèrent, néanmoins, dans les villages indigènes et ce sont ces villages qui, pendant plusieurs siècles, contribuèrent à la préservation de cette antique culture.

Le flambeau de la Quinoa fut repris, il y a une quarantaine d’années, par un petit groupe de chercheurs Andins qui eurent à coeur de promouvoir cette culture ainsi que d’autres espèces alimentaires datant de l’époque pré-colombienne. Grâce au soutien d’organisations internationales, des agronomes d’Amérique du sud collectèrent des échantillons de Quinoa, élaborèrent des banques de semences en Equateur, en Bolivie et au Pérou, travaillèrent à l’amélioration des variétés, étudièrent les conditions de culture et mirent au point des techniques de récolte. Des ingénieurs les assistèrent dans la mise au point de machines peu onéreuses destinées à éliminer la saponine des grains.

La promotion de la Quinoa était impulsée par le souhait d’améliorer l’alimentation des peuples des hauts-plateaux des Andes. En 1975, l’Académie Nationale des Sciences aux USA convia les chercheurs à continuer d’explorer les potentiels de cette culture en déclarant que «son grain, riche en protéine et doté d’un bon équilibre des acides aminés, pourrait s’avérer une meilleure source de protéines que les céréales traditionnelles; l’augmentation de sa production pourrait améliorer le régime alimentaire inadéquat des peuples Andins».

Ces chercheurs bien intentionnés n’avaient, cependant, pas pris conscience que la Quinoa n’avait plus de secrets pour les populations indigènes des hauts-plateaux. Leurs techniques de cultures et de récoltes, héritées de leurs ancêtres Incas, sont parmi les plus performantes. La Quinoa est restée avec eux parce qu’elle a co-évolué avec leurs sociétés et qu’elle a donc satisfait harmonieusement à leurs besoins. Une anecdote amusante illustre bien cette dichotomie profonde qui existe souvent entre la recherche scientifique et les besoins réels d’un peuple. Des agronomes d’Amérique du sud mirent au point une variété de Quinoa quasiment exempte de saponine, dans le souci légitime de toujours mieux faire. Ils la proposèrent à certaines populations de l’altiplano qui, à la suite de la première saison de culture, s’empressèrent de retourner vers leurs antiques variétés pleines de saponine. La récolte avait été magnifique mais les oiseaux avaient tout mangé!

Le chemin de la Quinoa fut peuplé d’embûches tant en Amérique du sud qu’en Amérique du nord.

En Bolivie, par exemple, le gouvernement vers le milieu des années 1970, vota une loi stipulant que tous les pains devaient contenir au moins 5 % de farine de Quinoa. Les boulangers refusèrent de se plier à cette régulation et certains se mirent en grève. Le gouvernement Bolivien dut céder.

Au Chili, lorsque Salvador Allende arriva au pouvoir, en 1970, il entreprit de promouvoir la Quinoa et les chercheurs de l’Université de Conception se mirent à travailler sur cette culture et proposèrent la construction d’une usine-pilote pour le processing des grains. Cet ouvrage était à peine lancé que la CIA renversa le Président Allende et réinstalla la dictature au Chili.
Tous les projets de développement de la Quinoa furent suspendus et les grands intérêts économiques purent réinstaurer le règne du blé.

A la suite, cependant, de l’intérêt suscité par la quinoa en Amérique du nord, le secteur privé entreprit de la commercialiser et, au début des années 1980, la société Nestlé décida même d’implanter en Equateur un centre de recherches et de développement des plantes alimentaires originaires d’Amérique du sud.

Aux USA, alors que les experts agricoles refusaient de s’engager dans l’aventure de la Quinoa, trois hommes s’y lancèrent corps et âme : Stephen Gorad, docteur en psychologie, Don McKinley, entrepreneur et David Cusack, expert en sciences politiques. Le marché de la Quinoa aurait pu se développer sur la base de l’importation. Ces trois chercheurs, cependant, estimèrent que cette politique d’importation n’avait pas de fondements très sains, en raison de plusieurs critères. Tout d’abord, d’un point de vue économique, les firmes acceptant de se lancer dans la fabrication de produits à base de Quinoa ne pouvaient pas se contenter de la promesse de récoltes venant des confins de l’Amérique du sud. Ensuite, le développement de la culture de la Quinoa pouvait permettre à des régions relativement pauvres des USA, tels que certains états du sud-ouest, d’en favoriser la santé économique. Ensuite, l’importation à grande échelle de la Quinoa pouvait mettre en péril la stabilité des quelques peuples qui avaient su préserver sur l’altiplano leur mode de vie.

En 1983, David Cusack travailla donc avec l’agronome Péruvien Mario Tapia dans la recherche de variétés adaptées aux USA. Les trois amis Américains fondèrent la Quinoa Corporation à Boulder, Colorado, durant la même année. En 1984, après avoir mis en place une culture expérimentale de Quinoa sur 70 hectares au Colorado, David Cusack s’envola en Amérique du sud pour participer au quatrième congrès sur les cultures andines et pour établir des accords de travail avec Mario Tapia au Pérou. A la suite de ce congrès; il partit en Bolivie et alors qu’il visitait les ruines de Tiahuanaco, il fut froidement assassiné. Les motifs de cet assassinat prémédité n’étaient sans doute pas corrélés au développement de la Quinoa mais bien plutôt au projet d’ouvrage sur lequel Cusack travaillait, à savoir la description détaillée de l’implication de la CIA dans le putsch qui avait écarté Salvador Allende de la présidence du Chili. Son décès fut un rude coup porté au développement de la Quinoa en Amérique du nord d’autant plus que cette année-là, la variété utilisée au Colorado ne donna aucun résultat: elle n’était pas adaptée à la région. Les recherches effectuées alors sur 150 variétés permirent de souligner un paramètre essentiel, à savoir la sensibilité de la Quinoa à la photopériode. En effet, de nombreuses variétés de Quinoa sont excessivement sensibles à la longueur du jour et de la nuit: leur croissance s’interrompt durant l’été, alors que les jours sont très longs, et reprend au début de l’automne. Pour ces variétés, la fructification ne peut donc pas aboutir dans les régions de montagne car la saison automnale est trop courte. D’autres variétés, en particulier celles qui sont originaires du Chili et de la Bolivie du sud, n’ont pas cette sensibilité à la longueur des jours et des nuits.

Malgré tous ces déboires, la Quinoa continua à faire parler d’elle et en l’espace de cinq années, les ventes augmentèrent, aux USA, de cent fois : 750 tonnes en 1988. En 1989, Rebecca Wood lui consacra le premier ouvrage “Quinoa, the Supergrain”, maintenant épuisé, qui souleva l’enthousiasme des personnes en quête d’une alimentation plus saine et plus spécifiquement l’enthousiasme des personnes allergiques au gluten puisque cette céréale, de même que l’amaranthe à grain, en est totalement dépourvue.

La Quinoa est une plante annuelle qui peut atteindre plus de 2,50 m de hauteur. Certaines variétés peuvent ne pas dépasser le mètre de hauteur, telle la variété appelée Real. La magnificence de la Quinoa se révèle dans des panicules imposants aux couleurs variées: vert, jaune, rouge, ocre, brun… La culture de la Quinoa est relativement facile et c’est une plante résistante. Elle peut ainsi pousser dans les Andes jusqu’à 4000 mètres d’altitude et il existe même une autre espèce, Chenopodium pallidicaule, qui pousse à des altitudes pouvant atteindre 5000 mètres, dans des régions subissant des gelées durant neuf mois de l’année. Selon la variété, la croissance de la Quinoa dure de 90 à 220 jours. De nombreux agriculteurs Canadiens ont réalisé des expérimentations couronnées de succès et ce, jusqu’au 51 ème parallèle. Quant à sa productivité, elle est très acceptable et elle peut varier dans les meilleures parcelles de 3 à 5 tonnes par hectare.

Nutrition

La grande richesse de la quinoa est dans son grain qui contient en moyenne de 16 à 18% de protéines et parfois, pour certaines variétés, jusqu’à 23% de protéines. Cependant, comme pour les amaranthes à grains, ce n’est pas tant la teneur protéique qui est essentielle que la qualité de cette protéine. Cette protéine est en effet, elle aussi, très équilibrée et elle contient tous les acides aminés essentiels à la vie humaine. La FAO considère que c’est, avec l’Amaranthe à grains, la meilleure protéine d’origine végétale de la planète.

Conseils de jardinage

La quinoa peut être semée dès que le sol commence à se réchauffer, à savoir dès avril dans certaines régions. Lorsque le semis ne peut être effectué tôt dans la saison et que le sol s’est très réchauffé, il est alors conseillé de réfrigérer les semences pendant quelques jours afin d’en faciliter la germination. En effet, il existe dans la quinoa un phénomène de dormance : les graines germent difficilement lorsqu’elles sont semées chaudes dans un sol trop chaud. Lorsque le sol est à une température d’environ 15°, les semences lèvent en 3 ou 4 jours.

L’espacement entre les plantes reste à la discrétion du jardinier. Plus elles sont espacées, de l’ordre de 50-60 cm, plus les plantes de quinoa peuvent prendre de l’ampleur et plus elles sont susceptibles de verser. Plus elles sont rapprochées, de l’ordre de 10 à 30 cm, plus les plantes sont petites et moins elles sont susceptibles de se coucher au sol lors de fortes tempêtes.

Une certaine vigilance est requise au moment des désherbages. La quinoa ressemble  énormément aux chénopodes de nos jardins. Avec un peu d’habitude, cependant, il est aisé de percevoir les différences dans les formes des feuilles et dans les colorations des jeunes plants. Les jeunes feuilles des  variétés de quinoa se distinguent, en effet, de celles des chénopodes sauvages par leur coloration quelque peu rose-violette.

Les quinoas n’apprécient pas les excès d’eau. Il n’est normalement pas nécessaire de les arroser en début de croissance. L’humidité du sol devrait en effet être suffisante. On peut semer un rang d’environ 15 mètres de long avec un gramme de quinoa.

La technique de culture que nous conseillons est la même que celle pratiquée par les peuples Andins, c’est tout simplement celle du double repiquage. Les graines sont semées, au printemps, en caissette et à l’abri. Les jeunes plantules sont repiquées à deux vraies feuilles dans des godets individuels. Lorsque le plant atteint 10-15 cm de hauteur, il est repiqué dans le jardin à sa place définitive. Cette technique ne faillit jamais car les plants de cette grandeur ne peuvent plus être dégustés par les insectes, les limaces ou les escargots. On obtient ainsi des plantes de Quinoa magnifiques. La quinoa semble relativement adaptable.

Nous avons réalisé, en 1994 au Jardin Botanique de la Mhotte, l’expérimentation suivante : des graines de la variété “Réal” ont été réfrigérées durant 48 heures et puis semées lors des derniers jours du mois de juin. Malgré un automne très pluvieux et donc une courte saison de croissance, en raison du semis très tardif, nous avons eu de très beaux plants de quinoa, ne dépassant pas 1 m de hauteur, de diverses couleurs et qui ont donné du grain.
 

Pollinisation

La quinoa est généralement considérée comme une plante autogame. Cependant, on ne peut exclure la possibilité d’un certain pourcentage de pollinisations croisées.

Des études réalisées en 1979 par Gandarillas sur l’altiplano mirent en valeur des pollinisations croisées de l’ordre de 6 % entre des variétés à tiges vertes et des variétés à tiges violettes. Risi and Galwey en 1989 mirent en valeur des taux d’hybridations de 10 à 15%.

Ces pollinisations croisées peuvent se manifester entre des variétés croissant à de grandes distances les unes des autres. Leur taux varie en fonction de la vitesse et de la direction du vent, de la proportion de fleurs femelles et de fleurs mâle-stériles et de la prévalence de l’auto-incompatibilité au sein de telle ou telle  variété.

Au vu des ces quelques incertitudes, on ne peut que conseiller un isolement entre deux variétés de quinoa si l’on veut garantir totalement la pureté variétale. La distance d’isolement, de 500 mètres à 1-2 km,  dépend de l’environnement et des barrières végétales naturelles.

 

Production de semences

En fin de période de croissance, la quinoa, lorsque ses grains ont commencé à sécher, ne craint pas les gelées. Elle craint par contre beaucoup plus les périodes de pluies automnales intenses : il est, en effet, impressionnant, mais un peu désespérant, de voir les grains de quinoa germer sur les panicules lorsque les conditions de chaleur et d’humidité semblent idéales à la plante pour recommencer un nouveau cycle. Il est donc conseillé de bien choisir ses variétés en fonction de la longueur de saison de croissance et aussi en fonction de la “qualité” climatologique de l’automne.

Selon les variétés, un gramme peut contenir de 400 à 700 graines.

Quinoa: le bio-piratage au coeur de l’Anjou

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Avant-Propos

Les objectifs primordiaux – et déclarés – de cet article sont de mettre en exergue certaines pratiques commerciales dans le secteur de la production et de la distribution de la quinoa bio – que cela soit la quinoa bio Bolivienne ou la quinoa bio produite en France, sous licence – et tout simplement de susciter une campagne internationale mettant fin à toute attribution de brevets – et autres COVs selon le jargon pathologique et insensé de la Matrix agricole biocidaire – sur cette espèce alimentaire, emblématique des Peuples Andins, qu’est la Quinoa, la Chisiya Mama. Les Peuples Andins ont été martyrisés depuis 500 ans par la Peste Occidentale: ne pourrait-on pas leur laisser au moins la Quinoa – symboliquement?

Chez Kokopelli, nous protégeons le domaine public depuis 23 ans. Mais “domaine public” ne signifie pas que les variétés de Kokopelli soient tombées du ciel. Une grande partie des variétés nouvelles – et en pollinisation ouverte – que nous distribuons, sont issues des travaux de chercheurs géniaux tels que Mushroom, Tom Wagner, Frank Morton, etc, etc. Ces agronomes/paysans ont fait don de leur travail de créations variétales au domaine public – et c’est le cas de très nombreuses, mais pas toutes, nouvelles variétés sélectionnés par les universités US.

L’Association Kokopelli hésite encore à se porter partie civile pour faire annuler tous les brevets sur la quinoa – nous n’avons aucune confiance dans les Tribunaux de l’Injustice Internationale – l’objectif fondamental étant de porter le débat sur la place publique. Le premier brevet placé sur la quinoa, en 1994, par l’Université du Colorado, portait sur la découverte d’une stérilité mâle cytoplasmique qui allait permettre à cette université de créer des hybrides F1 de quinoa – ou du moins de le tenter. Le brevet fut abandonné, en 1998, suite à la colère de la société civile et des Peuples Andins.

Nous avons invité, dans la Paix, M. Jason Abbott, de la société AbbottAgra en Anjou, à s’inspirer de la décision de l’Université du Colorado de redonner aux Peuples Andins ce qui leur appartient – au moins symboliquement – et de remettre dans le domaine public planétaire toutes les variétés de quinoas qu’il a bloquées sur toute l’Europe – avec l’Université de Wageningen en Hollande – dans le cadre du système parasite et malfaiteur que constitue l’UPOV. En effet, Jason Abbott a mis en place son European Quinoa Group qui travaille en partenariat étroit avec le groupe Hollandais GreenFood50, sis à Wageningen. L’European Quinoa Group, et GreenFood50, sont membres [20] de la Food Valley Society [21], une organisation Hollandaise comprenant 154 membres dont Coca-Cola, Mitsubishi, Danone, etc, ad nauseam.

Jason Abbott a décliné notre invitation d’abandonner tous ses brevets sur la Quinoa. Jason Abbott va donc continuer à percevoir des agriculteurs de France, de Belgique, d’Allemagne, de Hollande, d’Espagne et du Royaume Uni, des royalties sur ses trois variétés de quinoas.

La Quinoa serait-elle devenue un nouvel eldorado – una nueva muerte de oro verde – sur les territoires agricoles Européens en voie de désertification? Sans doute, vu le stockage/confiscation de la production internationale de quinoa – achetée à vil prix aux paysans de l’Amérique Latine – par Nestlé et autres multinationales de l’alimentaire afin d’augmenter leurs profits par la spéculation sur la nourriture. Sans doute, aussi, car les marchés potentiels, générés par le fractionnement des protéines de quinoa, confèrent des fièvres “spéculatives” [22] à certains industriels de l’alimentaire et autres breveteurs/maquignons – en mal d’une nouvelle confiscation du vivant. Jason Abbott – et son European Quinoa Group – ne sont, peut-être, que des têtes de pont d’une multinationale (Nestlé, Limagrain, ou autre…) qui envoient quelques jeunes sociétés, au front, sur les charbons ardents de la Quinoa – une plante alimentaire très symbolique de la destruction génocidaire des Peuples Andins, par l’Occident, et de la destruction de leurs cultures et de leurs agricultures. 

L’Association Kokopelli a donc, aujourd’hui, l’extrême plaisir de lancer “l’Arche de Quinoa”, une campagne internationale (à laquelle nous allons inviter à participer tous nos alliés, Gardiens et Gardiennes de Semences, des Amériques Latines) pour faire abroger tous les brevets sur la Quinoa. Ces brevets constituent une insulte à la Mémoire des Peuples Andins et une insulte à l’héritage de ressources génétiques et de trésors alimentaires que ces Peuples Premiers ont légués à l’humanité – le fruit de leur co-évolution, depuis plus de 12 000 ans, avec la Pachamama.

Cette campagne, “l’Arche de Quinoa”, a également comme objectif de promouvoir en Europe, par la Fertilité, toutes les variétés de quinoas qui ont fait leurs preuves d’adaptation à des écosystèmes divers – et il en existe des milliers, de ces variétés, avec ou sans saponine – afin de permettre aux paysans de se libérer du marché captif, et scandaleux, des semences de quinoa brevetées. La voie la plus fertile pour se débarrasser des multinationales de la Semence – et de leurs breveteurs/maquignons patentés – c’est de ne rien leur acheter! Nous sommes en état d’urgence alimentaire: Halte au Terrorisme des multinationales biocidaires de l’alimentaire, des semences et de la pétro-agro-chimie.

Pour la Libération de la Quinoa, Chisiya Mama.

 

Les Quinoas de Terre de Semences dans l’Allier en 1994

En 1984, Dave Cusack, le politologue US qui contribua énormément à l’introduction de la culture de la quinoa au Colorado, fut froidement assassiné par la CIA, dans les ruines de Tiahuanaco en Bolivie, alors qu’il préparait un ouvrage sur le coup d’état de 1973 à l’encontre du Président Allende – ce même président qui, depuis 1970, avait tout fait pour relancer, au Chili, la culture traditionnelle de la quinoa, “Chisiya Mama”, la Mère des Grains pour les Peuples Indigènes de l’altiplano Andin. 

C’est ce que j’évoquais, en 1994, dans le tout premier catalogue de semences bios de Terre de Semences [15], l’un des deux ancêtres de l’Association Kokopelli, qui proposait alors dix variétés traditionnelles de quinoas: “Isluga”, “Cochabamba”, “Linares”, “Llico”, “Temuco”, “Tunari”, “Real”, etc, qui toutes provenaient du Chili, à l’exception de “Cochabamba” et de “Real”, provenant de Bolivie. Sept de ces variétés sont toujours distribuées, aujourd’hui, par Kokopelli. [14] En 1993/1994, Terre de Semences et le Jardin Botanique de la Mhotte (l’autre ancêtre de l’Association Kokopelli), cultivèrent dans l’Allier – et pour la première fois en France, en bio – une diversité d’une vingtaine de variétés traditionnelles de quinoas. Durant cette même période, les premiers essais en agriculture chimique furent réalisés, dans l’Allier également, dans le cadre d’un programme de l’UNIP (Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines). L’Angleterre, quant à elle, avait déjà lancé des essais agricoles avec la quinoa, depuis 1982, dans le but de nourrir le gibier à l’automne. Des essais sans doute discrets car Nestlé, la multinationale criminelle de l’alimentaire, possédait déjà le contrôle incontestable de la quinoa planétaire et n’avait jamais encouragé sa culture Européenne.

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Quinoa Faro

 

 Les mensonges de Didier Perréol, le pape de la quinoa bio

C’est à cette époque que la société Euro-Nat de Didier Perréol prit son essor, et le leadership, dans le secteur de la distribution de quinoa bio (avec sa marque Priméal), et à cette époque, également, que le même Perréol commença à décourager les paysans bios Français de cultiver de la quinoa en prétendant, effrontément, que la quinoa ne pouvait pas pousser en France – alors qu’il venait justement d’utiliser mes  photos de quinoas, cultivées au Jardin Botanique de la Mhotte, pour sa propre communication de marketing! Ce sont les paysans bios découragés qui me téléphonaient pour s’enquérir de la vérité “agronomique” de cette espèce alimentaire Andine très riche en protéines. Les élucubrations de Perréol ne s’arrêtaient pas là puisqu’il surfait sur le très célèbre ballon de baudruche du “commerce équitable” en prétendant que sa quinoa bio permettait aux paysans Boliviens et Péruviens d’arrêter de cultiver de la coca et de se recycler dans l’agriculture bio “équitable” – équitable à la mode de l’Industrie Bio, s’entend.

Premièrement, de quoi se mêlent les Occidentaux d’empêcher les Peuples Andins de cultiver leur coca médicinale et multimillénaire? Secondement, l’argument de Perréol était de la pure intoxication publicitaire car sa quinoa “Real” était cultivée, et est encore cultivée, sur l’altiplano froid tandis que la coca, “Mama Inala”, (Erythroxylum coca) pousse naturellement – sans doute depuis des millions d’années – dans des régions subtropicales chaudes à 2500/2700 mètres d’altitude.

Didier Perréol est, pour un second mandat, le président de l’Agence Bio en France. Cette Agence Bio est, en fait, l’Industrie Bio, donc l’Industrie, qui génère des bénéfices énormes en pillant les pays du Tiers-Monde (les pays “émergeant” dans la voie de l’Occidentalisation) de leur précieuse bio-masse, soit sous forme d’intrants pour la fertilité des sols bios Français, soit sous forme de produits alimentaires bios pour la consommation humaine ou animale. L’Afrique, l’Asie du sud-est, l’Europe de l’est et les Amériques Latines sont aux pieds de l’Industrie Bio – sous tous aspects. La France est le pays le plus toxique d’Europe: elle a réussi à transformer l’intégralité de son territoire en vaste poubelle agrochimique et nucléaire et la croissance de l’Industrie Bio est fulgurante – de par les angoisses métaphysiques de la classe moyenne.

Didier Perréol vient de se voir décerner la Légion d’Honneur: pour service rendu à la Patrie et à l’Industrie Bio aux grands malheurs des Peuples Andins – qui aujourd’hui mangent des nouilles Chinoises. Aujourd’hui, il a regroupé ses neuf sociétés dans son groupe Ekibio dont il est le président. Ekibio a été racheté par la société Léa Nature de l’entrepreneur très entreprenant, Charles Kloboukoff, qui a acquis récemment une pléthore de sociétés bios et non bios. Charles Kloboukoff est un idéaliste dont la mission auto-proclamée est de racheter des sociétés bios avant que les Fonds de Pension US ne les rachètent! Au printemps 2016, il n’a pas pu ajouter la société Celnat, au palmarès de chasse de sa Holding “Compagnie Biodiversité”, car la famille Celle, propriétaire de Celnat, a préféré se laisser racheter par la multinationale Ebro – qui possède les Pâtes Panzani – pour 26 millions d’euros.

La société Euro-Nat a bâti sa prospérité-quinoa, en quasi-monopole pendant une vingtaine d’années dans toute l’Europe, sur l’exploitation éhontée des paysans de l’altiplano Bolivien et Péruvien. J’ai nourri tous mes enfants à la quinoa bio jusqu’au jour où un agronome Français – un ami de Pierre Rabhi, l’un de nos vice-présidents depuis 1999 – m’invita à donner des ateliers sur la production de semences à San Cristobal de las Casas, dans le Chiapas au Mexique, en 2005. Lorsqu’il m’éclaira sur le scandale de la quinoa bio non équitable – car il avait travaillé au Pérou – je commençai alors à dénoncer cet état de fait et à boycotter l’usage de la quinoa dans notre famille. Ces toutes dernières années, de nombreux articles se sont fait l’écho de l’exploitation des paysans producteurs de quinoa, sur l’altiplano Andin. En 2012, au Pérou, alors que nous y passions 7 mois pour préparer le festival Kokopelli-Pachamama, le prix de la quinoa bio était supérieur à celui pratiqué en France ou aux USA.

 

Les Quinoas brevetées, et sous licences, d’AbbottAgra

L’absence de quinoa cultivée en France (sur le plan des grandes cultures, du moins, car Kokopelli, à la suite de Terre de Semences, a distribué des variétés de quinoa aux jardiniers depuis 1994) a perduré jusqu’en 1998/1999 lorsque des paysans ont commencé à cultiver une centaine d’hectares en Anjou. En mars 2013, un agriculteur  bio Français contacta Kokopelli pour s’enquérir de conseils juridiques. L’un de ses collègues s’était mis à cultiver de la quinoa (avec une souche achetée dans une Biocoop) et à la revendre jusqu’au jour où Jason Abbott vint frapper à sa porte pour lui réclamer des royalties sur la variété brevetée (note 1) de quinoa qu’il cultivait – en toute illégalité. De par la restructuration totale de Kokopelli en 2013, nous n’avions pas pu communiquer sur cette problématique. A la mi-avril 2016, un agriculteur bio Belge me téléphona pour s’enquérir de variétés de quinoas chez Kokopelli parce qu’il ne pouvait pas semer 50 hectares de quinoa car son associé était parti, non pas avec la caisse, mais avec les graines – à savoir avec les “droits” pour la Belgique des mêmes variétés brevetées en France. Cette seconde requête raviva mon intérêt pour ce cas avéré de bio-piratage aux dépens des Peuples Indigènes de l’Amérique du sud.

Les mensonges de Didier Perréol, dans les années 90, ont découragé les paysans bios de développer la quinoa en France – et donc de travailler eux-mêmes sur la sélection variétale – et ces mensonges ont laissé le terrain libre de droits de la quinoa se faire pirater, et breveter, par des opportunistes. C’est ainsi que Jason Abbott, un ancien de Vilmorin/Limagrain, créa sa société AbbottAgra, en 2008, pour faire cultiver de la quinoa sous licence – à savoir la licence qu’il obtint de l’Université de Wageningen pour trois variétés de quinoa brevetées: « Le responsable du programme de recherche, Robert Van Loo, avait remis le projet au placard. J’ai obtenu une licence pour utiliser les variétés Atlas, Pasto et Riobamba. » [4] Selon l’Université de Wageningen, c’est en 2007 que Jason Abbott obtint la licence de leurs trois variétés brevetées. [5] La variété Atlas a été brevetée en 1997; la variété Pasto a été brevetée en 2005 et une seconde fois en 2007; et la variété Riobamba a été brevetée en 2005 et une seconde fois en 2008. Il n’apparaît nulle part évident que l’Université de Wageningen aurait remisé au placard son projet quinoa – d’autant plus que cette université vient de communiquer, en 2014, sur sa “nouvelle” quinoa résistante au sel et destinée à la Chine. [6] (un cas avéré de bio-piratage de plus car les quinoas résistantes à la salinité existent, depuis l’aube des temps agricoles, en Bolivie!!). Et c’est d’autant moins évident que l’Université de Wageningen vient juste, le 15 avril 2016, de déposer une nouvelle application pour breveter une variété de quinoa dénommée “Dutchess”.

Tout n’est pas très clair dans la communication de Jason Abbott qui surfe, de plus, sur les vagues du non-gluten, de l’agriculture raisonnée (cette farce grotesque existerait encore!!) et de la quinoa complète qui, de par le fait que le grain n’est pas poli, conserve tous ses minéraux dans le péricarpe… et aussi tous les reliquats de pesticides et d’engrais de synthèse!! La quinoa de l’agriculture raisonnée est toute aussi toxique que celle de l’agriculture dite conventionnelle/irraisonnée – et même encore plus car elle laisse penser qu’elle ne l’est pas. Pourquoi les graines de quinoa “d’Anjou”, de ces trois variétés brevetées, ne nécessitent-elles donc pas de polissage après récolte? Parce qu’elles sont exemptes de saponine.

 

La grande esbroufe des Quinoas brevetées par l’Université de Wageningen

Selon Jason Abbott et Robert Van Loo, de l’Université de Wageningen, cette absence de saponine serait l’une des caractéristiques de leurs trois variétés brevetées de quinoas, ainsi que la résistance au mildiou et la capacité d’être cultivée en Europe. Cependant, la communication de Robert Van Loo, et de l’Université de Wageningen, ne brille pas plus par sa clarté – pour ne pas parler de mensonges éhontés sur leur site internet. Nous allons présentement analyser les prétentions de Jason Abbott et de l’Université de Wageningen quant à leurs trois variétés de quinoa brevetées et donc bio-piratées.

Pour ce qui concerne la résistance au mildiou, on peut aisément imaginer que les Peuples Andins – qui cultivent la quinoa depuis près de 10 000 années – n’ont pas attendu les généticiens Hollandais pour sélectionner des populations de quinoas qui ne succombent pas à un excès d’humidité. Il existe, d’ailleurs, depuis 50 années, des dizaines de variétés modernes de quinoa strictement résistantes au mildiou qui ont été introduites par les divers centres agronomiques de l’Amérique du sud.

Pour ce qui concerne la capacité d’être cultivée dans les quelques pays du nord-ouest de l’Europe, (France, Belgique, Hollande…), le premier paragraphe de leur page internet est proprement hallucinant car il annonce que « Wageningen UR has developed three varieties that also do well elsewhere in the world », à savoir que « L’Université de Wageningen a développé trois variétés qui prospèrent également dans d’autres régions du monde ». En fait, le contenu archi mensonger, de cette page de leur site internet, cherche à laisser croire que la quinoa est en grande partie originaire de régions proches de l’équateur et qu’il faut donc faire un travail de sélection pour adapter les variétés à des jours d’été beaucoup plus longs. Et l’université de Wageningen aurait donc le très grand mérite d’être la seule au monde à avoir adapté de la quinoa à nos latitudes Européennes et au climat du nord-ouest de l’Europe – tout en affirmant que ses variétés brevetées poussent ailleurs au monde! (Et d’ailleurs, ils les ont brevetées au Chili aussi!!!).

Tout cela n’est que pure propagande et intoxication médiatiques. Des variétés de quinoa croissent jusque dans le sud du Chili. En fait, toutes les recherches agronomiques au Colorado, depuis 1984, ont été effectuées à partir de variétés Chiliennes ou de variétés du sud de la Bolivie. Il en est de même des variétés distribuées par Kokopelli et sélectionnées par Frank Morton dans l’Oregon, depuis 1994: elles sont toutes issues de la variété Colorado 407/Dave 407, introduite  en 1987, (et nommée en l’honneur de Dave Cusack), elle-même issue de la population Linares, croissant dans la région de Linares au Chili à une latitude de 36°.

Il faut préciser qu’il existe, en fait, cinq grand groupes de quinoas en fonction des écosystèmes – et dont les voies de ce l’on appelle la “domestication” n’ont pas été identiques: la quinoa des vallées, qui est cultivée dans les vallées inter-andines, à des altitudes entre 2000 m et 3800 m; la quinoa de l’altiplano qui croît dans le bassin de Titicaca à 4000 m; la quinoa des terrains salinifiés de l’altiplano à 4000 m et au-dessus dans le sud-Bolivien; la quinoa des zones basses au niveau de la mer qui est cultivée au sud du Chili; et la quinoa subtropicale, qui est cultivée dans les yungas subtropicales de Bolivie.

En 1983 et 1984, une dizaine de variétés de quinoa furent testées à Mepal et à Cambridge en Angleterre. Dans les conclusions qu’ils publient en 1991, [7] [9] les chercheurs Risi et Galway évoquent des rendements de plus de 5 tonnes/hectare avec les variétés Chiliennes “Baer” (en fait près de 7 tonnes/hectare pour “Baer”), “Faro” (ces deux variétés croissant originellement dans des régions au niveau de la mer) et la variété Péruvienne (de vallée) “Amarilla de Marangani”, issue de sélection massale à Sicuani dans la vallée de Cuzco – et qui est, de plus, complètement insensible au photopériodisme. Dans leurs conclusions, il est également précisé que les rendements à l’hectare des variétés (de l’altiplano) sans saponine, “Sajama” et “Kanccolla”, n’ont pas pu être calculés car une partie de la récolte a été mangée par les oiseaux – de par l’absence de protection que confère la saponine contre les prédateurs.

Pour ce qui concerne l’absence de saponine, l’Université de Wageningen n’a rien inventé, mais elle fait semblant, et son obtenteur/breveteur Robert Van Loo n’hésite pas, de nouveau, à mentir effrontément: « Les ressources génétiques de l’Amérique du sud contiennent des saponines amères et doivent être processées – par polissage et par lavage – et même alors, il reste encore plus de saponine dans les grains que ce qui existe dans nos variétés sans saponines, qui n’ont pas besoin d’être processées ». [11] Cette déclaration laisserait-elle entendre, d’ailleurs, que les variétés brevetées de Wageningen contiennent encore réellement un peu de saponine? Et à quel pourcentage, alors?

Historiquement, le travail de sélection sur la quinoa commença en Bolivie, en 1965, au centre agronomique de Patacamaya (sous l’égide de la FAO et du Gouvernement Bolivien) et, quasiment en même temps, au Pérou, à l’Université Technique de l’Altiplano à Puno et à Cuzco, sous l’égide de l’INIA. C’est l’agronome Gandarillas qui le premier, en 1968, a collecté et caractérisé les variétés de quinoas traditionnelles de l’Equateur, de Bolivie et du Pérou. Ce sont les chercheurs Koziol et Mizui qui, au début des années 90, ont caractérisé la nature des 13 saponines présentes dans la quinoa, dont 10 étaient inconnues auparavant. [10]

En 1967, la première variété de quinoa sans saponine est introduite par le centre agronomique de Patacamaya sous le nom “Sajama”: elle est issue de croisements entre les populations “Real 547” et “Dulce 559”.

Depuis une cinquantaine d’années, ce sont ainsi des dizaines de variétés de “quinoa dulce”, à savoir sans saponine, qui ont été introduites par les centres agronomiques du Pérou, de la Bolivie, du Chili et de l’Equateur. Ainsi, en 1992, l’INIAP de l’Equateur a introduit diverses variétés sans saponine telles que “Tunkahuan”, avec 0,06% de saponine, et “Pata de venado”, avec 0,05% de saponine.

Les variétés Boliviennes de quinoa dulce (à savoir sans saponines) “Sajama 1”, “Sajama 2” et “Sajama 3” titrent respectivement à 0,03 %, 0,06 % et 0,005% de saponine. [12] En poids, la variété “Sajama 3” se caractérise  par 0,05 mg/g de saponine – ce qui est à comparer avec les variétés de quinoas les plus saponifiées contenant jusqu’à 11,2 mg/g.

Il serait fort intéressant que Jason Abbott et Robert Van Loo communiquent des informations précises sur le pourcentage réel de saponine dans leurs trois variétés brevetées car ces caractéristiques sont, étrangement, introuvables sur le web. Se pourrait-il donc que leurs trois variétés soient réellement totalement exemptes de saponine? Robert Van Loo aurait-il réussi à désactiver les gènes codant pour la saponine par la mutagenèse?

C’est très envisageable, en effet, car c’est l’Université de Wageningen qui a publié, dans son ouvrage “Mutagenesis: exploring novel genes and pathways”, la contribution de l’agronome Péruvienne Gomez-Pando “Development of improved varieties of native grains through radiation-induced mutagenesis”, à savoir “Developpement de variétés améliorées de grains natifs par le biais de la mutagenèse induite par radiation” (au chapitre 4). [1] Gomez-Pando est également l’auteure de l’étude “Developing Genetic Variability of Quinoa with Gamma Radiation for Use in Breeding Programs”, à savoir “Développement de la variabilité génétique de la quinoa avec des radiations Gamma pour de futurs programmes d’obtention”. [2] Gomez-Pando travaille, par les techniques de la mutagenèse, à la création de nouvelles variétés de quinoa et d’amaranthes à grain à l’Université de la Molina au Pérou – une université qui a signé, en 2013, un partenariat avec l’Université de Wageningen [3] portant sur l’amélioration variétale par la mutagenèse.

 

Conclusions

C’est cette année, en 2016, qu’expire le premier brevet déposé, en 2001, sur une variété de quinoa, dénommée “Baer” par le semencier Erik von Baer au Chili.  Aujourd’hui, il existe une petite trentaine de quinoas brevetées, de par le monde, dont une dizaine par la Hollande. Jason Abbott a breveté, lui-même, la variété “Jessie”, en 2013, en France, aux USA…

Les variétés de quinoa “sélectionnées et brevetées” par l’Université de Wageningen, et dont les licences sont exploitées par Jason Abbott, sont sujettes au paiement de royalties en Europe, aux USA… et au Chili. Pourquoi au Chili? Parce que l’Université de Wageningen y travaille en étroite collaboration avec Nestlé/Chili au centre de l’INIA à La Platina. [8] Et il n’est pas qu’au Chili, d’ailleurs, où l’Université de Wageningen soit en partenariat avec Nestlé. [13]

Avec la Quinoa de l’Anjou, nous sommes au coeur du bio-piratage le plus flagrant. Les variétés de quinoa de l’Université de Wageningen sont, au mieux, et tout simplement, des variétés Chiliennes et Equatoriennes et, au pire, les mêmes variétés bricolées par mutagenèse.

En Europe, il semblerait que le consommateur bio ait le choix entre, d’une part, la quinoa bio non-équitable du Pérou et de la Bolivie (qui est polie) et, d’autre part, la quinoa bio de l’Anjou (qui n’est pas polie) brevetée par l’Université de Wageningen en partenariat avec la multinationale criminelle Nestlé.

Il reste aux agriculteurs bios, également, la possibilité d’utiliser la variété commercialisée par le semencier Ducrettet dans sa rubrique “engrais verts” à 200 euro environ les 5 kgs – ce qui fait un peu cher pour des semences “d’engrais verts”. Bien qu’elle ne soit nommée nulle part, sur le site internet de Ducrettet, il s’agit en fait de la variété “Titicaca” brevetée deux fois au Danemark ces dernières années. Il semblerait que les Danois soient moins pointilleux que Jason Abbott quant à la revendication de ce qu’ils considèrent comme leurs “droits” sur cette variété de quinoa.

D’ailleurs, cette variété “Titicaca” a été introduite au Malawi depuis 2012 et c’est l’une des variétés les plus adaptées, à ce pays d’Afrique, ainsi que les deux variétés distribuées par Kokopelli – et sélectionnées par Frank Morton en Oregon, depuis 1994 – à savoir,  “Cherry  Vanilla” et “Brightest Brilliant”. Ces trois variétés produisent environ 3 tonnes/hectare sur les sites de Bunda et de Bembeke (à 1200 m et 1560 m d’altitude). Bravo les variétés distribuées, depuis plus de dix ans, par Kokopelli et qui passent partout, ou presque, et bravo aussi pour la variété “Titicaca” qui doit posséder de la bonne génétique Indigène Andine pour être sélectionnée au Danemark et faire des merveilles au Malawi!

Et pour en revenir à la vie quotidienne du Réseau Biocoop, nos interlocuteurs favoris dans le petit monde de la bio-piratée, n’est-il pas surprenant de découvrir, dans les Biocoops, de la Quinoa “Real” de Bolivie à 9 euros/kilo et de la Quinoa d’Anjou à 12 euros/kilo. Gilles Piquet-Pellorce, le nouveau DG de Biocoop, un ancien professionnel des transport routiers, considère-t-il logique que le Réseau Biocoop commercialise de la quinoa bio provenant de Bolivie, à 10 000 km, à un prix fortement inférieur à celui de la Quinoa d’Anjou, produite localement?

Est-ce pour favoriser la production locale que le Réseau Biocoop commercialise plus cher la Quinoa d’Anjou? Ou est-elle beaucoup plus chère parce que les paysans bios doivent verser des sommes astronomiques à Jason Abbott pour avoir le droit de cultiver ses variétés sur le sol Français?

Aujourd’hui, et de nouveau, nous demandons au Réseau Biocoop, et aux autres circuits de distribution de la bio, de prendre leurs responsabilités. Il est tout aussi scandaleux de dépouiller les paysans Andins de leur biomasse que de les dépouiller de leur héritage ancestral en brevetant leurs variétés traditionnelles de quinoa, le fruit de 10 000 années de co-évolution harmonieuse – et dont il existe plus de 15 000 “populations” dans les banques de semences du Pérou, de la Bolivie, du Chili et de l’Equateur.

Nous invitons tous les agriculteurs Français à cultiver de la quinoa bio, à très grande échelle, et sans payer de royalties à quiconque. L’Association Kokopelli a décidé de participer à l’évaluation des variétés présentement disponibles. Cette année, nous allons cultiver une vingtaine de variétés, sur de petites parcelles, dans notre ferme à Camarades. En 2017 – et sans doute même dès cet été tellement ce sujet passionne certains agriculteurs – nous avons le projet de cultiver une très large diversité de quinoas sur de très grandes parcelles au coeur de l’Ariège.

La quinoa, tout comme la Kiwicha, l’Amaranthe à grains – les deux espèces qui possèdent la protéine la plus complète de toutes les espèces alimentaires majeures cultivées au monde – sont des plantes emblématiques de notre mission de protection de la biodiversité cultivée, depuis 1993. L’Association Kokopelli a donc décidé de s’engager complètement, premièrement, dans cette problématique de bio-piratage des variétés Andines, et de prétention à des monopoles de culture et de commercialisation et, secondement, à l’évaluation de variétés anciennes ou récentes, et appartenant au domaine public ou non, afin de proposer les variétés les plus adaptées à certains écosystèmes plus frais et humides, ou au contraire plus chauds et secs – de par la gigantesque diversité propre aux cinq groupes de quinoas.

Cette campagne, nous proposons de la nommer “l’Arche de Quinoa”. Afin que la Quinoa, Chisiya-Mama, puisse se répandre sur toute la planète… en open-source, à savoir dans le domaine public. Car la Quinoa est le fruit de la co-évolution entre les Peuples Andins et la Pachamama durant 12 000 années au moins – pour autant que l’histoire ait pu en retrouver des traces. Exigeons que la Quinoa reste dans le domaine public au plaisir des Peuples – et sous la “protection”, authentique cette fois, des Peuples .

Xochi, le 24 avril 2016.

Note 1. Je suis fort conscient que le terme “brevet” n’est pas adéquat dans ce contexte de la Quinoa. Il faudrait légalement, ainsi que me le conseille Blanche Magarinos-Rey, l’avocate de Kokopelli, parler de “droits d’obtention végétale”, un verbiage grotesque qui en entraîne un autre, tout aussi grotesque, à savoir “protégé par des droits d’obtention végétale”… Je continuerai donc, dans le cadre d’un tel article, à ne parler que de brevets, de brevetage et de breveter. La sémantique est plus courte et tout le monde sait, au moins, ce que cela veut dire : “accès archi réservé”.

De plus, oser parler de “protection”, dans une telle situation de bio-piratage, porte, aisément, à confusion. Et la confusion profite, généralement, à celui qui la sème… jusqu’au jour où le système implose sous le poids de ses propres mensonges et de ses propres confusions.

Ainsi que le suggère, depuis moult années, notre ami Jean-Pierre Berlan, il faudra un jour se résoudre à éradiquer le langage agricole (ou légalo-agricole) – celui qui a été imposé par les psychopathes criminels qui détruisent la Biosphère – afin d’en recréer un, fertile, qui soit en harmonie avec les forces vives de co-évolution de la Terre-Mère.

La Quinoa dans le Réseau Biocoop: de l’exploitation des paysans de l’Altiplano Bolivien à la promotion de variétés captives cultivées en France

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Introduction

Le 8 mai 2016, le Réseau Biocoop a fait circuler – parcimonieusement pour ne pas attirer l’attention, outre mesure – une réponse à mon article “Quinoa: biopiratage au coeur de l’Anjou” en invalidant, sans les invalider, mes informations ou tout simplement, en bottant en touche. Est-ce une technique New-Age pour traiter son interlocuteur de menteur, de façon non-violente, ou est-ce, tout simplement, l’expression du désarroi de la direction du Réseau Biocoop pris au piège de ses prétentions/diversions, de ses amalgames ou de ses silences, quant à la problématique très épineuse de la quinoa? Le Réseau Biocoop va-t-il tenter une dernière planche de salut, beaucoup moins savonneuse que la précédente, pour surfer, avec brio, et avec le bon vent, sur tous ces scandales de la quinoa, avec ou sans saponines?

La finalité déclarée de ce second article sur la Quinoa bio-piratée est, ainsi, d’analyser les réponses désastreuses, pour sa réputation, du Réseau Biocoop, ou, plutôt, de ses diverses hiérarchies privées et coopératives, ou prétendues telles, dans leur réponse du 8 mai 2016, une réponse publique – non publiée publiquement – et demandant un droit de réponse – sans en faire la requête écrite, ou publique, auprès de Kokopelli:

« Cette réponse a prioritairement pour but de nous permettre de répondre aux sollicitations de nos clients et sociétaires suite à cette sollicitation, elle servira également à une éventuelle publication si Kokopelli nous accorde un droit de réponse… Dans ce cadre et en toute indépendance les commissions produits Biocoop, constituées elles-mêmes de sociétaires, ont défini une position sur le Quinoa et les référencements en cours que Biocoop SA sous l’impulsion de son Directeur Général met en œuvre, c’est de cette position que vont découler toutes les réponses aux questions ou affirmations formulées dans l’article « Bio piratage au cœur de l’anjou ».

Ce droit de réponse leur a été accordé et placé sur le blog de Kokopelli [29] et ce présent article constitue, donc, un second clou – de girofle bien sûr et pour la dynamiser – que nous allons, donc, enfoncer dans la pomme, bio certifiée et bio équitable , du Réseau Biocoop [6] quelque peu minée par les vers de la communication virtuelle. Virtuelle, sous tous aspects, peut-être? En effet, aujourd’hui, il semblerait que la même règle énergétique s’applique à la Haute Hiérarchie du Réseau Biocoop que pour toute autre entité pratiquant ce type de “diversions”. Un organisme mensonger (Etat, parti politique, multinationale, institution publique, université, etc, etc) arrive, un jour et inexorablement, à un seuil précipitant son effondrement lorsque la quantité d’énergie, nécessaire à la prolongation des voiles d’illusion, ne peut plus être générée par le dit organisme – et c’est une quantité d’énergie sans cesse croissante, d’ailleurs, de par les réactions de réveil et de survie du plus grand ensemble vampirisé par cet organisme psychopathique.

Le communiqué de la direction du Réseau Biocoop est d’autant plus surprenant que Kokopelli, le 2 mai 2016, a envoyé, à toutes les Biocoops, une proposition de partenariat avec notre campagne “Arche de Quinoa”. Cette proposition est adressée à toutes les Biocoops avec lesquelles Kokopelli travaille (les autres étant également, cependant, les bienvenues): le propos est de relayer le troisième objectif, de notre campagne, en distribuant à des jardiniers, au mois de mai, dans chaque Biocoop, 100 sachets de quinoa avec une fiche d’évaluation agronomique attachée par nos soins. 

Quant à Didier Perréol, le patron du Lobby de l’Industrie Bio, son courrier a été posté à la suite du droit de réponse du Réseau Biocoop. Il s’avère que sa “clarification” la plus claire soit son injonction surlignée de supprimer mon premier article. Je l’ai donc convié, sur la scène publique, pour lancer un grand débat “participatif” sur la “transparence” de sa quinoa Bolivienne.

Un grand débat qui pourrait être suscité par notre campagne “Arche de Quinoa” dont les objectifs primordiaux sont de libérer les paysans, et les Peuples, de l’emprise des variétés captives de quinoas – à savoir des variétés qui ont été “protégées” par les fictions juridiques que constituent les Certificats d’Obtentions Végétales de l’UPOV et autres brevets internationaux – en promouvant, par la Fertilité, les variétés de Quinoas du Domaine Public qui, depuis plus de trente années, ont fait la preuve de leur adaptation à des écosystèmes aussi variés que ceux de l’Amérique du nord, de l’Europe de l’ouest, de l’Inde ou, encore, du Malawi en Afrique.

Cette campagne a, également, comme objectif d’inspirer tous les détenteurs de fictions juridiques portant sur la Quinoa (COVs et autres brevets) à remettre leurs variétés “protégées” par l’UPOV sous la protection des paysans et des Peuples qui en sont les Gardiens et les Gardiennes depuis de nombreux millénaires.

Nous souhaitons, d’ailleurs, remercier Jason Abbott, de la société Abbottagra, pour sa toute récente proposition de ne plus faire payer de royalties, sur ses trois variétés de quinoas brevetées, aux agriculteurs bios Français. Nous encourageons, fortement, Jason Abbott à étendre ces dispositions à tous les agriculteurs non bios, en Europe, et à intercéder auprès de l’Université de Wageningen pour que ces trois variétés brevetées soient réintégrées au Domaine Public. Nous le convions, également, à communiquer, généreusement et publiquement, sur son engagement tout récent et sur ses prospectives à moyen terme – dans un monde où la culture des quinoas brevetés va être fortement découragée. Vers la Libération de la Chisiya Mama.

 

Le Réseau Biocoop et l’exploitation des paysans de l’Altiplano Bolivien

En 2009, Charles Kloboukoff, le PDG du Groupe Léa Nature, s’épanche sur le désastre de la Quinoa Bolivienne lorsqu’on lui demande s’il a des regrets: [21]

« Oh certainement  la crise du Quinoa. La demande a explosé en Europe et l’offre n’a pas été organisée. En Bolivie comme au Pérou, la culture de Quinoa, dopée par des prix très attractifs, s’est intensifiée à outrance. Du coup, la rotation des cultures a été abandonnée, l’élevage des lamas qui permettait d’enrichir la terre aussi, et la qualité du sol s’est dégradée très rapidement. Aujourd’hui, les rendements s’effondrent et les prix explosent… »

En 2011, Charles Kloboukoff rachète 30% des actions de la société Priméal de Didier Perréol. En 2014, il rachète – avec sa holding Compagnie Biodiversité – 70% du capital du Groupe Ekibio de Didier Perréol, comprenant 9 sociétés dont Priméal qui distribue une gamme de produits à base de quinoa. Aujourd’hui, Charles Kloboukoff est le président du Conseil d’administration de la Compagnie Biodiversité et Didier Perréol en est le vice-président; la Compagnie Biodiversité emploie 1160 personnes et possède 21 marques bios et d’autres naturelles. Le négoce scandaleux de la quinoa bio Bolivienne, ou Péruvienne, perdure, comme il a perduré pendant 25 ans, chez Priméal, chez Biocoop, chez Carrefour (avec Alter Eco), chez Markale (avec l’entreprise Quinoa-Bol), etc… à fond les polisseuses,

sauf que, hier, la direction du Réseau Biocoop [7], la main sur le coeur, promet que cela va changer, définitivement – du moins, cela ne va pas tarder à commencer à changer – dans 5 ans, après donc 30 ans de tergiversations:

« En 2016 nous avons élaboré avec Solidar’monde un plan de retrait à 5 ans (délai correspondant à des échéances financières de notre partenaire) »

En 2016, cela signifie-t-il la semaine passée? En réaction au tsunami médiatique que l’Arche de Quinoa va impulser? Car, depuis 2012, le Réseau Biocoop tenterait d’imaginer, avec Solidar’monde, des alternatives. Pour un monde solidaire, s’entend.

« Dès 2012 nous avons échangé avec Solidar’monde sur le fait qu’il fallait imaginer ensemble un désengagement de nos approvisionnement sur la quinoa d’Anapqui car nous cherchons à soutenir les initiatives de la culture en France, mais a cette période Solidar’monde traversait des difficultés dans son fonctionnement et nous ne souhaitions pas les déstabiliser. »

Qui est Solidar’monde? C’est une centrale d’importation dont l’actionnaire principal est, depuis 2006, Artisans du Monde (à 51%) et dont les deux autres actionnaires principaux sont Réseau Biocoop et CTM Altro Mercato (une organisation italienne de commerce équitable). [22] Les difficultés financières évoquées par Biocoop font référence à plusieurs années de déficit énorme et une liquidation judiciaire considérée en 2010. Solidar’monde est l’un des principaux acteurs de la grande esbroufe du “commerce équitable”.

Une grande esbroufe et, en ce qui concerne la quinoa, un immense panier de crabes. En effet, lorsque le Réseau Biocoop affirme que:

« En préambule nous souhaitons affirmer que notre choix de suivre Priméal dans son travail avec la coopérative Anapqui en Bolivie… »,

veut-il impliquer que Priméal/Ekibio/Compagnie Biodiversité travaillerait encore avec la coopérative Bolivienne Anapqui? Alors qu’il semblerait que cela fasse 20 ans que Perréol a lâché Anapqui lorsqu’il a voulu intégrer sa quinoa dans la distribution de la multinationale Carrefour.

La coopérative Bolivienne Anapqui est, en fait, le partenaire d’Artisans du Monde/Solidar’monde [23] dont Biocoop est actionnaire et dont Biocoop distribue des produits à base de quinoa, par exemple de la Quinoa Bolivienne à 19 euros le kilo.  [24] [25] La coopérative Bolivienne Anapqui commercialise 75 % de sa quinoa auprès de l’organisation Allemande GEPA (un consortium d’institutions religieuses) [27] qui le redistribue auprès de Réseau Biocoop/Solidar’monde ou encore de la société Française de commerce équitable, Alter Eco (une filiale de la multinationale Royal Wessanen).

Quant à Didier Perréol, il a créé (avec son groupe Euro-Nat) une société en Bolivie, dès 1996, dénommée Jataryi. En 1997, Jataryi contrôle 3,7% de la quinoa Bolivienne; en 2003, elle en contrôle 25,2%.

« Tout d’abord, en 1996, l’entreprise Jataryi est créée dans le sillage du groupe Euro-Nat, holding spécialisée dans la transformation et la distribution de produits biologiques. Cette nouvelle organisation vient remplacer Anapqui dans la chaîne d’approvisionnement du groupe. Ce changement découle d’une demande de plus en plus forte de quinoa par le groupe en raison d’une stratégie commerciale agressive vis-à-vis des consommateurs du Nord sur ce produit et des accords passés avec le groupe Carrefour pour son approvisionnement. Anapqui s’avérant incapable de répondre aux demandes de volume et aux exigences de qualité imposées par EURO-NAT, visant d’une part à développer sa propre gamme de produits transformés à partir de quinoa, et d’autre part à fournir Carrefour, pour sa marque de distributeur « Carrefour Agir Bio », le groupe a décidé de favoriser la création d’une organisation alternative qui contrôle la production de quinoa biologique via la contractualisation de 150 producteurs. » [28]

On peut comprendre que des Biocoops, tels que les Scarabées Bios de la région de Rennes, aient boycotté la vente de la quinoa dans leurs magasins. [26] Car la Quinoa Bio-Equitable semble participer d’un immense brouillage de cartes. Qui, chez Biocoop, pourrait nous expliquer les triangulations/transactions existant entre Biocoop, Priméal, Jataryi, GEPA, Solidar’Monde, Anapqui, etc, etc? Qui, chez Biocoop, pourrait nous expliquer pourquoi le “plan de retrait” est – finalement, après 25 ans – devenu une priorité archi prioritaire? Parce que – ainsi que de nombreuses études le mettent en exergue – la monoculture de quinoa en Amérique Latine est en train de provoquer une catastrophe d’érosions sous tous aspects?[28]

 

Le Réseau Biocoop continue de répandre la farce de l’exode rural, vers la coca,

arrêté par la production de quinoa bio/équitable

Réseau Biocoop: « En préambule nous souhaitons affirmer que notre choix de suivre Priméal dans son travail avec la coopérative Anapqui en Bolivie a effectivement pour but d’ancrer les paysans andins sur l’altiplano plutôt que d’accentuer l’exode qui amenaient ces paysans à descendre dans la vallée pour travailler à la culture du coca (cela dans les années 95)».

Le Réseau Biocoop a l’outrecuidance d’évoquer une rumeur passagère datant de 1995 pour valider son soutien inconditionnel à Priméal, dont l’ex-propriétaire est Didier Perréol. Didier Perréol est, également, pour un second mandat, la patron de l’Agence Bio, l’Industrie Bio. Il est aussi l’instigateur du Davos de l’Ecologie, “la Bio dans les Etoiles”, qu’il serait plus avisé de renommer “la Bio dans les Etoilettes” car il est bien clair que la Bio Industrielle a besoin d’un bon toilettage… tout autant que la mémoire de certains de ses dirigeants.

En effet, Didier Perréol, dans son courrier du 12 mai 2016, adressé à Dominique Guillet, précise que:

« … Ça n’a jamais été “un ballon de baudruche” mais bien un réel engagement. D’ailleurs je n’ai jamais parlé que la culture du quinoa permettrait aux boliviens d’arrêter la coca (as-tu un écrit ?!!), ça n’a jamais été mon discours ».

Alors que l’on retrouve un article de la chaine bio Satoriz, datant de 2000, [4] qui affirme:

« Nous ne terminerons pas cette présentation sans parler de “Point d’appui”. Cette association, très liée à Priméal, a pour but d’aider les Indiens à vivre de leur récolte et de lutter contre l’attrait dévastateur du travail du coca, autre pilier nettement moins noble de l’économie locale. Beaucoup de paysans n’ont en effet pas le choix, et faute de revenus ils quittent leur village pour rejoindre les lieux de travail du coca, dans les vallées. Ce travail est dangereux, car les hommes foulent les feuilles de leurs pieds, en contact permanent avec un acide qui les ronge. Il est souvent illégal, le gouvernement essayant de l’interdire. En garantissant un prix à l’année au quinoa et en reversant une partie du montant des achats à “Point d’appui”, Priméal contribue à aider les Indiens à vivre sur leurs terres d’un travail étroitement lié à leur histoire. Les fonds recueillis permettent des aménagements pour acheminer l’eau, l’achat de matériel médical et la formation des paysans aux techniques de l’agriculture biologique ».

Et alors que l’associé lui-même de Didier Perréol, dans la société Jatarayi, précise en 2003 [5] que:

« On a longtemps dit que les paysans qui quittaient les hauts plateaux allaient cultiver la coca, ce qui était vrai il y a quelques années. Mais cette activité étant de plus en plus surveillée et contrée par le gouvernement, ceux qui quittent l’altiplano connaissent maintenant un sort encore pire, ils se retrouvent à mendier. Cultiver la quinoa est leur seule alternative digne, à nous de savoir la vendre ».

Si tant est qu’un certain exode ait pu exister sur l’altiplano vers les régions productrices de coca, nous n’en avons trouvé aucune trace sur internet sous forme d’étude sociale ou autre. Il est possible que ce fut longtemps dit…

En tout cas, la plupart des études qui ont été réalisées sur la quinoa, en Amérique Latine, mettent l’accent sur les énormes dangers que fait courir cette monoculture au service de Nestlé et de quelques entrepreneurs Européens: destruction de la culture Andine, destruction des espèces alimentaires vivrières Andines, érosion des sols, malnutrition, contamination par les pesticides, etc…. La plupart de ces problématiques s’appliquent tout autant, bien évidemment,  aux formes de monoculture bio de quinoa.

Dans un rapport [20], publié par Maribel Alexandra Quelal Vasconez et l’INIAP de l’Equateur en 2010, concernant la culture de la quinoa dans les régions de Chimborazo et d’Imbabura, des haut-lieux de la culture ancestrale de cette espèce, il apparaît que la quasi-totalité des paysans cultivent la nouvelle variété “Tunkahuan” sans saponine – en monoculture, et parfois avec deux récoltes dans l’année.

 

Le Réseau Biocoop part à la défense des Certificats d’Obtentions Végétales!

La direction du Réseau Biocoop n’a pas peur du ridicule: elle part à la défense des Certificats d’Obtentions Végétales (les COV du système UPOV) “captivant” les variétés de quinoas cultivées en France,

« Les variétés de Jason Abott ne sont pas brevetées , mais protégées par le système de « droits d’obtenteur », autrement dit, « certificat d’obtention variétale (COV) ». Le COV permet de laisser la ressource libre d’accès aux autres personnes (obtenteurs, agriculteurs, citoyens…) à des fins de recherche. N’importe qui peut utiliser librement et gratuitement la nouvelle variété pour en créer une autre, sans qu’il soit nécessaire d’avoir l’accord du propriétaire. Ainsi  sous COV, un obtenteur a le droit d’utiliser librement les variétés existantes pour obtenir une nouvelle variété, alors que sous le système de brevet ceci est interdit. Jason abot et son interlocuteur de l’université de Wageningen sont opposés moralement au système de brevets dans le domaine végétale qui de plus est une contrainte dans leur sélection de nouvelles variétés de quinoa. »

alors, qu’en septembre 2015, elle s’affichait comme le partenaire privilégié du Réseau Semences Paysannes [13] dans sa Campagne Semences Paysannes. Doit-on rappeler que l’un des objectifs du RSP est la lutte contre le dit système UPOV?

Nous invitons, ainsi, les têtes contrôlantes, sinon pensantes, du Réseau Biocoop, à lancer leurs Mousquetaires Bios (ou leurs Moustiquaires??) de la communication “professionnelle” sur le front des brevets pour expliquer, aux consommateurs avertis, en quoi le Certificat d’Obtention Végétale (COV) et le dit “brevet” (tous deux des fictions juridiques) diffèrent sur le plan de la captivité. Une variété sous “protection” de COV est une variété qui n’est pas dans le Domaine Public: elle est donc brevetée – dans le sens le plus commun du terme.

Faudra-t-il donc utiliser, dorénavant, le terme “variétés captives” pour que les poltrons ne puissent se cacher la tête dans les sables mouvants des terminologies agronomiques débiles qui constituent le fondement même de l’agriculture biocidaire? Ainsi que l’a, maintes fois, répété Jean-Pierre Berlan, il n’est que temps de dénoncer et d’éradiquer le double-langage pernicieux de l’agriculture moderne – même s’il constitue le fondement de l’Industrie Bio.

 

Le Réseau Biocoop prétend qu’il n’existerait pas de relations

entre Nestlé et l’Université de Wageningen.

Réseau Biocoop: « Nestlé a participé par le passé au financement d’un essai variétal chilien sur le quinoa auquel participait l’INIA (l’INRA chilien) et l’université de Wageningen mais il n’y a pas plus de lien à ce jour entre l’université de Wageningen et Nestlé ». 

Tout d’abord, tenter de dissocier la multinationale criminelle Nestlé de la Quinoa (sous tous aspects) en Amérique Latine, c’est un peu pratiquer la politique de l’autruche qui s’enfonce la tête dans le sable, bien chaud, de sa prospérité économique – fondée sur le pillage de la biomasse du Tiers-Monde – devant l’arrivée du tsunami médiatique.

Comment pourrait concevoir une absence de relations entre l’Université de Wageningen en Hollande – l’université agronomique Hollandaise, par excellence, ou par génocide, en fonction des paradigmes de tout un chacun – et Nestlé, l’une des multinationales de l’alimentaire les plus criminelles et au même rang que Syngenta, Cargill, Bayer, Monsanto, etc – ces deux derniers étant aujourd’hui même en conciliabules de fusion afin d’accentuer leur capacité biocidaire.

L’un de leurs récents partenariats concerne une étude lancée par Nestlé pour lutter contre l’obésité. Nestlé et l’Université de Wageningen viennent de découvrir, ensemble, qu’il faut mâcher sa nourriture – pour un meilleur équilibre nutritionnel! [14] Leurs découvertes révolutionnaires ont été publiées, récemment, dans la revue Appetite! Bon Appétit… ou Bonne Chance, comme le répète, souvent, notre vice-président Pierre Rabhi – car le mode alimentaire que ces malfrats mafieux ont imposé à l’humanité est une contamination génocidaire et permanente.

Les Triangulations, en Equateur, entre Nestlé, l’Université de Wageningen et l’INIAP.

Selon le chapitre 5.3 “Quinoa in Ecuador” de l’ouvrage de la FAO, “State of the Art Report on quinoa around the world in 2013”: « Durant les années 1980, Nestlé et l’INIAP jouèrent un rôle vital pour sauver les cultures Andines et la quinoa constituait alors leur priorité. Nestlé établit le centre de recherche et de développement Latinreco qui publia, en 1991, un rapport sur les cinq dernières années de recherche sur la quinoa en Equateur ».

Le contrôle de la Quinoa, par la multinationale Nestlé, se met en place en Equateur en 1982/1983 avec la création du centre Latinreco. [18] C’est également cette année là que l’INIAP en Equateur crée une section “cultures andines” et commence à en collecter les ressources génétiques, à savoir 608 variétés de quinoa (dont 54% proviennent du Pérou et de la Bolivie), 434 variétés d’amaranthes à grains et 529 variétés de chocho (Lupinus mutabilis). L’INIAP (Instituto Nacional de Investigaciones Agropecuarias) est l’institution agronomique de l’Equateur qui possède toute la collection de variétés de quinoas du pays, et autres collections d’espèces alimentaires.

Le document publié par Nestlé “Quinoa, hacia su cultivo commercial” fait référence 65 fois à l’INIAP – ce qui est pour le moins normal car le centre de Nestlé fait ses expérimentations de quinoa en partenariat avec l’INIAP dont il utilise les centaines de variétés, collectées dans les divers terroirs de l’Equateur, ainsi que les connaissances agronomiques et les traditions culturales afférentes à ces variétés millénaires. 

L’Université de Wageningen, et Jason Abbott, prétendent que leurs trois variétés brevetées sont issues de ressources génétiques Equatoriennes de quinoas, pour ce qui concerne l’absence de saponines – ressources génétiques qui auraient été collectées avant les années 1980 (donc avant l’imposition des ballons de baudruche que sont la Convention sur la Biodiversité et le Protocole de Nagoya). Cela signifie, de deux choses l’une, ou les deux:

que ces variétés de quinoa Equatoriennes, sans saponines, ont été collectées en Equateur, dans les années 1980, par des chercheurs de l’Université de Wageningen (soit chez les paysans, soit dans les banques de semences de Nestlé et de l’INIAP) afin de créer de nouvelles obtentions financièrement rentables – ce qui est du biopiratage.

que ces variétés de quinoa Equatoriennes, sans saponines, sont en fait les nouvelles obtentions officielles et “améliorées” de l’INIAP, introduites en 1991/1992, telles que “Tunkahuan”, “Ingapirca” et “Pata de Venado”, qui ont été directement acheminées par un chercheur de l’INIAP vers l’Université de Wageningen – un chercheur tel que, par exemple, Jose Benjamin Ochoa Lozano, qui est l’auteur [19], d’une étude sur le mildiou dans la quinoa, publiée par l’Université de Wageningen, en 1995. Jose Benjamin Ochoa Lozano fut l’invité spécial de cette Université Hollandaise en tant que “investigateur invité” – entre 1991 et 1995. Rappelons que 1991 est le début des recherches réalisées par cette université sur le thème de la quinoa. Les variétés Equatoriennes sus-dites et “améliorées” sont bien évidemment directement issues de la biodiversité traditionnelle paysanne Andine – provenant, en fait, tout autant de l’Equateur que des autres pays de la zone. Elles ont été utilisées comme parentes, par l’Université de Wageningen, afin de créer de nouvelles obtentions résistantes au mildiou (d’où la présence, à Wageningen, de Jose Benjamin Ochoa Lozano, un expert du mildiou sur la quinoa) et financièrement rentables – ce qui est du biopiratage.

Les Triangulations, au Chili, entre Nestlé, l’Université de Wageningen et l’INIA.

L’Université de Wageningen, et Jason Abbott, prétendent que leurs trois variétés brevetées sont issues de ressources génétiques Chiliennes de quinoas, pour ce qui concerne la capacité de croitre en jours longs.

Il n’est que de parcourir la brochure officielle de l’INIA (Instituto Nacional de Investigación Agropecuaria), au Chili, pour découvrir les relations existant, dans le secteur du développement de la quinoa, entre cet organisme du Ministère de l’Agriculture Chilien, d’une part, et Nestlé et l’Université de Wageningen, d’autre part. [17] Un tel partenariat fut réalisé, par exemple, l’an passé [12] [10] lors d’un séminaire sur de nouvelles variétés de quinoas pour des produits alimentaires à valeur ajoutée – auquel participait également, en sus de Nestlé, South Pacific Seeds Chile S.A. (une branche de la société Australienne South Pacific Seeds) [11] qui possède les droits des trois variétés de quinoa brevetées par Wageningen et qui en cultive à grande échelle. Le séminaire se terminait, bien sûr, par une visite du site de Nestlé.

En fait, l’Université de Wageningen travaille en étroite collaboration avec Nestlé/Chili, au centre de l’INIA à La Platina, depuis fort longtemps. Il existe des dizaines de sites internet qui se font l’écho du partenariat Wageningen/Nestlé au Chili. Il n’est que de consulter les déclarations officielles [9] de Francisco Rossier, le directeur de Wageningen UR-Chile, lorsqu’il déclare que la genèse du projet (à savoir la culture de la quinoa industrielle au Chili) dépendait de l’aide apportée par la Hollande à des études réalisées au Chili:

« La FAO était dans l’année de la Quinoa, le Chili commençait à produire plus et il existait des nouvelles variétés en Europe; nous nous lançâmes, donc, dans l’étude de ces variétés avec l’INIA, en la personne du Dr. Manuel Pinto, et avec Robert Van Loo (de l’Université de Wageningen) comme investigateur basé en Hollande. Nous avions comme partenaires, de plus, Nestlé, pour la partie commerciale, ainsi que South Pacific Seeds, pour les semences ».

Manuel Pinto déclare, dans le même article [9], et dans d’autres [8], que la grande majorité de la culture industrielle de quinoa de ces quatre nouvelles variétés sans saponines, brevetées par Wageningen et Jason Abbott, est destinée exclusivement à Nestlé pour ses mélanges de céréales et pour ses galettes. Le marché qui intéresse, également, Nestlé, avec ces nouvelles variétés, est le marché de la fracturation des protéines, le marché des protéines concentrées; c’est également le marché industriel de par la nature de l’amidon de la quinoa. Il est également précisé que les agriculteurs Chiliens doivent payer des royalties s’ils souhaitent utiliser ces quatre variétés.

Précisons également que dans l’article sus-cité, l’accent est mis sur le package technologique qui est apporté aux paysans se lançant, corps et âmes, dans la monoculture industrielle de la quinoa. Manuel Pinto précise que l’un des acteurs importants de ce projet de quinoa industrielle, sans saponine, est l’entreprise Nestlé « qui a travaillé, durant tout ce temps, dans l’usage de la quinoa comme ingrédient dans les aliments pour les personnes âgées et les bébés et dans d’autres aliments processés. Il ressort qu’au travers de tout ce projet, on a pu travailler en association avec l’industrie et les producteurs pour leur offrir un paquet technologique leur permettant de savoir comment semer, quelle variété, dans quel sol, quelle fertilisation utiliser, quel contrôle des adventices et des pathologies, comment récolter de manière efficace avec de la machinerie – en établissant une chaine de valeurs depuis le producteur jusqu’à l’industrie, de manière ininterrompue, de telle sorte que l’approvisionnement de la quinoa pour l’industrie soit approprié, avec les quantités adéquates et sans contamination alimentaire afin de produire des aliments de qualité ».

Faut-il vous envelopper cette quinoa, sans saponine, ou est-ce pour consommer de suite? Sans contamination alimentaire sauf, bien sûr, celles de tous les pesticides, qui se comptent par milliers, autorisés par les Etats, valets des multinationales de l’agrochimie.

 

Le Réseau Biocoop prétend que la mutagenèse ne représenterait

aucun intérêt pour la quinoa

Réseau Biocoop: « Les variétés sélectionnées par l’université de Wageningen et Jason Abott proviennent de croisements réalisés en Hollande entre des populations chiliennes (adaptation aux jours longs) et Equatoriennes non-amères. Ces variétés européennes ne sont pas issues de mutagénèse qui ne présente pas d’intérêt pour le quinoa ».

Les variétés de Jason Abbott, qui sont cultivées en France, ne sont peut-être pas issues de mutagenèse mais il est difficile de prêter attention aux déclarations de l’Université de Wageningen, à ce sujet, vu le tissu de désinformation que constitue leur propagande internet. Cependant, ainsi que nous l’avons déjà écrit, c’est l’Université de Wageningen qui a publié, dans son ouvrage “Mutagenesis: exploring novel genes and pathways”, la contribution de l’agronome Péruvienne Gomez-Pando “Development of improved varieties of native grains through radiation-induced mutagenesis”, à savoir “Développement de variétés améliorées de grains natifs par le biais de la mutagenèse induite par radiation” (au chapitre 4). [1] Gomez-Pando est également l’auteure de l’étude “Developing Genetic Variability of Quinoa with Gamma Radiation for Use in Breeding Programs”, à savoir “Développement de la variabilité génétique de la quinoa avec des radiations Gamma pour de futurs programmes d’obtention”. [2] Gomez-Pando travaille, par les techniques de la mutagenèse, à la création de nouvelles variétés de quinoa et d’amaranthes à grain à l’Université de la Molina au Pérou – une université qui a signé, en 2013, un partenariat avec l’Université de Wageningen [3] portant sur l’amélioration variétale par la mutagenèse.

 

La Saga des Saponines à éradiquer des Quinoas

A la question: « Pourquoi Biocoop vend plus cher la quinoa Française que la quinoa bolivienne ? » Le Réseau Biocoop répond: 

« Parce qu’il n’est pas facile de cultiver les variétés sans saponine en Europe et il faut bien payer les producteurs pour les motiver. Le travail de sélection n’en est qu’à ces début. Il y a encore un gros travail de sélection à réaliser pour avoir des variétés sans saponine adaptées au bio et plus productives »

Il est très intéressant de noter que les affirmations de Biocoop reposent tout autant sur la page officielle de l’Université de Wageningen, que sur les déclarations du directeur de Wageningen au Chili: à savoir que c’est cette université même qui a créé – par croisements et rétrocroisements – des variétés douces de quinoas sans saponines. Afin de se protéger, en mentant effrontément, d’éventuelles attaques portant sur leur biopiratage * – ou leur biopiraterie, selon le terme juridique en vigueur?

Les variétés douces de quinoas existent, même si minoritairement, dans certains terroirs Boliviens et Equatoriens – depuis des générations. Et on voit difficilement en quoi elles ne seraient pas adaptées à la bio puisqu’elles sont issues, intrinsèquement, d’une agriculture bio.

Si le Réseau Biocoop se réfère aux variétés douces brevetées par Jason Abbott, veut-il dire que ces variétés ont été sélectionnées pour une agriculture chimique lourde? De quoi parle-t-il, en fait, lorsque l’on sait qu’en 2015, il y eut des rendements de deux tonnes/hectare, avec ces trois variétés, en Belgique, et en agriculture bio?

Comment le Réseau Biocoop peut-il prétendre que le travail de sélection n’en est qu’à ses débuts alors que cela fait trente ans que Frank Morton, en Oregon, sélectionne des variétés de quinoas adaptées à nos climats?

Il est vrai que les variétés de Frank contiennent encore de la saponine. Mais pourquoi n’en contiendraient t’elles pas? Juste parce que de nouvelles tendances se font jour dans le marketing?

En effet, aujourd’hui, le business de la quinoa change, très partiellement, de mains et le mensonge fait place à d’autres mensonges. La quinoa locale est maintenant cultivée en France mais avec des variétés sélectionnées sans saponines et prétendument exclusivement adaptées à nos régions du nord-ouest de l’Europe – et, pour ce, placées sous la “protection” de COVs. Depuis 1993, nous avons prouvé que la panoplie de variétés anciennes ou récentes, que nous présentons dans notre gamme, est amplement adaptée à la France tout comme elle l’est à l’Oregon, aux USA, ou au Malawi, en Afrique. Pourquoi ces variétés ont-elles, alors, été boudées par les agriculteurs? Par méconnaissance et surtout aussi par le fait que ceux qui détiennent les brevets – et contrôlent le négoce de la quinoa française – sont ceux-là mêmes qui surfent sur la vague de la quinoa sans saponines, des substances amères, dont il existe 13 types dans la quinoa.

Ces saponines (présentes dans le péricarpe des grains de la très grande majorité des variétés existantes de quinoa) sont très intéressantes pour l’industrie mais beaucoup moins pour l’alimentation et elles représentent, souvent, un problème pour les agriculteurs ne souhaitant pas investir dans une polisseuse (coûtant environ 5000€). En fait, un tel investissement représente, à moyen terme, beaucoup moins de dépenses que les “cotisations” volontaires (dans le sens d’auto-infligées) et obligatoires afférentes à l’utilisation des trois variétés de quinoas disponibles en France – avec en supplément une indépendance totale sur le plan des semences et, surtout, un coût de production moindre.

De plus, ainsi que nous l’avions déjà évoqué, en 1994, les variétés de quinoas sans saponines n’intéressent pas vraiment les paysans, en Amérique Latine, parce qu’elles ne confèrent aucune protection contre les prédateurs – qui adorent et dévorent les grains exempts de saponines. Des expérimentations, en Angleterre, l’ont de nouveau prouvé vers les années 1982/1983. Certains témoignages actuels, de paysans Européens, prouvent que ce n’est pas toujours le cas, et fort heureusement. Nonobstant, c’est un risque énorme que ces variétés sans saponines font prendre aux paysans; et nous venons de le constater, de nouveau, en ce début de mois de mai 2016, dans le nord de l’Equateur.

Un paysan nous a, en effet, expliqué qu’il était obligé de faire, parfois, deux traitements insecticides chimiques – alors qu’il fait partie d’un groupe promouvant des pratiques agroécologiques – contre les insectes prédateurs avec l’unique variété qu’il cultive, depuis plusieurs années, à savoir la variété Tunkahuan, une variété “améliorée” sélectionnée par les agronomes, et sans saponine, introduite par le ministère de l’agriculture de ce pays en 1992 – à partir d’une variété douce, donc sans saponine, collectée, en 1985, dans la région de Carchi, en Equateur et introduite dans la banque de semences de l’INIAP sous la référence ECU-0621. Cette variété est présentement commercialisée sur le marché d’Otavalo sous le nom de “Michka”, ce qui signifie “douce” dans la langue Quechua. En 1992, également en Equateur, fut introduite une autre variété “améliorée”, et sans saponines, sous le nom de “Ingapirca”. Elle est issue d’une variété douce, donc sans saponine, collectée en 1980 dans la banque de semences de Puno, au Pérou – et introduite dans la banque de semences de l’INIAP sous la référence ECU-0507 – et “améliorée” par les agronomes de l’INIAP à partir de 1983. En 2005, encore en Equateur, fut introduite une autre variété “améliorée”, et sans saponines, sous le nom de “Pata de Venado”. Elle est issue d’une variété collectée dans la banque de semence de Patacamaya en Bolivie, en 1983. Elle a été sélectionnée à partir de 2001, par l’INIAP, et elle s’appelle également “Taruka Chaki”.

Les “sélections” récentes de quinoas douces en Equateur, (tout comme en Bolivie avec les “Sajamas”) sont issues de variétés traditionnelles (qui ont toujours existé [16]) sélectionnées par les paysans pour leur douceur et vraisemblablement dans des écosystèmes où l’impact des prédateurs est moindre – où totalement intégré dans la cosmovision des Peuples Andins de ces régions car les insectes et les oiseaux, tout comme les plantes, font partie de l’ayllu. Nous conseillons, aux lecteurs intéressés, de se reporter, sur le site de Kokopelli, à l’article “Semences dans les Andes Péruviennes”. [15]

Selon les agronomes passionnés de quinoas que furent, dans les années 1960/1980, Tapias et Gandarillas, les pertes de récoltes, dues aux prédateurs dans les variétés douces de quinoas, sont en moyenne de 40% en Amérique Latine. La monoculture exclusive de ces variétés douces est la malédiction des agronomes Occidentaux, ou de déformation Occidentale – qui, pour certains, sûrement, pensaient bien faire – le syndrome du plus blanc que blanc.

Tout au contraire, chez un autre paysan du centre de l’Equateur, nous avons découvert une très ancienne variété de quinoa (la variété de la grand-mère et dans la famille depuis des siècles), avec saponines, qui atteint 2m70 de hauteur (et 7 cm d’épaisseur au collet de la tige), qui produit 1 ou 2 kilos de grains par plante et qui n’est jamais attaquée par des prédateurs, insectes ou oiseaux. Cette variété ancienne demande 6 mois de croissance, à ces altitudes de 2500 mètres, mais les paysans ne sont pas pressés et les saisons sont inexistantes. Elle se sème, sans apport organique, au milieu des légumes, des fèves, etc. Le seul désavantage, de cette variété très résiliente, est sa productivité: des branches se cassent parfois sous le poids des graines. C’est le legs et la bénédiction de la grand-mère – et de la Pachamama – pour les générations futures et présentes.

Les paysans de l’Amérique Latine ont su, ainsi – en l’espace de 12 000 années – sélectionner et développer, et par plusieurs voies de domestication (selon la thèse officielle), 5 groupes très diversifiés de quinoas à partir de diverses espèces de chénopodes sauvages. Ces 5 groupes se répartissent, en Amérique du sud, du niveau de la mer à plus de 4000 mètres d’altitude, et sur un espace allant de 2° Nord de latitude (au sud de la Colombie) à 47 ° Sud de latitude (au sud du Chili) – ce qui représente une distance d’environ 5000 kms.

Ne pourrait-on pas imaginer que si les Peuples Andins n’ont pas privilégié – en l’espace de 12 000 années –  des variétés sans saponines, c’est que cela ne représentait aucun intérêt vital, d’un point de vue nutritionnel, et strictement aucun intérêt, d’un point de vue agronomique? Ne pourrait-on pas imaginer que des Peuples supposés capables de transformer des chénopodes sauvages en plantes de quinoa, portant jusqu’à 2 kilos de grains hyper-nutritionnels, auraient été très capables de supprimer – s’ils l’avaient souhaité et à jamais – la saponine de leurs variétés de Quinoas?

Pourquoi donc les variétés anciennes de quinoa ont-elles été abandonnées, ou éradiqués, inexorablement dans divers pays d’Amérique latine? Demandez-le donc à Nestlé et aux planificateurs agricoles, de toutes sectes politiques, au service des multinationales de l’alimentation.

Pourquoi donc les variétés anciennes de quinoa faisaient-elles preuve de tant de résilience, de résistance à la salinité, de résistance à la sécheresse, de résistance aux prédateurs et de productivité dans des terrains pauvres? Demandez-le donc à la Pachamama.

Pour la Libération de la Chisiya Mama.

Xochi, le 13 mai 2016.

* Le Terme biopiratage fait, bien évidemment, référence à un ordre éthique, si tant est que ce concept possède, de nos jours, une quelconque valeur dans nos sociétés d’indécences. Nous n’avons aucune confiance dans le Système d’Injustice Internationale ou dans ses pseudopodes – tels que la Convention sur la Biodiversité, le Protocole de Nagoya ou encore le Protocole de Cartes à Gènes – pour accorder aux Peuples le privilège de continuer à être les Gardiens et les Gardiennes de leurs cultures ancestrales et multi-millénaires.

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